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Politique Africaine de sécurité et de défense: problèmes et perspectives

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par Tony KELO ZOLA
Université de Lubumbashi - Relations internationales 2009
  

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§2. Echec de l'Etat importé

On peut, ainsi, lier la « la mal gouvernance » à ce qui commence à être massivement reconnu comme un handicap majeur des sociétés africaines post-indépendance, à savoir : l'inadaptation structurelle et fonctionnelle de l'Etat et des institutions héritées du colonialisme, et mécaniquement plaquées chez nous, avec mimétisme voire une servilité dont on ne cesse aujourd'hui de mesurer les conséquences plus que désastreuses dans la question quotidienne de nos sociétés. C'est ce que David GAKUNZI ainsi bien décrit en ces termes : « l'indépendance, au lieu d'être une occasion pour les africains d'associer les apports positifs de l'extérieur à ce qu'il y avait de meilleur dans le patrimoine africain de la gouvernance, a été souvent le point de départ d'une ruée vers le pouvoir brut en amalgamant le pire de l'Afrique au pire de l'extérieur. Les fonctions de l'Etat dont nous avons hérité, c'est l'appareil coercitif et répressif.

L'emballage du système, la tôlerie, le hardware et non pas le principe, le logique (le software), l'esprit qui justifie l'institution :par exemple, la soumission à la mère des lois qu'est la constitution, la permanence, l'impersonnalité de l'Etat, sa distance et sa neutralité minimale à l'égard des citoyens ou des partis considérés comme égaux, le respect de la séparation des pouvoirs par l'exécutif, lequel accapare souvent tout l'espace et s'identifie à l' Etat au détriment du législatif et du judiciaire »79(*).

Il est donc incontestable que « l'Etat importé » a notoirement échoué, non seulement en matière d'orientation, d'organisation et d'impulsion de nos économies, mais aussi dans l'accomplissement de la fonction qu'il s'était assignée par -dessus toutes au début, à savoir l'édification de « nations » cohérentes, unies et stables parce qu intégrant harmonieusement leurs différentes composantes culturelles, ethniques, sociales ou régionales.

§3. Pauvreté et mal gouvernance.

La pauvreté et mal gouvernance sont parmi les obstacles fondamentaux qui freinent le développement du continent, il importe d'en débattre afin de relever les taches essentielles qui incombent aux africains dans la perspective d'une véritable libération de leurs peuples. On peut aisément affirmer que l'Afrique ne produit pas assez de richesses pour pouvoir s'attaquer sérieusement à l'éradication de la famine et de la malnutrition dont les conséquences négatives sur les capacités intellectuelles et physiques des populations sont évidentes ; pas assez pour pouvoir combattre efficacement des maladies endémiques éradiquées ailleurs depuis longtemps, et dont la persistance, voire l'aggravation, résultent de la détérioration continue des conditions de vie des masses populaires ; pas assez pour préparer ses différents pays eux-mêmes à cette course au savoir, devenue une véritable course pour le pouvoir mondial et que n'auront la chance de gagner que ceux qui auront veillé à se doter, par un système d'éducation et de formation performant, d'un solide bataillon de tête bien pleines mais surtout bien faites ; pas assez pour procéder aux investissements, de plus en plus lourds, que requiert le développement d'une puissante base autonome de recherche, de production et de diffusion d'informations, de savoirs et de technologie de pointe, condition nécessaire pour, nous seulement, nous libérer de notre actuelle dépendance scientifique et technologique ; mais , pour espérer tenir raisonnablement une place confortable et jouer un rôle actif dans le monde de demain ; pas assez, enfin, pour pouvoir garantir, à l'intérieur de nos sociétés, le minimum de bien-être matériel, social et culturel.

C'est donc au regard de toutes ces nécessités, de toutes ces urgences que la lutte contre la pauvreté apparaît comme un préalable pouvant constituer un puissant facteur de mobilisation sociale et d'impulsion pour le développement 80(*).D'une part, ce qui nous empêche aujourd'hui d'accomplir des pas tangibles, réellement significatifs, dans cette si nécessaire lutte contre la pauvreté, peut s'expliquer aussi par le comportement qu'ils ont en général de la conduite des affaires publiques et de la gestion des biens collectifs. En effet, s'il est vrai que nous ne produisons pas assez de richesses pour pouvoir faire face aux taches urgentes que nous dictent la mondialisation et ses défis, il nous parait tout aussi vrai que le peu que nous produisons est, le plus souvent, mal géré. C'est pourquoi un des handicaps majeurs que notre continent doit nécessairement surmonter est celui de la « mal gouvernance ».

