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Leibniz et la physique quantique

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par Mathieu Néhémie
Université de Clermont-Ferrand - Master 1 de Philosophie 2006
  

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1.5. Conclusion

Dans le système leibnizien, outre Dieu, l'âme est première et fonde la réalité de tout le reste. C'est cependant ce reste qui semble se dévoiler le plus facilement, nous voyons les corps qui nous entourent avant de concevoir les âmes qui doivent les constituer. Mais cela tient à un excès d'empirisme dans nos raisonnements, car la rigueur logique nous fait en réalité connaître l'âme avant les corps, c'est là la signification du cogito. La rigueur rationnelle, qui est plus que le vulgaire empirisme puisqu'elle recherche davantage que des vérités de fait, nous montre par là qu'il ne peut y avoir de corps sans âme, ne serait-ce parce que c'est par elle que ces corps peuvent être connus. Cette expérience des corps étant la seule que nous ayons, il n'y a que sur elle que nous puissions fonder la moindre théorie physique. Et Leibniz prend conscience de cette tâche et tente, avec sa dynamique, de construire une théorie des corps qui cesse d'omettre l'âme et de la considérer, à la manière de Descartes, comme quelque chose qui s'y superposerait.

Cette réflexion sur l'essence des corps est de surcroît alimentée par l'insuffisance qui se constate dans la pure mécanique. Insuffisance concrète, car ce sont de réelles et importantes erreurs que Leibniz découvre dans la mécanique lorsqu'il l'a soumet à l'expérience la plus commune, mais également insuffisance plus philosophique, car le mécanisme souffre de ne point satisfaire à certains principes logiques essentiels. Certaines considérations qui mènent à la métaphysique et à l'âme ne sont cependant pas tirer des erreurs de la mécanique mais parfois également de ses vérités, Leibniz à seulement le mérite de fournir l'effort pour en tirer des conséquences inédites ou de continuer des raisonnements qui n'avaient étés arrêtés que par l'apparence d'une solution.

Dans une autre optique, l'expérience commune aussi bien que l'expérience scientifique nous montre un monde bien loin des schèmes cloisonnés de la connaissance humaine. La métaphysique parle d'entités bien séparées et classées dans des catégories qui revêtent des attributs ontologiques alors que l'analyse de la constitution du monde nous le montre davantage continu, à la fois homogène dans son ensemble et hétérogène dans tous ses détails, à l'infini. Leibniz prend la mesure du fonctionnement phénoménal de notre connaissance, les dénominations et les catégorisations dont nous sommes susceptibles et qui nous permettent cette connaissance ne devant pas nous masquer la continuité et l'infinité qui caractérise le monde. Ce principe de continuité, que Leibniz pose, lui est d'un grand usage dans la physique mais également dans la métaphysique comme dans les mathématiques, il n'a d'ailleurs de valeur que s'il peut ainsi s'appliquer dans tous les domaines indifféremment. Il n'y a plus de catégories ontologiques car elles tiennent toutes à notre perception et à l'échelle à laquelle nous nous situons ; même les esprits commencent entéléchies et doivent connaître un changement progressif et continu qui n'est jamais un saut d'une catégorie à une autre. Bien plus toute catégorie est épistémologique mais peut tout de même conserver ainsi une certaine légitimité et une efficacité ; comme le corps, qui n'est qu'un agrégat phénoménal, possède cependant une certaine réalité, dans notre perception, dont la réalité est plus fondamentale.

Cette continuité quintessencielle a également pour conséquence de former un monde où tout est lié d'une manière ou d'une autre. Toutes les monades perçoivent toutes les autres dans le commerce des âmes tandis que tous les corps entrent dans un certain rapport mécanique avec tous les autres dans le monde corporel. De même les monades sont dans une harmonie spéciale avec les corps de sorte que ces derniers symbolisent par leur propre communication avec l'accord que connaissent les premières. Le monde de Leibniz est un monde où tout sympathise dans un souci d'harmonie et d'économie, cela s'observe dans la physique comme dans la philosophie et cela ne peut être que le fruit d'une intelligence ; en dernière instance, c'est grâce à Dieu et à ses attributs si tout peut être ainsi parfaitement lié. C'est également cette intelligence qui rend le monde intelligible car il n'y aurait rien à comprendre dans un monde qui n'aurait pas de sens.

Ce principe de continuité est aussi à mettre en relation avec le concept d'infiniment petit si chère à Leibniz. Sans celui-ci tout le système peut s'en trouver très dur à saisir. Il sert aussi bien à justifier le calcul différentiel, en substituant un point par une distance infiniment petite, qu'à comprendre ce que peut être la force physique et le mouvement dans un point et dans un instant. C'est également la seule manière, outre le cogito, de saisir la monade inétendue et de la rendre intelligible. Le rapport de cet infiniment petit avec la continuité tient à ce qu'il permette de comprendre la continuité qu'il doit y avoir entre des notions d'apparence hétérogènes comme le repos et le mouvement ou la puissance et l'acte. Pour dépasser ces catégorisations physiques et métaphysiques il est nécessaire de penser le repos comme un mouvement infiniment petit et de n'admettre ni puissance ni acte pur mais seulement une tendance allant de l'infiniment petit à l'infiniment grand.

La grande originalité que nous attribuons cependant au système leibnizien reste la primauté qui y est donnée à l'expression. La réalité fondamentale est constituée de monades, dont la modalité d'action est un rapport d'entre-expression. Tout autre type de communication observable n'est justement qu'observé, toute la mécanique des corps n'est qu'un phénomène, bien qu'elle témoigne tout de même d'une certaine efficacité. La transmission de l'information n'est pas permise par un support matériel, elle est première, ontologique, basée sur un accord préalable ; c'est le support matériel qui n'est lui-même qu'une conséquence de cette interconnexion idéale qui fait l'harmonie entre les monades. Et si cette information circule instantanément, c'est parce qu'il ne s'agit pas proprement d'une communication ou d'un transfert, mais d'une concordance préétablie entre tous les centres de perception que sont toutes les monades du monde. Tous les phénomènes observables trouvent leur fondement dans cette information, de la même manière que le corps a sa raison d'être dans une monade qui le perçoit, que ce soit son entéléchie dominante dans le cas d'un corps organisé ou une tierce monade dans le cas de matière inerte. Mais la monade n'est pas seulement un centre de perception, elle est également douée d'appétit. Car là encore une perception ou une information n'est pas soit vraie soit fausse, elle varie du confus au distinct autant que de l'infiniment petit à l'infiniment grand ; cette information est donc douée d'une tendance. Puisque que cette tendance est le fruit d'une pure spontanéité dans la monade, celle-ci témoigne d'une autonomie très comparable à la liberté. Cette information suppose une espèce d'intelligence dans la monade de même que cette spontanéité appelle à une forme de volonté, donc on peut considérer toutes les monades comme proprement douées d'intentionnalité, même si parfois elle peut n'être qu'infiniment peu développée.

Leibniz eut le mérite de tenir pleinement compte des avancées scientifiques de son époque, lorsqu'il n'y participait pas lui-même. Son système était non seulement en partie le fruit de ces considérations scientifiques, mais également mis à l'épreuve de ces nouvelles données. La science, et notamment la physique, a cependant énormément évolué depuis le dix-septième siècle ! En quantité de connaissances, mais aussi dans ses modalités d'acquisition et dans ses axiomes épistémologiques. Ayant achevé son exposé, nous pouvons désormais reprendre le système de Leibniz afin de réitérer son entreprise visant à mettre la théorie à l'épreuve de l'expérience et d'opérer la jonction entre les considérations de métaphysique et celles de la science. C'est donc en abordant ces nouvelles données apportées par la physique quantique que nous allons tenter d'éprouver le système de Leibniz pour en estimer l'actuel degré de validité concernant ses prétentions ontologiques.

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