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Stratégies d'amélioration de la gestion des enseignants au cameroun

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par Louis AJOUNTIMBA
Institut International de Planification de l'Education (IIPE) /UNESCO - Mastère en Planification et Administration de l'Education 2006
  

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I 3 2- La spécificité de la gestion des enseignants

Dans les années 1980 (Laderrière), une volonté manifeste est inspirée par la vague néolibérale et commande l'amélioration de la qualité de l'éducation. Une convergence des réformes orientées vers la décentralisation est alors observée dont les premières sont la régulation en Nouvelle Zélande et le renforcement de l'évaluation à l'école, devenue marché social de l'éducation, en Grande Bretagne. Ces reformes retiennent l'attention de l'OCDE et de la Banque Mondiale notamment en ce qui concerne l'évaluation, la décentralisation, la bonne gouvernance et la gestion par objectifs. C'est dans ce contexte que les problèmes de management dans le système éducatif sont sérieusement abordés, confinant l'Etat dans un rôle régulateur. En matière de gestion des ressources humaines (formation, recrutement, conditions de travail et statut), la mise en oeuvre de cette réforme est diversement assurée dans les Etats de l'OCDE. Il est important de mentionner que l'établissement scolaire du XXIeme siècle, bien que « lieu de coproduction des compétences par les enseignants et les élèves », n'est pas une entreprise et que ce serait une erreur de lui appliquer le management des entreprises. C'est dans cette même perspective que Laval (2003),

s'inspirant du cas de la France, montre que l'école ne saurait se soumettre totalement aux exigences néolibérales, au risque de faillir à sa mission première.

La responsabilité de l'enseignant dans la production de l'éducation suggère que la gestion de celui-ci soit assez particulière. En relevant les insistances de la Banque Mondiale et des théories élaborées autour de la mondialisation qui recommandent une réduction du budget consacré aux enseignants tout en l'indexant comme responsable des difficultés de l'école, Carnoy (1999) fait observer qu'il est aberrant d'exiger un accroissement de la charge de travail (augmentation du nombre d'élèves par classe) en même temps que la réduction de salaire. Il est plus indiqué de tenir compte des réalités locales et des besoins de ces personnels pour leur donner un rôle à jouer dans l'amélioration de la qualité de l'enseignement. Dessieux (1999) montre que la prise en compte des réalités locales permet de mieux gérer ces personnels avec des mesures incitatives particulières.

S'agissant des systèmes éducatifs africains, Mingat (2002) observait que l'usage qui sera fait des ressources à allouer à la poursuite des objectifs de l'EPT semble plus important que ces ressources elles-mêmes car« la qualité de gestion des systèmes éducatifs laisse souvent à désirer » ; l'attention doit être davantage portée sur « la capacité des systèmes à assurer la transition efficace et équitable des ressources financières et humaines depuis le niveau du ministère jusqu'à celui des multiples écoles sur le territoire national, là où elles peuvent effectivement avoir un impact ». Au sujet des politiques de gestion des enseignants en Afrique, Solaux estime qu' il semble impérieux d'anticiper et de gérer les effets sociologiques et psychologiques générés par les mesures

administratives en matière de gestion des enseignants ; les mesures nouvelles doivent apporter un plus par rapport aux anciennes (Solaux, 1997).

S'intéressant à quelques pays africains4, Traoré (1997) s'est préoccupé de savoir quels étaient les problèmes rencontrés dans la gestion des enseignants dans ces différents pays et quelles stratégies ont été adoptées pour y pallier.

Après le constat d'une répartition inégale des enseignants en fonction des qualifications et de l'expérience, il se dégage que l'exode rural des enseignants qualifiés et expérimentés est permanent. Les causes répertoriées de cette mauvaise répartition sont de plusieurs ordres : économique, sociale, culturelle et institutionnelle.

Le niveau des salaires inspire la nécessité de procéder à des activités parallèles pour arrondir les fins du mois ; ces activités parallèles ne peuvent pas se mener en zones rurales. Le regroupement familial est une cause qui draine également des enseignants en ville. Le décalage culturel entre la ville avec ses mass media d'une part et la zone rurale et son dénuement d'autre part explique en partie l'exode. L'absence de structures sanitaires appropriées et les contraintes de la scolarisation des enfants obligent leurs parents à rechercher en priorité les postes urbains. Il convient d'ajouter à ce tableau la centralisation du système de gestion.

Quant aux stratégies et politiques nationales adoptées pour faire face à ces problèmes, quelques éléments sont retenus :

4 Il s'agit des pays suivants : Burundi, Mali, Tchad et Tunisie

- engagement de la part de l'enseignant à servir dans la zone pour laquelle il a été recruté ;

- primes d'incitation et de motivation aux enseignants en fonction de leur zone d'exercice ;

- affectation systématique des enseignants en début de carrière dans les zones reculées ;

- décentralisation de la gestion.

Utilisant des monographies réalisées dans quatre pays africains5, Göttelmann- Duret (1998) s'est appesanti sur l'analyse des problèmes de gestion des enseignants du premier cycle et particulièrement l'effet des systèmes de gestion sur les affectations et l'utilisation des enseignants. Son analyse de la situation dans différents pays d'Afrique montre notamment que la répartition des enseignants n'est pas équitable ; les plus qualifiés et expérimentés sont concentrés dans les zones urbaines. L'utilisation des enseignants n'est pas optimale car en fonction de leur concentration, certains sont sous utilisés, voire non utilisés. Les causes de cette mauvaise répartition sont liées au système de gestion, à l'environnement (différences de conditions de vie et de travail) aux pratiques de gestion et aux comportements des enseignants.

Les faiblesses des systèmes se rapportent aux règles en cours dans la gestion, aux structures et mécanismes de régulation et aux bases d'informations sur les enseignants. En dépit de l'existence de normes et critères d'affectation des enseignants, la cohérence interne de ces règles de gestion est insuffisante tout comme le suivi et le contrôle de l'application de ces normes ne sont pas assurés. La gestion partagée des enseignants entre plusieurs ministères n'est pas soumise à une

5 Bénin, Burkina Faso, Mali et Niger

coordination. Le contexte de décentralisation sans répartition distincte des responsabilités entre les structures centrales et les structures décentralisées et sans ressources appropriées ne favorise pas non plus cette gestion. L'insuffisance des mécanismes de régulation renforce négativement la qualité de cette gestion. Les bases d'informations sur les enseignants ne disposent pas de données complètes ni sur les enseignants, ni sur les profils de poste.

Ces observations rejoignent largement celles d'une série d'études menées dans plusieurs pays africains6 par G. Solaux (2001) . Cette recherche fait ressortir entre autres, que :

- l'allocation des ressources aux établissements scolaires est aléatoire ;

- le coût unitaire dans les établissements scolaires du secondaire est élevé en raison de la non prise en compte de la taille de l'établissement et des besoins réels en zone urbaine.

De l'histoire de la GRH, à travers l'Ecole classique, l'Approche psychosociologique et les Courants sociologiques, il est à noter que le travailleur est au centre de la fonction administrative de l'entreprise en même temps que l'environnement du travail est à améliorer et que le management des hommes au travail tende à les faire participer davantage dans la conception du plan de développement de l'entreprise.

Ces différentes recherches conduisent à formuler quelques interrogations :

6 Guinée, Niger, Bénin, Sénégal, Burkina Faso,Togo, Côte d'Ivoire, Tchad, Madagascar, Mali

- la prise en compte du social dans la gestion des enseignants, une espèce d'humanisation de cette gestion est- elle assurée ?

- l'environnement de travail de l'enseignant est il un élément qui intervient dans la prise de décision de gestion ? En d'autres termes, les réalités de la localité de travail font-ils l'objet de préoccupation particulière dans les actes de gestion des enseignants ?

- la préparation des plans de développement du système éducatif, notamment les politiques de gestion des ressources humaines, se fait-elle en association avec les enseignants (leurs syndicats) ou bien leur implication n'est-elle pas utile ?

Cette brève revue de la littérature étaye nos ypothèses de travail dans la mesure où elle fait ressortir qu'une « bonne » gestion des enseignants dépend pour une large part d'outils adéquats mais aussi du cadre et du focntionnement organisationnel et des besoins et intérêts des acteurs.

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