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Communication via les médias à  base de réseaux

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par Marie-Josèphe Couturas
Université Paris 1 Sorbonne - DEA Sciences Politiques 2000
  

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4. Directives et législation européenne :

Il est devenu nécessaire et urgent de trouver des solutions aux problèmes qui se posent concernant les auteurs. C'était déjà le sens du message qui avait été communiqué par les chanteurs pendant la cérémonie des Victoires de la musique en 1999, et la démarche d'une délégation d'artistes, conduite par Nana Mouskouri et Jean-Michel Jarre, qui a remis une pétition au Parlement Européen pour demander une loi qui leur garantirait le droit exclusif d'autoriser ou d'interdire l'utilisation de leurs oeuvres sur le Net notamment. Le Parlement Européen a finalement adopté, le 10 février, un projet de directive protégeant les droits des artistes dont les oeuvres sont diffusés sur les réseaux comme Internet. Le principe : étendre la législation existante sur les droits d'auteur et des droits voisins aux nouvelles technologies de la communication, et notamment, là encore, à Internet. Ce texte a normalement été ratifié dans les semaines suivantes par le Conseil des ministres de l'Europe.

Mais surtout, les professionnels de la musique appellent de leurs voeux des solutions techniques qui empêcheraient les copies sauvages. En attendant le Ministère de la Culture a proposé une solution transitoire prévoyant une rémunération sur la copie numérique. Les producteurs qui considèrent que cette compensation sera minime demandent que la période de transition soit la plus brève possible.

"Dès que nous avons repéré un serveur qui propose des fichiers de musique, indique un membre du Directoire de la Sacem, nous envoyons à son créateur un message électronique lui demandant de cesser sa diffusion. S'il n'obtempère pas nous lui envoyons un nouveau message plus menaçant puis nous nous adressons au service qui l'héberge. Ce système marche plutôt bien jusqu'à présent. Mais il y a aussi le cas des services en ligne et des sites qui souhaitent utiliser légalement des morceaux de musique pour enrichir leur contenu. Dans ce cas, nous leur proposerons des tarifs au forfait ou en fonction des recettes."

Les sociétés d'auteurs travaillent aussi sur une sorte de plaque d'immatriculation des oeuvres, l'"International Standard Work Code", qui permettrait d'identifier un morceau et de suivre sa trace sur n'importe quel type de support. Comme un filigrane, ce code sera incorporé aux oeuvres numériques sans qu'il soit possible de le retirer. Les copies ne pourront être réalisées qu'après versement des droits qui s'y rattachent.

Reste à résoudre le problème de l'internationalisation de ce procédé. Face à la menace MP3, l'industrie du disque cherche aussi une alternative placée sous son contrôle. Avec différents acteurs de l'informatique et de la communication, les éditeurs et les producteurs de musique ont ainsi lancé l'initiative SDMI ou Secure Digital Music Initiative, initiative de protection de la musique numérique, qui doit notamment développer un standard d'enregistrement impossible à pirater.

La responsabilités des contenus créés sur Internet crée un vrai casse-tête juridique. Entre juin 1998 et février 1999, le nombre de sites créés sur Internet en France a été multiplié par dix. Sur 2,2 millions de français abonnés à un fournisseur d'accès, nombreux sont ceux qui utilisent les services de ce dernier pour créer leurs propres pages web. Ils deviennent ainsi de véritables éditeurs de contenus, sans être conscients des responsabilités que cela engage. Cette nouvelle liberté d'expression entraîne la multiplication des plaintes. L'AFA par exemple, Association des Fournisseurs d'Accès et de services Internet reconnaît, par la voix de son président également dirige du fournisseur d'accès Infonie, que son association sert quotidiennement de médiateur pour régler des problèmes à l'amiable.

"Quand une personne morale ou physique estime subir un préjudice, elle s'adresse à l'AFA, qui prend contact avec le fauteur de troubles".

Autre exemple, le responsable d'Altern, un hébergeur de sites Internet, confirme qu'il reçoit pratiquement une plainte par semaine. Il en étudie la pertinence et fait retirer le contenu litigieux si la plainte est justifiée. Mais, dans de nombreux cas, il ne peut se prononcer et attend donc une enquête de police pour révéler les informations techniques qui permettent de lever l'anonymat de l'auteur.

Lorsque les avocats veulent obtenir des dommages et intérêts pour leurs clients, ils assignent les prestataires techniques (hébergeurs de sites ou fournisseurs d'accès). Ces derniers font figure de cible idéale puisqu'ils forment la partie la plus facilement localisable de la Toile. Tout le problème est de savoir si ces prestataires techniques peuvent être tenus pour responsables des contenus qu'ils hébergent.

Le 10 février 1999, la décision de la Cour d'appel de Paris condamnant Altern à 405 000 francs de dommages et provisions pour avoir laissé diffuser des photos d'Estelle Halliday nue, a semé la confusion. "Pour cette affaire, les magistrats n'ont été saisis qu'en référé d'une procédure rapide qui ne leur permet pas juridiquement de trancher le fond de l'affaire", font remarquer Maîtres Francois Bloch et Martin Guichardon, spécialistes de la question au sein du cabinet Clifford Chance. Est-il souhaitable que les fournisseurs d'accès et autres professionnels d'Internet soient sanctionnés à la place des véritables auteurs afin de les forcer à contrôler ce qui se passe sur le Réseau ? s'interrogent les deux avocats.

Cette décision n'a pas manqué d'encourager d'autres plaignants. "Au lendemain de la décision, la RATP et la Confédération Nationale du Travail CNT ont assigné Altern en référé auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris". S'estimant victime d'un site satirique hébergé par Altern, la RATP attaquait à la fois l'hébergeur et l'auteur. Toutefois le 22 mars 1999, elle s'est désistée de la procédure. Cependant, le 15 avril suivant, le tribunal de grande instance de Paris a dû juger en référé la plainte de la CNT contre un message diffamatoire diffusé sur un forum de discussion hébergé, là encore, par Altern.

L'AFA a édité un code de conduite interne, texte rédigé à l'attention de ses membres et instituant les pratiques et usages en matière de réseaux, public notamment. Ce document prône l'autorégulation par les professionnels. Les condamnations contre les prestataires techniques pourraient conduire ces derniers à décider de ne plus offrir à leurs abonnés des pages personnalisées. En cas d'interdiction, les clients se tourneraient vers des fournisseurs d'accès étrangers, très difficiles à traduire en justice, et les professionnels français risqueraient d'être rapidement étouffés.

Le gouvernement adopte en la matière une position attentiste :

"La lutte contre l'illégalité sur les réseaux de communication ne peut se résumer à une action répressive : ce mode est trop décentralisé, trop international, pour que la réponse législative ou réglementaire de sanction a posteriori soit la seule ; il convient de la combiner avec l'autorégulation des acteurs, c'est-à-dire la participation active et préventive de ceux-ci au respect de l'Etat de droit sur les réseaux".

La difficulté pour un professionnel d'Internet est d'avoir une connaissance précise de ses responsabilités au niveau juridique du fait de la multiplicité de lois susceptibles de s'appliquer", remarque Maître Guichardon. Plusieurs textes peuvent s'appliquer, suivant que l'on s'adonne au commerce électronique ou à la diffusion de contenus sur Internet.

En matière d'édition de contenus, il y aurait deux régimes susceptibles de s'appliquer : la responsabilité en cascade et la responsabilité de droit commun.

La loi de septembre 1986 sur la communication audiovisuelle a retenu le premier des deux, directement adapté du droit de la presse de 1881, qui prévoit une responsabilité automatique du directeur de la publication à défaut de poursuivre l'auteur du texte. Un tel régime est difficilement transposable dans le monde des réseaux car l'hétérogénéité des acteurs ne correspond pas au monde éditorial classique.

Si la responsabilité en cascade est inappropriée, il reste celui de la responsabilité de droit commun. Il prévoit que nul n'est responsable que de son propre fait, et qu'il n'y a pas de crime ou de délit sans intention de le commettre. La recherche de la responsabilité doit donc se faire au cas par cas. Le juge doit remonter jusqu'à l'auteur de l'infraction. Dans l'affaire Altern, l'hébergeur a été considéré comme l'auteur, car il avait permis au véritable auteur de rester anonyme.

Les professionnels veulent bien moraliser les pratiques sur Internet, mais ne souhaitent pas endosser toutes les responsabilités des multiples acteurs de la Toile, et aucune des catégories habituelles de la criminologie ne s'applique pour comprendre le comportement des pirates.

Considérons les raids assez efficaces qui ont pris pour cibles début 2000* de grands sites comme Amazon.com et Yahoo!. Ces attaques n'ont pas pour objet de s'introduire dans les systèmes informatiques afin de capter des données confidentielles ou de les endommager. Aucun numéro de carte de paiement n'a été détourné ni aucun fichier confidentiel violé.

Laure Belot et Enguérand Renault écrivent dans "Les attaques sur le Net ébranlent la nouvelle économie" Le Monde, 11 février 2000 :"Seul le culte actif de la transparence, de l'ouverture, de la suppression du secret explique de tels comportements (même si, bien sûr, de véritables délinquants, indifférents à cette mystique-là, opèrent sur le réseau et utilisent Internet comme un outil, de la même façon que les monte-en-l'air du début du siècle apprenaient la serrurerie)." Le piratage est bien la dimension secrète du culte de l'Internet et des réseaux, de cette culture de la transparence à l'infini. Mythique transparence.

Les réseaux internationaux apparaissent comme des lieux privilégiés d'expression et de développement de la propagande raciste ou néo-nazie et des idéologies d'extrême gauche.

Un site Internet peut être consulté partout dans le monde et c'est justement cette a- territorialité qui pose problème concernant la juridiction européenne par exemple.

Même si le projet de convention sur la cybercriminalité est soumis rapidement à l'instance parlementaire, il reste ensuite à convaincre les différentes instances des différents pays concernés, car il n'existe pas de consensus ni d'accord à ce jour en ce domaine et chaque décision doit être répercutée au cas par cas.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus