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Leibniz et la physique quantique

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par Mathieu Néhémie
Université de Clermont-Ferrand - Master 1 de Philosophie 2006
  

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1.4. Un système accompli

Pour plus de clarté aussi bien que dans l'intérêt de notre étude, il est dorénavant nécessaire de proposer une exposition générale du système leibnizien, c'est-à-dire une exposition accomplie, sans la considération des cheminements qui y amènent. Il nous faut pour cela séparer les éléments démonstratifs et historiques de la théorie proprement dite. Pour la présente partie, aucune référence ne sera donc apportée, nous laissons de telles justifications aux deux précédentes parties. Il s'agit ici de proposer une exposition aussi limpide et exhaustive que possible du système de Leibniz, donc ici point de commentaire non plus mais une clarification méthodique qui laissera le champ libre aux commentaires et aux extrapolations que nous fournirons ultérieurement. Il faut cependant savoir que ce sera majoritairement la Monadologie que nous utiliserons ici et notamment son langage et l'exigence de méthode qui caractérise cet ouvrage.

Nous commencerons cette exposition par la considération de la monade, prise individuellement, dans sa nature et dans ses propriétés intrinsèques, ce qui nous amènera à aborder la question de la liberté. C'est la communauté des monades qui nous intéressera ensuite, leur agrégation comme leur interaction, et par là la structure des corps et du monde ; ce sera également l'occasion de traiter de la célèbre Harmonie préétablie. Enfin nous en viendrons à Dieu car il s'agit d'un socle essentiel pour tout le système mais aussi par ce que ce n'est qu'à son propos que peut être abordé la création du monde et éclaircie complètement l'originalité de la condition humaine. Au sujet des preuves de l'existence de Dieu, nous apporterons tout de même quelques éléments démonstratifs. L'optimisme leibnizien sera également évoqué car il découle directement des qualités de Dieu.

1.4.1. La monade

Constitution, perception, et perfection

Une monade est une substance simple, c'est-à-dire qu'elle est inétendue, sans figure et qu'elle n'est en aucune manière divisible. Il s'agit d'une unité véritable et dernière, elle n'a pas de partie et rien ne peut être imaginé qui composerait les monades. Elle est comparable à un point en géométrie mais elle est bien davantage, on peut donc l'appeler point métaphysique. La monade tient le rôle d'un atome mais elle n'est pas matérielle, elle est bien plus un atome de substance, ou atome incorporel.

La monade est immortelle au sens où sa durée doit être celle de l'ensemble de la création. Elle ne peut connaître la dissolution ni la génération car elle n'a pas de partie. Elle ne peut que apparaître d'un coup, par création et ne disparaître qu'en étant complètement annihilée, et l'un comme l'autre sont réservés, respectivement, au début et à la fin des temps. Une monade est en réalité inaltérable de l'extérieur car rien ne peut entrer, et rien ne peut sortir non plus, d'une substance simple, d'une unité indivisible.

La monade est pensée à l'image de notre propre âme, elle est centre de perception. La monade est définie par la perception en cela que c'est le contenu de cette perception qui la rend discernable. C'est parce que son contenu est perceptions qu'elle peut, au sein d'une substance simple, connaître la multiplicité. Et cette multiplicité est essentielle notamment pour garantir à la monade l'originalité qualitative qui la définit entre toutes. C'est donc une multiplicité de perceptions qui habite la monade, et cette multiplicité est infinie.

Chaque perception que possède une monade est caractérisée par un certain degré de distinction, elle varie du confus au distinct sur un axe infini et continu. Le degré de distinction d'une perception permet à celle-ci d'être discernable des autres. Ces degrés de distinction sont en nombre infini ce qui signifie qu'entre deux perceptions différentes il y a toujours entre elles une infinité d'autres degrés de distinction possibles. Le caractère plus ou moins confus que revêt la perception d'une monade concourt au degré de perfection que celle-ci connaît. Toute monade contient de la perfection à mesure de la distinction qu'il y a dans ses perceptions.

Une monade est un miroir de tout l'univers car perçoit toutes les autres monades. Dans les replis de ses perceptions, bien qu'enveloppé dans un irréductible degrés de confusion, une monade contient tout l'univers. Une perception, à moins d'être parfaitement distincte, ce qui n'est accessible qu'à Dieu, contient toujours plusieurs perceptions qui sont confondues par leur confusion intrinsèque. C'est pourquoi la monade ne connaît jamais parfaitement et complètement le monde, car elle devrait pour cela décomposer à l'infini toutes ses perceptions confuses en perceptions plus distinctes, jusqu'à n'avoir plus que des perceptions parfaitement distinctes.

Appétition et autonomie

Malgré le fait qu'une monade ne puisse être altérée de manière extrinsèque, il demeure qu'elle doit être soumise au changement. Et cette modification est interne et propre à la monade car elle ne peut le recevoir de l'extérieur.

Ainsi la monade varie et ce sont ses perceptions qui changent ; de la même manière qu'elle ne peut recevoir l'impulsion de son changement d'une autre monade, elle ne peut non plus recevoir ses perceptions de l'extérieur. La monade contient donc de tout temps toutes ses perceptions, passées, présentes et futures. Et les perceptions qui ne semblent pas présentes le sont tout de même sous forme de virtualité, enveloppées dans des perceptions confuses.

