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La problématique de la gouvernance locale dans la région de l'est-Cameroun: une analyse de la perception du maire par les populations de la ville de Bertoua

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par Bertille Arlette JIOKENG NDOUNTIO
Universite Catholique d'Afrique Centrale - Master en Gouvernance et Politiques publiques 2010
  

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Paragraphe 2. Du capital sympathie à la mobilisation des forces locales

Sentiment d'appréciation partagé par les membres d'une communauté donnée qui résulte des efforts soutenus et à long terme pour bâtir et entretenir des relations de confiance avec ses publics internes et externes, le capital sympathie est un concept propre a la science du marketing. Cette démarche moderne s'appuie notamment sur un packaging qui joue la carte de la marque qui se veut très proche des clients pour se faire connaitre et se construire. Ce sentiment d'appréciation, voire de complicité, peut aider une organisation à mieux manoeuvrer face à ses concurrents et à traverser des périodes difficiles et même des crises. Rendue à notre étude, la notion de capital sympathie du maire sera apparentée à l'opinion de la population vis-à-vis de ce dernier et qui nécessite pour lui de tisser des liens avec les « administrés », garantir une présence rassurante, conviviale et veiller à la préservation et à la promotion de son image pour permettre une adhésion des populations a ses décisions.

En évoquant, justement, la question de l'image de l'élu local, Alain FAURE affirme que : « le bilan sur l'évolution des travaux de recherche concernant les élus locaux montre que la rupture avec la connaissance spontanée permet sans doute, plus que par le passé, une mise à distance avec certains poncifs sociopolitiques sur la personnalisation du pouvoir, la politique politicienne, la corruption clientéliste et les querelles clochemerlesques.71(*)». Ce qui permet de comprendre qu'au delà de son statut d' « homme d'Etat » et de sa posture publique, le maire, élu local, est également un homme qui doit manager son image et les clichés qui y sont attachés.

En effet, Alain FAURE souligne ainsi la nécessité de considérer de façon véritable la catégorie analytique que peuvent représenter les maires dans la dynamique de la gouvernance territoriale. Cela découle effectivement du constat selon lequel « on s'aperçoit (...) que les élus locaux ne sont pas étudiés en tant que catégorie d'analyse mais parce qu'ils constituent des terrains féconds pour renouveler les travaux sur l'agencement des trois « i » (les institutions, les idées, les intérêts) et de bien d'autres encore (les idéologies, les identités, les instruments...)»72(*). Dans le même ordre d'idées, un questionnement survient sur l'opportunité de s'intéresser de façon spécifique à l'élite locale dans la décentralisation. C'est sans doute ce qui pousse Alain FAURE à s'interroger en ces termes :

La décentralisation entraîne-t-elle, en profondeur, une modi?cation des registres d'action publique et concourt-elle à ce que certaines élites des grandes collectivités locales imposent progressivement une représentation spéci?que des problèmes collectifs et de leur traitement public ? Peut-on identi?er des systèmes d'acteurs métropolitains ou régionaux qui codi?ent le triangle entre la con?ance politique, le lien social et l'efficacité publique ?73(*)

Pour que la population adhère donc véritablement aux initiatives du maire, il doit être à même de créer une dynamique de développement local. Pour ce faire, il doit savoir interagir tant avec les instances supérieures de l'État et les organisations internationales de développement qu'avec les populations elles-mêmes. Il est attendu de lui qu'il soit véritablement un « courtier local en développement » au sens de Jean Pierre OLIVIER DE SARDAN74(*). Il importe donc que le maire soit une personne capable de rassembler et de mettre en oeuvre toutes les forces de la cité qui sont à sa disposition. Il doit de ce fait mobiliser les autres acteurs pour, avec eux, impulser une véritable dynamique de développement. L'on comprend dès lors pourquoi Jean-Baptiste LEGAVRE affirmait que :

Pour autant, ces maires, portant le même titre, disposant des mêmes pouvoirs et appartenant à l'univers distinctif des représentants de l'univers politique, exercent ce qu'il convient d'appeler un « métier » dont toutes les facettes ne sont pas identiques mais qui implique un socle commun. Appris « sur le tas », unissant des savoirs et savoir-faire divers et difficilement formalisables, sortes de « bricolages » qui dépassent les clivages apparents, ce métier a un fondement essentiel : la capacité à gérer chaque jour des publics très hétérogènes, des militants aux chefs d'entreprise, des membres des associations aux responsables des écoles, des électeurs aux étrangers, de sa propre majorité politique à son opposition, de son personnel communal aux représentants de l'Etat, etc.75(*)

La mobilisation des forces locales par le maire n'est pas un luxe mais se pose comme une nécessité car elle emporte avec elle de nombreuses conséquences plus importantes les unes que les autres. En effet, responsabiliser l'usager, c'est assurer une régulation contractuelle de la relation à celui-ci et développer une relation participative fondée sur une citoyenneté pragmatique. Les responsables locaux participent ainsi à la mise en oeuvre d'une citoyenneté territorialisée appelée à prendre le relais de la citoyenneté sociale et professionnelle émanant du projet d'intégration universaliste porté par l'État-Providence76(*).

On note, au passage, que la participation pragmatique de l'usager se nourrit de son appartenance à un territoire et à une microsociété. On voit ainsi se dessiner une citoyenneté concrète, reposant sur la capacité d'engagement subjectif dans la construction du lien social. Cette expression citoyenne s'écarte de la vision classique, fondant la citoyenneté sur la capacité de l'individu à s'affranchir de sa dimension privée. Selon cette conception de la citoyenneté, « l'individu est invité à oublier ce qu'il est et d'où il vient pour pouvoir accomplir sa condition humaine de citoyen77(*). »

Par ailleurs, lors d'un entretien avec un maire de la ville de Bertoua, il est apparu qu'au delà des préjugés, le maire semble avoir conscience de tous les enjeux et challenges que pose la fonction de maire au sein d'une collectivité. Le souci de satisfaire la population semble à cet effet marquer les grandes lignes de sa politique. Cependant, les populations ne semblent pas voir les efforts fournis par le maire à Bertoua pour les satisfaire.

* 71 A. FAURE, « Les élus locaux changent-ils la politique ? Méthode, controverses, énigmes », disponible sur http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/38/56/83/PDF/EElulocalAF.pdf, consulté le 22 mars 2010, à 13h.

* 72 Ibid.

* 73 Ibid.

* 74 J.-P. OLIVIER DE SARDAN, disponible sur http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2002_num_43_172_1670_t1_0945_0000_2, consulté le 11 mai 2010, à 18h.

* 75 J. B. LEGAVRE, « Des maires en représentation », in Projet, 2001/1, N° 265, pp. 43-51.

* 76 B. JOBERT, B .THERET, (sous la direction de), Le tournant néo-libéral en Europe, L'Harmattan, Paris, 1994, cité par Virginie WAECHTER-LARRONDO, « Quel modèle de relation entre l'organisation municipale et l'usager-citoyen depuis la décentralisation ? », in Flux 2/2002, N° 48-49, pp. 7-19.

* 77 V. BRIANT, Y. PALAU, La médiation. Définition, pratiques et perspectives, Paris, Nathan, 1999, p. 108.

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