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Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

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par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

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Section 2: Perspectives d'avenir

Nous ne cesserons de rappeler que depuis son accession à l'indépendance le 30 juin 1960, la RD Congo n'a connu qu'une éphémère période d'apprentissage démocratique.

En effet, l'histoire nous renseigne que les Pères de l'indépendance avaient posé les jalons de la démocratie notamment avec la création des partis politiques, grâce auxquels ils ont concouru aux élections générales, dont celles de mai 1960 étaient les plus déterminantes, car, elles ont conduit notre entité à accéder à la souveraineté internationale avec Patrice Emery LUMUMBA, 1er premier ministre et Joseph KASAVUBU premier président de la République. Il eut également les élections pluralistes intervenues en 1964 mais l'expérience inaugurée sera vite interrompue par le fameux coup d'Etat militaire du 24 novembre 1965 orchestrée par le Haut Commandement Militaire sous la conduite du Lieutenant-colonel Joseph-Désiré MOBUTU.

Après 32 ans de son règne sans partage, le pays s'est retrouvé dans un long processus de transition. Avec la tenue de premières élections générales à partir de 2006, le pays a franchi un tournant décisif, mettant le cap sur les principes démocratiques universels.

Cependant, plus qu'hier, la hâte de revivre dans un Etat pacifié, unifié, réconcilié, prospère, débarrassé notamment des conflits armés, et de la précarité insupportable, s'est vite transformée en illusion, compte tenu du non-achèvement des objectifs cardinaux fixés par l' ACCORD GLOBAL INCLUSIF, et la question de la paix, la réconciliation/cohésion nationale, l'accélération de la réforme de l'armée nationale intégrée se restent d'actualité.

De toute évidence, l'heure a donc sonné pour la RD Congo, avec le nouveau souffle des dirigeants légitimes que s'est choisis le souverain primaire, ses énormes potentialités diversifiées (ressources humaines, naturelles), d'entreprendre des choix judicieux dans tous les secteurs vitaux de la vie nationale pour rétablir les ressorts (§1) et capitaliser les dividendes électorales à travers la responsabilité collective dans la réalisation du projet commun (§2).

Paragraphe 1. Rétablir les ressorts

Rétablir les ressorts brisés suppose l'application concrète des mesures courageuses, difficiles, décisives, énergiques et librement prises pour marquer le passage de l'ancien régime monopartite non- démocratique au nouveau système pluraliste et démocratique, car, le peuple attend plus d'actes concrets et moins de discours qui peuvent paraitre démagogiques.

Tout ceci appelle un brisement intérieur des décideurs, un esprit de sacrifice pareil aux propos suivants de l'ancien président de la MAURITANIE, le Colonel Ely OULD MOHAMED VALL : « dès lors que celui qui est au pouvoir se veut un homme d'Etat au service de ses concitoyens, l'exercice du pouvoir n'est pas une jouissance, c'est une souffrance quotidienne. Prendre chaque jour des décisions qui engagent la vie des gens et l'avenir d'une Nation en se demandant sans cesse si on ne se trompe pas, en se battant contre ses doutes et ses propres insuffisances, se réveiller la nuit en se demandant si on a bien mesuré toutes les conséquences de ses actes, croyez-moi, c'est une torture »104(*).

Sur cet aspect, l'essentiel de la mission spécifique du Seigneur confiée à son Eglise serait notamment de continuer à contribuer à la formation des gouvernants et gouvernés pour qu'ils s'imprègnent des enjeux démocratiques et prennent consciences des exigences de leurs responsabilités sociopolitiques chacun là où il se trouve, « car la formation du peuple apparaît comme l'une des réponses les mieux appropriées à la crise de la classe politique congolaise,... »105(*).

Alors, annoncer la bonne nouvelle du salut serait éclairer et animer tous les aspects du cheminement des hommes et des peuples vers le salut véritable (le Royaume de Dieu) en faisant de leur bien-être le centre des préoccupations. Pour y parvenir, l'Eglise doit saisir ce temps favorable pour exercer son leadership communautaire, c'est-à-dire, apporter à la fois aux institutions publiques, et aux entreprises privées des idées novatrices /recommandations et la méthodologie de leur mise en oeuvre aux fins d'accomplir certains objectifs.

A titre d'exemple, il est du rôle de l'Eglise d'exiger de:

· Après l'installation des institutions légitimes et légales, les faire piloter par des animateurs intègres, compétents, soucieux du bien-commun, ayant un sens aigu du patriotisme, du leadership communautaire répondant aux préoccupations de la base;

· Gouverner pour bâtir la refondation du pays à partir des piliers démocratiques ;

· Faire actionner tous les mécanismes national, régional, international pour faire du Congo un pays où il fait beau vivre, favorisant le débat d'idées, pays où règnent la paix, la concorde nationale, la cohabitation pacifique, la justice distributive, la vie décente, le respect des droits de la personne grâce à un développement socio-économique endogène ;

· Instaurer la culture de la bonne gouvernance avec zéro tolérance d'impunité, de corruption, de trahison

Ainsi, il ya lieu de comprendre que tout l'intérêt de notre étude se trouve finalement dans la capacité d'entrevoir les perspectives qu'offrent les Eglises africaines confrontées à la lancinante question de l'émergence d'un Etat de droit, régi par les principes de « la transparence et de la bonne gouvernance »106(*), préalables notamment à la réduction de la pauvreté en vue d'un développement durable.

Certes, la situation préoccupante à l'Est du pays constitue un frein à l'envol général, mais elle s'améliore avec la fin des hostilités et cela n'empêche guère que soit capitalisée la nouvelle donne intervenue après le choix libre, démocratique et transparent des dirigeants actuels. Par conséquent, le travail de l'Eglise doit continuer pour forger un sursaut patriotique et responsable (A) dans les coeurs et les esprits de chacun, au premier chef, non seulement des dirigeants politiques pour la consolidation de l'Etat de droit(B), mais aussi de la population qui ,en dépit de son éveil d'esprit sans conteste, recourt encore, soit à l'espérance biblique de la fin de la misère sans effort personnel `'(voir l'expression: NZAMBI A SALA ,TALELA BISO LIKAMBO OYO)''107(*), soit se perde dans l'inconscience au point d'accorder son soutien actif à des politiciens, qui abusent de sa bonne foi jusqu'à l'entrainer dans des conflits meurtriers.

A. Un sursaut patriotique et responsable

A l'ouverture de l'Angélus le 11 mars 2007, le Pape Benoît XVI déclara : « les personnes et les sociétés qui vivent sans jamais se remettre en question ont comme unique destin final la ruineil vaut mieux allumer une allumette que maudire l'obscurité »108(*).

Ces propos présentent en filigrane l'idée du changement, de l'effort pour créer et parfaire, car, comment rélever les défis qui s'imposent sans qu'un sursaut patriotique et responsable ne soit accompagné de l'action sans laquelle aucune réflexion rationnelle et adéquate ne peut résister à l'usure du temps. En effet, c'est d'abord par le travail que l'individu, non seulement transforme les choses et la société, mais s'accomplit en développant ses facultés, s'humanise et s'ennoblit.

Cela implique également que le comportement politique subisse une métamorphose après la tenue des élections qui ne constituent point une justification, encore moins un alibi pour qui que ce soit de s'adonner impunément à la manipulation, à la désinformation, à l'intoxication, à la démagogie, etc. Qui plus est, il apparaît encore clairement qu'en RD Congo, le vieil homme refuse de passer la main à l'homme nouveau, c'est la nature du message des Evêques du 21 février 1995: « Des dirigeants nouveaux pour le salut du peuple ».Voilà pourquoi nous rappelons aux politiques qu'il ne suffit pas de vous déclarer être du peuple et travailler pour lui, il est indispensable de vous vous engager dans les voies de la justice et du droit pour le progrès réel de tous.

Au siècle dernier, dans son enseignement, encore d'actualité, le Pape Léon XIII affirmait : `'Ce qui fait une Nation prospère, ce sont des moeurs pures, des familles fondées sur des bases d'ordre et de moralité, la pratique de la religion, le respect de la justice, une imposition modérée et une répartition équitable des charges publiques, le progrès de l'industrie et du commerce, une agriculture florissante et d'autres éléments du même genre, s'il en est, que l'on ne peut développer sans augmenter d'autant la prospérité et le bonheur des citoyens''»109(*).

N'a-t-on pas entendu dire qu'un Etat bien géré prospère, tandis que celui qui est mal géré se dégrade et qu'un Etat qui se veut respectueux des principes et règles de jeu démocratiques devra conduire sa politique de gestion conformément aux règles de la bonne gouvernance, c'est-à-dire, une saine et juste gestion de toutes les ressources nationales sans laquelle l'on ne saurait, ni répondre aux attentes des populations, ni entamer le déclic d'un développement durable dans cette construction de la démocratie.

Voilà pourquoi Ousmane SY du Mali disait :"L'Afrique n'est pas pauvre, elle est mal gouvernée... ". En définitive, le sous- développement que connaît la majeure partie des Etats africains dont la RD Congo, résulte de la mauvaise gouvernance de l'Etat.

Il faut une réelle remise en cause de nos structures et comportements qui ne cadrent pas à un sens élevé de responsabilité et à une gestion saine et orthodoxe des affaires publiques. En effet, présidant les cérémonies d'inhumation de Frédéric Cardinal ETSOU de la RD Congo, Christian Cardinal NTOUMI, légat du Souverain pontife a, dans un langage très franc, tranché et ferme, décrié la « boulimie d'argent et du pouvoir pour le pouvoir qui caractérise notre classe politique, laquelle a conduit certains à mettre leur pays à feu et à sang sans omettre de relever le manque d'esprit d'amour et de patriotisme élémentaires qui poussent d'autres à placer dans des banques occidentales l'argent volé ou arraché à leur peuple(...). Vous avez devant vous, a-t-il martelé, le ciel et l'enfer, libre à vous de choisir l'un ou l'autre et Dieu se contentera de prendre acte »110(*).

Aussi, le peuple est-il sorti massivement pour traduire la volonté de changement en acte concret par le vote. A présent, l'impérieuse nécessité de consolider l'Etat de droit démocratique s'impose.

* 104Ely OULD MOHAMED VALL : Tout a changé...sauf moi, Interview de François SOUDAN avec le Chef de l'Etat de la MAURITANIE, JA n° 2376 des 23-29 juillets 2006, p.38

* 105 Comité permanent des Evêques, Pour une Nation mieux préparée à ses responsabilités...message des Evêques, 21/08/1994, www.cenco.cd

* 106 La bonne gouvernance exige, selon Le Professeur HOLO, « la gestion efficiente des affaires publiques impliquant la notion de transparence et de responsabilité », Propos tenus lors du Séminaire sur les Transitions Démocratiques, DEA-DHD, 2005-2006, Chaire Unesco, FADESP, UAC. Inédit

* 107 NZAMBI A SALA, TALELA BISO LIKAMBO OYO veut simplement dire Que Dieu agisse ou fasse selon sa volonté et Qu'Il nous vienne en aide face à ce problème

* 108Benoît XVI, propos tenus à l'ouverture de la messe avant l'Angélus, dimanche 11 mars 2007, Rome, in www.zenith.org

* 109Pape Léon XII, Rerum novarum, cité par De SAINT MOULIN (L) & GAISE N'GANZI(R). : Eglise Catholique du Congo (1956 - 1998) ; T1 : Eglise et Société, Textes de la conférence épiscopale, Editions des Facultés catholiques de Kinshasa, Kinshasa, 1998, p. 407

* 110Pour Son Eminence Christian Cardinal NTOUMI, cette situation a fait que la bêtise atteigne son paroxysme dans la mesure où ces dirigeants ne font rien d'autre que déposséder les plus pauvres pour enrichir les plus riches. Vanité des vanités, tout est vanité, dira en résumé le Cardinal, car, tôt ou tard, mais certainement, le Juge Suprême finit par remettre les pendules à l'heure. Lire Xavier MIRINDI KIRIZA : Deux hôtes, un discours, L'Observateur, jeudi 01 février 2007, www.lobservateur.cd

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway