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Le discours religieux en Tunisie: L'exemple de la communauté juive

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par Sadek MTIMET
Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis ( Université Al-Manar) - Master en sciences poltiques 2007
  

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2 - Le Grand-Rabbinat

Il n'y a pas de sacerdoce chez les juifs ni de ministère de l'autel ( l'alménor : al minbar). Il ne reste aujourd'hui que le rappel symbolique à certains jours de l'année des anciens sacrifices et la prérogative pour les cohanim d'être appelés à la qeri'a ( lecture publique de péricopes du rouleau de la Thora ) et de prononcer à certains offices la formule solennelle de barakha (bénédiction des pontifes ). Actuellement, la seule autorité en matière religieuse est celle des rabbins . Le rabbin ( maître ), appelé en Orient le 'hakhâm, n'est pas un prêtre au sens sacerdotal; c'est un simple fidèle spécialisé dans la connaissance de la doctrine et du culte, et qui n'a d'autre rôle que d'éclairer et de guider les autres fidèles . Il n'y a donc pas dans le judaïsme et chez les ministres de culte de hiérarchisation sacerdotale, mais une simple tendance à la centralisation purement administrative(4) .

Le premier dignitaire religieux en Tunisie est le Grand-Rabbin, nommé par décret beylical sur la proposition du Conseil de la Communauté et "appointé sur le Budget" . Il exerce

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(1) Editorial de J. Scémama: "Le statut personnel des israélites tunisiens : une parenthèse " in le journal La Justice ( Tunis) du 3 aout 1921 (2) Ma'arek H., journal La justice 25 janvier 1924 (3) Journal La Justice du 22 juin 1923 .La Kétouba est un texte rédigé par notaire correspondant à un contrat de mariage et à un acte de mariage. (4)Darmon R., op cit p 73

un pouvoir religieux : il préside les cérémonies du culte, officie et prêche dans les synagogues, il a la surveillance et le pouvoir d'admonition à l'égard de tous les rabbins tunisiens , dirige le corps des rabbins et des ministres officiants, il délivre les autorisations d'exercer aux péritomistes et aux abatteurs ritualistes .

Cette simple énumération donne une idée de l'importance de la fonction du Grand-Rabbin, comme chef spirituel d'une Communauté nombreuse et hétéroclite, avec un pouvoir considérable au point de vue du culte , de l'alimentation , de l'instruction et de l'assistance .

Cependant , les nouvelles générations juives sont de plus en plus coupés de la religion de leurs pères par leur nouvelle culture . Elles n'ont pas appris l'hébreu dans les écoles laïques françaises et connaissant assez mal les principes du judaïsme, elles ne sont pas en mesure de s'acquitter de leurs obligations religieuses . A cela s'ajoute une grande généralité des juifs européens qui montrent une indifférence la plus absolue en matière de religion , tant au point de vue de l'instruction que des pratiques cultuelles , souvent réduites à des actes de pure superstition .

Face à cette situation, toute la Communauté juive s'accordait et convenait de la nécessité de donner à la collectivité de nouveaux ministres du culte . Et sur fond de nationalité, trois discours opposés se partageaient l'opinion juive tunisienne ainsi que le Conseil de la Communauté :

a - Un discours occidentalisant qui suggère de nommer un Grand-Rabbin instruit en France et de lui confier la tâche de former un nouveau corps de rabbins . Ce discours se trouve chez le groupement minoritaire des Grana-s, de vie nettement européenne qui exerce, par contre, une influence considérable sur la Communauté tout entière par ses modes de vie. Toutefois, ce discours occidentalisant néglige l'existence de la masse judéo-arabe, les Twansa-s, qui forme en même temps la seule masse vraiment pratiquante (1) .

b - Un discours indigène qui constate, confiant, que la religiosité est encore assez développée dans la population juive de base, de langue exclusivement arabe : les enfants fréquentent assidûment les kouttab-s et les adultes suivent les sermons hebdomadaires des rabbins . Alors, la réalité statistique est là pour conforter l'avis d'être en faveur d'un corps rabbinique exclusivement tunisien qui garde encore l'esprit de la communauté dans les prières à travers la participation collective (2).

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(1) Darmon R., op cit p. 83 (2) Ibid, p. 90

c - Le discours conciliateur propose de désigner le Grand-Rabbin parmi les juifs twansa-s avec un Grand-Rabbin adjoint français (1) à l'instar des municipalités en Tunisie où le président, toujours indigène, délègue la plus grande partie de ses fonctions à un vice-président français

la loi de la naturalisation de 1923, avec ses implications sur le statut personnel et le ministère du culte, s'ajoute au phénomène de l'attribution des patentes de protection et à la demande de l'extension de la couverture juridictionnelle des tribunaux français pour constituer les éléments du discours religieux juif revendicatif et le début du processus de détachement de la Communauté juive en Tunisie vers une acculturation et une occidentalisation certaines malgré le nivellement juridique établi dans le Pacte fondamental et explicité dans la constitution de 1861 ainsi que le frein sans effet de la notabilité religieuse locale , jalouse de ses prérogatives.

En fait, par l'instauration du nouveau discours religieux revendicatif, la nouvelle élite juive cherchait, outre l'acquis juridique ( le passage du dhemmi au citoyen ), à participer dans la vie politique et à accéder à des postes de responsabilité à l'instar de leurs compatriotes musulmans . Les membres de cette élite voulaient passer de la soumission à la participation .

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote