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La protection de l'enfant vidomegon au Bénin : mythe ou réalité ?

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par Hospice Bienvenu HOUNYOTON
Université catholique de Lyon / UPMF Grenoble - Master 2 recherche 2009
  

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2- La garantie des droits et devoirs de l'homme dans l'univers traditionnel

La société traditionnelle béninoise antérieure à toute influence coloniale et du christianisme, présente pour l'essentiel une très grande analogie avec les autres traditionnelles d'Afrique notamment dans le domaine de la protection des droits fondamentaux de l'être humain. Dans la société traditionnelle béninoise notamment chez les Fon, la protection des droits de l'individu est du ressort de la communauté à travers la personne de son autorité centrale qui est le hennugan23(*). La société traditionnelle a mis en place un mécanisme permanent de garantie et de protection des droits de l'individu en communauté. Autrement, elle a mis en place un appareil permanent de veille, de contrôle et de décision qui assure les droits humains et le respect de la dignité humaine. La protection des droits de l'individu dans la vision traditionnelle est assurée comme nous mentionné plus haut par pouvoir politique très centralisé et dirigé par le Hennugan. Ce dernier représente un patriarche, un chef de lignée. Il est perçu comme le symbole de l'unité des fils et filles de la communauté. Il est mandaté et reconnu de tous les descendants de la tribu, de l'ethnie et du clan, pour agir au nom des ancêtres et des forces invisibles et assurer la protection des droits de l'individu. Il incarne l'autorité centrale qui exerce son pouvoir de contrôle sur les membres de la communauté et surtout de sa protection. Pour parvenir à cette mission qui est l'une des plus délicates, l'autorité centrale se fait appuyer des sages et notables qui l'accompagnent dans ses décisions et dans le respect des règles de la coutume. L'ensemble composé des notables, des sages et du Hennugan, constitue dans la société traditionnelle béninoise, le système de juridiction traditionnel qui veille sur le respect des droits et des devoirs de l'individu. Ce système garantit à l'individu les principaux droits fondamentaux dont les droits à la vie ; à une alimentation ; le droit une famille ; le droit à la propriété à travers le droit à l'exploitation de la terre et de la jouissance des produits qui y sortent. Le système traditionnel à travers l'institution d'un pouvoir politico-administratif et juridique assure sans discrimination aux forces vitales de la communauté les droits naturels reconnus à l'individu. De l'esclave à l'individu, les droits de la personne sont protégés par la communauté à travers son organe politique et juridique. La garantie de ces droits de l'individu par la communauté se réalise dans un esprit collégial et de responsabilité commune. Ce système veille également sur les devoirs de l'individu vis-à-vis de sa communauté. Ce système de protection est très complexe et se décline suivant les différentes composantes de la communauté. Ainsi, le Hennugan est l'organe ou l'autorité centrale, gardienne des valeurs et du culte qui décide de la l'organisation sociale et de la réalisation de la destiné commune ainsi que des droits de la personne humaine.

À un deuxième niveau plus réduit, la protection des droits de la personne est assurée par un chef de famille communément appelé chez les Fon Dah24(*). Ce dernier a les mêmes attributs que le chef de la communauté sur son territoire. Il doit rendre compte au Hennugan qui est l'autorité centrale de référence. Il dispose des moyens matériels et juridiques pour assurer aux membres de la grande famille placés sous son autorité, les droits fondamentaux et le respect de la dignité humaine. Tout comme dans le cas du chef de lignée, le Dah dispose d'un collège composé de personnes âgées, de femmes sages pour accomplir sa mission. Cette autorité investie par le pouvoir central, veille sur les droits de ses membres et surtout des femmes, des enfants et des personnes âgées. Le respect des droits de ces différentes catégories de personnes et des hommes en général, doit occuper une place prépondérante dans sa politique de direction. Il doit rendre la justice sociale, faire respecter les règles coutumières et d'appliquer les décisions de l'autorité centrale.

Le troisième niveau de garantie des droits de l'individu, est la famille avec à sa tête le père comme autorité de droit selon la tradition. Ce dernier doit garantir et protéger les droits des personnes dont il a la charge notamment des enfants y compris ceux placés par d'autres membres de la communauté. Il doit veiller à ce que les droits fondamentaux soient respectés notamment le droit à la vie, à une alimentation, à un logement et à une vie décente. Il doit observer les mêmes obligations en matière de libertés pour les membres de sa cellule familiale. Ce dernier est placé sous l'autorité du Dah. Pour accomplir sa mission, le père de famille, se concerte avec sa ou ses femmes pour prendre ses décisions au profit des enfants. Il peut être conseillé par d'autres personnes de la famille dans le village ou campagne. Il veille à ce que les enfants soient bien éduqués et que leurs devoirs soient respectés au nom de la tradition. Voilà en gros, le cadre traditionnel de garantie et de protection des droits de la personne humaine dans l'univers traditionnel du Sud Bénin. Ce cadre juridique basé sur la tradition est un système de décision, de veille et d'actions visant à protéger l'individu afin de l'aider à s'accomplir et de contribuer à la réalisation de la destinée de la communauté.

En conclusion partielle, la vision traditionnelle des droits de la personne humaine, est une vision très particulière qui intègre l'individu au groupe et marquée comme le souligne Jean Bruyas, par « la présence au milieu des hommes d'innombrables forces invisibles, de centres de volontés constitués d'ancêtres et de génies 25(*)». La vie humaine est caractérisée par un lien étroit entre les forces du monde invisible et du monde des vivants. Toute la vision traditionnelle est basée sur cette conception qui renvoie à la vision de la vie et de la mort. Cette vision a le mérite de déterminer le sens de l'être et de la solidarité. Une deuxième grande conclusion que nous pouvons retenir de cette vision traditionnelle, est que l'individu n'existe pas en dehors du groupe. On est un être humain que lorsqu'on se reconnaît membre à part entière du groupe et quand on s'inscrit dans son projet collectif dans un lien de solidarité avec des responsabilités que l'on assume. Les individus dans cette vision se sentent solidaires les uns des autres et protecteurs des droits humains. La solidarité est indispensable pour la survie et le progrès du groupe social. Elle permet au groupe de se développer, de progresser et d'innover avec comme finalité la construction d'une société meilleure pour tous. D'autres valeurs donatrices de sens de la vision traditionnelle reflétant la destinée humaine sont entre autres la formation des fils et filles dignes de considération. L'individu dans le projet de la société traditionnelle doit être digne, un homme sensible à son environnement, un homme de grande vision et enfin un homme de langage qui respecte la parole donnée. L'individu doit être également un être du grand agir qui participe à la construction de la société et à son développement. Ses actions doivent oeuvrer à l'épanouissement du collectif. Ce n'est justement et seulement dans ce contexte que l'individu ou l'homme pourra jouir des droits. La conception établit également que l'individu doit remplir des devoirs vis-à-vis de la communauté. Cette vision conduit à la réciprocité des droits et devoirs dans la conception traditionnelle. Dans cette conception ou vision des droits de l'homme, l'enfant jouit des droits et libertés de façon étendue. Il bénéficie également d'une protection particulière de ses droits et libertés. Ce qui signifie ou sous-entend que dans la traditionnelle, la perception de l'enfant est toute particulière et donne lieu à des pratiques qui le protègent contre la maltraitance et l'exploitation. C'est le cas de la pratique Vì?ómåg?'n que nous aborderons dans le chapitre suivant pour appréhender la vision des droits de la personne de l'enfant dans la société traditionnelle béninoise d'avant toute influence coloniale et du christianisme.

CHAPITRE II- REPRESENTATION ET PROTECTION DE L'ENFANT DANS LA SOCIETE TRADITIONNELLE BENINOISE

Ce deuxième grand chapitre traite de l'enfant dans la pensée traditionnelle dans une première section, qui s'intéresse plus finement aux représentations, images et usages de l'enfant dans l'univers traditionnel et de l'idée précise de ses droits et devoirs. Une deuxième section aborde la pratique Vì?ómåg?'n : une innovation traditionnelle de protection de l'enfant dont nous retracerons les origines et son évolution au temps moderne.

Section 1- L'enfant dans la pensée traditionnelle béninoise

Cette section aborde les représentations sociales, images, usages, les droits et devoirs de l'enfant dans la société traditionnelle (Paragraphe1) mais aussi sa socialisation et son éducation (Paragraphe2). Il a été question, dans un premier temps de construire notre analyse sur la place et la représentation de l'enfant dans la société traditionnelle à travers la perception qu'elle fait de ce dernier mais aussi de sa vision et ses attentes à son égard. Un deuxième temps est consacré à la vision particulière de l'éducation et de la socialisation de l'enfant dans la société traditionnelle. Le but de cette structuration est d'apporter une meilleure compréhension et un approfondissement de l'archétype de l'enfant dans la société traditionnelle.

* 23 Chef de la collectivité, de la lignée, garant de la tradition et des valeurs. C'est une autorité qui assure la protection de l'ensemble des grandes familles constituant la collectivité.

* 24 Chef placé à la tête d'un ensemble composée de familles membres de la grande collectivité vivant sur un même espace généralement dans une concession assez étendue.

* 25 BRUYAS.J., « Les sociétés traditionnelles de l'Afrique Noire », L'Harmattan, Paris, 2001, P 15.

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