Enfin, les initiatives médiatiques pour promouvoir la
paix et la réconciliation peuvent prendre des formes variées.
Citons notamment le projet remarqué de la synergie des
médias, qui a valu aux radios burundaises les félicitations
de tout un chacun1. Il s'agit d'une initiative originale, dans
laquelle les médias ont travaillé main dans la main afin de jouer
un rôle de contrôle de la qualité de leur production.
Le projet est lancé en février 2005. A
l'époque, les premières élections démocratiques
depuis celles de 1993 vont se dérouler. Aura d'abord lieu un scrutin
référendaire sur la constitution le 28 février, qui sera
suivi de cinq différents votes étalés entre le mois de mai
et le mois d'août. Les risques sont grands que les esprits ne se
réchauffent, à l'image de ce qui s'était
déroulé 12 ans
1 La synergie a notamment reçu un Certificat de
Mérite ainsi qu'une dotation en argent de la part du président
Nkurunziza lors de la Fête du travail du 1 er mai 2006.
plus tôt. Les journalistes sont conscients qu'une
couverture optimale des élections s'avère nécessaire pour
que la population reste sereine. Pourtant, ils savent qu'ils seront
réduits à une couverture des élections limitée
à la capitale et ses proches alentours, car les radios burundaises sont
pauvres, et disposent de peu de personnel et de véhicules pour se
déplacer à l'intérieur du pays. A l'initiative de Lena
Slachmuijlder, alors directrice du Studio Ijambo, toutes les radios s'unissent
dans ce qu'elles appelleront la « synergie des médias
», afin d'offrir une couverture maximale des élections
communales, sénatoriales, législatives, présidentielles et
enfin collinaires.
Le concept, simple, gagne la confiance des auditeurs, tout en
permettant une couverture optimale des informations électorales. Aucune
des radios ne compte suffisamment de journalistes ? Qu'à cela ne tienne
: elles joignent leur personnel et leur matériel et, grâce
à cette nouvelle équipe de 140 journalistes, elles créent
un bulletin d'information commun à toutes les stations,
n'hésitant pas à dénoncer les abus, les fraudes
électorales ou les difficultés rencontrées par les
électeurs. Un exemple : ils étaient 3000 ex-combattants à
vouloir voter dans le camp de cantonnement de Buramata, mais il n'y avait pas
de centre de vote. Un mot de la situation lors du bulletin d'information, et le
président de la CENI ordonnait que deux bureaux de vote y soient
immédiatement installés.
L'initiative, saluée unanimement par les observateurs
locaux ou internationaux, a permis de faire rapport du déroulement du
scrutin jusque dans les villages les plus reculés du Burundi, offrant
alors au peuple burundais la certitude d'élections libres et
régulières.