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Débat autour du concept de journalisme de paix

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par Charline Burton
Université Libre de Bruxelles - Licence en information et communication 2006
  

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La place de la conscience professionnelle

Nous avons vu au cours de l'étude que la plupart des journalistes des radios privées, bien que ne connaissant pas les règles du journalisme de paix, les appliquent dans l'ensemble. Tous ont conscience du rôle qu'ils pouvaient jouer dans le processus de résolution du conflit, de cohabitation pacifique puis de réconciliation nationale. D'emblée, ils ont voulu s'imposer comme les piliers d'un mouvement démocratique et réconciliateur. Je dis piliers car en faisant preuve de rigueur et de discipline, ils ont permis aux radios dans lesquelles ils travaillaient de s'imposer dans le coeur des Burundais. Ils ont su se positionner en acteurs clé de la société civile, jouant avec celle-ci le rôle de contre-pouvoir. Ils ont pris le parti de donner la parole à tous, du chef de parti au paysan, et ont offert la possibilité au peuple non seulement de faire connaître ses besoins ou ses opinions, mais aussi d'avoir une place de choix pour diffuser ses idées constructives, créant ainsi une tribune pour que surgisse une conscience citoyenne burundaise. Les radios ont réussi à se transformer en un outil à double sens : du haut vers le bas mais aussi du bas vers le haut, ce qui marque leur spécificité par rapport aux studios et aux organismes non médiatiques. Elles ont retrouvé là le sens initial de leur fonction : médiatrice.

Certes, ce ne sont pas les radios qui ont mis fin au conflit burundais. Certes, elles commettent de temps à autres des dérapages - aussitôt relevés par le CNC -. Certes, les radios attendent parfois un peu trop que l'information leur tombe dessus au lieu d'aller à sa recherche. Cependant, leur rôle a été primordial dans l'éveil de la nation, dans sa prise de conscience de l'absurdité du conflit. Etre journaliste au Burundi est une fierté. À raison.

Dans ce petit pays enclavé au coeur de l'Afrique centrale, tous les médias privés disent appartenir à la veine du journalisme de paix. A première vue, le principe même du journalisme de paix semble dilué dans la masse médiatique burundaise : à partir du moment où tout le monde le pratique, existe-t-il encore ? se demande-t-on. Mais après approfondissement, on se rend compte qu'il s'agit de la réalité, tout au moins pour les trois stations privées étudiées dans le présent travail (RPA, Isanganiro et Bonesha). Comme le disait Dieudonné Jujute (voir p. 62), après douze ans de crise, tout est humanitaire, et tout tend à oeuvrer pour la paix, puisque sans paix, aucun développement ou épanouissement personnel n'est possible.

84% des journalistes burundais affirmaient être tout à fait en désaccord avec l'affirmation suivante : << J'estime que les médias dont la ligne éditoriale est uniquement la promotion de la paix et de la réconciliation nationale n 'ont plus de raison d'être : soit ils doivent changer de ligne éditoriale, soit ils doivent disparaître >>1. Cependant, convient-il toujours de parler de journalisme de paix aujourd'hui ? En quelques sortes, cette question reste d'actualité. D'une part parce que cette pratique ne s'applique pas qu'en temps de crise - le conflit a touj ours existé et continuera toujours à exister de par le simple fait d'être des humains mus par des envies et des besoins différents, apparais sent des divergences d'intérêts -, d'autre part parce que la guerre au Burundi n'est pas terminée. Il est fort dangereux en effet de conclure que la signature d'accords de paix signifie un retour effectif à la paix. Celui-ci se prépare dans les coeurs, puis se cultive. Et pour cela, les médias burundais ont encore un grand rôle à jouer. Et ils s'y appliquent.

Mais est-ce réellement le journalisme de paix que les professionnels des médias se doivent d'appliquer ? Pour répondre aux besoins de la population burundaise, se pose peut-être davantage la question de la responsabilité sociale du journalisme, qui doit être exacerbée. Avec un défi : tendre vers l'idéal d'un journalisme professionnel conjugué à un haut sens de responsabilité.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand