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Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

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par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

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B. Le Mémorandum historique du clergé catholique

Répondant à l'appel lancé par le président de la République, le 14 janvier 1990 lors de la traditionnelle présentation des voeux des corps Constitués à Kinshasa, le Comité Permanent des Evêques catholiques a, à l'issue d'une session extraordinaire tenue à Kinshasa du 7 au 9 mars 1990, en vertu de ses qualités et responsabilités pastorales, trouvé opportun d'adresser un Mémorandum au Chef de l'Etat sur le fonctionnement des institutions nationales, ce qui constitue l'une des contributions de l'Eglise catholique au débat public sur la situation générale du pays.

Le Mémorandum des évêques, comme on le nomme, a épinglé parmi les causes de la crise de légitimité : le système politique hybride de gouvernement ( le libéralisme et le totalitarisme), l'institutionnalisation du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR, 1970) et sa transformation en Parti-Etat (MPR parti-Etat, 1974)  basé sur un régime présidentiel où le chef de l'Etat est le premier responsable à la fois des instances dirigeantes du parti et du pouvoir exécutif, la gestion des finances de l'Etat comme une caisse du parti-Etat sans référence à la loi financière contraignante, le lourd endettement intérieur et extérieur.

Bref, la mauvaise gouvernance de la chose publique avec ses corollaires : impunité, corruption, forte tendance à l'inversion de l'échelle des valeurs notamment au niveau des critères de recrutement, d'appréciation et de promotion qui l'emportaient généralement sur la vertu et la compétence. Une autre critique concernait l'une des sources d'inspiration du système politique zaïrois à savoir le principe du recours à l'authenticité prôné par le président MOBUTU en 1972 dans sa fougue contre l'impérialisme occidental. Bien que valable en soi, celui-ci a été mal géré.

De plus, voyant la dégradation continue de la situation , le clergé catholique ne pouvait pas du tout accorder sa bénédiction à un pouvoir politique qui entretenait l'exploitation éhontée du congolais par le congolais, encore que, plus d'une fois dans le passé, il avait élevé la voix pour indiquer aux décideurs les effets pervers de l'absence de capitalisation de la paix sur tous les plans par les différents gouvernements successifs, lesquels ont conduit le pays à partir de 1996 à des situations telles que : la guerre de libération, les rebellions, la guerre d'agression avec des pillages systématiques des ressources naturelles et minières.

Toutes ces guerres ont plongé le pays dans l'insécurité et le chaos surtout avec la présence sur le territoire national des multitudes de milices, des groupes armés incontrôlés ainsi que des armées étrangères. Dès lors, la forte tension qui gagnait les citoyens a permis de comprendre qu'il s'agissait d'une quête de liberté et de démocratie. Face à cette imposante pression sur les dirigeants africains pour le virage démocratique par la remise en cause de leurs systèmes des gouvernements, il est apparu très vite évident que, comme un peu partout ailleurs sur le continent, le régime mobutiste n'avait plus le choix de l'orientation politique à suivre.

Hormis son caractère de dénonciation des antivaleurs jadis qualifiées de fléaux, des pistes de solutions y ont été proposées. Elles ont tourné autour du refus du totalitarisme de l'Etat en faveur du pluralisme politique et de la mise en place des Institutions de la Transition en vue de l'instauration d'un nouvel ordre politique qui mettrait l'homme au centre de tout développement. Le mécanisme approprié, pour ce faire, consistait en l'organisation d'un débat public à l'échelon national, afin que tous les secteurs de la vie nationale soient soumis à une évaluation sans complaisance face à leurs politiques qui ont conduit le pays dans le chaos.

A nos yeux, le discours du 24 Avril 1990 qui annonçait l'ouverture au pluralisme politique pouvait être perçu en termes d'autopsie d'une politique décriée et rejetée par la majorité du peuple. Cette politique était caractérisée par ce qu'on appelait les fléaux congolais qui se traduisaient, entre autres, par le clientélisme, l'amateurisme, la loi du plus fort, méfaits de la politique de monopartisme qu'incarnait le Parti-Etat.

La large diffusion du Mémorandum des évêques catholiques avait fait prendre conscience aux congolais au point que son retentissement inattendu provoqua non pas seulement « l'indignation du chef de l'Etat en tant que premier destinataire »15(*), mais surtout des effets démultiplicateurs après l'entrée en scène des médias. Qui plus est, l'Eglise, à elle toute seule, ne pouvait parvenir à bon port sans l'appui informationnel de la population et des médias pour prolonger et vulgariser son message tant la profondeur du mal était incommensurable.

C'est pourquoi, il importe de connecter spécifiquement à présent l'apport des medias qui ont joué un rôle déterminant dans la lutte pour le changement politique, encore que, la libéralisation politique a ouvert la voie à la libéralisation de la presse. Avant le 24 avril 199O, on connaissait quelques stations privées de Radiodiffusion et de chaînes de Télévision, seulement deux journaux à Kinshasa (Salongo et Elima), un journal à Kisangani (Boyoma), un à Lubumbashi (Mujumbe).

Mais dès l'avènement du processus de Transition, la presse tant écrite qu'audio-visuelle a montré que le nouveau journalisme devenait celui du combat et emboitait le pas au combat de société que mène l'Eglise, ce qui explique l'apparition des titres évocateurs de lutte comme : Le Soleil, L'Observateur, Le Volcan, L'Evénement, La Conscience , Umoja, La Libération, Le Potentiel, Demain le Congo, Le Phare, La Référence Plus, Le Soft, L'Étincelle, La Rafale, Forum des As, L'Ouragan, L'intrus, L'Apostrophe, Le Maximum, La Tempête des Tropiques, La Flèche, La République, La Prospérité, des journaux satiriques et caricaturaux Grognon, Pili-pili, Pot Pourri, etc. qui appelaient la population à prendre conscience, à se libérer du vieil homme peureux vis-à-vis de la gestion dictatoriale, à se mettre ensemble, à travailler à l'unisson pour briser toutes les épreuves qui jonchent le chemin vers le changement radical.

En outre, ces journaux, véritables programmes politiques s'adressaient aussi aux acteurs politiques pour les convertir à la promotion des valeurs morales dans la gouvernance. Tout en décriant la dictature et ses pratiques, les revues missionnaires, Renaitre, Afrique Espoir, Congo Afrique, Documentation et Informations Afriques (DIA) etc. réputées pour des analyses fouillées sur les questions sociales et politiques prêchaient la renaissance du Congo par la conversion des mentalités afin de redonner confiance et espoir. Les Radiodiffusions et Télévisions aussi bien religieuses Elykia(catholique) Radio Maendeleo, Sango Malamu (protestante) Rtk (kimbanguiste) et Rtmv, Rtp, Atv (Églises de Réveil) que privées profanes (Cctv , Rtga , Canal Kin Tv, Horizon33 , Cmb, TropicanaTv, Cebs , Raga Tv, Antenne A) et bien d'autres encore ont contribué à offrir de nouvelles tribunes d'expression, de participation citoyenne et politique , de conscientisation et de recherche de la paix.

En réponse, il n'est pas risqué d'affirmer que la réaction du pouvoir dictatorial était suivie des vicissitudes au processus de changement dont les avancées obtenues et les perspectives envisagées pour la sortie de crise furent sabotées.

* 15 Ce texte fut publié cinq jours plus tard in Jeune Afrique, édition n°1527 du 09 avril 1990, p.20-25, et il fut établi que la fuite avait eu lieu au niveau des services de l'Etat et non pas au niveau de la Nonciature apostolique ou au siège de la Conférence épiscopale (cf. Léon De Saint Moulin, OEuvres complètes du Cardinal MALULA, Kinshasa, 1997, No 6, p.330 cité par De SAINT MOULIN (L) & GAISE N'GANZI(R). : le discours sociopolitique de l'Eglise Catholique du Congo (1956 - 1998) ; T1 : Textes de la conférence épiscopale, Editions des Facultés catholiques de Kinshasa, Kinshasa, 1998, p.335

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