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La gouvernance, Etat des lieux et controverses conceptuelles

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par Cheikh NDIAYE
Université du Littoral - Doctorat 2008
  

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2. 2. La gouvernance en sciences politiques

Chez les politologues ou politistes, le mot gouvernance est d'origine anglaise. L'Angleterre était la patrie du gouvernement local, avec des institutions locales fortes, disposant d'un véritable pouvoir de régulation et d'orientation de l'action publique. L'ère thatchérienne a modifié la donne de façon paradoxale : l'Etat a cherché d'un côté à introduire plus fortement les mécanismes du marché, et d'un autre côté à centraliser et récupérer une bonne partie des prérogatives des institutions locales. Les politistes ont alors commencé à parler de gouvernance, car le pouvoir local ne se résumait plus aux institutions locales. La notion de gouvernance rend compte de ces mutations dans l'exercice du gouvernement local ; le pouvoir local se fragmente et se dilue au sein d'agences de régulation, d'organismes privés.

C'est dès les années 60 que les tenants américains du «Public Choice» introduisent la gouvernance dans les débats sur les réformes institutionnelles des métropoles. Il y est déjà question de pouvoir polycentrique, de fragmentation politico-administrative, de coopération entre acteurs privés et publics. Plus tard, d'autres auteurs mettront l'accent sur certains aspects spécifiques de l'action publique locale, se servant de la gouvernance pour les formaliser : partenariats et coalitions entre acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, participation des citoyens, etc. Par ailleurs, le glissement de l'économique vers le politique a été également opéré par la Banque Mondiale, pour qui la gouvernance est « la manière dont le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales dans un pays en voie de développement » (Osmont, 1998). La bonne gouvernance constituant pour les experts de la Banque Mondiale le cadre politico-institutionnel adéquat aux politiques d'ajustement structurel qui ont marqué les pays africains notamment le Sénégal dans les années 70-80.

Michael Bratton et Donald Rothchild nous rappellent l'historique du concept en Afrique. Le concept de gouvernance s'est récemment frayé un chemin dans le lexique de la politique comparée en empruntant un itinéraire inattendu. Pour eux « ce sont les praticiens des organisations de développement international qui l'ont adopté les premiers ; ils lui donnaient au début le sens limité de fonctionnement efficace d'un gouvernement. Après l'indépendance politique, les dirigeants africains se sont tournés vers les organisations d'aide et de prêt, afin d'obtenir quelque assistance pour la création d'organismes de gouvernement et pour la formation de fonctionnaires habilités à faire appliquer les décisions politiques. A l'époque, dans les années 1960, ce mode d'activité d'aide portait de préférence le nom de création des institutions - on ne parlait pas encore de gouvernance -, nom qui finit par disparaître du vocabulaire de l'aide, à mesure que les pays récipiendaires commençaient à se suffire à eux- mêmes et que leur personnel qualifié devenait opérationnel. Dans les années 1980,

11 Voir également le document de travail n° 144 du Lab.RII

cependant, en particulier par rapport à l'Afrique, governance connut un regain de faveur sous l'autorité morale de la Banque mondiale, en tant qu'initiative de «développement» institutionnel «des capacités», sous le nom de governance for development » (1989, p 60). Il ne sera donc sans surprise que la notion de gouvernance soit accaparée par certaines disciplines où les outils et les processus de l'action collective ne sont plus efficaces face au contexte actuel de déréglementation.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984