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Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

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par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

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B. Fragilisation chaotique du processus de démocratisation (1994-1997)

Après de longues concertations et vaines négociations politiques pour amener le Maréchal-président MOBUTU à adhérer à la démocratisation, il s'accrocha contre vents et marées. Pour saisir la portée de la détermination du peuple qui voulait en découdre avec lui, quelle que soit la voie, remémorons son refus de consentir au projet de société incarné par la CNS. Dès lors, il n'est pas risqué de soutenir que la crise pluridimensionnelle était due en grande partie à l'absence de volonté politique réelle et manifeste du régime mobutiste d'accepter et d'appliquer loyalement le nouveau principe démocratique. Même le contexte international caractérisé par « l'exigence de poursuite des efforts de démocratisation avant l'octroi de toute aide et/ou assistance dans le cadre de la coopération internationale »61(* n'avait pas réussi à le fléchir. Sa réputation de grand homme d'Etat présentait autant des contrastes troublants : tantôt comme un insensible cruel; tantôt altruiste, affichant un sens d'humour et une générosité inouïs. Ces attitudes poignantes ont particulièrement dérangé ses rapports avec l'Eglise; à telle enseigne que les séduisantes assemblées évangéliques de réveil s'étaient livrées à une interprétation variée des versets bibliques pour montrer qu'il était devenu l'incarnation du diable. Que d'acteurs et dirigeants politiques vivants et/morts n'ont pas publiquement mis à nu son côté obscur. Le cas édifiant de Feu le professeur Marcel LIHAU EBUA qui, lors d'une conférence de presse publique en 1990, se demandait « si le diable lui-même était aussi rusé que MOBUTU»62(*).

Il est corroboré par les différents témoignages de certains des ses anciens collaborateurs sur ses accointances occultes. Celles-ci ont concouru à faire converger vers lui des déductions sur son statut de suppôt des ténèbres. Dès lors, il n'à point hésité à faire subir un feu nourri à ses détracteurs, ennemis et adversaires politiques résolus, défiant même la nature en affirmant que de « son vivant il n'avait jamais passé une seule nuit sur un lit d'hôpital ».

Au lieu de tirer les leçons des évènements en cours sur le continent et dans le monde, le Maréchal-président crut bon de résister au vent du changement, oubliant que « la grandeur d'une pirogue ne l'empêche pas de chavirer »63(*). C'est pourquoi, bon nombre d'analystes et observateurs politiques imputent la grande responsabilité au Maréchal-président en tant que principal facteur d'obstruction et fragilisation dudit processus qui, du reste, fut la cause première ayant précipité sa chute.

En clair, sa double responsabilité réside dans le fait, d'un côté, d'avoir poussé à outrance son refus d'assumer l'échec de sa gestion de la chose publique, et de l'autre, de son désir d'exclusion et d'enlisement pour sauvegarder à tout prix ses privilèges, oubliant la maxime suivante : « Qui a savouré les délices du règne devait aussi avoir le courage d'avaler l'amertume de la décadence ». Par là, sans aucun doute, il se révélait honteusement une véritable « perversion du pouvoir »64(*) qui lui fera tout perdre. Comme à l'intérieur de son pays, l'homme avait aussi été combattu durement à l'extérieur. Même MAO TSE-TOUNG, en 1973, a fini par lâcher : « Ah, Président, si vous saviez l'argent que j'ai dépensé pour vous faire renverser. Et les sommes que j'ai investies pour vous faire assassiner  »65(*). En revanche, le peuple a, à son actif, gardé un fort sentiment d'unité nationale, seul acquis du mobutisme accepté également par l'Eglise, que les déstabilisations de tout genre n'ont pas réussi à entamer.

Au pouvoir pendant 32 ans dont 7ans passés pendant la transition démocratique, le Maréchal-président était parfois battu, parce que combattu, mais rarement abattu, sauf lors de sa honteuse fin de règne et sa « fuite de la capitale KINSHASA le 16 Mai 1997 devant l'avancée irrésistible des troupes rebelles de l'AFDL de Mzée Laurent Désiré KABILA, son successeur au pouvoir »66(*).

Quant à l'Eglise, elle a joué un rôle capital pendant le processus de démocratisation amorcé le 24 avril 1990. Les vastes campagnes d'éducation civique menées ont permis d'ouvrir les yeux aux congolais, de former des leaders chrétiens, de sensibiliser les gouvernants /gouvernés à différents niveaux et de faire le plaidoyer auprès des Eglises soeurs.

En définitive, elle vise comme finalité le triomphe du principe de citoyenneté responsable concrétisé dans le respect des droits fondamentaux, individuels et collectifs de la personne. Ceux-ci découlent de la dignité de tout être humain créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,26-27). Mais, au niveau de l'Eglise, un certain nombre de lacunes dans son action pendant la première étape (1990-1997) du processus n'est pas à occulter. Nous en relèverons quelques unes. Devant l'ampleur des besoins, la longue période de transition démocratique (16ans) a montré que beaucoup reste encore à faire.

C'est pourquoi, l'Eglise a l'obligation non seulement de poursuite, mais surtout d'intensification des campagnes contre les antivaleurs, car, comme le déclare Elie WIESEL, Prix Nobel de la Paix 1986, « la neutralité favorise l'oppresseur, jamais la victime, le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté ».

Ainsi, devant des cas de démission des pouvoirs publics vis à vis de leurs responsabilités régaliennes, l'Eglise ne doit pas exclusivement dénoncer à travers les rhétoriques condamnations mais plus se montrer proactive pour devancer les événements.

Du reste, fort du rayonnement de son leadership reconnu, le retour de l'Eglise au devant de la scène a été bien perçu par la population congolaise et les partenaires au développement en vue de mener à bien la détermination à aboutir au règlement pacifique des conflits qui minent la RD Congo. Ce sera l'objet de la deuxième partie de notre travail.

* 61Cf. Déclaration du Président François Mitterrand de la République Française lors du Sommet France Afrique de la Baule (19-21 juin 1990) et la doctrine du premier ministre Edouard Balladur qui conditionnait l'octroi de l'aide française aux Etats Africains par les réformes démocratiques, à l'instar de conclusion des programmes avec les bailleurs des fonds

* 62Lire TSHILOMBO MUNYENGAYI, la transition démocratique à la lumière du paramètre MOBUTU, le Potentiel n°3821 du 08 Septembre 2006,www.lepotentiel.com/archives

* 63Proverbe Bambara / Sénégal

* 64Cette perversion du pouvoir se fait sentir durement lors des travaux de la CNS. Comme un avion frappé par une panne technique en plein vol, la CNS a connu une cérémonie de clôture brusque et humiliante le 05 Décembre 1992, un atterrissage forcé pour sauver les meubles. Cette navigation à vue par le régime répressif du Maréchal Président MOBUTU aggravera continuellement la crise politique, et débouchera sur le déclenchement de la lutte armée sous la houlette de quelques fils et filles du pays déterminés à le chasser et conquérir par la force, le pouvoir d'Etat.

* 65MAO, L'histoire inconnue, Gallimard 2006, cité par CHRISTOPHE BOISBOUVIER pour JA, De KASAVUBU à KABILA, in JA n° 2377 du 30 Juillet-05 Août 2006, p.50

* 66Devant l'avancée vertigineuse des troupes rebelles de l'AFDL, le Maréchal -président MOBUTU et sa famille sonneront le glas de son régime par leur fuite le 16 mai 1997 de Kinshasa, laissant le pouvoir d'Etat aux mains de Laurent Désiré KABILA, appelé Mzée affectueusement par la population et qui s'autoproclama président de la RD Congo. C'était la fin d'une guerre, fut-elle d'agression en droit international, mais acceptée et cautionnée par l'ensemble du peuple meurtri par un régime répressif qui refusa complètement de répondre aux appels incessants de l'Eglise pour un changement sans violence ni recours aux armes.

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