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Borderline, symptôme du système individualiste


par Amélie Doste
Université de Rouen Normandie - Master 2 psychologie clinique et psychopathologie  2024
  

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1.2.2 Les mécanismes de défenses de la personnalité limite

« Les mécanismes de défense sont des stratégies inconscientes mises en place afin de protéger le Moi contre l'envahissement par l'angoisse et/ou la souffrance dépressive. » (Estellon, V. (2011). Les mécanismes de défense)

Si ces stratégies adaptatives ont pu être utiles à un moment donné, elles peuvent parfois persister même lorsque le contexte qui les a suscitées n'est plus présent. Cela peut conduire à une rigidification de la personnalité.

En ce qui concerne les troubles limites, identifier ces mécanismes revêt une grande importance à la fois pour le thérapeute et pour le patient. Alors que cela fournit au thérapeute des informations diagnostiques précieuses, un travail dynamique visant à explorer consciemment ces modes de fonctionnement peut aider le patient à éviter les pièges posés par ces mécanismes rigides devenus incapacitants. (Estellon, V. (2011). Les mécanismes de défense.

Dans : Vincent Estellon éd., Les états limites (pp. 55-63))

Dans son ouvrage, l'auteur Estellon évoque plusieurs mécanismes de défense : 1. Le clivage

Le clivage est l'opération défensive essentielle utilisée par les états limites. Son but principal est d'éviter la confrontation du sujet face à son ambivalence affective et à la souffrance dépressive. Heinz Kohut, dans ses travaux sur les pathologies narcissiques, distingue le clivage horizontal et le clivage vertical. (Estellon, V. (2011). Les mécanismes de défense)

J'aimerais porter une attention particulière au clivage horizontale, qui expose la particularité de la pathologie limite. Ayant un narcissisme défaillant, lui aussi, poreux, ce dernier blessé, provoque une diminution de l'énergie narcissique qui a comme effets directs une faible estime de soi, une tendance à la honte, et aux inhibitions. Ce clivage de type qualitatif amènera cette propension pathologique aux pensées et affects manichéens. Ce clivage opère avec la même force sur le Moi qui va tantôt être idéalisé, tout-puissant, omnipotent, puis tout à coup assimilé au déchet, au rien, au vide, proche de l'idée de ruine mélancolique. (Estellon, V. (2011). Les mécanismes de défense)

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2. Le Déni

En complément du clivage et étayé par lui, le déni permet de retirer de la conscience et de maintenir isolés certaines pensées ou émotions qui ne correspondent pas à la position affective, thymique dans laquelle le sujet préfère se situer. Tout ce qui pourrait fragiliser l'équilibre psychique par son caractère contradictoire ou ambigu est écarté de la conscience. Le sujet refuse de reconnaître une dimension traumatisante de la réalité. (Estellon, V. (2011). Les mécanismes de défense)

 

3. L'identification projective

Cette défense est très utilisée par les pathologies limites, elle s'exprime par des fantasmes inconscients permettant au sujet d'introduire des parties de sa propre personne dans l'autre dans le but de le contrôler, le posséder ou le détruire. (Estellon, V. (2011). Les mécanismes de défense)

 

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Il s'agirait de pouvoir faire de l'autre un double imaginaire garant de l'identité de soi.

L'association de l'identification et de la projection peut sembler complexe car ces mécanismes impliquent généralement des mouvements opposés. En effet, l'identification permet au sujet d'adopter certaines qualités de personnalité de l'autre (comme le système de valeurs par exemple, au hasard...) tandis que la projection consiste à rejeter et à expulser certaines qualités personnelles sur autrui : tout ce que je considère comme négatif et dont je veux me débarrasser est projeté sur quelqu'un d'autre.

· Ces deux mécanismes participent au développement psychique normal de l'individu : faire sien ce qui apparaît bon et attrayant et jeter à l'extérieur ce qui semble menaçant et dangereux. (Estellon, V. (2011). Les mécanismes de défense)

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Melanie Klein met en évidence l'importance de la projection des aspects "bons" pour favoriser le développement de relations d'objets saines et l'intégration du Moi, facilitant ainsi l'empathie. (Klein, M. (1984). Love, guilt, and reparation, and other works)

De même, W. R. Bion a mis en lumière que ces mécanismes sont fondamentaux pour la structuration de la psyché, car ils permettent à la pensée d'accéder à la symbolisation et de se détacher de l'objet. (Bion, W. R. (1989). Elements of psycho-analysis.)

L'identification projective devient pathologique lorsqu'elle cesse d'être transitoire, lorsqu'elle devient un moyen de dénier la réalité. Le sujet, en s'identifiant aux parties de l'objet contenant ses propres parties clivées/projetées, se perd dans une perception confuse où l'autre c'est lui. (Estellon, V. (2011). Les mécanismes de défense)

4. L'idéalisation primitive, l'omnipotence et la dévalorisation

Le mécanisme d'idéalisation, fonctionne aussi de manière complémentaire avec le clivage. L'objet, est fortement idéalisé, idolâtré. Ne présentant aucune faille, ne pouvant décevoir, paré de toutes les qualités, cet objet est présenté comme « parfait ». Ce « bon objet » idéalisé est censé protéger le sujet contre les « mauvais objets ». (Estellon,2011) L'idéalisation peut s'envi-sager comme le pendant du rejet : tandis que celui-ci s'ap-plique à tout ce qui est exclu, celle-là aspire à la prise de puissance et à la jouissance. Kernberg la qualifie de « primitive » pour l'opposer aux formes plus tardives d'idéalisation telles qu'on les rencontre chez les dépressifs qui idéalisent les objets pour se protéger du sentiment de culpabilité

Pierre Auguste Cot (French, 1837-1883) Spring étroitement lié à leur agissement envers l'objet.

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Dans l'idéalisation primitive, bien que le bon objet soit sollicité pour protéger le Moi des objets mauvais dans le monde environnant, il n'y a pas de véritable considération pour l'objet idéal lui-même. Cet objet rêvé, protecteur, doit donc lui-même être préservé des lacunes et des fluctuations inhérentes à la condition humaine. L'identification omnipotente contribuera à maintenir cette magnificence de l'objet. (Estellon, 2011)

Le clivage permettra, lorsque des déceptions ou des frustrations auront entaché la perfection de cet objet, de le dénigrer, de le mépriser et de le désinvestir « aussi facilement que les doigts de la main sont capables en un clin d'oeil de zapper à l'aide de la télécommande un programme ennuyeux à la télévision. » (Estellon, V. (2011). Les mécanismes de défense)

Vincent Estellon a connu une patiente qui changeait ainsi régulièrement d'amis et d'amants : dès qu'ils devenaient frustrants, ils étaient « gommés » selon son expression. C'est le phénomène de dévalorisation.

= Résultat direct de l'omnipotence, le sentiment de toute puissance, cela offre la possibilité de se détacher de l'objet sans ressentir de souffrance lorsque celui-ci ne procure pas la satisfaction attendue.

Le clivage garantit qu'une partie du Moi demeure idéalisée (le Soi grandiose), de sorte que les sentiments de souffrance, de frustration, de déception, de désir ou de haine, lorsqu'ils sont éprouvés, sont toujours attribués à l'action d'un autre malveillant. Ces réactions exagérées permettent au Moi, dont les frontières sont floues, de ne pas s'effondrer.

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Tableau réalisé grâce aux données du chapitre IV « Les mécanismes de défenses » de Vincent Estellon (2019) Dans : Vincent Estellon éd., Les états limites (pp. 54-62). Paris cedex 14 : Presses Universitaires de France.

L'histoire du trouble de la personnalité borderline est complexe et peut être considéré comme chaotique, inclassable, un fourre-tout inépuisable...

Néanmoins, de grandes lignes se dessinent. En effet, il s'agit initialement d'une pathologie ou de symptômes n'entrant pas dans les cadres classiques de la typologie freudienne, répartissant les structures de la personnalité entre les structures psychotique, névrotique et perverse.

A partir des travaux psychanalytiques vu plus haut, au-delà de sa simple définition en psychopathologie, la question des limites offre un domaine d'étude large mais riche en analyse.

Pour terminer cette revue clinique intense autour de cette pathologie, nous allons exposer la définition qu'en donne l'organisation mondiale de la santé, dans sa version la plus récente, avec le DSM-V, selon son modèle alternatif des troubles de la personnalité.

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1.3 Le modèle alternatif de la personnalité (MATP)

Cette partie provient entièrement du Manuel de Diagnostique et statistique des troubles mentaux. (American Psychiatric Association et American Psychiatric Association, éditeurs. Diagnostic and statistical manual of mental disorders: DSM-5. 5th ed, American Psychiatric Association, 2013)

 
 

L'approche actuelle des troubles de la personnalité figure dans la

section II du DSM-5 et un modèle alternatif développé pour le DSM-5 est présenté ici dans la section III. L'inclusion de ces deux modèles dans le DSM-5 correspond à la décision du Conseil d'administration de l'Association américaine de psychiatrie (APA Board of Trustees) d'assurer la continuité avec la pratique clinique actuelle tout en introduisant une nouvelle approche destinée à pallier les nombreux défauts de l'approche traditionnelle des troubles de la personnalité. (American Psychiatric Association et American Psychiatric Association, éditeurs. Diagnostic and statistical manual of mental disorders: DSM-5. 5th ed, American Psychiatric Association, 2013)

Dans le modèle alternatif du DSM-5 qui suit, les troubles de la personnalité sont caractérisés par des altérations du fonctionnement de la personnalité et par des traits de personnalité pathologique. Les diagnostics spécifiques de troubles de la personnalité qui peuvent ressortir de ce modèle sont les personnalités antisociale, évitante, borderline, narcissique, obsessionnelle-compulsive et schizotypique. (American Psychiatric Association et American Psychiatric Association, éditeurs. Diagnostic and statistical manual of mental disorders: DSM-5. 5th ed, American Psychiatric Association, 2013)

Les altérations du fonctionnement de la personnalité et l'expression des traits de personnalité ne sont pas mieux comprises comme faisant partie d'un stade normal du développement ou d'un environnement socioculturel normal. Un diagnostic de trouble de la personnalité nécessite deux conditions :

1) une évaluation de l'altération du niveau de fonctionnement de la personnalité, nécessaire pour le critère A

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2) une évaluation des traits de personnalité pathologique, nécessaire pour le critère B

· Critère A : niveau de fonctionnement de la personnalité Le noyau de la

psychopathologie de la personnalité réside dans les perturbations du fonctionnement de la personnalité au niveau du soi (Bender et al., 2011) et de la sphère interpersonnelle évaluées dans ce modèle alternatif sur un continuum. Le fonctionnement du soi comprend l'identité et l'autodétermination ; le fonctionnement interpersonnel comprend l'empathie et l'intimité.

L'altération du fonctionnement de la personnalité est un élément de prédiction de l'existence d'un trouble de la personnalité et la sévérité de l'altération prédit si l'individu a plus d'un trouble de la personnalité ou l'une des formes typiquement graves de troubles de la personnalité (Morey et al., 2011). Un niveau d'altération du fonctionnement de la personnalité d'intensité au minimum moyenne est requis pour le diagnostic de trouble de la personnalité. Ce seuil diagnostique repose sur des bases empiriques ; c'est en effet ce niveau qui correspond de façon optimale à la capacité du clinicien à identifier de façon adéquate et efficace une pathologie de la personnalité (Morey et al., submitted for publication). (American Psychiatric Association et American Psychiatric Association, éditeurs. Diagnostic and statistical manual of mental disorders: DSM-5. 5th ed, American Psychiatric Association, 2013)

· Critère B : Les traits pathologiques de personnalité appartiennent à cinq grands domaines : l'affectivité négative, le détachement, l'antagonisme, la désinhibition et le psychoticisme. Vingt-cinq facettes de traits sont réparties dans ces cinq grands domaines. Ces facettes proviennent initialement d'une revue des modèles de traits de personnalité existants et des recherches répétées effectuées chez des patients faisant appel à des services de santé mentale (Krueger et al. 2011a ; Krueger et al. 2011b ; Krueger et al. 2012). Les critères B pour les différents troubles de la personnalité comprennent des sous-ensembles de ces 25 facettes de traits issus de revues avec méta-analyses (Samuel et Widiger 2008 ; Saulsman et Page 2004) et de données empiriques sur les relations entre les traits de personnalité et les diagnostics de troubles de la personnalité selon le DSM-IV.

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1.3.1 Le trouble de la personnalité borderline selon le MATP

Selon le DSM-V, les caractéristiques typiques de la personnalité borderline sont l'instabilité de l'image de soi, des objectifs personnels, des relations interpersonnelles et des affects, associée à l'impulsivité, à la prise de risque et/ou à l'hostilité. . (American Psychiatric Association et American Psychiatric Association, éditeurs. Diagnostic and statistical manual of mental disorders: DSM-5. 5th ed, American Psychiatric Association, 2013)

Les difficultés caractéristiques sont apparentes au niveau de l'identité, de l'autodétermination, de l'empathie et/ou de l'intimité, comme cela est décrit ci-après, avec des traits mal adaptés spécifiques dans le domaine de l'affectivité négative, de l'antagonisme et/ou de la désinhibition.

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