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Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

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par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

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PREMIÈRE PARTIE : LA PROBLEMATIQUE DE L'INTERVENTION DE L'EGLISE DANS LE TEMPOREL EN RD CONGO DE 1990 À 1997

Avant toute chose, il convient d'évoquer par une analyse générale, la problématique de l'intervention de l'Eglise dans le temporel en situant l'origine de notre réflexion dans le double contexte historique mondial et continental du bipolarisme incarné par la guerre froide.

Partant du principe évangélique qui dit `'Rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui à Dieu'', principe de responsabilité et de responsabilisation, il me parait loyal de formuler l'interrogation suivante : `'l'Eglise, en général, et celle de la RD Congo en particulier, a-t-elle la légitimité d'intervenir dans les affaires temporelles ? Comment expliquer qu'à travers l'histoire, l'Eglise se soit impliquée dans les problèmes d'ordre temporel`'?

En effet, s'il est vrai que cette loi divine établit le rôle que chacune des parties en présence est appelée à jouer, il est également vrai que l'Eglise tire son fondement du lien intrinsèque qui existe dans l'engagement de la religion en faveur des libertés, plus précisément de la démocratie. De plus, plusieurs auteurs se sont efforcés à démontrer la pertinence de ce fait à travers des analyses que le professeur AIVO a qualifiées de « relation fusionnelle entre les croyances chrétiennes et le principe même de la démocratie »9(*).

C'est le cas, d'un coté, de Léo MOULIN qui a rapporté que, dans l'histoire et la vie de l'Eglise, elle a été pendant des lustres « la seule institution où le principe de l'élection par les gouvernés se soit maintenu : le clergé et les peuples choisissent librement, tout au moins en principe leurs évêques »10(*), de l'autre, de Georges BURDEAU qui a mis en exergue le lien entre l'action catholique et le recentrage du peuple à l'origine de l'aménagement du pouvoir politique contemporain.

Dès lors, l'on considère cette époque comme l'origine de la culture démocratique qui fonde l'intervention de l'Eglise dans la troisième vague démocratique consistant en la « pédagogie de libération fondant la lutte contre les régimes totalitaires au lendemain du Concile Vatican II »11(*).

Cependant, dans son application, il est apparu des controverses suscitées par cette pédagogie de libération venue de l'Amérique latine exprimée en termes de résistance de l'Eglise face aux dictatures militaires. En Afrique, l'engagement de l'Eglise s'est manifesté également dans ce qui a été qualifié des Etats véritables vampires pour la liberté et la dignité de la personne humaine. Mais, il a fallu attendre que le monde soit marqué à la fin des années 1980 pour que l'Afrique noire francophone bascule dans le cycle des mutations politiques et idéologiques.

Pour l'Eglise catholique de la RD Congo, le Concile Vatican II reste un tournant décisif. En effet, à l'instar des pressions tous azimuts au niveau international, l'Afrique en marche vers le pluralisme politique, à partir de 1990, a connu la contestation des pouvoirs dictatoriaux par l'Eglise, dans la plupart des cas, à travers la conjonction d'initiatives croisées de la plus haute hiérarchie des confessions religieuses et de leurs représentations locales, et des mouvements associatifs, syndicaux, des médias, de sensibilités politiques chrétiennes et d'autres, acquises au changement.

En RD Congo, devant la gravité de la crise multiforme et généralisée, les institutions officielles avaient perdu toute crédibilité : l'urgence avait fini par imposer la nécessité de repenser la restructuration et le fonctionnement du pays, car, le peuple ne se reconnaissait plus dans le mode de gestion qu'incarnait, en premier, le chef de l'Etat à travers le verrouillage de tous les pouvoirs qui, du reste, devenaient inopérants, contreproductifs et contre-indiqués. C`était le cas du temps du marxisme-léninisme au Congo-Brazzaville, au Bénin et de l'idéologie de l'authenticité au Zaïre (RD Congo), transportée par ailleurs au Togo, etc.

Devant cette impérieuse exigence, l'Eglise congolaise refusa d'être cantonnée à son rôle spirituel parce qu'elle est consciente que les valeurs qui façonnent la société et modulent les comportements humains s'opèrent de plus en plus en dehors de l'Eglise.

Soulignons que cette analyse a capté au degré similaire quelques princes de l'Eglise comme le vénérable Mgr Isidore DE SOUZA du Benin qui a légué à l'Afrique et au monde un message chrétien relatif à la politique. C'est une grande leçon qui disait en substance que l'on peut faire la politique, mais sans se laisser inféoder par elle. De plus, les chrétiens qui se laissent emporter par elle, oublient tout simplement le discours libérateur de Jésus-Christ, susceptible de favoriser une mutation constructive.

Par conséquent, bien que cela soit un devoir contraignant pour l'Eglise, se mouvoir dans le temporel devenait une nécessité en tant que veilleur et éveilleur des consciences.

Voilà pourquoi, l'Eglise s'est illustrée, d'une part, par sa participation à l'accompagnement du processus de démocratisation (chap.1), d'autre part, de manière active au sein des institutions de transition (chap.2).

* 9 AIVO (F.J), Le président de la République en Afrique noire francophone, Paris, l'harmattan, 2007, p.354

* 10 D'ailleurs, en remontant à l'antiquité, il est attesté que cet engagement pour le triomphe de la liberté se fonde sur des théories religieuses antérieures ainsi que sur de nombreux travaux scientifiques. Sans équivoque sur la vocation démocratique de l'Eglise catholique, Léo MARTIN soutient que la démocratisation de l'Europe, inscrite dans la première vague de Samuel HUNTINGTON, a été au moins indirectement influencée par le legs démocratique de l'Eglise

* 11 Le Concile Vatican II fut un tournant majeur dans l'engagement de l'Eglise contre les dictatures de tout poil. Officiellement, la haute hiérarchie de l'Eglise catholique s'était engagée à soutenir la détermination de l'ensemble des clergés africains dans les pays sous le joug des dictatures ostentatoires. En légitimant cette lutte des Eglises locales, ce fut une nouvelle orientation de la doctrine catholique.

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