WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les moyens de communication traditionnels en zone rurale dans l'espace culturel koongo: cas du département du Pool

( Télécharger le fichier original )
par Jean-Claude MOUSSOKI
Université Marien-N'gouabi de Brazzaville - Diplôme d'Etudes Approfondies 2003
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B°).- CONTEXTES D'UTILISATION DES MOYENS DE COMMUNICATION TRADITIONNELS

On a souvent souligné, dans la littérature ethnologique et ethnomusicologique, qu'en Afrique :

L 'emploi de chaque instrument de musique est généralement déterminé par la société. Les occasions dans lesquelles un instrument est utilisé, aussi bien que les catégories des musiciens qui en jouent, sont fixées avec précision. Tel instrument est utilisé pour telle circonstance et non pas pour telle autre, et ne peut-être joué que par tel musicien qui remplit les conditions nécessaires et non pas un autre.67

De ce point de vue, que peut-on dire des contextes d'utilisation des moyens de communication dans l'espace culturel koongo ?

67 H.Zemp, « Comment devient-on musicien : quatre exemples de l'ouest Africain » La musique dans la vie t.1 : l'Afrique, ses prolongements, ses voisins, Paris, Office de Coopération Radiophonique, 1967, p.79.

En parlant des instruments de musique dans la société Kongo, le sociologue français Georges Balandier écrit :

Les chefs de guerre stimulent l 'ardeur des soldats et transmettent leurs ordres à l 'aide des signaux sonores. Ce code requiert l 'emploi de trois sortes

d 'instruments, d 'émetteurs : le tambour (ngoma), taillé dans le tronc d 'un ricinodendron africanun, à peau unique battue au moyen des petits maillets

d 'ivoire, la cloche sans battants nommée ngongé, frappée à l 'aide des verges de bois; enfin la trompe en ivoire (mpûngi) qui, d 'après Pigafetta, donne une musique martiale, pleine d'harmonie, allègre.68

L'ensemble des moyens de communication traditionnels est utilisé au cours de circonstances et des contextes les plus diverses de la vie individuelle ou collective.

Ainsi, les circonstances qui nécessitent l'utilisation des moyens de communication sont multiples. Il s'agit des occasions comme:

1. -Louanges et exaltations

Suite à une naissance, à une réussite à un diplôme69 ou à une toute autre prouesse, les membres de la famille manifestent leur joie en battant ou en faisant battre le tambour d'exaltation et de louange. Les paroles sont simples et montrent la grandeur de l'Etre suprême (nzambi a m'pungu). La preuve du contexte d'utilisation de ce moyen est, sans nul doute,

68 G. Balandier, La Vie quotidienne au royaume de kongo : du XVIè au XVIIIè siècle, Paris, Hachette, 1965, p.118.

69 Le succès au Certificat d'Etudes Indigènes, par exemple considéré, jusqu'en 1950, comme étant le diplôme le plus élevé de l'enseignement colonial, conférait au lauréat une ascension, une réussite sociale et un respect parmi les autres membres de la famille. Il représentait une fierté pour la communauté toute entière et servait d'émule voire de référence aux benjamins.

l'introduction de tambour à friction (nkuiti) dans la célébration des messes chez les protestants et les catholiques.

2.- Joies, rencontres, adieux

Les mêmes moyens de communication sont utilisés pour inviter les membres d'une même famille, habitant dans des lieux éloignés les uns des autres, à participer aux cérémonies de réjouissance marquant un événement heureux (mariage, naissance,...). Après une rencontre, les familles rassemblées, qui désirent rentrer chez elles, se servent d'un de ces moyens de communication. De même, les gens qui habitent le même village arrivent en groupe lors des manifestations religieuses, nkutakanu, ou s'ils veulent aussi rentrer en groupe, on convoque tout le monde au rassemblement de départ en jouant soit le tambour à fentes soit la cloche ou la corne.

3.- Réunions, visites officielles

Chez les Haangala, avant tout départ à une partie de chasse (mbingu), des chasseurs, le rassemblement est précédé par un ou des sons de cornes. Les visites officielles ne sont pas non plus à négliger. L'histoire sociopolitique du royaume koongo révèle que cette entité socioculturelle fut l'une des plus mouvementée de la République du Congo. En effet, de nombreux habitants de certains villages qui n'ont jamais payé l'impôt : c'est la célèbre et fraîche histoire des « trois francs », (m'falanga tatu), des

habitants qui n'ont jamais été recensé: cas des Matsouanistes70 ou des hommes valides hostiles à se faire enrôler dans les travaux de construction du chemin fer Congo-Océan (C.F.C.O.).

De ce fait, par relais de ces moyens de communication, ils suivaient, de près, le mouvement des recenseurs ou des percepteurs, et sachant ainsi à peu près le jour oü ceux arriveraient, ils prenaient la fuite et se cachaient dans la brousse jusqu'à ce que les envoyés de l'Etat, découragés, retournent en ville.

L'arrivée d'un étranger (nzenza) était annoncée de loin. L'étranger qu'on savait pacifique était attendu avec honneur et allégresse ; tandis que le << méchant » trouvait le village vide, désert, abandonné par ses habitants. Aussi, quand un chef de clan ou de village décide t-il, pour une raison ou une autre, d'aller rendre visite à un collègue, chef de clan voisin, ce dernier est averti par le visiteur en usant un des moyens de communication cidessus mentionné.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius