C°).-FONCTIONS DES MOYENS DE COMMUNICATION
TRAIDTIONNELS EN ZONE RURALE DANS L'ESPACE CULTUREL KOONGO
1.-Fonctions politiques, administratives et
militaires
Dans la majeure partie des villages du département du
Pool, l'arrivée d'une autorité politique, administrative ou
militaire (chef de canton, chef de terre, chef de la gendarmerie) s'effectue au
moyen d'un tambour à fentes, mukondzi, d'une cloche,
ngongi, ou d'une corne traversière, mpûngi. Ils
sont les principaux moyens de communication usités pour répandre
et amplifier, plus que la voix humaine, les messages. Ainsi, en quelques
heures, les populations convoquées se retrouvent à la place
publique : au mbongi, où ils prennent connaissance du mobile du
rassemblement.
2.- Fonctions juridiques
La justice est rendue sous l'arbre à palabres, la case
communautaire que les Kongo désignent sous le nom de << mbongi
>. Le procès s'y déroule, généralement, les
jours de repos : le dimanche71.
Mais en tenant compte de la gravité ou de l'urgence du
différend, la justice peut, exceptionnellement, être rendue les
jours ordinaires. L'assistance est y conviée au moyen du tambour
à fentes, mukondzi, que l'on joue à intervalles
réguliers. Ainsi, ce tambour représente << le
téléphone chez les indigènes de l'Afrique centrale >,
dont:
Le code de transmission (...) comporte des sentences
conventionnelles. Ces sentences prennent souvent la forme d 'un proverbe,
expression de l 'esprit et de
l 'expérience populaire72,
écrit Verbreken.
Les appels font l'objet d'une rythmique particulière
que seuls les initiés sont capables de décrypter. Au moment du
jugement, le chef du village ou le président du tribunal traditionnel,
disposant d'un signe distinctif, se fait assister de conseillers : il est muni
soit d'un balai qu'il agite lors des débats, soit d'un gong.
3.- Fonctions socioculturelles
En Afrique, comme dans l'espace culturel koongo, on ne saurait
dissocier l'homme de son instrument de musique. Cet instrument lui permet de
manifester sa joie. Suite à une naissance ou à une
réussite
71 Le dimanche en dialectes kongo veut dire lumingu ou mpika
et ontsara ou nkwue mbali en téké.
72 Verbreken A, « Le tambour téléphone chez
les indigènes de l'Afrique centrale », Congo, fasc.1,
1920, pp.253-284. cité par V.Görög, Littérature
orale d'Afrique Noire : bibliographie analytique, Paris, Maisonneuve
Larose, 1981, p.321.
considérée comme bienfait pour la
communauté, les membres manifestent en jouant au tam-tam. Il est
davantage utilisé lors des soirées récréatives: le
jeu koongo, est un exemple typique de la contextualité de ces
instruments de musique ou de ces moyens de communication. Tout au long de ce
jeu, les roulements de tambours se font entendre, et les habitants des villages
avoisinants, peuvent venir se mêler à la fête. Le sage,
voire le griot, ne peut s'empêcher d'utiliser les battements des mains
lors qu'il raconte ses histoires à son auditoire. Par intermèdes,
ces battements ne seraient-ils pas à la littérature orale ce que
la ponctuation est à la littérature écrite ?
Qu'il s'agisse des moments de rencontres ou des moments de
séparations, ces instruments rythment les conversations. La berceuse, la
mère, de son côté, tout en chantant, calme les pleurs de
son enfant.
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