5.1.4.- Les marques sur les troncs d'arbre, masuku
Elles aident toute personne qui s'aventure, pour la
première fois dans une forêt, à mieux s'orienter. Ainsi,
l'infortuné «explorateur» peut soit repérer les gros
arbres, soit faire des marques, masuku, sur les troncs d'arbre, soit
placer des branches de Caloncoba welwitschii, ntela, ou de
Hymenocardia acida, gête, le long de la piste qu'il emprunte.
Ces branches peuvent être placées aux carrefours afin d'orienter
le destinataire
auquel le message s'adresse. Dans le cas de la circulation
routière, ces branches sont d'une importance telle qu'elles signalent un
véhicule en détresse. Afin de mieux décoder ou
décrypter le message, le destinataire reçoit au préalable,
des instructions sur la forme des marques.
En somme, les signes et les marques sont de puissants moyens
de communication en zone rurale. Ils confèrent à l'objet auquel
ils s'appliquent le signe d'appartenance ou de propriété, les
limites de l'exercice du droit de propriété et même la
signalisation dans le cadre de la communication routière, permettent
d'inscrire, dans le temps et dans l'espace, les moments les importants de la
vie des Kongo. De ce fait, ne remplissent-ils pas les mêmes fonctions que
le carbone 14 (C14) utilisé dans le processus de datation des
faits historiques, culturels voire anthropologiques ?
5.1.5.- Le roseau, diadia
Utilisé lors des parties de chasse au clair de lune,
le nkonda, tout chasseur emporte avec soi un bout de roseau qu'il
cassera à deux reprises dès que l'animal s'avancera dans sa
direction. Ce geste suppose deux interprétations :
- La première interprétation se
révèle double : D'une part, elle veut dire que le chasseur alerte
son compère de la direction prise par l'animal et, d'autre part, se
signaler. En tout état de cause, les chasseurs se passent des
consignes qu'ils sont tenus de respecter pour éviter
toutes déconvenues comme les homicides involontaires.
- La deuxième explication tient au fait que l'animal,
en cassant ce roseau, ne doute de rien. Il s'expose, ainsi, à l'adresse
des chasseurs.
Mais, il convient de signaler qu'en tant que moyen de
communication, le roseau, diadia, a fait ses prouesses dans la majeure
partie des villages du Pool, singulièrement, auprès des adeptes
des idées mystico religieuses de André Grenard Matsoua. Ceux-ci
l'utilisèrent comme moyen de communication nocturne : c'est le «
bukonzo bwa
lami »65.
5.1.6.- Les palmes, mandala
Si la place et le rôle du palmier ont été
largement évoqués par A. Pandi dans son étude66
, il convient, à présent, de relever l'intérêt des
palmes dans l'espace culturel koongo. L'utilisation des palmes à des
fins de communication revêt trois significations :
- A l'entrée d'un village, rencontrer des palmes
signifie que celui-ci est frappé d'un deuil. Un être humain (un
homme, une femme ou tout autre membre de la communauté) est mort.
65 Bukonzo bwa lami : Moyen de communication diurne
utilisé par les populations des villages Kubola et Kibosi de 1945
à 1960, cité par R.Niakounou (59 ans), Entretiens sur les
fonctions des moyens de communication traditionnels dans le département
du Pool, 19/06/2004, Brazzaville (sources orales n°5).
66 A. Pandi, La place et le rôle du palmier dans la
civilisation de l'ancien royaume koongo : du XVè au
XXè siècle, Mémoire de DES d'histoire,
Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1984, 142 p.
- Dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, ces
palmes associées aux fleurs renseignent qu'il y a une
cérémonie de réjouissance (retrait de deuil,
fête).
- La célébration de la venue dans la famille des
jumeaux se fait à l'aide des palmes qu'on place à l'entrée
principale de la case.
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