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Leibniz et la physique quantique

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par Mathieu Néhémie
Université de Clermont-Ferrand - Master 1 de Philosophie 2006
  

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3.5. Conclusion

Au terme de la présente mise à l'épreuve, le système leibnizien a su montrer son adaptabilité. En effet, de tous les éléments de la problématique quantique, nous n'en avons pas trouvé qui mette réellement la métaphysique de Leibniz en difficulté. De nombreuses précisions ont cependant été nécessaires et nous espérons avoir été assez clair sur ces points. Les apports de la physique quantique n'auront pourtant pas été exempts d'enseignement car ils nous ont obligés à analyser avec une rigueur renouvelée la théorie leibnizienne de la substance. Des thèmes, peu présents dans le système leibnizien pour des raisons contingentes, comme la réalité de l'espace-temps ou la possibilité d'agrégats non-corpusculaires, auront pu être traités plus à fond grâce aux questionnements suscités par les particularités de la théorie quantique. A cette occasion, pour satisfaire aux exigences d'une communauté scientifique très différente de celle des savants du dix-septième siècle, nous avons pu modifier la théorie de la substance en une théorie de l'information qui ne présente pas plus de caractéristiques assimilées à la mécanique et qui se dispense un maximum des axiomes théologiques de Leibniz.

Au cours de notre étude nous avons pu tracer une démarcation encore plus précise entre le monde des corps et celui des âmes. Et c'est cette délimitation, parce qu'elle rejoint celle séparant la métaphysique de la physique, qui sauvegarde les conclusions ontologiques de Leibniz de n'importe quelle découverte empirique. En limitant la métaphysique aux stricts possibles et en construisant sa théorie de la substance sur une méthode métaphysique et logique rigoureuse, Leibniz s'assure qu'il ne déborde pas sur la considération des existences et donc sur le champ d'étude de la physique. Si son système contient une dynamique qui est une description du monde des corps et des règles qui le régissent, excepté quelques considérations structurelles définissant un cadre de possibles, cette dynamique n'est pas déduite de la métaphysique mais d'observations empiriques. Leibniz attribue à deux voies et à deux méthodes distinctes l'observable et l'inobservable. Sont seulement observables les entités physiques et strictement inobservables les âmes, et il n'y a pas de risque que les corps virent dans l'inobservables, puisqu'ils sont exclusivement phénoménaux, ou que les âmes deviennent directement des objets sensibles.

La physique, si elle prend soin de respecter elle aussi un tel cloisonnement, peut s'assurer une efficacité exceptionnelle et éviter des paradoxes et des difficultés comme celles que l'on peut attribuer à la mécanique quantique. En effet, comme toute les sciences naturelles, la physique quantique ne présente presque plus d'aspects problématiques lorsqu'elle se borne à une optique positiviste où on ne se soucie que de prévisions expérimentales. Toutes les questions soulevées par la révolution quantique peuvent alors être attribuées à l'idée de la science, d'inspiration réaliste, qui pouvait imprégner le monde scientifique à ce moment là. Seule la croyance dans le grand livre de l'univers que la science pourrait décoder a été remise en question par la physique quantique, pas l'efficacité scientifique en générale. Ce qui s'est réellement retrouvé en échec dans l'histoire de la physique moderne, et nous nous approchons significativement des conclusions de Bitbol à ce sujet là, c'est le type de généralisations ontologiques que s'était autorisée avant cela la physique à partir de la nature de ses objets épistémiques. C'est bien parce que Leibniz avait déjà remis ces généralisations en cause que son système ne souffre guère des découvertes sur ce point là que l'on peut attribuer à la physique quantique. Pour peu que l'on n'admette qu'un système métaphysique comme celui de Leibniz pour parler rigoureusement de la réalité indépendante, l'abandon d'un paradigme corpusculaire, mécaniste et spatiotemporel ne pose pas le moindre problème puisqu'il ne concernait que la réalité empirique. Mais cela ne dénigre pourtant pas la nouveauté de la théorie quantique car même Leibniz ne pouvait soupçonner que, par des voies empiriques, la science pourrait en venir à abandonner un tel paradigme même au sujet de la réalité empirique.

Nous pouvions nous en douter avant, et c'est ce qui a d'ailleurs motivé notre entreprise, la confrontation entre le système de Leibniz et la physique quantique n'a pas abouti à l'abandon de l'un pour l'autre. Au contraire les deux en ressortent grandis, et nous avons donc pu à cette occasion affiner notre compréhension du réel. Nous pouvons en effet nous estimer mieux armés pour analyser le contenu de la physique quantique concernant la réalité empirique, ainsi que celui d'autres domaines scientifiques. De même, le cadre de la connaissance structurelle et métaphysique, qui nous est accessible concernant la réalité indépendante et que fixe déjà le système leibnizien, a pu être davantage perfectionnée.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry