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Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

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par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

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CHAPITRE 1: LA PARTICIPATION DE L'EGLISE À L'ACCOMPAGNEMENT DU PROCESSUS DE DÉMOCRATISATION

Autant les années 1960 ont été celles des indépendances africaines, autant la décennie 1990 a été celle de l'ouverture au pluralisme politique. Presque partout en Afrique, la démocratisation a consisté à quitter l'assujettissement du parti unique pour rentrer dans la conformité d'une pluralité réelle des partis politiques qui introduit le principe de l'alternance au pouvoir.

C'est pourquoi, il convient de situer la participation de l'Eglise dans le débat démocratique qui constitue à la fois un cadre d'expression de la liberté des personnes et offre à l'Eglise la possibilité de participer aux débats et aux décisions de société. Evoquer notamment sa participation à l'accompagnement dudit processus revient à parler des actions et enseignements pastoraux (Sect.1), et à se référer, à une présence rayonnante et émergente (Sect.2).

Section 1. Les actions et enseignements pastoraux

Le contexte sociopolitique de l'heure a suscité un engouement dans le chef des populations qui souhaitaient tourner la page de la dictature mobutiste. Face à cette aspiration au changement, il devenait plausible que le vent de démocratisation qui soufflait aussi sur l'Afrique noire francophone ne pouvait laisser indifférente l'Eglise.

Ainsi, dans le souci de communier avec le peuple de Dieu en RD Congo, l'Eglise est sortie du temple pour porter et servir de courroie de transmission des revendications populaires dans le but d'infléchir le pouvoir resté insensible devant le spectacle des congolaises et congolais meurtris et lassés des diverses crises (politique, économique socioculturelle, morale, et même spirituelle), bref de la crise des valeurs.

Par le biais des actions et enseignements pastoraux, qui sont des messages d'interpellation et d'espérance aux peuples et aux dirigeants, cette sortie du temple de l'Eglise se perçoit comme un rôle d'avant-garde (§1), malgré les vicissitudes que comporte tout processus de changement (§2).

Paragraphe 1. Un rôle d'avant-garde

Au lendemain des bouleversements politiques provoqués par la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 qui ont atteint l'Afrique subsaharienne dont la RD Congo, le peuple a cru à l'action de l'Eglise tout en saluant l'engagement pastoral de servir la Nation comme un rôle d'avant-garde. De plus, en tant que vecteur démocratique, ce rôle s'est davantage manifesté à l'occasion de deux importants événements qui sont venus faire avancer l'ouverture des réformes profondes. Il s'agit de la transition démocratique, un contexte favorable au changement (A) et le Mémorandum historique des évêques catholiques qui demeure un instrument déterminant (B).

A. La Transition démocratique, un contexte favorable

La chute du Mur de Berlin le 9 Novembre 1989 et les bouleversements politiques importants qui en résultaient dans le monde entier ont donné un nouveau souffle aux transformations des institutions politiques et socioéconomiques en Afrique. Dans cette quête en vue notamment d'affronter les défis de la misère sociale des peuples, il est intéressant de souligner le concours très remarquable que le clergé africain a apporté aux processus de démocratisation en Afrique. Son entrée en scène a sans conteste modifié les rapports de force en présence.

Né des aspirations générales des peuples à transformer les règles de fonctionnement de l'Etat, ce vent de démocratisation en RD Congo a conduit les forces vives de la Nation, dont l'Eglise, à donner de la voie dans le débat démocratique. En effet, à l'initiative du Maréchal-président MOBUTU, le processus de démocratisation était engagé pour répondre surtout au nouveau contexte de transition politique qui soufflait sur l'Afrique dont nous pouvons dégager les fondements et analyser les mécanismes de ses actions.

Au plan politique, il était question d'apporter des réponses adéquates à la situation de crise que reflétait le mécontentement grandissant du peuple contre le pouvoir dont la léthargie s'observait dans le fonctionnement de l'Etat. Il a fallu que l'Eglise s'implique réellement dans le débat sur le fonctionnement et la conduite régulière de la chose publique pour devenir une pièce sociale maitresse dans le processus de changement, encore que, ses messages obéissent au principe d'inculturation. Forte de l'autorité morale influente qu'elle exerce sur les détenteurs du pouvoir, l'Eglise par son intervention a occupé davantage l'espace comme acteur privilégiée pour aborder la question concernant la condition humaine (matérielle, politique) parce que celle-ci influe sur la spiritualité des individus, sa principale cible pastorale.

Par effet d'amplification, l'on peut à ce niveau çi, faire référence à tous les Magistères que l'Eglise catholique a élaborés, notamment à la suite du Marxisme et des théories libérales consécutives à la révolution industrielle et à la laïcisation de la société occidentale (encycliques, etc.). Cependant, il convient de s'interroger sur les stratégies utilisées et les facteurs ayant concouru à leur influence en vue de dégager les mécanismes par lesquels l'Eglise s`est illustrée face aux mutations sociopolitiques.

Comme annoncé ci-haut, au lendemain du mouvement de démocratisation enclenché depuis les réformes initiées en URSS par le président Michael GORBATCHEV et les effets induits qui progressivement, emportaient les systèmes totalitaires de l'Europe de l'Est, l'exigence du peuple en ex-Zaïre (RD Congo) était que le Maréchal-président MOBUTU engage lui aussi un dialogue avec l'opposition pour éviter, par contagion, à la Nation les tragiques événements d'ailleurs.

C'est de là qu'il prit la décision d'annoncer, le 14 janvier 1990, son initiative d'engager des consultations nationales à travers le pays, car, il était conscient de courir des risques en observant le mimétisme pluraliste pointé sur l'Afrique. Mais, en réalité, le `'Guide'' voulait seulement contenir et devancer le mouvement de désobéissance civile dans le pays. Cela transparaissait dans ses propos devant le corps diplomatique le même jour, lorsqu'il insistait sur « la nécessité d'une libéralisation politique par la vertu de la palabre directe qui prend en compte les réalités africaines et non importées de l'extérieur »12(*).

S'agissant de ce choix contraignant mais décisif pour le Maréchal-président, un débat public a été engagé à travers la vaste campagne dite Consultations populaires du 29 janvier au 29 mars 1990. Selon le Professeur MWAYILA TSHIYEMBE, ces consultations populaires ont eu le mérite de permettre au Chef de l'Etat et à sa délégation de recueillir « les avis de toutes les couches socioprofessionnelles, à tous les échelons, et ce, dans tous les secteurs sur le fonctionnement du Parti-Etat »13(*). Dans ce sens, 6.128 mémorandums (dont 128 venus de la diaspora) qui ont été adressés de toutes parts réclamaient la fin du système politique de la IIème République et l'instauration d'un système démocratique pluraliste.

Dans leur grande majorité, les populations ont exprimé leurs aspirations à la liberté et exigé l'ouverture démocratique à travers une réforme complète du système de gestion gouvernementale et de fonctionnement de l'Etat. Du reste, presque tous les analystes politiques s'accordent, avec la tendance majoritaire du peuple, à reconnaître que la contribution majeure de l'Eglise catholique, par son leadership, par la pertinence et la qualité de son mémorandum adressé au chef de l'Etat a sans doute été l'élément détonateur ayant mûri la position du Marchal-président à lâcher du leste.

C'est le cas de Vincent KAMBERE qui affirme : « publié à une période particulièrement difficile de l'histoire de notre pays, ce document de la Conférence Episcopale a été pour les consciences chrétiennes une sorte de phare qui éclaire l'histoire de nos sociétés lacérées par les misères de toutes sortes et une réelle interpellation pour les détenteurs du pouvoir »14(*). Cet écrit qui encourage les autres forces vives à ouvrir davantage l'oeil et le bon, sert de balise dans la poursuite de la transformation sociale recherchée en RD Congo, mérite d'être analysé.

* 12Propos tenus lors de l'échange des voeux de Nouvel an avec les corps diplomatique, Lire Anicet MUNGALA A.S : Le Consensus politique et la renaissance de la RDC, Kinshasa, Editions du Cerdaf, 2002, p.35

* 13 MWAYILA TSHIYEMBE, le Zaïre et la Troisième République, réflexions sur le projet constitutionnel adopté par la Conférence Nationale Souveraine, Directeur de l'Institut Panafricain de Géopolitique de Nancy, http://www.congonline.com/ConstEtudes.html

* 14Vincent KAMBERE KAGHANIRYO, Le memorandum des évêques zairois au Chef de l'Etat, plaidoirie en faveur du peuple sacrifié, Séminaire de theologie dogmatique sous la direction du professeur Abbé SANTEDI, Facultés Catholiques de Kinshasa, 2003-2004, p.11

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle