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Intérêts et enjeux économiques de l'intégration à  l'Union Européenne d'un point de vue turc

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par Benoit ILLINGER
Université Pierre Mendès France (Grenoble II Sciences Sociales) - DEA Economie et Politiques Internationales 2002
  

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3.2 Mouvements de capitaux

Nous venons de souligner le fait qu'un afflux de capitaux (IDE) consécutif au passage supérieur d'intégration ou une aide substantielle de l'UE permettrait à la Turquie de devenir compétitive dans des secteurs de haute technologie ou du moins de se spécialiser dans des domaines plus intensifs en Recherche et Développement (RD)122(*).

Une augmentation du stock de capital renforcerait ainsi substantiellement la compétitivité prix de l'économie turque. Selon certaines études123(*) une augmentation de 10% du stock de capital, toutes choses égales par ailleurs, permettrait de doubler le nombre de secteurs compétitifs par rapport à l'UE.

Ainsi l'un des enseignements que l'on retire d'une analyse en terme d'équilibre général est la nécessité des capitaux (investissements ou aides communautaires) pour augmenter, si ce n'est maintenir, le nombre de secteurs viables face à la concurrence européenne et surtout permettre à l'économie turque, comme cela est le cas dans les PECO124(*), de se spécialiser dans des secteurs plus porteurs. Et ces investissements doivent être d'autant plus élevés qu'il faut résorber le surplus de main-d'oeuvre et faire face à un accroissement démographique galopant.

En effet, TURUNÇ G. ([2001], p.64) pour sa part en tentant de dresser le bilan des coûts et bénéfices de l'Union douanière Euro-Turque, nous rappelle que le bilan statique est négatif et que :

« Seule une politique compensatoire efficace et des entrées importantes de capitaux seront en mesure de rendre le bilan positif. »

Pour notre part nous ne sommes pas aussi affirmatifs.

3.2.1 Augmentation des IDE

Empiriquement, l'ajustement par les mouvement de capitaux est difficilement envisageable s'il reste au niveau actuel. En effet, comme nous l'avons déjà souligné, bien que la Turquie ait effectué d'énormes avancées durant la décennie 1980 en ce qui concerne l'ouverture financière125(*) pour attirer des capitaux, l'afflux de ces derniers est resté faible comparativement au potentiel d'IDE que l'appartenance au marché commun procure. Si l'on regarde les IDE à destination des pays du sud de l'UE (Espagne, Portugal et Grèce), ils représentent environ 1,5% de leur PIB, alors qu'à la même période, ils avoisinent, malgré leur croissance, à peine les 0,3% pour la Turquie. L'effet « revigorant » de l'Union douanière ne s'est donc pas produit dans la mesure des espoirs en ce qui concerne la Turquie. Et ceci s'explique pour certains par le non-ancrage de la livre turque à l'euro126(*). Néanmoins celui-ci aurait été difficilement tenable.

Plus que les IDE, ce sont les investissements de portefeuille qui se sont développés avec l'ouverture financière et donc avec eux leur coté négatif : leur volatilité . Et c'est ce fait qui a affaiblit la maîtrise des agrégats monétaires et qui a contribué à l'instabilité macroéconomique qui s'est soldée par de multiple crises127(*).

Mais comme nous l'avons démontré, le prolongement de l'intégration au sein de l'UE augmenterait l'afflux d'IDE. En effet, la Turquie bénéficierait alors de l'effet de confiance et de l'effet de sécurité.

Ainsi il semble que l'approfondissement de l'intégration dépende paradoxalement du rythme de développement de l'économie turque (qui lui-même dépend en partie de son intégration). En effet le développement permettrait au moins une amélioration sur deux point cruciaux : il réduirait les pressions à l'émigration de la main-d'oeuvre turque que craignent les pays limitrophe de l'UE, et encouragerait les IDE européens attirés par un grand marché solvable et « sûr ».

* 122 Bien que nous ayons éludé jusque-là la question de la spécialisation intra-branche fondée sur la différentiation des produits, il semble que celle-ci exerce des effets ambigus sur la répartition des gains à l'échange (SIROËN J.-M. [1996]). En effet, dans des analyses en terme de nouvelle économie internationale ( de type HELPMAN et KRUGMAN [1995]), il est fréquent de distinguer d'une part un secteur peu intensif en RD et en capital, qui produit à rendement d'échelle non croissant et, d'autre part, un secteur « moderne » spécialisé dans les produits nouveaux, différentiés et à haut niveau de développement technologique, bénéficiant de rendements d'échelle internes ou externes croissants. Les économies externes que génèrent ces secteurs introduisent un cercle cumulatif d'accroissant de productivité et donc des niveaux de vie qui favorisent l'accumulation du capital humain. Cet avantage est encore amplifié si les marchés d'exportations bénéficient de structures de marché imparfaites et permettent ainsi la captation d'une rente sur les marchés internationaux.

* 123 Okan AKTAN [1987] « The competitive structure of Turkish economy » in Gülten KAZGAn (ed.) [1987], Prospects for Turkey's Acession to the community, SIAR, Istanbul in Deniz AKAGüL [1995].

* 124 Françoise LEMOINE soulignait en effet dans un article de sociétal : « L'intégration des pays d'Europe centrale et orientale à l'économie de l'union est largement réalisée, à la fois par les échanges et par les investissements directs des entreprises ouest-européennes. Une répartition des spécialisations se dessine. Mais chez les candidats les plus avancés, les avantages comparatifs ne reposent plus seulement sur le niveau des salaires : l'offre évolue vers des secteurs à haute technologie, où l'écart de productivité avec l'ouest se réduit rapidement ». (LEMOINE F. [2001], p.63)

* 125 La libéralisation du code d'investissement direct étranger au début 1980, la libéralisation financière interne (1984), la réouverture de la bourse d'Istanbul (1986), et l'ouverture financière extérieure avec la convertibilité de la livre turque (1989) ont nettement contribué à l'entrée de capitaux étrangers non générateur de dettes.

* 126 A ce sujet voir Bénassy-Quéré A., Fontagné L., Lahrèche-Revil A. [2001] Change et investissements directs en Méditerranée, Revue d'économie du développement, n°4 décembre 2001. Les auteurs concluent à la fin de leur article qu'en ce qui concerne la Turquie et contrairement au cas d'autre pays (Israël par exemple), par le passé, un ancrage à la monnaie communautaire aurait augmenté les IDE sur leur territoire et aurait très fortement baissé leur volatilité sans pour autant entamer la compétitivité du pays.

* 127 Crises des changes de 1994 et Crises financière de 1999, novembre 2000 et février 2001.

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