La réalité à laquelle renvoie ce néologisme est le lot le mieux partagé aujourd'hui en Afrique. On note, effectivement, un peu partout, des stratégies de développement économique et social inefficaces si ce n'est même purement et simplement le pilotage à vue et le bricolage qui en tiennent lieu. Cela favorise toute une série de maux et de tares à commercer par une gestion patrimoniale des biens publics qui consiste, de la part de nos gouvernants, à les confondre trop souvent avec les biens de famille. On peut, ensuite, citer le népotisme et le clientélisme (politique, ethnique, tribal, régionaliste, ou confessionnel) qui consistent à repartir les responsabilités publiques et les avantages politiques et matériels y afférentes, non pas sur la base de la compétence et au mérite, mais plutôt sur celle de la parenté ou de la fidélité. Puis, la corruption qui est encouragée et alimentée en permanence par la pratique des pots-de-vin quasiment institutionnalisée par certains bailleurs. Enfin, on peut retenir l'opacité la plus totale dans le fonctionnement des institutions souvent prises en otage par des réseaux et lobbies de toutes sortes dépossédant ainsi de fait les citoyens de leurs prérogatives naturelles et légitimes de contrôle démocratique sur l'Etat81(*).

Toutes ces caractéristiques des pouvoirs africains tendent à donner raison aux tenants de l'afro-pessimisme quand ils affirment : « bon nombre de dirigeants politiques africains sont arrivés au pouvoir par la force et leur mode de gouvernement s'apparente plus à la prédation qu'à la promotion du bien commun. Mais, cette situation a des profondes racines culturelles qui font de leurs peuples des participants objectifs de ce mode de gouvernement. Toute personne qui parvient au pouvoir est immédiatement sollicitée d'en faire retomber les avantages sur le maximum de ses « frères ». Et ceux qui sont rejetés espèrent bien prendre leur revanche un jour. Mais on comprend aussi pourquoi les changements politiques sont si souvent décevants : il y a simplement de profiteur... »

D'ailleurs les conséquences de telles pratiques, qui ont durablement cassé les ressorts économiques et sociaux, voire psychologiques de nos pays, sont devenues tellement désastreuses que les bailleurs de fonds, qui les avaient encouragées jusque-là, ou qui avaient, en tout cas, fait semblant de ne rien en savoir, ont engagé contre elles une croisade mondiale sous le drapeau de la « bonne gouvernance ».

En réalité, cette croisade n'a d'autre motivation que la restauration ou la préservation de la capacité de nos pays de rembourser leurs dettes. Mais, cela n'enlève rien au fait que les exigences de rigueur, de transparence et d'efficacité, que la bonne gouvernance mettent en avant, dans la gestion économique et politique de nos sociétés, relève d'un impératif objectif de survie pour ces dernières, même si on peut formuler, au regard de ses conséquences, des réserves son la valeur réelle des recettes préconisées pour y parvenir82(*).

Une tache essentielle s'impose donc, celle de lutter pour donner un contenu concret et effectif à l'indépendance que nos peuples n'ont acquise jusqu'ici que formellement. Evidemment, une telle indépendance ne pourrait et ne devrait pas être comprise dans le sens de l'aspiration à une autarcie politique et politique qui se nourrirait de l'illusion de pouvoir échapper aux conséquences objectives et irréversibles du phénomène de mondialisation actuel fortement lié au mode production capitaliste et à la suprématie, sans équivoque, du système économique du monde dit libéral sur les autres systèmes. Elle devrait signifier, plutôt, la reconquête et la définition par nos peules, sans chantage ni diktat aucun, des voies qu ils entendent mener pour construire leur propre avenir, dans la plénitude de leur souveraineté. Cela présuppose une maîtrise réelle de l'orientation de leurs politiques économiques, sociales et culturelles ; la défense de l'entreprise privée nationale ; la protection et la valorisation de la « matière grise africaine » en accordant plus de moyens et de considérations aux intellectuels, producteurs de connaissances et créateurs d'idées, afin de les motiver et les encourager à penser, à concevoir et à créer pour l'Afrique et, autant que possible, en Afrique83(*).

Ainsi, une urgence s'impose donc pour l'avenir, celle de reprofiler l'Etat africain par une culture démocratique et de bonne gouvernance pour que soient éradiqués tous des problèmes qui ont été le sujet de notre section.

* 79 DIALLO AMADOU, op.cit, p.3

* 80 DIALLO AMADOU, op.cit, p.4

* 81 DIALLO AMADOU,op.cit, p.5

* 82 DIALLO AMADOU, op.cit, p.5

* 83 DIALLO AMADOU, op.cit, p.6

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