Le changement de la monade consiste à passer d'une perception à une autre, et comme les perceptions varient par leur degré de distinction, c'est un passage à une perception plus confuse ou plus distincte qui constitue ce changement. Cette variation est permise par la spontanéité propre de la monade qui la rend autonome par rapport aux autres monades. Il s'agit d'un automate incorporel dont la succession des perceptions est opérée par une loi interne. Ce changement est semblable à un algorithme se déployant par le développement continu et réglé des perceptions actuelles de la monade. Il s'agit d'une tendance naturelle qui fait varier la perception d'une monade, et cette tendance s'opère par degrés infinis, non par saut.

Comme l'instant est envisagé comme une durée infiniment petite, plus petite que toute durée donnée, cette tendance n'apparaît pas, comme le mouvement, avec la multiplicité des instants. La tendance de la monade est dans chaque instant, car à chaque instant celle-ci enveloppe toujours, dans le détail de ses perceptions, son changement passé autant que son changement futur. D'ailleurs, puisque la monade n'est pas étendue et que son changement a une source interne, ce dernier ne peut être conçu comme un mouvement. Le changement de la monade est qualitatif et non quantitatif, il ne peut être envisagé ni comme un changement de lieu ni comme la variation d'une quantité.

Et comme la monade est conçue par analogie avec une âme, son action doit être une sorte d'appétition. La règle de cette tendance, puisqu'elle est envisagée comme appétit, doit être une recherche du meilleur, du moins du meilleur tel que les perceptions de la monade lui permettent de l'imaginer. La monade tend à passer d'une perception ayant un certain de degré de confusion à une perception davantage distincte, et cela dans un souci de perfection car passer à une perception plus distincte augmente la perfection de la monade. Mais celle-ci, en raison de son imperfection propre, ne peut avoir une tendance parfaitement réglée, et il arrive donc parfois à la monade, malgré sa tendance à une perception plus distincte, de passer à une perception plus confuse. Non pas qu'une influence extérieure ne l'en empêche, car tout lui est spontané, mais son développement est borné par l'imperfection intrinsèque de sa loi interne.

Cette autonomie, tendance ou appétition de la monade est également ce qui rend compte de la force qu'on peut lui attribuer bien que celle-ci soit un effet davantage extrinsèque qui ne prend son sens que dans la communication des substances.

Contingence et liberté

La monade n'est pourtant pas soumise à une nécessité totale, ses évènements reste contingents. Le principe de contradiction, qui discrimine pour savoir ce qui est nécessaire, ne peut suffire à expliquer les évènements de la monade car des événements différents restent possibles. Ce n'est donc pas une loi de nécessité qui fait passer la monade d'une perception à une autre.

Mais il demeure que chaque perception a sa raison d'être dans la perception antérieure, et ce complètement car toute perception que connaîtra une monade est déjà en elle, enveloppée à l'état de virtualité dans ses présentes perceptions confuses. Ainsi il serait possible de connaître a priori la suite de tous les changements et de tous les états qu'a connus et que connaîtra une monade à partir de ses perceptions présentes, si nous étions capable de parcourir l'infini tout d'un coup, de saisir l'infini dans l'instant. En effet tout évènement que connaît une monade est contingent, cela signifie qu'il a sa raison prochaine dans un autre évènement contingent de la monade. Mais une monade a une infinité de perceptions et chacune est soumise à une infinité de changements, la recherche de la raison dernière de n'importe quel évènement d'une monade est donc sans fin.

Les évènements d'une monade peuvent être seulement dits nécessaires ex hypothesi, c'est-à-dire pas en eux-mêmes mais seulement parce que Dieu en a choisit ainsi. Un évènement contingent n'est cependant jamais susceptible d'une démonstration, d'une réduction en propositions identiques, tel que cela est accessible aux vérités nécessaires. Seul Dieu est donc capable de saisir les contingents avec une certitude du genre de celle que nous avons des vérités nécessaires. Pour ce qui est des créatures, il est possible de trouver des preuves a priori d'un évènement, en se fondant sur les évènements antérieurs qui en rendent raison mais il ne s'agit jamais d'une démonstration.

La monade n'est donc pas nécessitée mais elle reste déterminée par un principe de raison, et ce principe incline sans nécessiter. Cela garantie donc une certaine liberté à la monade car si elle tend vers le meilleur parce qu'elle y est inclinée par le principe de raison suffisante, on ne peut dire qu'elle y soit nécessitée car son contraire n'implique pas contradiction. Mais cette détermination au meilleur ne signifie pas qu'elle atteigne toujours un état meilleur, son imperfection inhérente ne lui faisant rechercher que l'apparence du meilleur.

La différence entre la liberté de Dieu et celle des monades tient à ce que celles-ci tendent au meilleur, en recherchant le meilleur apparent, tandis que Dieu fait, sans borne ni faux semblant, le meilleur. La compatibilité de ces deux libertés tient à ce que Dieu comprend toutes nos raisons, car c'est lui qui les a choisies en dernière instance, tandis que les monades ne peuvent comprendre celles de Dieu puisque nous n'avons jamais une perception parfaite de Dieu pas plus que du monde. Nous sommes donc dans l'incapacité de nier la liberté car la compréhension totale du déterminisme, imposé par la liberté de Dieu et qui dépasse la notre, nous est radicalement inaccessible.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery