WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Philosophie et religion chez Hegel

( Télécharger le fichier original )
par Cyrille Tenejou
Grand Seinaire Saint Augustin de Maroua - Fin de cycle de philosphie 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.2. La hiérarchie entre les religions

Jusqu'ici, nous n'avons parlé que de la religion en général. Pourtant, il n'existe que des religions particulières, ayant chacune ses caractéristiques propres. Face à cette pluralité et cette diversité des religions, on peut se poser un certain nombre de questions. Les religions ont-elles des rapports les unes avec les autres ? Y a-t-il une religion supérieure qui domine les autres et appelée à les supplanter ? Si oui, selon quel critère doit-on les hiérarchiser ? HEGEL examine ces problèmes et explique comment la religion s'est développée au cours du temps à partir de la forme la moins parfaite jusqu'à la plus parfaite. Cette succession des religions forme ainsi une hiérarchie au sommet de laquelle se trouve la religion qui tient Dieu pour Absolu, qui détermine le concept même de la religion.

II.2.1. La religion naturelle

La religion naturelle, ou plus exactement la « religion de la nature », selon l'expression employée par HEGEL, est la première forme dans la succession des religions. Elle existe depuis les temps anciens et se retrouve en de nombreux lieux, partout sur la planète. Le sens que notre auteur lui donne est différent de celui des autres philosophes du XVIIIe siècle tels qu'Emmanuel KANT ou VOLTAIRE dont nous avons déjà exposé les points de vue.

Dans ce type de religion, l'être religieux, en quête de l'Absolu, n'ayant pas encore pris conscience de ce qui l'oppose à la nature, continue à s'identifier à elle. Première étape de l'évolution spirituelle, elle constitue la religion la moins parfaite et il serait insensé de considérer les étapes ultérieures comme de simples déformations de cette religion initiale, soi-disant toute pure comme le prétendait VOLTAIRE67(*).

On pourrait rapprocher la conception hégélienne de la religion naturelle de celle de l'animisme d'Edward Brunett TYLOR. En effet, dans de nombreuses cultures, l'âme ne se rattache pas uniquement à l'être humain mais également à une diversité d'éléments naturels. Elle est en outre supposée posséder des pouvoirs importants ayant une influence directe sur la vie quotidienne des hommes. Les croyances rattachées à cette conception de l'âme sont les croyances animistes. Elles vont souvent de pair avec un grand respect de la nature, car au sein de l'animisme, toutes les formes de vie mais aussi les lieux (rivières, sources, monts...) et les phénomènes atmosphériques sont supposés être habités par une âme et donc dotés de pouvoirs variés.

La manière dont l'animisme s'exprime varie selon les territoires ; chaque peuple ayant ses propres croyances. Selon les lieux, l'âme ne réside pas dans les mêmes sortes de personnes ou d'objets et la croyance dans les âmes ou les esprits peut s'accompagner d'autres croyances, comme la vénération d'un Être suprême. Néanmoins, le culte des ancêtres demeure un point commun, essentiel à un grand nombre de ces variantes de l'animisme. Pour s'attirer les faveurs ou calmer la colère des esprits des défunts qui sont particulièrement craints, on pratique un certain nombre de rites, de sacrifices, d'incantations ou d'offrandes. Les croyants tentent également d'entrer en contact avec les âmes des morts afin d'obtenir toutes sortes de bénéfices (guérison, pluie, fertilité...) mais aussi des conseils ou des présages. Le dialogue avec les esprits des ancêtres s'établit par l'intermédiaire d'un sorcier ou d'un chaman qui saisit -le plus souvent par la divination ou la transe- les messages envoyés depuis ce monde parallèle qui, pour les croyants, a la même matérialité que le monde terrestre. La pratique de l'animisme met souvent en oeuvre des objets auxquels est conférée une dimension sacrée tels les totems, les fétiches ou les amulettes68(*).

Pour illustrer la conception hégélienne de la religion naturelle, Raymond VANCOURT prend l'exemple de l'hindouisme. En effet, les Hindous confondent l'Absolu avec les éléments dont sont faits l'univers et l'âme humaine. Ils admettent qu'on peut s'approcher de lui par des voies diverses, d'égale valeur.

« L'hindouisme a conçu ainsi le rapport qui nous unit à Dieu parce qu'il ne s'est pas élevé à une prise de conscience suffisante et subjectivité personnelle, libre. Certes, tout en présentant Dieu comme indéterminé de l'univers, le Brahmanisme professe également des doctrines théistes et polythéistes ; mais les divinités qu'il admet, ne sont, si on en croit encore Hegel, que des « personnifications » de l'Absolu, inférieures à Lui, produits de l'imagination plus que de la pensée, substance indéterminée devant laquelle l'homme doit s'annihiler »69(*).

Parlant également des religions traditionnelles africaines, HEGEL montre à quoi se réduit la conscience religieuse chez les peuples africains. Il affirme que

« L'Africain se rend compte qu'elles [les forces naturelles] le dominent, mais pour lui ce sont des forces dont l'homme peut, d'une manière ou d'une autre, se rendre maître. Il domine ces puissances naturelles. Il ne faut pas penser ici à une adoration de Dieu ni à la reconnaissance d'un esprit universel opposé à celui de l'individu. L'homme ne connaît que lui-même, et lui-même comme opposé à la nature : c'est à cela que se réduit la rationalité chez ces peuples. Ils reconnaissent la force de la nature et cherchent à la dominer. C'est ainsi qu'ils croient que l'homme ne meurt jamais naturellement, mais que c'est la volonté d'un ennemi qui le tue par un pouvoir magique ; pour empêcher cela, comme contre toute force naturelle, ils se servent à leur tour de la magie »70(*).

En général, si HEGEL refuse d'admettre que la religion naturelle est le fondement de toutes les religions, c'est parce que cette dernière n'arrive pas à établir la distinction entre l'homme et la nature, entre ce qui distingue l'homme de l'animal, c'est-à-dire la rationalité.

La religion traditionnelle -terme utilisé pour designer l'animisme ou la religion naturelle- constitue encore de nos jours une forme de croyance très répandue à la surface du globe, en particulier en Océanie, en Papouasie-Nouvelle Guinée, en Birmanie, en Chine, sur le continent africain, mais aussi chez de nombreux peuples originaires d'Amérique du Nord et du Sud.

* 67 Cf. R. VANCOURT, op. cit., p. 115.

* 68 Pour ce développement sur l'animisme, nous nous sommes inspirés d'E. B. TYLOR, op. cit., pp. 1-20.

* 69 R. VANCOURT, op. cit., pp. 29-30.

* 70 G. W. F. HEGEL, La raison dans l'histoire. Introduction à la philosophie de l'histoire, trad. par K. PAPAIOANNOU, Montréal, Collège Saint-Jean-Vianney, 1965, p. 254.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984