4.- Révoltes, revendications et affirmation
identitaire
En Afrique noire, les évènements politiques et
militaires à travers le monde (la Deuxième guerre Mondiale, la
défaite de l'armée française en Indochine à Dien
Bien Phu en 1954, la conférence de Bandoeng en avril 1955, etc.)
constituent les occasions propices à la prise de conscience des peuples
opprimés sur << l'infaillibilité » de l'occupant
colonial. Aussi, vont-
70 Matsouanistes : Adeptes et fidèles aux croyances de
A.G. Matsoua.
ils vouloir, de l'oppresseur, plus de liberté et
d'autonomie qu'autre fois. Ainsi, les moyens de communications traditionnels
sont utilisés pour préparer, coordonner et organiser les
résistances. C'est au moyen de la corne, du tambour à fentes ou
de la cloche que les manifestants sont invités au rassemblement. Sans
ces instruments, certainement que les mouvements de résistance de
Tchimpa-Vita, de André G. Matsoua ou de Mabiala Ma Nganga, dans le Pool,
n'auraient pas connu de succès éclatants.
5.- Secours à une personne
égarée
Dès qu'une absence anormale est constatée dans
un des villages de l'espace koongo ou dans le département du Pool, qu'il
s'agisse d'une femme, partit au champ, d'un enfant ou de n'importe quel membre
de la communauté, les appels sont lancés pour une double raison :
d'une part tout le monde doit savoir qu'il y a disparition et qu'on est
invité à participer aux recherches ; d'autre part, si la personne
recherchée est tout simplement égarée dans la brousse.
Elle peut s'orienter en suivant les sons émis par les moyens de
communication traditionnels utilisés.
6.- Appels à la bravoure
Lorsqu'un village est attaqué ou assiégé
par une autre tribu, une épidémie ou une pandémie le
décime, le chef du village (mfumu gâta) invite à la
vigilance ses guerriers, invite les habitants à la bravoure face au
fléau. Il peut aussi inviter les habitants à apporter leur
secours à tout
infortuné terrassé par une maladie ou qui voit
sa maison ravagée par un incendie. Etant donné que la
localité de Kingoyi au Bas-Zaïre a été, est et
demeure, dans l'espace koongo, le centre de soins de santé primaires de
référence, les malades se faisaient transporter en tipoyes. Ce
voyage était précédé par des sons de gong ou des
roulements de tambours à fentes qui servaient à inviter les
hommes à apporter leur force physique au malade.
7.- Décès, veillées
funèbres
Les tambours à membrane, les cloches sont les
principaux moyens de communication utilisés pour annoncer les
évènements malheureux : la mort. Lors des veillées
funèbres ou des funérailles, ces outils servent à animer
les soirées de deuil et à accompagner le mort au
cimetière.
Les contextes ou les circonstances d'utilisation des moyens de
communication traditionnels sont multiples et variées. Elles
dépendent de l'espace, du temps, de la nature ou du type de message
à transmette, d'une part et, de la virtuosité ou des aptitudes
des émetteurs << consacrés > à répandre
les messages, d'autre part.
Aussi, la communauté koongo disposerait-elle
des acteurs << investis > et << dotés > de certains
pouvoirs qui leur confèrent un rôle hors de commun dans la
transmission et la mise en commun des messages ?
Détiendraient-ils la << magie > de ces moyens
de communication traditionnels ? Connaîtraient-ils les rythmiques et les
circonstances
d'utilisation ? Mais au regard de ces contextes ou circonstances,
quelles fonctions ces moyens de communication remplissent-ils ?
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