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La protection de l'enfant vidomegon au Bénin : mythe ou réalité ?

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par Hospice Bienvenu HOUNYOTON
Université catholique de Lyon / UPMF Grenoble - Master 2 recherche 2009
  

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Paragraphe 1- Les représentations sociales de l'enfant et ses droits dans l'univers traditionnel béninois.

Comme pour paraphraser Pierre Erny26(*), l'enfant donne lieu, selon les civilisations, à de diverses représentations qu'il importe de connaître afin de comprendre sa place dans la société et de saisir en profondeur ses attitudes à son égard. L'enfant dans l'univers traditionnel béninois n'échappe pas à cette observation. Les représentations sociales de l'enfant dans la société traditionnelle occupent une place importante dans le projet collectif social et se traduisent par des images, des paroles et des usages qui méritent qu'on fasse un détour sur le sujet.

1- La perception de l'enfant par la tradition

La société traditionnelle a une vision propre et singulière de l'enfant qui place son traitement, son éducation et son intégration sociale au coeur de ses représentations sociales. Cette vision de l'enfant dans l'univers traditionnel béninois découle de la vision traditionnelle de l'homme ou de la philosophie traditionnelle de la personne humaine. Dans l'univers traditionnel béninois, l'enfant occupe une place particulière. Il représente tout et un acteur social de premier plan. Il est le pilier, le centre, le sens de la vie et tout converge naturellement vers lui. Dans la pensée traditionnelle, l'enfant est considéré comme un être sacré en raison de son caractère divin. L'enfant dans l'univers traditionnel, est perçu comme un don, une bénédiction divine et son identité est plurielle. Il ne naît pas du hasard mais est une réincarnation d'un ancêtre ou d'un aïeul défunt. C'est pourquoi, il est vite perçu comme un être sacré de l'ordre divin. Il symbolise non seulement la continuité de la vie, la perpétuation de l'espèce humaine, mais aussi la continuité du clan ou de la lignée. Il assure également selon la pensée traditionnelle populaire le lien entre le monde des invisibles assimilé au monde des ancêtres et des divinités et celui des vivants, composé du monde vivant autour de nous. L'enfant représente à cet égard, la force vitale qui assure la liaison avec les forces du monde invisible des ancêtres, des divinités et des génies et le monde des humains. Il est fondamentalement perçu comme un adulte réincarné en mission humaine ou au service de la protection du clan, de la lignée voire de la communauté. De toute évidence, il représente le symbole cosmique du monde. Ce double statut de représentant de Dieu et d'être venant du monde transcendantal des morts lui assure une place privilégiée dans la société. Il lui vaut son statut d'être sacré, vénéré, respecté et craint dans la société traditionnelle. Les discours et la littérature orale ressortent son caractère sacré et témoignent du respect, de l'attention que lui accorde la société.

De même, l'enfant dans la représentation traditionnelle symbolise le pouvoir, le prestige et la richesse. En effet, l'enfant selon la représentation traditionnelle, assure une fonction sociale d'une grande importance aux yeux de la société traditionnelle. La conscience collective le considère comme la première de toutes les richesses au monde. En langue Fon, l'expression « adi vi wè gni lé27(*) » traduit cette perception et consacre sa dimension en termes de richesse. De par cette expression populaire, l'enfant est considéré ou hissé au rang de la plus haute et importante richesse dans la société traditionnelle béninoise. Il constitue de par cette considération la raison d'être de la société et fait la fierté du couple, de la famille élargie ou de la communauté. L'enfant est dès lors perçu comme le socle, le pilier autour duquel se construit et s'organise la société. C'est ce qui amène le sociologue béninois Albert Tingbé AZALOU, à affirmer que l'enfant représente, « l'espoir pour la vieillesse et une valeur fondamentale de prestige qui confère bonheur et honneur  dans la société béninoise 28(*)». Dans la pensée traditionnelle, l'enfant n'est pas que richesse, il représente aussi le pouvoir. Autrement, avoir d'enfant voire beaucoup, c'est disposer d'un pouvoir social important. De façon plus explicative, avoir beaucoup d'enfants, signifie avoir beaucoup d'alliés dans la société. Lorsqu'on dispose d'alliés sûrs et nombreux, on détient le pouvoir à travers le contrôle des instances politiques traditionnelles. Le pouvoir économique et politique sont maîtrisés par rapport au nombre d'enfants que dispose une petite famille, une grande famille et une collectivité. C'est grâce aux enfants que des familles maîtrisent l'appareil politique traditionnel, contrôlent l'armée et l'économie au sein de la communauté.

En résumé, l'enfant représente selon la pensée traditionnelle une force économique sociale, une précieuse valeur ajoutée mais aussi assure la relève de la communauté. Il représente pour un couple son apport à la société et assure le bonheur des parents d'une part et de la communauté d'autre part. L'enfant assure principalement la sécurité à la femme dans le milieu traditionnel et privilège au père. C'est pour quoi, il est perçu par la tradition comme la première richesse du monde car il garantie la survie aux parents et aux parents. C'est aussi pour cette raison que sa place dans l'organisation sociale traditionnelle est très importante. Cette place de l'enfant et son importance lui valent dans l'univers traditionnel reconnaissance et honneur. D'où tout l'intérêt que lui accorde la société qui reste très attentive à ses besoins de survie et de protection. Chez les populations du sud Bénin d'avant la période coloniale, l'enfant est perçu avant tout comme un être cher, le ciment du couple et le trésor de la vie mais aussi le créateur de liens sociaux. Grâce à l'enfant, les différentes tribus, ethnies tissent des liens d'amitié et de solidarité. Dans l'imaginaire collectif de ces populations, l'enfant joue un rôle positif très énorme dans la création des liens sociaux et du maintien de l'ordre social. Il oeuvre dans la même veine pour la cohésion, la paix et est un vecteur de développement des communautés et signe du progrès.

L'originalité de cette pensée traditionnelle de l'enfant, réside dans sa perception de l'enfant dans une vision communautaire. En effet, l'étude de la représentation sociale de l'enfant dans l'univers traditionnel béninois, montre que ce dernier n'appartient pas seulement à ses parents géniteurs mais plutôt à la communauté. Il n'appartient donc pas au couple géniteur mais au groupe familial c'est-à-dire la grande famille et à la collectivité ou la communauté d'appartenance sociale, linguistique et culturelle. Son identité se construit dans un cadre communautaire. En revanche, la communauté est astreinte à des obligations, à des devoirs bien précis notamment la garantie de ses droits fondamentaux, d'une bonne socialisation et de sa protection dans le cadre du respect de sa personne. La communauté veille donc sur l'intérêt supérieur de l'enfant et est dès lors, perçue comme l'unité fondamentale, le cadre naturel où se réalise le plein épanouissement de la personne de l'enfant avec la garantie de ses droits et devoirs.

* 26 ERNY.P., « L'enfant dans la pensée traditionnelle de l'Afrique Noire », L'Harmattan, Paris, 1990

* 27 Terme désignant que l'enfant est le bénéfice divin. Il exprime la richesse et la valeur conférées à l'enfant dans la société traditionnelle béninoise.

* 28 AZALOU.T.A, « Rites et datation de nom de naissance chez les aja-fon du Bénin », cité par SODJIEDO R., in Mémoire DEA, Université Catholique de Lyon, 1996, p 13.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard