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Une approche socio-historique de la violence au XIXème siècle: le cas d'une conspiration à  Lyon en 1817

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par Nicolas Boisson
Université Pierre Mendès France Grenoble - Master recherche 2008
  

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Première présentation des événements du 8 juin 1817 dans le département du Rhône

« Un grand attentat vient d'être commis. Il l'a été dans la ville de Lyon et sur plusieurs points du département du Rhône. Ce n'était rien moins qu'une exécrable tentative pour détruire ou changer le Gouvernement, pour exciter les Français à s'armer contre l'autorité de leur Roi, pour porter la dévastation, le meurtre et le pillage dans tous lieux où l'insurrection se serait manifestée. Depuis longtemps, on ne peut se le dissimuler, l'exécution en était projetée et ténébreusement préparée (...) »12(*).

Monsieur Reyre, procureur du Roi en la Cour prévôtale du département du Rhône, en charge de l'affaire de Lyon, introduit de ces propos déjà sans appels pour les inculpés, ses conclusions pour la Cour de justice. Cette Cour aura retenu 155 inculpations pour 248 arrestations au sein de la ville de Lyon et pas moins de 300 pour les campagnes13(*). En effet, comme nous le précise Georges Ribe : «  Le 9 juin 1817, les Lyonnais apprirent, par une proclamation du lieutenant-général Canuel, que leur ville avait échappé la veille, grâce à la vigilance des autorités, à une insurrection. Elle devait éclater à Lyon même, ayant pour but de mettre Marie-Louise et son fils sur le trône de France. Les campagnes devaient faire leur mouvement une heure avant la ville sur laquelle elles se seraient portées. »14(*).

Ces événements interviennent dans un contexte de grandes tensions autour des orientations politiques du roi. En réalité, depuis l'ordonnance du 5 septembre 1816, déclarant que la Charte ne serait pas révisée et que la Chambre serait dissoute, les ultras s'inquiètent grandement des élections à venir, et à juste titre, au regard de la montée en puissance des modérés et des libéraux. Louis XVIII doit en effet faire face d'une part, aux pressions d'un parti ultra de plus en plus délégitimé suite aux excès de la terreur royaliste (la Terreur blanche), qui sévissait de la défaite de Napoléon à Waterloo au retour du roi au pouvoir, aux excès de la « terreur légale » des royalistes au sein de la Chambre désormais qualifiée « d'introuvable »15(*) tant le camp ultra, fort de sa majorité, la monopolise en légiférant massivement contre toutes les libertés publiques soi disantes garanties par la Charte, et contre les derniers Bonapartistes et Jacobins accusés de « régicides », et d'autre part, à la multiplication de complots souvent militaires, composés d'ancien membres de l'armée napoléonienne, et/ou de libéraux amorçant les conspirations à venir de la Charbonnerie française, cette grande milice secrète libérale.

Précisons sommairement, car nous y reviendrons grandement, les enjeux que constituait cette Charte pour les royalistes. Elle fut promulguée par le roi le 4 juin 1814 après son entrée dans Paris le 3 mai, permise par le départ de Napoléon pour l'île d'Elbe le 28 avril. Nous nous situons dans la période que les historiens appellent la première Restauration. Louis XVIII régnera une première fois jusqu'à l'épisode des Cent-Jours (20 mars 1815-8 juillet 1815), dernier épisode napoléonien, puis remontera sur le trône le 8 juillet, jusqu'à sa mort le 16 septembre 1824. A partir de la fin des Cent-Jours et jusqu'en 1830, la France vit ce que l'on appelle la seconde Restauration.

Depuis son retour au pouvoir le 3 mai 1814, suite au départ de Napoléon pour l'île d'Elbe, Louis XVIII doit représenter la France royaliste, mais il sait qu'il ne pourra jamais régner sans et à fortiori contre la France nouvelle issue de 1789. Comme le note l'historien Patrice Gueniffey : « Louis XVIII préfère régner constitutionnellement plutôt que de ne pas régner du tout. La Charte octroyée par le roi « la dix-neuvième année de son règne » et proclamée le 4 juin 1814 est le manifeste de cette volonté de réconcilier les deux France sans rien sacrifier de la légitimité. »16(*).

Qu'en est-il des dispositions de cette Charte ?

Max Tacel énumère les plus marquantes : « La Charte proclame solennellement l'origine divine et dynastique du pouvoir royal et condamne les « funestes écarts » des 25 dernières années, c'est-à-dire la Révolution et l'Empire (...) La première partie de la Charte garantit, en effet, les libertés publiques, liberté individuelle, liberté de la presse, sous réserve d'abus, la liberté de culte, bien que le catholicisme soit déclaré religion d'Etat, le droit de pétition, l'égalité devant la loi, les situations acquises dans la fonction publique, civile et militaire...(...) Le roi détient la totalité du pouvoir exécutif. Il nomme et révoque les ministres que l'article 13 déclare responsables (...) Le roi dispose seul de l'initiative des lois et les amendements ne sont recevables que revêtus de son approbation... »17(*).

Cette Charte assure donc le caractère constitutionnel de la monarchie, mais dans la pratique elle ne se révèle qu'un pâle compromis de moins en moins respecté. Nous l'avons déjà évoqué, quelques mois après la remontée sur le trône du roi après l'épisode des Cent-Jours, les ultras vont faire pression sur le roi, laissant s'installer au sein de la Chambre introuvable une « terreur légale », véritable réaction antirévolutionnaire. Jean-Claude Caron rappelle ainsi que les ultras votèrent successivement d'octobre 1815 à juillet 1816 : une loi de sûreté générale (29 octobre), une loi contre les cris et les écrits séditieux (9 novembre), une loi organisant des cours prévôtales (27 décembre) dont donc la cour du Rhône, et une loi d'amnistie bannissant les régicides (2 janvier 1816), Jacobins et Bonapartistes, avec notamment de lourds procès contre les généraux ou maréchaux ralliés à Napoléon durant les Cent-Jours18(*). Il est clair que cette Charte ne fut donc qu'un leurre non du fait de sa portée mais bien précisément parce que les députés ultras l'ont rendue inopérante.

Dés lors, la décision royale par ordonnance du 5 septembre 1816, de ne pas réviser la Charte mais par contre de dissoudre la Chambre ne pouvait qu'effrayer le camp ultra, se sentant menacé dans ses marges d'action légale. Cette décision peut surprendre de la part de Louis XVIII, choisissant ainsi d'assouplir son régime face aux critiques des modérés et des libéraux, et à la pression populaire. Chateaubriand résuma la nouvelle situation dans une formule terminant sa brochure La Monarchie selon la Charte : « Sauvez le Roi, quand même ! »19(*) .C'est-à-dire malgré lui. Les ultras de Lyon firent de cette formule leur cri de ralliement. En cette fin d'année 1816, la stratégie du camp ultra était donc simple. Il fallait convaincre le roi que l'ordonnance avait été une faute grave. Pour y parvenir, la méthode était d'exciter les peurs relatives aux conspirations et autres attentats... Comme le note Sébastien Charléty : « Il fallait donc représenter (les ennemis du roi) comme en état de conspiration permanente et d'insurrection toujours possible. »20(*). Le général ultra Canuel était le chef désigné de cette manoeuvre. Charléty relève ainsi que : « dés la fin de septembre 1816, ce fut, chaque jour un nouvel incident : propos séditieux, annonce du retour de l'Empereur, découverte d'emblèmes bonapartistes qui provoquent des allées et venues de gendarmes. »21(*).

Canuel excite donc les autorités locales : « On conspire, répète Canuel au préfet (le préfet du Rhône : le comte de Chabrol) ; la conspiration est dans les esprits, dans l'air, partout. »22(*). Dés lors, il règne dans ces années 1816-1817 un inquiétant climat d'excitation, généré tant par les rigueurs d'une crise des denrées alimentaires que par les rumeurs conséquentes de soulèvements éclatant soit dans le Rhône, soit dans les départements voisins.

Sébastien Charléty rapporte ainsi un passage d'un rapport nourri et alimentant ces rumeurs, daté du 4 octobre 1816, sur la situation des campagnes du Rhône : « Une agitation extraordinaire se manifeste dans les campagnes des environs de Lyon. On dit qu'il sera mis des droits extraordinaires sur les pommes de terre et les autres denrées qui servent de nourriture aux paysans. On leur fait croire que le moment est favorable pour secouer le joug. Un complot est, dit-on, formé. (...) Le projet des conspirateurs est de mettre le feu dans plusieurs endroits de la ville et de se porter ensuite sur les prisons pour délivrer les coquins qu'elles renferment. Ils doivent massacrer les prêtres et les royalistes, et proclamer le fils de Bonaparte. (...) Les conjurés disent qu'ils ne redoutent rien de la police qui les favorise. »23(*).

Huit mois nous sépare de l'affaire de Lyon du 8 juin 1817, et déjà se multiplient de « petites » affaires comme celle-ci, dont on ne sait si elles relèvent de l'imagination populaire, de manipulations du camp ultra, ou d'agents provocateurs au service des Bonaparte... Une réalité apparaît déjà clairement, c'est celle de l'efficience de la rumeur et donc de son usage politique. Nous y reviendrons dans le développement de l'analyse de la conspiration du 8 juin 1817 (partie II). Plus encore, il semble bien que la rumeur soit pour le camp ultra l'alibi systématique appuyant ses investigations policières. Pour en finir avec cette « petite affaire » précédent celle du 8 juin 1817, Charléty raconte la précipitation policière d'événements fondés sur des bruits...Le 22 octobre 1816, le général Maringonné assistant Canuel dans le Rhône, fait arrêter huit individus et livre au préfet un volumineux dossier. On peut y apprendre que parmi les chefs du complot se trouvent des bonapartistes avérés comme Alix, chef d'escadron en retraite et maire de la commune d'Oullins pendant les Cent-Jours, ou Dupont, officier en retraite. Cette présence d'anciens membres de la garde impériale est une réelle constante au sein des entreprises politiques clandestines sous la Restauration. Nombreux seront les bonapartistes à rejoindre la lutte des libéraux au sein de la Charbonnerie française, évoquée précédemment. Pourtant, cette présence suffit-elle toujours à prouver l'existence d'une réelle conspiration, dans le sens d'une entreprise politique secrète, concertée, avec un but politique précis, ou n'apparaît-elle encore pas comme un autre prétexte visant à stigmatiser du mot maudit, en ces temps de réaction, de « conspiration » un événement avorté qui relèverait alors tout autant de l'imaginaire ? Cette question de la portée réelle du projet secret est centrale. Tout au long de cette étude se posera la question, que se sont posés tous les historiens s'intéressant aux questions de l'action politique clandestine, de la mesure réelle du projet secret et donc de sa dénomination en des termes lourds de « conspiration », « complot » et même plus intense encore de « conjuration ». Il s'agit bien là encore de la question de la représentation de l'événement, de sa mise en scène, souvent de son instrumentalisation, pouvant lui donner dés lors une portée symbolique bien plus grande que les intentions plus pragmatiques de ses acteurs. Dés lors nous n'aurons de cesse de nous interroger sur la question de l'envergure de la provocation policière. Loin de nier toute réalité du complot en ces années, il s'agira bien plus de saisir comment s'articule le triptyque Rumeurs-Manipulations-Conspiration et d'essayer de restituer au mieux la juste mesure d'un événement diabolisé, alors que tout en ayant son existence propre, il fut souvent provoqué, facilité en quelques sortes, par l'infiltration policière.

Revenons aux prémices de l'affaire de Lyon.

Si déjà lors de cette « petite » affaire lyonnaise d'octobre 1816, on retrouve en effet les éléments classiques d'un complot bonaparto-libéral : culte de l'Aiglon et de Marie-Louise, réunion à la loge maçonnique de Pilata24(*)... on y descelle aussi la « main » des ultras. Sainneville, le même lieutenant de police de Lyon, homme intègre, qui sera en charge de l'affaire du 8 juin 1817 puis destitué, se vit avoué lors de ses interrogatoires des suspects arrêtés, que l'un se dit avoir agi pour le compte du général Maringonné, qu'un autre se verrait même récompensé de la Légion d'honneur...Le lieutenant Sainneville dénoncera déjà ces manipulations ultras opérées par le biais des forces de l'ordre. Il écrit au ministre Decazes le 12 octobre 1816 : « Tout ce qui se passe ici est le résultat d'un plan dont le but paraît être de prouver que le gouvernement représentatif ne convient point à la France, que le ministère perd le Roi et l'Etat...On va jusqu'à dire que le Roi n'est plus en état de gouverner et qu'il devrait résigner sa couronne. »25(*).

Cependant, une fois classée sans suite, l'affaire de ce complot semi-imaginaire car provoqué, le calme ne semble par pour autant régner pour les ultras lyonnais, en cette fin d'année 1816.Toujours à Lyon, le 24 décembre 1816, le général Canuel découvrit rue Saint Georges des placards séditieux sur lesquels on pouvait lire : « Prenez courage. Napoléon revient et nous aurons le pain à quatre sols »26(*). Face à ce climat d'incertitudes, se multiplient les dénonciations et les arrestations. Un climat de grande tension politique mêlé à la peur « économique » due à la crise alimentaire rendent la ville et ses campagnes de plus en plus sujets à la surveillance policière. Et le préfet du Rhône, le comte de Chabrol, débordé, pourra tant bien que mal rassurer le ministre Decazes, chacun s'accorde à penser qu'un soulèvement populaire peut surgir prochainement. Reste aux ultras à penser l'instrumentalisation de ce climat...

Il y eut aussi dans la région d'autres précédents inquiétant les pouvoirs locaux. A Grenoble en 1816, une petite affaire encore de conspiration militaire, très vite déjouée, vint alimenter la campagne d'excitation des ultras locaux envers tous les ennemis du régime. Le leader de l'entreprise secrète, Paul Didier, drômois d'origine né en 1758, avocat de formation, recrutait depuis 1814 à Lyon et à Grenoble des militaires licenciés de l'armée impériale, dans le but d'amener le duc d'Orléans au pouvoir ! Orléaniste dans son but mais bonapartiste dans ses moyens, le complot devait aboutir le 4 mai 1816, sur le même mode opératoire que notre conspiration lyonnaise du 8 juin 1817, c'est-à-dire, en partant des campagnes pour converger le soir sur Grenoble. L'entreprise était en réalité infiltrée depuis longtemps par la police, et fut donc vite déjouée. Paul Didier fut exécuté peu de temps après27(*).

Dés lors, le début de l'année 1817 en Rhône-Alpes est rythmé par les bruits et les rumeurs de complots en tout genre. Sébastien Charléty relève le climat de désinformation régnant alors : « Le bruit court en février 1817, que l'Isère est en insurrection, tandis qu'on dit à Grenoble que Lyon s'agite. »28(*). Il apparaît donc clairement, que grâce à ce contexte « parasité » par la désinformation générale, les ultras locaux n'auront pas de mal à instrumentaliser la journée du 8 juin 1817 dans le Rhône, durant laquelle, nous y venons, se mobiliseront bien plus de ressources humaines tant du côté des conspirateurs et des insurgés que du côté des forces de la répression.

Reprenons une partie du récit des événements par monsieur le procureur du Roi de la Cour prévôtale du Rhône, récit par lequel j'ai débuté précédemment cette première présentation des faits.

Monsieur Reyre illustre le climat d'agitation dominant dans le Rhône à cette époque, avant de fustiger le plan avorté des conjurés : « Depuis ce temps là c'est une agitation marquée, une sorte d'inquiétude vague qui a sans cesse régné autour de nous, et que la cherté des subsistances donnait le moyen d'exciter, d'entretenir. C'étaient des bruits populaires, des annonces plus ou moins alarmantes qu'on faisait circuler chaque jour, et dans la ville de Lyon et dans les campagnes qui l'entourent. (...) lorsque dimanche dernier, 8 juin, a éclaté subitement le grand attentat qui avait été si horriblement projeté. Ce jour-là, entre quatre et cinq heures de l'après-midi, l'insurrection des campagnes commença tout à coup et presque au même instant, sur deux points très éloignés l'un de l'autre : d'un coté, dans la commune de Charnay, et de l'autre, dans celle de Saint-Genis Laval. (...) Partout, et en chaque lieu où on s'insurgeait, le tocsin fut sonné. Des chefs plus ou moins audacieux prirent en chaque endroit le commandement des séditieux, cherchant, soit par des menaces, soit par de fallacieuses illusions, à égarer, à entraîner la multitude. (...) il leur fut aisé de se faire suivre par tout ce qu'il y avait autour d'eux, d'hommes pervers, dissolus, que la pauvreté ou leur corruption rendaient avides de pillage. Ceux-là, pour la plupart, avaient été avertis ; on les avait secrètement enrôlés : ils se tenaient prêts à marcher au premier signal. On avait distribué au plus grand nombre d'entre eux des armes, des munitions ; et des fourches, des faulx tenaient lieu d'armes à ceux qui n'avaient pu en recevoir. Par tout donc où l'explosion éclata, on vit se former subitement des bandes d'hommes armés qui ne dissimulaient pas leur véritable dessein. C'était le Gouvernement qu'ils déclaraient vouloir renverser. Presque tous portaient des cocardes tricolores. Dans certaines communes, leur premier acte de révolte fut d'abattre, d'arracher les armes de France qui se trouvaient placées au dessus du portail de la Mairie. Vive l'Empereur, vive Marie-Louise, vive Napoléon II, c'étaient là les cris que poussaient toutes ces bandes sacrilèges ; cris qui n'étaient réellement de leur part que des cris d'anarchie, de pillage et de dévastation ; et eux-mêmes ne déguisaient pas du tout le vrai sens qu'ils y attachaient : car, à Saint-Andéol en particulier, on les entendit qui avaient l'audace d'ajouter à leur cris : Les Bourbons ont régné leur temps, Buonaparte le sien ; c'est aujourd'hui notre tour. Leur tour, c'était, si on leur laissait le temps, de s'abandonner à tous les crimes auxquels une populace déchaînée peut être poussée par l'esprit de révolte. On les vit, à Charnay, arracher leur pasteur du lieu saint, et le traîner à leur suite en le terrifiant par leurs menaces et leurs imprécations. On vit de même le curé d'Irigny, saisi par les insurgés de sa commune, et traduit au milieux d'eux sur la place de Saint-Genis, où quelques misérables poussèrent l'indignité, la fureur, jusqu'à lui mettre le pistolet sur la gorge. A Chessy, le curé vit aussi sa vie menacée, et échappa au péril par une prompte fuite ; mais toute sa maison fut saccagée, dévastée, et une autre maison du voisinage fut pillée comme la sienne. Partout, l'autorité des maires était méconnue, et plusieurs furent, comme les curés, insultés, brutalement traités, emmenés même en otage. En un mot, les révoltés portaient partout l'épouvante sur leur passage. (...) Du reste, il est constant que les révoltés de la campagne, au moment où ils s'insurgèrent, et dans tous les lieux où leurs bandes se formèrent, annonçaient très hautement leur dessein de marcher sur Lyon, où ils avaient, disaient-ils, une armée de complices prêts à les joindre, et des généraux prêts à les commander. Il est trop vrai en effet que les trames ourdies pour l'exécution de l'horrible complot, s'étendaient dans la ville comme dans les campagnes ; et que c'était à la même heure, au milieu de l'après-midi, pendant les cérémonies religieuses de la fête du jour, qu'il devait éclater simultanément, au milieu de nous. Tel était l'aveuglement, la confiance des conjurés subalternes, que, pendant toute la matinée, ils laissèrent percer leur joie féroce, et qu'ils s'entretenaient presque ouvertement dans les rues, dans les places publiques, de l'affreux événement auquel ils s'attendaient. De là l'espèce d'agitation générale, extraordinaire, qui ce jour là régna dans toute la cité ; et on ne peut songer qu'en frémissant, aux scènes de carnage, de désolation, dont les monstres avaient projeté d'en faire le théâtre. Mais les Autorités veillaient : elles avaient été averties, le danger était connu ; les mesures étaient prises. Lyon avait dans son sein un général (M. Canuel) dont chacun connaît l'énergie et les talents militaires ; un préfet (M. le comte de Chabrol), un maire (M. le comte de Fargues) dont la vigilance est aussi éclairée qu'infatigable ; une garde nationale animée du plus généreux dévouement ; une garnison, une gendarmerie aussi braves que fidèles. Lyon en particulier n'éprouva donc aucune commotion, aucune secousse. Le complot, l'attentat ne purent pas y éclore ; les conspirateurs s'y trouvèrent paralysés, enchaînés. Lyon, mis en sûreté au-dedans comme au dehors, put même envoyer de prompts secours sur les divers points où les bandes de la campagne s'étaient répandues. Cependant, l'extrême audace de certains conjurés que Lyon recelait était telle, qu'au commencement de la nuit il y eut de leur part des excès, des violences, et même un crime particulier qu'on n'avait pu aucunement prévoir. On eut, vous le savez, on eut à déplorer la mort d'un des officiers de la légion de l'Yonne, qui lâchement assassiné dans la rue Mercière, expira peu d'instants après le coup (un coup de feu) qu'on venait de lui porter ; officier : M. le capitaine Ledoux, que ses moeurs douces, ses qualités militaires rendaient cher à tous ses frères d'armes ; qui a laissé une veuve inconsolable : et ce fut un cri d'amour pour son Roi qui sortit de sa bouche lorsqu'il rendit son dernier soupir. Ses meurtriers ne purent être saisis. On ne put qu'arrêter beaucoup d'individus soupçonnés d'avoir agi antécédemment pour y participer. On se hâta de faire, soit sur eux, soit dans leurs domiciles, d'exactes perquisitions. On trouva en effet, chez le plus grand nombre d'entre eux, des armes, des balles, des cartouches ; objets dont très évidemment ils n'avaient pu se pourvoir dans une telle circonstance qu'avec des intentions coupables ; et ce sont là autant de preuves matérielles qui manifestent comment le complot existait dans la ville, où les moyens manquèrent pour l'exécuter, aussi bien que dans les communes rurales, où on le mit ouvertement à exécution. (...) Voilà le tableau trop fidèle des principales circonstances qui caractérisent ce grand attentat dont la connaissance vous est attribuée. (...) Le trône de nos Rois relevé, raffermi sur ses antiques fondements, n'a et n'aura jamais pour véritables ennemis que les artisans du crime, du brigandage, les ennemis de tout principe, de toute vertu et de toute sociabilité. Ce sont eux, oui eux seuls, qui ont été auteurs ou complices du grand attentat qui vient d'être commis, et c'est la société entière qui demande vengeance, justice. Les temps de la clémence sont passés : il n'y a plus aujourd'hui que la loi à suivre, à appliquer dans toute sa rigueur. C'est la seconde ville du royaume, c'est toute la population d'un département qui ont été en péril : bien plus, c'était contre l'Etat, c'était pour renverser l'autorité du Roi, pour changer ou détruire le Gouvernement légitime, que des conjurés avaient pris les armes. Il faut qu'en pareil cas la loi atteigne les coupables avec la rapidité de la foudre. Voilà, Messieurs, voilà le but de votre redoutable institution. Mais nous avons la douleur de le dire, les prévenus sont en grand nombre ; chaque jour, à chaque instant, les autorités locales en désignent de nouveaux, les livrent à la justice ; et il faut du temps pour discerner l'innocent du coupable, pour mesurer à l'égard de chacun le degré de culpabilité... »29(*). Que ressort-il de ce tableau de la justice royale cinq jours après les premières arrestations relatives à cette insurrection dans le Rhône ?

Tout d'abord, nous pouvons souligner l'obsession des autorités à stigmatiser ce soulèvement dans les termes d'une conspiration, une conspiration longuement organisée antérieurement, et dont les buts auraient été des plus condamnables puisqu'il s'agissait pas moins : « d'exciter les Français à s'armer contre l'autorité de leur Roi, pour porter la dévastation, le meurtre et le pillage dans tous les lieux où l'insurrection se serait manifestée. ». Nous observons là les premiers éléments typiques du discours des ultras sur ce genre d'affaires : l'exagération et la caricature. Nous verrons dans le développement comment ces éléments participent de la stratégie des royalistes de manipulation de l'opinion au sein d'un climat parasité par les rumeurs. L'usage politique de la rumeur par les ultras, allié à leurs manipulations policières, sera leur réponse à l'usage politique du secret des conjurés. Nous le verrons notamment au moment de la répression judiciaire de cette affaire, en observant l'usage diabolisant du mythe de la conspiration, visant à légitimer sa condamnation la plus ferme.

A cette assimilation de l'événement à un complot, s'ajoute immédiatement le mépris des autorités en réduisant les dits « conjurés » aux éléments les plus « bas » de la population, voire à des déclassés : « Tous n'appartenaient qu'aux dernières classes de la société... ». Nous verrons que la réalité fut plus complexe et que notamment la composante bonapartiste prononcée de l'entreprise impliqua indirectement des anciens militaires de l'Empire.

De même, le discours des autorités insiste le caractère « rural » de l'événement. Seul Lyon, ville où devait converger l'insurrection, sortit réellement indemne. Ce qui ne surprend guère au regard de la surveillance policière établie depuis longtemps au sein de la seconde ville du royaume... En effet, c'est en fin d'après midi du dimanche 8 juin 1817 que le mouvement éclata dans les campagnes entourant Lyon pour se propager vers la ville. Les autorités notent à juste titre la rapidité des déplacements et l'organisation relative de ceux-ci. Les « violences » éclatent toutes à peu près au même moment, ce qui confirme les ultras dans leur idée d'une entreprise concertée. Notons déjà à ce sujet les caractères politiques de celle-ci. Il se mélange de manière paradoxale pour le néophyte en matière de complots sous la Restauration, les attributs bonapartistes d'une part, et républicains ou révolutionnaires plus précisément, d'autre part. Ceci explique que je qualifierai le long de cette étude cet événement, de conspiration bonaparto-républicaine. Conspiration provoquée, nous verrons comment et pourquoi, mais nous verrons aussi pourquoi le caractère de la provocation par l'infiltration policière n'enlève rien aux intentions secrètes réelles des conspirateurs, qui de plus ont usé du rituel de l'action politique clandestine, légitimant par là même au regard de l'historien le qualificatif de conspiration. Les manifestations révolutionnaires de cet journée du 8 juin sont : le tocsin, qui sonna dans chaque commune pour marquer le soulèvement, la Marseillaise chantée par les insurgés, les cocardes et autres drapeaux bleu blanc rouge accrochées aux mairies royalistes, les coups de feu et autres symboles rappelant le 14 juillet 1789... Mais surtout prédomine le caractère bonapartiste de l'entreprise. Les séditieux crient Vive l'Empereur, Vive Marie-Louise, Vive Napoléon II (l'Aiglon, le fils de Napoléon Bonaparte), les insurgés sont armés de tout ce qu'ils ont pu récolté, des armes à feu conservées par les anciens militaires après les déroutes de l'Empereur, jusqu' aux fourches et autres outils agricoles. On ne peut que souligner déjà le caractère « laïc », voire ouvertement anti-clérical du soulèvement, soulignant encore sa force républicaine. A plusieurs reprises, les curés sont pris à partie. On va jusqu'à leur mettre le pistolet sous la gorge et les sommer de crier la gloire de l'Aiglon...Il en va de même pour les maires ultras, qui eux ont prêté serment de fidélité au roi... Le choix du jour de l'insurrection, un dimanche, n'est donc peut-être pas anodin. Illustrons le caractère révolutionnaire, anti-cléricale de cette journée. Encore au lendemain de celle-ci, les autorités craignent un reflux de violences. En témoigne cette lettre du Ministère de la Police générale au préfet du Rhône (le comte de Chabrol), lettre du 9 juin 1817 :

« M. de Sainneville (le lieutenant de police en charge de l'affaire dans le Rhône) part sur le champ pour Lyon, faites diriger des troupes, et particulièrement de la cavalerie sur tous les points qui sont menacés. Il faut « repousser la force par la force », il faut faire des exemples et déployer la plus grande rigueur. Il serait prudent de s'assurer des clochers et d'ôter même les battants des cloches dans toutes les paroisses qui sont menacées, mais cet ordre doit être donné avec discrétion... »30(*).

Les maires sont pris d'affolement, car ils sont les premières cibles des insurgés. Citons pour exemple le maire de St-Andéol, M. Bourliez, demandant secours au préfet du Rhône le 9 juin 1817 :

« Mr ma commune est en pleine Révolte. J'ai voulu m'opposer, je n'ai pu, ils sont armés, sonnent le tocsin. Je vous prie de m'envoyer main forte, je ne quitte pas ma porte. J'attends vos instructions et vous salue le coeur. Ils sont tous affublés d'une Cocarde tricolore. »31(*).

Et malgré les mots d'apaisement du préfet, considérant le soulèvement éteint, les violences se poursuivent et terrifient les maires. Toujours le maire de St-Andéol au préfet du Rhône, le 10 juin 1817 :

« J'ai reçu votre lettre du 9 réponse à la mienne de même date, je m'attendais à recevoir du secours pour faire arriver et punir les coupables, il est quatre heures du matin et personne n'a encore passé. Vous comptez sur mon zèle. Certes on ne me blâmera pas de l'avoir déployé, mais seul j'ai été contraint de céder à quatre baïonnettes qui m'ont été appliquées sur la poitrine. Reconduit dans mon domicile où j'ai été gardé à vue. Le tocsin a sonné pendant deux heures environ (...) environ soixante hommes armés, deux tambours à leurs têtes sont partis de la commune pour rejoindre d'autres rassemblements... Un détachement de la cavalerie est absolument indispensable si vous voulez que je fasse arrêter les coupables qui me sont parfaitement connus. »32(*).

Voilà pour quelques illustrations des violences du 8 juin dans les communes des environs de Lyon. Nous aurons l'occasion d'en présenter d'autres dans la seconde partie de ce travail, partie consacrée entièrement à la question de la « réalité » cette conspiration. Pour l'heure, il faut noter que le fait le plus « médiatisé » de cette journée du 8 juin concerne la ville de Lyon, où nous l'avons vu, les violences furent moindres. Il s'agit même d'une « affaire dans l'affaire », tant les ultras stigmatiseront ce crime d'un jeune officier de la légion de l'Yonne, abattu d'une balle rue Mercière à Lyon. Cet officier, le capitaine Ledoux, deviendra pour les ultras locaux le symbole à exhiber de cette journée de violences33(*).

Les autorités, nous avons pu le voir au travers par exemple du récit du procureur du Roi, retiennent le caractère prémédité de l'entreprise et donc la rangent du côté des conspirations contre le royaume. Notre tâche sera donc d'examiner ce caractère, et ce notamment en s'interrogeant sur le rôle de la police dans le déclenchement du dit complot. Cet examen devra s'accompagner de l'analyse des facteurs structurels de l'événement, à savoir le climat politique de plus en plus délétère de luttes exacerbées entre modérés et ultras, avec à l'approche : des élections, et le contexte social, économique et culturel de la région Rhône-Alpes en ces années 1810-1820, avec comme nous l'avons déjà évoqué une grave crise alimentaire rendant le prix du pain trop élevé en 1817, mais aussi d'autres blocages sur le plan de la continuité brisée de la scolarisation dans la région, au sein d'une France qui pourtant sous la Restauration continue de témoigner d'un réel bouillonnement intellectuel, prolongeant les Lumières avec les écoles philosophiques de l'éclectisme d'un Victor Cousin, du sensualisme ou encore de l'utilitarisme d'un Jérémie Bentham, déjà lu en France pour les sciences économiques.

Observons une remarque importante quant à la question de la dénomination de ces événements du 8 juin 1817. Nous n'aurons de cesse de travailler la question de la « réalité » de ceux-ci sous le terme générique de conspiration, dans le sens d'une entreprise politique secrète, organisée, donc avec un plan et un but politique précis, opérant selon un mode secret autonome, et dont les membres obéissent à des rites de passage et d'élimination si il y a lieu...

Cependant, il est clair que la seule qualification de cette insurrection sous le terme de conspiration, qualification des ultras amplifiée de plus par leur propagande anti-libérale, avec notamment la diabolisation par la presse et les affiches de l'événement réduit à tort à la lutte des libéraux, lui donne une première existence, certes représentative mais effective. La représentation politique de l'événement en termes de complot, conjuration ou conspiration lui offre une existence, peut-être que symbolique mais à valeur de statut, au sein de l'histoire des actions politiques clandestines. De plus, la persistance de la qualification de ces événements du 8 juin dans l'histoire locale ou nationale lui assure la pérennité de ce statut de conspiration, même si peut-être pour certains observateurs, la réalité du caractère secret de l'entreprise doit nous inciter à douter du choix de ce vocable. Nous verrons les différentes thèses, toutes valables. Restons pour le moment sur l'acception du statut de conspiration de l'événement permise par la représentation pugnace de celui-ci en ce terme, aussi bien sous la Restauration que durant son historiographie postérieure, lui conférant bien une existence indubitable.

Sans trop dévoiler le développement à venir sur la conspiration même du 8 juin, nous pouvons esquisser les objectifs politiques et les méthodes des conspirateurs. Sébastien Charléty rapporte une lettre du maire de Lyon au préfet du Rhône, présentant le plan d'attaque des conjurés :

« Les campagnes devaient faire leur mouvement une heure avant la ville sur laquelle elles se seraient ensuite portées. Les conjurés de l'intérieur étaient partagés en six brigades :

La première était chargée de s'emparer de l'Arsenal et de faire conduire aussitôt des pièces d'artillerie, soit au faubourg de Serin, soit à Pierre-Scize, pour bloquer les Suisses dans leur caserne. La seconde, de tenir la ligne du pont de l'Archevêché à celui de la Guillotière. La troisième, de maîtriser la troupe casernée à la Nouvelle-Douane. La quatrième, de contenir les Suisses dans leur caserne, de tenir la ligne depuis la poudrière jusqu'au pont de Serin et d'occuper la tête de ce pont du côté de Vaise. La cinquième, de l'attaquer par la barrière de Serin. La sixième, de se porter sur l'Hôtel de Ville et la caserne de gendarmerie. »34(*).

On observe donc déjà une certaine organisation visant par la simultanéité des brigades à créer un effet de surprise. Selon les sources policières, mais peut-on les croire ?, les conjurés disposaient de ressources énormes en armes et en munitions. Pour ce qui est de l'effectif de l'entreprise, rappelons la fourchette de 500 à 1000 hommes pour l'ensemble des événements du 8 juin. Nous nous basons là sur l'étude sérieuse de Georges Ribe, qui précise : « Le désarmement et l'arrestation des suspects semblent s'être faits quelque peu à la légère. Rien que pour Lyon, 248 individus furent enfermés dans les caves de l'Hôtel de Ville sans autre motif que de très vagues présomptions. Pour les campagnes, des colonnes mobiles les parcoururent et ramenèrent 300 personnes. Les insurgés s'étant hâtés de disparaître, il ne s'agissait là, le plus souvent, que de leurs parents ou de leurs comparses. »35(*).

Pour ce qui est de la ville de Lyon, nous l'avons vu, l'événement le plus marquant pour les ultras, fut l'assassinat du capitaine Ledoux, le jeune officier de la Légion de l'Yonne.

C'est dans les campagnes que l'agitation fut la plus vive. Le tocsin sonna dans onze communes : six au nord-ouest de Lyon, Charnay, Chazay, Anse, Ambérieux, Chessy et Châtillon ; cinq au sud-ouest : Saint-Genis-Laval, Irigny, Millery, Brignais et Saint-Andéol.

Ces deux groupes étaient séparés par une distance de vingt à vingt cinq kilomètres. Pour ce qui était des revendications des insurgés, nous les avons déjà bien présentées, il s'agissait d'obtenir le pain à trois sous la livre, et de mettre au pouvoir l'Aiglon. Pour certains qui portaient la cocarde tricolore, cela devait aller de paire avec la République. On retiendra surtout pour le moment, la direction des violences vers les maires ultras et les curés.

Il nous faudra tout au long de ce travail insister sur le caractère régional de cette insurrection, en illustrant le foyer de violences libératrices que constituait la ville de Lyon en ces années. Pour comprendre en effet pourquoi c'est dans cette ville et d'une manière générale au sein de la région Rhône-Alpes, que naquirent nombre de conspirations contre le royaume restauré, il nous faut déjà aborder la question de la formation l'identité politique de cette ville depuis la Révolution. L'enjeu sera de comprendre la spécificité de l'histoire lyonnaise, clef de la compréhension des formes prises par cette insurrection. Comme le précise l'historien Roger Chartier, la méthode sera de : « restituer à l'événement sa radicale et irréductible singularité, et, de l'autre, identifier les continuités occultées et paradoxales, qui l'ont rendu pensable »36(*).

* 12 Extrait des conclusions de M. Reyre, procureur du Roi en la Cour prévôtale du département du Rhône, prononcées dans la séance du 13 juin 1817, relativement au complot qui a éclaté le 8 du même mois. 14 pages, in « Conspiration de Lyon en 1817 : Procédure », op.cit, BM Lyon Part Dieu, cote 354166. Document consultable en annexes, document 2, 14 p.

* 13 Ces chiffres nous sont fournis par Georges Ribe dans son étude « L'opinion publique et la vie politique à Lyon lors des premières années de la seconde Restauration ... », op.cit, page 247 à 253. Ces chiffres semblent proches de la vérité au regard de la consultation des archives. Notons à ce sujet qu'il est difficile de retrouver la « comptabilité criminelle » de cette affaire du fait du flou de son instruction. Néanmoins, on peut estimer qu'au moins entre 500 et 1000 individus ont pris part à l'ensemble des événements de la journée du 8 juin 1817.

* 14 Georges Ribe, op.cit, p.247. Je n'ai pas retrouvé d'exemplaire de la proclamation du général Canuel dans les archives mais elle est souvent évoquée.

* 15 En réalité, c'est le roi lui-même qui l'aurait qualifiée « d'introuvable » suite aux retournements incessants de majorité, tantôt libérale en mai 1815 avant l'échec de Napoléon, puis nettement ultra en août 1815 lorsque, en l'absence de loi électorale, on utilisa les collèges électoraux de l'Empire, qui ne répondaient pas aux conditions d'âge et de cens prescrites par la Charte. Les mêmes collèges à quelques mois de distance envoyèrent une majorité de sens opposé, ce qui contribuait encore au sentiment de confiscation du pouvoir par le camp royaliste... Voir sur cette affaire, Louis Girard, Les libéraux français 1814-1875, collection historique, Aubier Montaigne, Paris, 1985, page 22.

* 16 Patrice Gueniffey, Journal de la France et des Français, Chronologie politique, culturelle et religieuse de Clovis à 2000, Quarto Gallimard, 2001, page 1360.

* 17 Max Tacel, Restaurations, Révolutions, Nationalités 1815-1870, Masson histoire, Paris, 5ème édition, 1994, pages 160 et 161.

* 18 Jean-Claude Caron, La France de 1815 à 1848, Armand Colin collect cursus, 2ème édition, Paris, 1993, page 11

* 19 Chateaubriand cité par Sébastien Charléty, « Une conspiration à Lyon en 1817 », op.cit, p.269.

* 20 Sébastien Charléty, op.cit, p.271.

* 21 Sébastien Charléty, op.cit, p.271

* 22 Canuel cité par S. Charléty, ibid., p.271

* 23 Rapport du 4 octobre 1816 des généraux Canuel et Maringonné, cité par S.Charléty, ibid., p.272

* 24 Le lecteur désireux de retrouver le récit de ce « complot » avorté d'octobre 1816, peut se reporter à celui de Sébastien Charléty, op.cit, p.274-275

* 25 Lettre de Sainneville à Decazes du 12 octobre 1816, citée par Charléty, ibid., p.273-274

* 26 Lettre de Canuel au préfet, 24 décembre 1816, citée par S.Charléty, op.cit, p.276

* 27 Notons qu'il existe très peu d'informations sur Paul Didier tant son parcours politique fut compliqué...Néanmoins, le lecteur soucieux d'en apprendre d'avantage sur cette petite conspiration grenobloise de 1816 peut se reporter aux travaux de Pierre Arnaud Lambert sur les sociétés secrètes (cf. bibliographie), mais aussi devrait lire un texte que j'ai trouvé dans le fond ancien de la BM Lyon Part Dieu, Auguste Ducoin, Paul Didier, histoire de la conspiration de 1816, sans date, 23 pages, inclus dans le volume 1 de «  Des conspirations de Grenoble et de Lyon 1816-1817 », op.cit, BM Lyon Part Dieu, cote IF 436/T1.

* 28 S.Charléty, op.cit, p.277

* 29 Extrait des conclusions de M. Reyre, procureur du Roi en la Cour prévôtale du département du Rhône, prononcées dans la séance du 13 juin 1817, relativement au complot qui a éclaté le 8 du même mois, op.cit, BM Lyon Part Dieu, cote 354166, 14 pages, Document 2 consultable en annexes.

* 30 Dépêche télégraphique de Paris du 9 juin 1817, Archives départementales du Rhône, 4 M 203.

* 31 Bourliez, maire de St-Andéol, au préfet du Rhône. Lettre du 9 juin 1817. Archives départementales du Rhône, 4 M 204.

* 32 Bourliez, maire de St-Andéol, au préfet du Rhône. Lettre du 10 juin 1817. Archives départementales du Rhône, 4 M 204.

* 33 Le lecteur pourra apprécier la mise en scène de l'assassinat du capitaine Ledoux, en lisant le récit du procureur Reyre, déjà cité précédemment, BM Lyon Part Dieu, cote 354166, Document 2 en annexes, 14 pages.

* 34Lettre du maire de Lyon, le comte de Fargues au préfet du Rhône, le comte de Chabrol, 13 juin 1817, citée par Sébastien Charléty, op.cit, p.278.

* 35 Georges Ribe, « L'opinion publique et la vie politique à Lyon lors des premières années de la seconde Restauration... », op.cit, p.249-250.

* 36 Roger Chartier, Les origines culturelles de la Révolution française, Seuil, collect Points Histoire, 1990, 304 pages, postface « L'événement et ses raisons », juin 1999, p.298.

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