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Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

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par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

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Paragraphe 2. Les vicissitudes au processus de changement

Un mois seulement après son discours historique du 24 avril 1990, le Maréchal-président se rétractera à l'occasion d'un discours dit de clarification. Ce changement spectaculaire créa de fortes tensions politiques dont l'essentiel se caractérisait par de nombreux obstacles et obstructions du pouvoir (A) pour bloquer le processus politique dans lequel le peuple avait placé tous ses espoirs légitimes. A cette occasion, l'Eglise catholique lança un appel à travers un message de vérité et de conscientisation (B) qui invitait toutes les parties à privilégier l'intérêt national.

A. Obstacles et Obstructions du pouvoir

Le contexte de l'heure caractérisé par l'exigence populaire des réformes avait embarrassé sérieusement le pouvoir mobutiste. Aussi, face à la pression populaire grandissante pour un changement démocratique appuyé par la Communauté internationale, et par souci du maintien et de la conservation du pouvoir, le Maréchal-président se trouvait-t-il réellement devant un véritable dilemme.

Prenant au sérieux les menaces qui fusaient de partout, le Maréchal-président réussît momentanément à reprendre l'initiative en prononçant le 24 avril 1990, le célèbre discours dans lequel il fit des concessions importantes. Elles consistaient en la séparation nette entre le parti et l'Etat, la réhabilitation des trois pouvoirs traditionnels (législatif, exécutif et judiciaire comme seuls organes constitutionnels), la dépolitisation de la fonction publique, de l'administration territoriale, de l'armée, de la gendarmerie, de la Garde civile et des services de sécurité, l'instauration du multipartisme à trois et du pluralisme syndical, la révision de la Constitution en vue de l'adapter à la période de transition ainsi que la mise en place d'une commission constitutionnelle chargée d'élaborer la Constitution de la Troisième République qui sera soumise au referendum.

En clair, sur papier, le Chef de l'Etat a donc détruit littéralement les bases de son régime par "l'abolition de l'institutionnalisation du MPR"16(*) (Mouvement Populaire de la Révolution) et de ses organes. Aussitôt, à Kinshasa, à Kisangani et à Bukavu notamment, des manifestations de joie ont voulu «hâter la démocratisation du régime», trop longtemps attendue. Mais, cette ouverture démocratique, décrétée par le Maréchal-président, lui-même, a aussitôt été bloquée par une volte-face officielle suivie d'un avertissement.

En effet, l'explosion de joie et les espoirs légitimes suscités par ce discours précité furent de courte durée, car, un mois plus tard, une grande déception s'empara du peuple à l'occasion d'un autre discours dit de clarification le 03 mai 1990 devant l'Assemblée Nationale. Bien qu'il ait rectifié certains propos précédemment tenus, après avoir réalisé « le vide juridique»17(*) créé, ce discours fut un véritable coup asséné au processus de démocratisation qu'il venait d'initier un mois auparavant, car, il le vida largement de son contenu, notamment sur son appartenance au Mouvement Populaire de la Révolution.

Pourtant, en proclamant la fin du monopartisme, le président de la République augurait une ère nouvelle de liberté et de démocratie. En qualifiant les bonnes paroles du Maréchal-président de discours d'intention, le professeur Anicet MUNGALA ajoute: « Ainsi, contrairement [...] le président MOBUTU se rétractera le 03 mai 1990 lors d'un discours de clarification au parlement pour confirmer son appartenance au Mouvement Populaire de la Révolution tout en limitant le nombre de partis politiques à 3 et contre toute attente, il nommera le 04 Mai 1990, un premier ministre, le professeur LUNDA BULULU, sans consulter les autres forces politiques en présence »18(*).

De toute évidence, il apparaissait visiblement que le Maréchal-président a voulu ouvrir les portes démocratiques avant qu'elles ne soient enfoncées. D'ailleurs, plusieurs constitutionnalistes congolais et africains dont Joseph OWONA et Me Robert DOSSOU19(*) l'ont qualifié de discours constituant. Ce changement brusque et inattendu a poussé la majorité du peuple, comme l'a souligné le professeur MUNGALA, à déduire que « l'idée de consultation populaire émergea pour contourner le puissant courant de la Perestroïka et de la Glasnost initié en Europe communiste et repris en Afrique sous forme de négociation pour le changement démocratique par l'organisation des conférences nationales »20(*). Cette appréhension confirmait également les intentions larvées mais saisissantes contenues dans le discours présidentiel du 03 mai 1990 devant la représentation nationale, lesquelles s'étaient vite traduites en actes à travers un ensemble d'obstacles et obstructions apparus pour saper le processus politique.

Le pouvoir avait utilisé, comme il en avait l'habitude, toutes les manoeuvres dilatoires, la corruption à prix d'argent, la création d'une multitude de partis satellites du MPR, mensonges, tricheries, intimidations... De façon ouverte, l'Eglise plaidera en faveur de la poursuite du processus de démocratisation en réclamant dans plusieurs messages, « la fin de  l'imbroglio politique et la tenue de la Conférence Nationale Souveraine »21(*). Ses appels seront suivis d'un message d'espoir adressé par les confessions religieuses pour la recherche d'un consensus national en associant toutes les couches de la population aux côtés des acteurs politiques.

En outre, unis par la foi chrétienne face au climat délétère où la méfiance, la crispation, la peur et les inquiétudes étaient au quotidien, les chefs hiérarchiques des Confessions religieuses (Catholique, Protestante, Orthodoxe, Musulmane et Kimbanguiste) adressèrent pour « la 1ère fois un message commun à toute la population, pour que la CNS soit un lieu privilégié d'écoute mutuelle, de dialogue, de concertation et de réconciliation »22(*) en insistant sur l'urgente nécessité d'engager le dialogue pour redonner le souffle au peuple qui plaçait tous les espoirs dans l'aboutissement du processus enclenché vers la démocratie.

Cet appel fut un réel stimulant à « l'élan général du peuple vers la démocratie et de se libérer de la peur entretenue sciemment par le régime en place »23(*) pour se maintenir ou conserver le pouvoir en dehors des voies démocratiques. Dans cette perspective, l'Eglise décida de maintenir le cap à travers un discours de vérité et de conscientisation.

* 16 Le MPR, Mouvement Populaire de la Révolution a été créé le 2O mai 1967 par son Fondateur Joseph Désiré MOBUTU SESE SEKO KUKU NGWENDU WA ZA BANGA. Cinq ans après sa prise de pouvoir par un coup de force le 24 novembre 1965 c'est-à-dire, en Octobre 1970 à l'issue de son congrès tenu à Kinshasa, les participants ont décidé de sa sublimation dans les institutions de la République. Une loi constitutionnelle datée du 29 octobre 1970 l'instituait comme la seule institution au pays (cf. Loi n° 74 / 020 du 15 août 1974 portant révision de la constitution du 24 juin 1967 ou la Constitution de Luluabourg). Après cette révision, toutes les autres institutions furent supprimées pour ne devenir que des organes du MPR : Congrès, le Conseil législatif (Parlement), l'Exécutif (le gouvernement). En référence au congrès ordinaire du MPR tenu Kinshasa du 06-11 décembre 1982, l'expression Parti-Etat fut introduit : la mobutisation du pays selon le professeur KAYEMBE NTAMBA [lire Fonctionnement et financement des partis politiques en RD Congo par  TSHILOMBO MUNYENGAYI, Editions du Potentiel n°3985 du Vendredi 30 Mars 2007, Kinshasa, in www.lepotentiel.com

* 17L'emploi du terme vide juridique ici renvoie à un article de la Constitution du Zaïre de l'époque qui disposait que le président fondateur du MPR était de droit président de la République. Et donc, annoncer solennellement son départ du parti-Etat MPR qui cessait de l'être, ipso facto, il cessait également d'être président de la République

* 18Anicet MUNGALA A S, op. cit. , p.37

* 19 Maitre Robert DOSSOU, actuel président de la Cour Constitutionnel du Bénin, est une référence, un modèle et fierté notoire pour son pays et pour l'Afrique. Homme de droit et acteur politique, il fut Bâtonnier de l'ordre des avocats du Bénin, Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Politiques, plusieurs fois Ministre dont celui des affaires étrangères. Vers les années 1980, il fut un des artisans les plus actifs du processus de passage du Marxisme-léninisme à la démocratie. Président du comité préparatoire de la Conférence des Forces Vives de la Nation Béninoise, Maitre Robert DOSSOU a été sous la présidence de Nicéphore Dieudonné SOGLO, (1991-1996), un des animateurs de la vie politique et institutionnelle du Bénin. Il a fait partie également du cercle immédiat du Candidat Thomas BONI YAYI, actuel président de la République du Bénin et reste une des figures marquantes du régime installé en Avril 2006. Il a été désigné par Maitre Abdoulaye WADE, actuel président de la République du Sénégal, président de la commission ad hoc mise en place à la demande de l'Union Africaine sur le dossier judiciaire de l'ancien président du TCHAD, Hussein HABRE, exilé au Sénégal depuis son renversement par coup d'état militaire en 1990.

* 20Anicet MUNGALA A S : Le Consensus politique et la Renaissance de la RDC, Kinshasa, Editions du Cerdaf, 2002, p.35

* 21 Voir Secrétariat Général de la Conférence épiscopale du Zaïre, le processus de démocratisation au Zaïre, Ed. Secrétariat Général CEZ, Kinshasa, 1996, p.5

* 22 Message des Eglises catholiques, orthodoxes, protestantes et kimbanguistes, 08 Août 1991, in le discours sociopolitique de l'Eglise Catholique du Congo (1956 - 1998) ; T1 op. cit, pp. 362-364

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984