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Intérêts et enjeux économiques de l'intégration à  l'Union Européenne d'un point de vue turc

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par Benoit ILLINGER
Université Pierre Mendès France (Grenoble II Sciences Sociales) - DEA Economie et Politiques Internationales 2002
  

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SECTION 2 Analyse des effets dynamiques

Le développement de la « nouvelle économie internationale94(*) » a permis sinon d'identifier des gains nouveaux à l'échange, du moins de mieux identifier leur mode de formation et leurs conséquences.

« La littérature qualifie souvent les gains attendus de la « nouvelle » économie internationale de gains de « dynamiques ». Ils s'ajouteraient aux gains « statiques » de la théorie néoclassique fondée sur une spécialisation des économies en fonction de leur avantage comparatif. » (SIROËN [2000], p. 41)

A partir de la prise en compte de conséquences dynamiques apparaissant par le biais de l'intégration et du fait que le modèle de VINER repose sur des hypothèses restrictives voire « méthodologiquement contestable95(*) », la nouvelle économie propose donc dans les années 1980 un nouvel examen des effets de l'intégration régionale. Ces nouveaux modèles réévaluent à la hausse les gains engendrés. (ce changement s'explique notamment par le fait que les nouvelles analyses prennent en compte, les nouveaux éléments que nous présenterons : les économies d'échelle, la remise en cause des monopoles et oligopoles... )

Elle considère donc que les accords régionaux ne sont pas néfastes, bien au contraire. Il se pourrait donc que pour la Turquie notre premier bilan statique basé sur la création et le détournement de commerce s'avère modifié.

Néanmoins nous rappellerons que ces modèles qui réhabilitent les zones d'intégration régionale, en réévaluant leurs bénéfices et en minimisant leurs effets négatifs, sont toujours en concurrence avec un courant opposé96(*) qui les considère toujours moins attrayants que le libre-échange multilatéral.

A ce propos, Christian AUBIN et Philippe NOREL se posent la question :

« Vaut-il mieux encourager des avancées rapides mais géographiquement limitées ou privilégier des stratégies multilatéralistes plus lourdes à mettre en oeuvre mais qui évitent le recours à des mesures discriminatoires entre pays ? » (AUBIN C. et NOREL P. [2000], p.120)

Pour répondre à cette question, ils empruntent l'approche normative de KEMP et WAN (1976, 1993) qui affirme que la formation d'Union douanière, comme celle passée entre l'UE et la Turquie, est compatible avec un progrès vers l'optimum parétien si celle-ci réunit les trois caractéristiques suivantes :

o La situation d'aucun membre de l'union ne se dégrade suite à l'accord.

o Aucun pays (adhérent ou non à l'union) ne voit ses échanges net s'avilir par rapport à la situation initiale.

o Le revenu douanier net de l'union est au moins aussi élevé que les compensations versées aux membres de l'union.

Ces conclusions montrent qu'en théorie un accord régional de libre-échange peut contribuer à se rapprocher de l'optimum parétien et si c'est le cas, l'accord est alors à réaliser sans se poser d'autres questions. Mais il semble que dans les faits, ces conditions sont rarement réunies.

Aussi nous allons voir que les effets de l'Union douanière présentés jusqu'ici sont à nuancer lorsque l'on prend en compte des hypothèses plus proche de la réalité (2.1) et que dans le cas de l'Union douanière entre la Turquie et l'union européenne il semble bien que cela soit le cas (2.2).

2.1 Présentation

Il existe un grand nombre de facteurs qui sont à l'origine des effets dynamiques. Ils sont issus du relâchement des hypothèses du modèle HOS présenté en première partie (Rendement d'échelle non croissant, concurrence pure et parfaite, fixité des facteurs de production entre pays, homogénéité des produits) En général on retient principalement 3 effets (BENAROYA F. [1995]) :

i) Un marché plus large qui engendre des économies d'échelle et une meilleure diffusion technologique, ce qui permettra dans un second temps d'être plus à même d'affronter la compétition internationale ;

ii) Une concurrence renforcée qui pousse à plus de productivité, à une meilleure efficacité productive,

iii) Une attraction plus marquée pour les IDE car ceux -ci deviennent plus « sûrs »97(*).

A ces trois points on peut en ajouter un quatrième à l'instar de certains auteurs (SIROËN [1996], p. 43)  :

iv)  la préférence pour la diversité des produits et des techniques. En effet, les consommateurs qui ont une satisfaction croissante avec le nombre de variétés proposées98(*), accroîtront leur bien-être dans une zone régionale intégré car la quantité de variétés proposées aura augmenté.

Cet argument reste « subjectif et donc difficilement quantifiable » (SIROËN [2000], p. 39) c'est pourquoi nous ne nous attarderons pas sur lui.

Nous noterons ici que le tableau en annexe 15 récapitulant les effets escomptés du marché unique s'applique bien à notre analyse des effets de l'Union douanière. Il ajoute néanmoins une distinction que nous ne retiendrons pas pour notre part : Il sépare les effets proconcurrentiels (i et ii) et l'augmentation de la diversité (iv) de la croissance des investissements (iii) car les premier ( i, ii et iv) sont issus de la nouvelle théorie du commerce international et les seconds (iii) de la théorie de la croissance endogène.

Nous allons maintenant voir plus en détails l'origine et la portée de ces effets en rappelant que même si les approches de la nouvelle économie internationale ont privilégié les relations entre pays économiquement proches, voir semblables en terme de dotations factorielles relatives, de technique (et donc de coûts) de production, de préférence de consommation, il n'en reste pas moins que certains aspects de ces approches peuvent être relativement bien adaptés à des pays différents par leur niveau de développement ou par leur dimension. Dans la mesure où la « taille » économique d'un pays, telle qu'elle peut être évaluée par son PNB dépend non seulement de variables démographiques mais aussi du niveau de développement, une assimilation, certes approximative, mais commode sera quelquefois faite entre la taille et le niveau de développement.

· Rendement d'échelle croissant

Le premier point (i) s'explique par le fait que si l'industrie bénéficie d'économie d'échelle, c'est à dire que les coûts moyens diminuent avec le volume de production (une augmentation des quantités de facteurs de production engendrera une augmentation plus que proportionnelle du volume de production) alors l'ouverture des marchés étrangers permettra d'en augmenter la portée.

De plus certaines industries peuvent bénéficier d'économies dites externes, liées à la taille du secteur et qui profitent à l'ensemble des firmes. Développer un secteur permet en effet de former des compétences spécifiques, de construire et développer un réseau, ce qui permet de réduire les coûts. Les effets d'apprentissage jouent également un rôle déterminant dans un certain nombre de productions, car le coût moyen de production diminue alors avec le volume de production cumulé. Et tous ces effets positifs sont croissant avec la dimension du marché.

* 94 Nous employons le terme de nouvelle économie internationale comme dans les manuels par référence aux travaux de LANCASTER, KRUGMAN, HELPMAN, GROSSMAN, BALDWIN, VENABLES, MARKUSEN...

* 95 Certains auteurs critiquent le modèle de VINER en affirmant qu'il repose sur des hypothèses « méthodologiquement contestables ». Ils critiquent par-là les hypothèses de : Petit pays, équilibre partiel, statique comparative...

* 96 Pour FRANKEL et Alii par exemple, grâce aux progrès des techniques les coûts de transport ont tellement baissé que la distance n'est plus à prendre en compte. Ainsi, les zones de libre-échange dites « super-naturelles » (Terme utilisé par référence et en opposition aux zones « naturelles » de Paul KRUGMAN) n'ont pas de raisons d'être car elles n'augmentent pas le bien-être conformément au modèle Vinérien.

* 97 L'exemple emblématique de ce troisième effet est que dans le cas de l'ALENA, les investisseurs se sont intéressés d'autant plus au Mexique qu'ils ne craignaient plus de voir revenir les politiques mexicaines anciennes les spoliant.

Il peut en aller de même pour la Turquie. A. BÉNASSY-QUÉRÉ, L. FONTAGNÉ, A LAHRÈCHE-REVIL [2001] montre d'ailleurs dans un modèle étudiant l'influence d'un ancrage à l'euro ou au dollar de certains PSEM sur leur stock d'IDE entrant, que par le passé un ancrage de la livre turque à l'euro aurait nettement augmenté le flux d'IDE entrant car aurait rassuré les investisseurs quant à la « sécurité » de leur investissement. Ainsi, une adhésion complète de la Turquie stimulerait certainement l'afflux des IDE.

* 98 Les consommateurs disposent avec l'augmentation de l'offre consécutive à l'ouverture, en moyenne d'une variété plus proche de la variété qu'ils considèrent subjectivement « idéale » (LANCASTER[1979]) ou alors simplement le fait d'élargir la gamme de choix accroît la satisfaction du consommateur (DIXIT et STIGLITZ [1977]).

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