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La gouvernance, Etat des lieux et controverses conceptuelles

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par Cheikh NDIAYE
Université du Littoral - Doctorat 2008
  

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3. LA GOUVERNANCE REVISITEE PAR LES DISCIPLINES

3.1. Gouvernance appliquée à l'Environnement

L'environnement a, depuis plusieurs décennies et aujourd'hui encore, servi de «laboratoire» où s'inventent de nouvelles formes de gouvernance: procédures démocratiques de consultation, formes flexibles de coordination, modes de gestion décentralisés, utilisation du contrat, de la médiation ou des incitations économiques, gouvernement par l'information et les principes, etc. Ceci témoigné par les efforts de modernisation de l'action publique: Agendas 21, études d'impact, accords volontaires, marchés de droits à polluer, conférences de consensus, principe de précaution, normes ou conventions négociées, etc. C'est en fait dans les années 90 qu'on note un tournant important de cette mouvance dans un contexte marqué par la globalisation, l'émergence des grandes régions économiques comme l'Europe, et l'influence croissante des idées libérales dans la conception et la mise en oeuvre des politiques de l'environnement. Au moins trois raisons convergentes expliquent cet essor tout particulier des nouvelles formes de gouvernance dans le champ de l'environnement :

- d'abord par la nature même des problèmes concernés: problèmes d'externalité, de gestion de risques ou d'utilisation des ressources communes, allant du niveau local au niveau planétaire. Par définition, ces problèmes sont complexes, conflictuels, controversés, et leur solution passe par la mobilisation d'acteurs nombreux, interagissant à de multiples échelles; des acteurs dont les territoires ne correspondent généralement pas aux territoires institutionnels classiques, et qu'il faut convaincre;

- par ailleurs l'environnement est lui-même porteur de valeurs favorables à la démocratie, à la décentralisation, à la transparence et donc à des formes d'action publique qui accordent une large place à la société civile;

- il est clair, enfin, que les nouvelles formes de gouvernance ont aussi été pour les politiques de l'environnement, un moyen de surmonter leurs faiblesses ou leur déficit de légitimité, et en particulier de réagir aux critiques d'inefficacité ou d'autoritarisme auxquelles elles ont été confrontées dès l'origine (Theys 2002).

Cependant, il ne faut pas perdre de vue que cette volonté d'innovation coexiste avec le souci quasi obsessionnel de renforcer les modes d'intervention traditionnels de l'Etat - de type «command and control»- pour reprendre les propos de Theys ; s'il faut accorder à l'environnement un rôle «d'avant garde» dans la modernisation des formes de gouvernance. On est encore en effet dans une phase où il s'agit prioritairement pour les responsables de l'environnement, de fonder et construire une politique sectorielle bien identifiée, avec des moyens d'autorité classique (réglementation, dispositifs de contrôle, ressources budgétaires), et des instruments de coercition suffisants pour obtenir des résultats tangibles à courte échéance. Autrement dit, la nécessité d'innover coexiste avec la volonté de trouver une place légitime parmi les politiques traditionnelles de l'Etat et donc, de se couler dans le «moule» des politiques classiques d'interventions, de réglementation et de sanction.

De ce fait, cette coexistence historique entre deux priorités différentes, entre deux stratégies d'action publique, alimente naturellement beaucoup de controverses. D'un côté, on accuse les politiques réglementaires traditionnelles d'être archaïques, inefficaces, inapplicables. De l'autre, on considère que les nouvelles formes de gouvernance ne sont qu'une façon naïve d'évacuer la réalité des conflits et des jeux de puissance, et que sous couvert d'ouverture démocratique elles ne font que renforcer les intérêts dominants et institutionnaliser les corporatismes. Au-delà, ce sont deux conceptions de la démocratie qui s'affrontent avec un défi commun: comment organiser la confrontation des opinions et des intérêts sur des questions essentiellement médiatisées par la science, qui transcendent les frontières institutionnelles, et concernent des générations ou des éléments de la nature qui n'ont pas accès au vote? (ibid 2005)

3.1.1. La gouvernance démocratique pour faire face aux enjeux de l'environnement

Toutes les réticences que l'on peut raisonnablement avoir vis à vis d'un discours beaucoup trop «irénique» sur la gouvernance n'enlèvent rien à la réalité du constat qui introduisait ce paragraphe: les politiques de l'environnement ont été, surtout à partir des années 90, un remarquable laboratoire pour des formes nouvelles de gouvernance. Et celles-ci ont incontestablement constitué des avancées significatives dans le fonctionnement démocratique partout où elles ont été développées ; en ouvrant à un nombre croissant d'acteurs l'opportunité d'intervenir dans la conception et la mise en oeuvre de solutions collectives à des problèmes de mieux en mieux perçus comme communs.

Les années 90 marquent une étape décisive dans la gouvernance environnementale. En effet, il devînt évident que tout progrès supplémentaire dans la politique de l'environnement dépendait désormais de la capacité à mobiliser la société toute entière - en commençant par les entreprises, les consommateurs et les habitants. «L'intégration», «l'internalisation», «la responsabilisation», «la participation» devinrent de nouveaux slogans largement répandus. Parallèlement aussi, le processus conjoint de globalisation, de décentralisation et de constitution de grandes «régions économiques» (CEE, ALENA...) conduisit progressivement à un encadrement sensible des Etats-Nations, désormais contraints de négocier ou de s'ajuster avec une pluralité diffuse d'acteurs influents intervenant à toutes les échelles, du global au local. Dès lors, un consensus très large se forma sur la nécessité de faire évoluer la politiques de l'environnement du curatif au préventif (puis à la précaution); de l'injonction à la participation; de la centralisation à la décentralisation; de l'orientation par l'Etat à une orientation par le marché; de l'excès de réglementation à une action essentiellement incitative, créant les conditions favorables à un changement dans les comportements des producteurs ou des consommateurs... et ceci, dans un contexte d'incertitude scientifique et de complexité croissante

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault