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Philosophie et religion chez Hegel

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par Cyrille Tenejou
Grand Seinaire Saint Augustin de Maroua - Fin de cycle de philosphie 2009
  

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II.1.2. Le fondement universel des religions

Si HEGEL définit la religion comme la prise de conscience par l'esprit de sa propre essence, ce qui constitue le fondement des religions chez lui, c'est l'élévation spontanée de l'homme vers Dieu et cette élévation s'enracine dans ce qui distingue l'homme de l'animal, c'est-à-dire la pensée. HEGEL lui-même l'affirme :

« L'on peut dire que nous, qui sommes différents de la nature extérieure, devons observer notre élévation religieuse au-dessus de nous-mêmes en dehors de notre rapport fini d'après lequel nous sommes tout autre chose. Dans la plénitude religieuse, nous sommes plus séparés, nous devons former pour nous-mêmes le contenu, Dieu. L'observation serait connaître, appréhender ; mais ce mode d'élévation est exclu de l'attitude religieuse empirique puisque nous ne prenons qu'immédiatement cette position du recueillement, de l'attitude qui est sans rapport et que nous devons renoncer à tout raisonnement et ne rien connaître de Dieu. Notre position pourrait donc être l'élévation religieuse »57(*).

Nous pouvons facilement comprendre la structure et le rôle de cette saisie immédiate ou révélation intérieure de Dieu dans l'esprit de l'homme dont HEGEL dit qu'elle est le « fondement universel des religions ». Il s'agit d'un mouvement de la pensée, d'une sorte de raisonnement implicite dans lequel notre auteur réintègre tout ce que l'élévation de l'individu à Dieu renferme : l'intuition, le sentiment et l'imagination.

En considérant l'élévation religieuse comme un processus nécessaire et universel de la raison, HEGEL prenait ses distances par rapport à l'immédiateté subjective de la conscience religieuse telles que la concevaient JACOBI et SCHLEIRMARCHER. En même temps, il laissait entrevoir le rôle qu'il faut attribuer à cette ascension naturelle de l'homme vers l'Absolu. C'est ainsi que Raymond VANCOURT commente cette considération en relevant l'importance que HEGEL lui accorde puisqu'elle est, selon lui, indispensable pour toutes les religions :

« L'élévation spontanée à Dieu apparaît à Hegel comme la condition logique transcendantale, sans laquelle les religions seraient impossibles, parce que ne signifiant rien pour nous [...]. Mais il souligne aussi, avec autant d'insistance, que la dite élévation n'en demeure pas moins le fondement dont aucune religion ne peut se passer, car elle demeure un élément essentiel inhérent à la structure même de la pensée religieuse »58(*).

Remarquons que l'analyse du fondement des religions chez HEGEL nous laisse dans le doute. On pourrait se poser une question : d'où vient la pluralité des religions puisque l'élévation religieuse est universelle de par sa rationalité ? La réponse que HEGEL donne à cette question n'est pas moins pertinente. Il justifie la pluralité des religions par le fait que les religions ne sont point nées accidentellement. Leur ordre de succession dans l'histoire n'est pas non plus quelque chose qui s'est réalisé au hasard. La succession s'est accomplie suivant un ordre rationnel hiérarchisé qui pouvait être autrement et qu'il est possible de découvrir. En dépit des apparences dont on peut se passer, HEGEL reconnaît qu'une raison divine a présidé à l'éclosion des religions suivant un plan nécessaire. Cette analogie le prouve bien :

« On peut assimiler la religion au point de départ, à un germe qui doit se développer ; elle contient en soi, d'une manière virtuelle, tous les degrés de la future croissance et chacun de ces degrés, au moment où l'esprit y accède, se traduit en un type de religion déterminé. En d'autres termes, les différentes formes de religion sont des moments de la religion en général ; à travers elles, la religion apparaît dans le temps »59(*).

Par cette lecture des faits sur le sens de la pluralité des religions, notre auteur s'écarte une fois de plus du point de vue de SCHLEIRMACHER. En effet, pour ce dernier, la pluralité des religions est fondée dans l'essence même de la religion ; il y a en elle un principe qui la pousse à s'individualiser, car sans cela, elle ne pourrait ni être, ni être perçue.

HEGEL s'oppose plus nettement à VOLTAIRE pour qui la pluralité des religions provient des dégradations que l'humanité, sous l'influence des passions, des intérêts, aurait fait subir à une religion naturelle primitive présentée comme étant l'empreinte de perfection idéale. HEGEL ne partage pas cet avis. Il accepte, certes, de parler de religion naturelle, mais il emploie l'expression dans un sens qui s'écarte de la pensée de VOLTAIRE. II rejoint la pensée de David HUME qui faisait remarquer qu'il est impossible d'établir, par l'étude du passé, l'existence d'une religion répondant à l'idéal de VOLTAIRE. L'homme a dû commencer sa vie spirituelle, comme sa vie matérielle, sous les formes marquées de simplicité. HEGEL reprend la même chose, mais dans un contexte un peu différent de celui de David HUME. Il souligne la valeur positive de la religion primitive et de manière générale de toutes celles qu'a connues l'humanité60(*).

Nous pouvons retenir que, chez notre auteur, la religion se fonde sur l'élévation naturelle de l'homme vers Dieu et que la pluralité des religions s'explique par un ordre rationnel selon lequel les religions se succèdent. Quel serait alors le degré de rationalité religieuse par rapport à la philosophie ?

* 57 G. W. F. HEGEL, Leçons sur la philosophie de la religion, op. cit., pp. 76-77.

* 58 R. VANCOURT, op. cit., pp. 60-61.

* 59 Ibidem, p. 115.

* 60 Pour ce paragraphe et celles qui précèdent, nous nous sommes inspirés de R. VANCOURT, op. cit., pp. 114-118.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo