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Conditions de vie et connaissances du VIH/SIDA dans le groupe d'à¢ges 20-34 ans en milieu rural ivoirien selon l'EIS-CI 2005

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par Kouamé Aly Serge KOUASSI
ENSEA - Ingénieur des Travaux Statistiques 2008
  

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INTRODUCTION GENERALE

e 14 octobre 2002 à l'université de Zhejiang (C hine), Kofi A. Annan, alors Secrétaire Général de l'ONU, disait « Les jeunes sont la clé du combat contre le SIDA. En leur offrant l'appui dont ils ont besoin, nous pouvons leur donner

les moyens de se protéger du virus. En leur fournissant des informations honnêtes et directes, nous pouvons abattre le mur de silence qui entoure toute la société. En créant des campagnes e f- ficaces d'éducation et de prévention, nous pouvons transformer l'enthousiasme, la force et les rêves d'avenir des jeunes en outils efficaces pour combattre l'épidémie ». Ainsi l'environnement (économique, sociale...) et les connaissances des jeunes en matière de VIH/SIDA constituent la clef de voûte de l'endiguement de cette pandémie. La Côte d'Ivoire n'est pas en marge de cette réalité du siècle.

Forte d'une population jeune, la Côte d'Ivoire est le pays, de l'Afrique de l'ouest, le plus touché par le VIH/S IDA. Les jeunes de 20 à 34 ans (souvent appelé jeune adulte) ne sont pas épargnés. Par exemple 1, à Abidjan, le VIH/SIDA constitue la première cause de mortalité chez les hommes de cette couche et la deuxième cause de mortalité chez les femmes du même groupe. Une plé- thore de facteurs sont à l'oeuvre, pour expliquer cette propagation généralisée qui vont du déficit d'information, d'éducation et de services et des risques que prennent ces personnes relativement défavorisées pour survivre aux conditions de vie et aux contextes socio-économiques dans les- quels évolue ce groupe. Ainsi, les conditions de vie jouent pour beaucoup dans la perception et la progression de l'épidémie. Or, le niveau de connaissance qu'une population a d'une maladie in- fluence bien souvent son attitude et son comportement vis-à-vis de cette maladie. C'est dans cette perspective que la Direction Générale de la Population et du Renforcement des Capacités (DGRPC), du Ministère d'Etat, Ministère du P lan et du Développement, a jugé utile de connaître l'influence des conditions de vie sur les connaissa nces du VIH/S IDA chez les jeunes de 20 à 34 ans en milieu rural ivoirien. Le but étant de mieux cibler et renforcer les programmes en matière de santé reproductive et de lutte contre les IS T/VIH/SIDA, spécifiquement dans cette couche de la population et d'anticiper les actes à accomplir pour une participation active des jeunes au pro-

cessus de développement du pays.

1 Cours de H. Brou, ITS2 2008, « l utte contre l e SI DA »

Quel est le rapport entre l'environnement socio-économique dans lequel vivent les jeunes ruraux ivoiriens de 20 à 34 ans et leurs conna issances en matière de VIH/SIDA ? Voici la préoccupation majeure que notre étude cernera sous la bannière de : Conditions de vie et connaissances du VIH/SIDA chez les jeunes de 20-34 ans en milieu rural ivoirien . Aussi articulerons-nous notre recherche autour de quatre chapitres regroupés en deux grandes parties. Le premier chapitre e x- posera la problématique, les hypothèses et la re vue de littérature. Le second va décrire les cond i- tions de vie actuelle des jeunes et leurs connaissances en matière de VIH/SIDA. La classification des jeunes, selon nos variables d'analyse (celles-ci traduisent les connaissances en matière de VIH/SIDA), fera l'objet du troisième chapitre et ensuite viendront les traitements économétriques et les discussions des résultats au chapitre 2 de la deuxième partie.

PARTIE I : CADRE CONCEPTUEL ET DESCRIPTIF

Cette partie définira les contours du thème de notre recherche et donnera les orientations de l'étude. Elle comporte deux chapitres. Le premier expose le problème posé par ce thème, les objectifs de cette étude ainsi que les hypothèses de recherche et la revue de littérature sur celui-ci. Le second décrit les conditions de vie et les connaissances en matière de VIH/SIDA des jeunes ruraux en Côte d'Ivoire.

CHAPITRE 1 : DE LA PROBLEMATIQUE A

LA REVUE DE LITTERATURE

Ce chapitre présente le cadre conceptuel, préalable, de notre analyse et une ébauche des travaux

déjà réalisés sur notre sujet d'étude.

I. Problématique

Quel est le problème posé par notre recherche ? Q uel est le cadre de notre analyse ? Voici les préoccupations de cette partie.

I.1. Formulation du problème

Les jeunes représentent l'avenir de toute nation. Ce qui leur arrive aujourd'hui déterminera ce que seront leurs communautés et leurs sociétés dans les décennies à venir. En effet la jeunesse constitue un important potentiel de ressources humaines, un atout maje ur en matière de force de travail, de créativité d'innovation technique et technologique et d'énormes possibilités à valoriser pour le développement. C'est aussi, un potentiel d'investissement humain à long terme. D'où la nécessité pour chaque Etat d'accorder une importance majeure à la santé de cette catégorie de la population.

Pourtant en Côte d'Ivoire, la santé des jeunes ne se présente pas très bien. Ceci est d'autant plus vrai que les 20-34 ans constitue nt le groupe d'âges le plus touché par la pandémie du VIH/SIDA. En effet, d'après l'EIS 2005, le niveau de mortalité adulte en Côte d'Ivoire est re spectivement de

6,64%o chez les femmes de 20 à 34 ans et de 6,43%o chez les hommes du même groupe d'âges;

soit une augmentation respectivement de 40% et de 13%2 par rapport au niveau de 1994. Cette surmortalité dans ce groupe étant en partie expliquée par deux raisons : les femmes sont plus to u- chées par le S IDA que les hommes et le groupe d'âges 30-34 ans constitue le groupe de préva-

lence maximale au VIH (10,4%).

2 EDS-CI 1994

La recherche sur les facteurs explicatifs de cette propagation du VIH/S IDA a mis en év i- dence plusieurs raisons : de l'influence de la modernisation3 avec son corollaire de « désor- ganisation sociale », à la pauvreté (R. Mburano (2000)) en passant par l'éducation (bulletin d'information de l'UNESCO, mars 2006 ) et les perceptions culturelles de la maladie ; plusieurs voies ont été explorées. Par ailleurs, l'objectif fondamental de tous ces travaux étant d'orienter et de proposer des actions ciblées pour contrer la propagation du VIH/SIDA. Il a été remarqué de façon récurrente, dans la littérature, que l'amélioration des connaissances du VIH/SIDA constitue une des stratégies de la lutte. Ceci parce que les aspects comportementaux relatifs au VIH/SIDA, sont liés aux connaissances, attitudes et pratiques de la population en matière de lutte contre la maladie4. Dans la mesure où le niveau de connaissance qu'une population a d'une maladie (le VIH/SIDA n'est pas en marge) influence bien souvent so n attitude et son comportement vis-à-vis de cette maladie et donc la progression de cette dernière, il s'impose, donc avec acuité, de recher- cher et d'identifier les facteurs susceptibles d'influer (en dégradant ou/et en amé liorant) ou d'interférer avec le niveau de connaissance d'une population. Ceci dans le but d'une meilleure orientation des stratégies. Il est donc, tout à fait indiqué, dans le cas d'espèce de la Côte d'Ivoire, de mesurer l'impact d'une des ces interférences : les conditions de vie des populations concer- nées par la pandémie. Particulièrement celles des jeunes ruraux ivoiriens de 20 à 34 ans. Autr e- ment dit, quel est l'état des connaissances sur le SIDA de cette population spécifique ? Q uels sont les conséquences de leurs conditions de vie s ur leurs connaissances de la maladie ? Leurs co ndi- tions de vie expliqueraient-elles leurs niveaux de connaissances en matière de VIH/SIDA ? Voici entre autre les préoccup ations que notre étude cherchera à élucider.

Aussi, du fait de l'actualité du problème du VIH/SIDA et de la profusion de la littérature sur le phénomène, est-il impérieux de nous imposer des objectifs pour éviter de sombrer dans une allité-

ration.

3 Laquelle aurait induit un affaiblissement de l'autorité des aînés sur les cadets et du groupe familial sur les enfants faisant ainsi place aux libertinages sexuels pour les jeunes, contraires à la morale traditionnelle (Rwenge (2000), Diop (1995), Gueye et a l. (2001)

4 Rapport final enquête KABP (knowledge, attitude, belief and practice) 1996, Rwanda

I.2. Objectifs de l'étude

Successivement, ce sont l'objectif général de l'étude et les objectifs spécifiques, qui donnent une orientation claire et précise de notre étude qui feront l'objet de ce paragraphe.

I.2.1. Objectif général

L'objectif principal de cette étude est d'analyser l'impact des cond itions de vie des jeunes ruraux de 20 à 34 ans sur leurs connaissances en matière de VIH/SIDA. Ceci, afin de mieux expliquer la propagation actuel de l'infection à VIH en milieu rural ivoirien et aussi de mieux orienter les stra- tégies de lutte.

I.2.2. Objectifs spécifiques

La réalisation de cet objectif principal passe ra, de façon spécifique, par l'atteinte des objectifs

intermédiaires suivants :

Ø Analyser les conditions de vie des jeunes ruraux ivoiriens de 20 à 34 ans,

Ø Mesurer le niveau de connaissances des jeunes ruraux ivoiriens de 20 à 34 ans en matière de VIH/SIDA,

Ø Analyser la relation entre conditions de vie et connaissances du VIH/SIDA en milieu rural ivoirien.

L'atteinte de ces objectifs se fera dans un cadre conceptuel, méthodologique et scientifique bien défini. D'où la nécessité de spécifier les hypothèses et la méthodologie de notre recherche.

I.3. Hypothèses et méthodologie d'analyse

Nous proposons pour la conduite de notre étude les hypothèses et la méthodologie suivantes :

I.3.1. Hypothèses

Nous posons comme hypothèses :

H1 : les structures sociales dans lesquelles évoluent les jeunes ruraux influencent leurs connais- sances en matière de VIH/SIDA

H2 : le niveau de vie des jeunes ruraux affecte l'ensemble de leurs connaissances du VIH/SIDA. En d'autres termes, la qualité des conditions de vie influencent leurs connaiss ances en matière de VIH/SIDA des jeunes ruraux.

I.3.2. Méthodologie

Pour atteindre les objectifs de cette étude et vérifier toutes ces hypothèses, les outils suivants s e- ront utilisés : la recherche documentaire et le traitement des données d'enquête, la statistique des- criptive, les techniques d'analyse des données et l'analyse économétrique.

La recherche documentaire permettra de présenter des travaux, tant théoriques qu'empiriques, sur

la mesure des connaissances du VIH/SIDA et des conditions de vie des populations.

Le traitement des données d'enquête nous aidera dans l'apurement des différentes bases mises à notre disposition mais aussi dans les processus de fusion et/ou de scission de fichiers que nos différentes analyses exigeront. Ces techniques nous aideront à constituer notre fichier de travail.

La statistique descriptive servira à présenter les principales caractéristiques de nos variables

(sexe, niveau d'instruction...) et au besoin les comparer entre elles.

Les techniques d'analyse des données, spécifique ment l'analyse factorielle des correspondances multiples (ACM) et la classification ascendante hiérarchique (CAH), nous permettront de faire une typologie des individus et de construire un indicateur mesurant le niveau de connaissances des jeunes ruraux.

L'analyse économétrique, notamment la modélisation logistique multinomiale permettra :

D'analyser l'impact des conditions de vie des jeunes ruraux ivoiriens sur leurs connais- sances en matière de VIH/SIDA

De donner une mesure de cet impact et son sens

En définitive, tous ces moyens seront mis en oeuvre à partir de logiciels techniques : STATA, SPSS, SPAD, EXCEL.

Toutefois, il faut remarquer que cette étude n'est pas la première, sur ce sujet, tant la question du VIH/SIDA est au coeur des préoccupations politiques et de santé dans le monde et spécifiquement en Côte d'Ivoire. Aussi la section suivante exposera-t-elle des recherches sur le sujet.

II. Revue de littérature

Nous nous attèlerons à faire, ici, un état des lieux de certaines études relatives à notre thème de recherche.

II.1. La mesure des connaissances du VIH/SIDA

Depuis sa mise en place en 1987, le Programme Mondial de Lutte contre le SIDA (PMLS) enco u- rage et soutient les pays dans la conduite de recherches socio-comportementales afin d'informer sur les connaissances à propos du SIDA, les attitudes, les pratiques et comportements sexuels en la matière. Ainsi de l'enquête nationale sur les comportements (S. DEDY et G. TAP E, 1989) à l'EIS 2005 en passant par les différentes enquêtes EDS, MICS de nombreux efforts ont été ac- complis en Côte d'Ivoire dans le cadre de ce besoin d'information. Aussi ces sources de données vont-elles servir de tremplin à des travaux et recherches en vue de mieux expliquer les connais- sances des populations en matière de VIH/SIDA en vue d'aider à l'amélioration des programmes et politiques de lutte contre le SIDA. Dans cette logique s'inscrit « les connaissances du SIDA et la stigmatisation des malades du SIDA » d'Emmanuel. Esso (2001).

A partir des données de l'enquête MICS 2000, portant sur les femmes de 15-49 ans et les enfants de moins de cinq ans, Esso a identifié essentiellement quatre niveaux de connaissance du VIH/SIDA :

Ø Connaissance de l'existence du VIH/S IDA,

Ø Connaissance des sources de contamination du virus (transmission de la mère à l'enfant, rapports sexuels...,

Ø Connaissance des manifestations de la maladie et des opinions fausses sur la maladie,

Ø Connaissance des moyens de prévention de la maladie (usage de préservatif, abstinence...) Aussi, de par son analyse, va t- il arriver à des résultats majeurs : d'abord, la capacité des femmes à lire et écrire est un facteur discriminant quant à la connaissance du VIH/S IDA (de son existence aux moyens de prévention en passant par les sources de contamination). Ensuite, la connaissance de la transmission de la mère à l'enfant est liée au statut matrimonial des femmes interrogées : celles n'étant pas en union sont les plus informées. Enfin, les croyances et opinions erronées de- meurent vivaces dans la population féminine en âge de procréer. En effet, trois femmes sur cinq

pensent que le virus VIH peut se transmettre par des moyens surnaturels et une sur trois (32,2%)

est co nvaincue que la contamination est possible par les piqûres de moustiques.

Ce type d'analyse, visant à mesurer les connaissances sur le VIH/SIDA, a aussi été mené en France par N. Beltzer et al (2005). En effet dans «Les connaissances, attitudes, croyances et comportements face au VIH/sida en France» Beltzer et ses collaborateurs ont considéré éga- lement les quatre niveaux de connaissance comme ci-dessus mentionné. En utilisant une régres- sion logistique, pour chaque type de connaissance, ils montrent que la probabilité de connaître le VIH/SIDA (son existence, sa transmission...) est d'autant plus forte que la personne interrogée est diplômée et que les plus jeunes (18-29 ans) restent la classe d'âge disposant du meilleur ni- veau de connaissance sur la maladie. Mais par contre, une proportion significativement moins importante de personnes croit que la contamination peut se faire e n buvant dans le verre d'une personne contaminée (8,2%), dans les toilettes publiques (15,8%), par une piqûre de moustique (20,6%), ou en donnant son sang (38,5%). Ce qui dénote de la persistance des nombreuses appré-

hensions.

II.2. L'analyse des conditions de vie

Croissance, développement et amélioration des conditions de vie des populations sont les préo c- cupations majeures de tous les pays en ce nouveau millénaire. Alors que tous s'entendent sur son amélioration, le concept même de « conditions de vie » a motivé plusieurs approches tant théo- riques qu'empiriques.

II.2.1. Un peu de théorie

L'étude des conditions de vie intègre la grande famille de ce qui convient d'appeler l'analyse de la pauvreté. Mais, compte tenu de son caractère multidimensionnel (pauvreté absolue, monétaire, de capacité...), beaucoup de spécialistes au rang desquels, Herpin et Verger (1997), ont milité en faveur de l'approche sociologique de la pauvreté car celle-ci ne saurait être considérée unique- ment comme étant la résultante d'un manque de ressources ou d'une carence alimentaire. Ainsi, l'approche par les conditions de vie présente la pauvreté non seulement comme un manque de certains produits indispensables, mais aussi comme les difficultés d'accès à certains services s o- ciaux (éducation, santé, logement... ). Autrement dit, l'approche conditions de vie de la pauvreté se préoccupe de la dimension d'exclusion d'une population par rapport à un certain mode de vie

matériel et culturel, résultant de l' impossibilité de satisfaire aux besoins essentiels. Cette analyse est élargie à l'ensemble des besoins qui permettent de mener une vie décente dans une société donnée, ce qui renvoie à la notion d'intégration/exclusion sociale. On parle à ce niveau de « pau- vreté des conditions de vie » ou « pauvreté d'existe nce ».

II.2.2. Travaux empiriques sur les conditions de vie

Ici, seront présentés deux travaux :

Ø W. Diawara, (septembre 1999) « étude des conditions de vie des ménages de Bonoua », rapport de stage ENSEA,

Pour analyser les conditions de vie de la population de Bonoua, Diawara (1999) s'est préoccupé à étudier la structure des ménages (sexe du chef de ménage, taille...), l'état sanitaire et les compor- tements en matière de santé, le niveau d'éducation et l'accessibilité des services éducatifs, l'habitat et l'emploi de cette population. Il a essentiellement utilisé la classification pour typer la population suivant chaque critère (éducation, santé... ).

Ø I. Kortchagina, L. Ovtcharova, L. Prokofieva, P. Festy et D. Verger, (2005) « conditions de vie et pauvreté en Russie », Economie et Statistique n° 383-384-385

La Russie a connu une histoire contemporaine unique, riche en évolutions politiques et écono- miques. P lusieurs crises conjoncturelles récentes importantes (1992, 1998) ont eu pour consé- quence une chute de grande ample ur des niveaux de vie (division par deux en 1992). Ce qui il- lustre bien tous les bouleversements que le passage vers l'économie de marché a engendré dans l'économie Russe. Aussi les auteurs vont s'orienter, dans cette étude, vers l'analyse de l'espérance de vie, de la mortalité infantile et du taux de croissance du PIB/habitant. Ces indic a- teurs synthétiques étant pris, par les auteurs, comme des mesures de la qualité de la vie. Ensuite, par une comparaison avec 1991, du niveau d'éducation, du chômage, de la structure de conso m- mation et de la taille des ménages, les auteurs sont parvenus aux résultats suivants : le chômage (le taux 2004 est de 7,9 %) est plutôt inférieur à celui de 1991, résultat d'une politique qui a pré- féré substituer à du chômage potentie l une baisse des salaires réels. Le salaire réel moyen de 2004 est à peine supérieur à la moitié de ce qu'il était en 1991. L'écart est moindre au niveau de l'ensemble des revenus, qui ont davantage profité de la reprise récente : en 2004, les revenus moyens représentent 83 % de ce qu'ils étaient en 1991.

Plus de la moitié du budget est désormais consacrée à l'alimentation. Même si l'importance rela- tive des prestations sociales a crû légèrement, dans les conditions actuelles de restrictions budgé- taires, l'accès aux soins et à l'instruction n'est pas garanti pour tous. Cette baisse des revenus s'est accompagnée d'une augmentation de l'inégalité et de la pauvreté : les familles monopare n- tales, les familles nombreuses et les personnes âgées font face à des cond itions de vie particuliè- rement défavorables, surtout dans les petites villes.

II.3. Critiques de la revue

Aucune recherche n'étant parfaite, il nous est permis de relever les imperfections dans les travaux que nous venons d'exposer. Concernant l'analyse des connaissances du VIH/S IDA, tous les a u- teurs (présentés dans la revue de littérature) se sont contentés d'étudier les différents niveaux de connaissance pris individuellement. Est-ce à dire que connaitre un critère seulement (par exemple l'existence de la malad ie), c'est connaitre le SIDA ? Ils auraient dû construire un indicateur syn- thétique qui mesurerait le niveau de connaissance en matière de VIH/SIDA en tenant compte de tous les critères simultanément. De plus l'étude de N. BELTZER et al (2005) a utilisé plusieurs sources : INSEE, Institut national de la santé et de la recherche médicale, Centre national de la recherche scientifique, Agence Française de lutte... L'hypothèse fondamentale sous-jacente cette recherche étant l'homogénéité quant à la nature et la qualité des données. Laquelle est trop res- trictive du fait des différences possible de méthodologie.

Enfin la difficulté de mesure des conditions de vie transparait, ici, dans la revue. En effet chacun des auteurs a fait appel à des critères, qui, bien que traitant de la même réalité, sont différents. Diawara n'a fait référence à aucun indicateur démographique alors que Kortchagina et al en ont utilisé dans leur analyse. Les jalons de l'étude étant jetés, nous pouvons entamer notre recherche. Son début fera l'objet du chapitre suivant.

CHAPITRE 2 : APPROCHE DESCRIPTIVE

DES CONDITIONS DE VIE ET DES CON- NAISSANCES EN MATIERE DE VIH/SIDA

Ce chapitre se chargera d e décrire les conditions de vie des jeunes ruraux de 20-34 ans en Côte d'Ivoire et leurs connaissances en matière de VIH/SIDA. Le but visé étant de faire un état des lieux.

I. Données utilisées

Les données utilisées dans notre étude proviennent de l'Enquête sur les Indicateurs du S ida en Côte d'Ivoire 2005 (EIS-CI 2005). L'EIS-CI a porté sur un écha ntillon national d'hommes et de femmes âgés de 15 à 49 ans. Au cours de l'enquête réalisée sur le terrain d'août à octobre 2005,

4573 ménages dont 5183 femmes et 4 503 hommes âgés de 15-49 ans ont été interviewés avec succès. Parmi ces unités enquêtées, 4 588 femmes et 3 930 hommes ont été testés pour le VIH. Elle a vait pour objectif principal de recueillir des informations sur leur milieu social, leur état matrimonial, leur comportement sexuel, leur connaissance, attitude et expérience sur le sida et sur le test du VIH/sida. Le test (dépistage du VIH) n'était effectué qu'après que l'enquêté ait donné son consentement volontaire. Les résultats de l'enquête sont présentés pour le pays entier, pour les milieux urbain et rural, pour les dix régions statistiques et pour la ville d'Abidjan. Deux types de questionnaire ont été utilisés pour l'investigation : un questionnaire ménage et un questio n- naire individuel. Ce questionnaire individuel a abordé des thèmes variés structurés autour de six sections: caractéristiq ues sociodémographiques de l'enquêté, reproduction, mariage et activité sexuelle, VIH/SIDA, autres problèmes de santé reproductive et finalement la mortalité mater- nelle.

Il est important de mentionner que l'EIS-CI a été réalisée avec l'appui financier du PEPF AR, de

l'ONUSIDA, de l'UNFPA, du PNUD, de l'OMS, de l'UNIC EF et du COSCI. Elle a bénéficié de

l'assistance technique du programme mondial des Enquêtes Démographiques et de Santé (Demo- graphic and Health S urveys - MEAS URE DHS ) d'ORC Macro (Calverton, Maryland, U.S.A). Pour les besoins de l'a nalyse, nous n'avons retenu que les jeunes ruraux d'âge compris entre 20 et 34 ans au moment de l'enquête. Ils sont au nombre de 2333 soit 24,1% de l'échantillon initial. Ces individus sont caractérisés par un certain nombre de variables que nous présenterons dans la suite. Ainsi nous sommes armés à présenter les conditions de vie et les connaissances du VIH/SIDA des jeunes en milieu rural ivoirien.

II. Analyse des conditions de vie des jeunes en milieu rural ivoirien

Cet examen débutera par une généralité sur les conditions de vie pour déboucher sur l'étude,

d'abord des conditions de vie des jeunes ruraux et ensuite celle de leurs connaissances du

VIH/SIDA.

II.1. Généralités sur les conditions de vie

Les «conditions de vie» font généralement référence aux circonstances de la vie quotidienne telles qu'elles se reflètent dans les structures de revenu et les habitudes de consommation. Les cond i- tions de vie sont ainsi, fonction des circonstances de la vie d'un individu jugées bonnes, modestes ou mauvaises. La «qualité de vie» est un concept plus large qui fait référence au bien-être général des individus vivant au sein d'une société. Les conditions de vie des populations s'appréhendent à travers des enquêtes, ce qui permet de disposer de renseignements précieux sur de nombreux aspects de la vie économique et sociale. Cependant, les critères définissant la portée d'une e n- quête sur le niveau et les conditions de vie (critères géographiques, critères des groupes de pop u- lation, critères de choix du type d'informations à recueillir) variant en fonction des objectifs ass i- gnés à chaque enquête, il est difficile de cerner toutes les variables permettant de rendre compte des conditions de vie d'un individu.

Néanmoins, à partir des grandes variables généralement rencontrées dans les enquêtes, E. Talnan (1997) fait une synthèse des différentes variables susceptibles de rendre compte des conditions de vie des jeunes. S elon lui, deux types de variables peuvent être retenus. Le premier type traduit les capacités humaines des jeunes. Il s'agit plus précisément du type d'activité économique, de son

niveau d'instruction et du lieu où il a passé la plus grande partie de ses premières années de vie. Le deuxième type rend compte des conditions de vie de ses parents et du chef du ménage dans lequel il est identifié. Il s'agit notamment de l'activité économique de ses parents, leur n i- veau d'instruction, le sexe du chef de ménage et son occupation principale au moment d e l'enquête. Aussi adapterons-nous cette typologie de Talnan au contexte des jeunes ruraux en Côte

d'Ivoire.

II.2. Description des conditions de vie des jeunes ruraux

Nous examinerons les conditions de vie des jeunes ruraux en deux phases : d'abord par l'analyse de la structure sociale reflétant l'environnement, le cadre de vie et les activités des jeunes ruraux ensuite par l'analyse du niveau de vie relatif au bien-être économique des jeunes ruraux.

II.2.1. Analyse des structures sociales en milieu rural

Nous analyserons, ici, les caractéristiques sociodémographiques des jeunes ruraux, leurs cadres de vie et leurs patrimoines.

II.2.1.1. les caractéristiques sociodémographiques

La répartitio n des femmes et des hommes de 20-34 ans par groupe d'âges quinquennaux, présen- tée au tableau 1, montre une allure régulière : les proportions des groupes d'âges diminuant au fur et à mesure que l'on avance vers les âges élevés. Pendant que la proportion dans l'ensemble de la population passe de 40,5% pour les 20-24 ans à 26,8% pour les 30-34 ans, celle des femmes est passée de 41,1% à 25,5% et celle des hommes de 39,9% à 28,2% pour les mêmes groupes d'âges.

Tab leau 1 : caractéristiques so cio-démogr aphi ques des jeunes rur aux de 20 -34 ans

Résultats Fréquence

absolue

Fréquence relative

Non pondéré e (%)

Fréquence relative

pondéré e (%)

Sexe

Homm e 1200 51,4 48,2

Femm e 1133 48,6 51,8

Etat matrimonial

Célibataire 744 31,9 31,9

Marié/ en union libre 1464 62,8 61,9

Séparé, divorcé, veuf 125 5,4 6,6

Religion

Catholique

 

506

21,7

22,0

Protes tant

 

203

8,7

10,8

Autres religions chrétiennes

 

229

9,8

12,9

Mus ulm an

 

812

34,8

29,8

Anim is te, sans religion

 

553

23,7

22,7

Autres religions

 

30

1,3

1,8

Niveau d'instru cti

on

 
 
 

Aucun

 

1241

53,2

46,1

Primaire

 

682

29,2

31,7

Secondaire

 

363

15,6

18,5

Supérieur

Occu pation

 

47

2,0

3,7

Sans occupation

 

448

19,2

22,4

Professeur, directeur, ingénieurs

etc....

13

0,6

0,4

Em ployé de bureau

 

52

2,2

2,6

Comm erçant

 

310

13,3

16,9

Agriculteur indépendant

 

1181

50,6

42,3

Em ployé agricole

 

83

3,6

3,7

Pres tataire de s ervices

 

129

5,5

6,5

Ouvriers

 

104

4,5

4,6

Autres occupations

 

3

0,1

0,1

Ne sait pas

 

10

0,4

0,5

Groupe s d'âges

20-24

 
 

904

38,7

40,5

25-29

 
 

791

33,9

32,7

30-34

 
 

638

27,3

26,8

 

En semble

 

2333

100

100

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

Lors de l'enquête, 42,3% des jeunes ruraux sont des agriculteurs et plus de deux sur dix (22,4%) parmi eux sont sans emploi. Pendant ce temps plus de la moitié d'entre eux sont en union (61,9%) a vec en prime 30% qui se déclarent musulmans. C'est l'analphabétisme qui e st le trait particulier de cette population. En effet, 46,1% de ces jeunes sont sans instructions et ce sont les femmes qui sont les plus touchées : avec plus de la moitié d'entre elles (54,13%) contre 37,48% chez les hommes qui ne soient jamais allé à l'école. Quel que soit le niveau d'instruction, les femmes sont moins instruites que les hommes.

II.2.1.2. Le cadre de vie des jeunes ruraux

Nous nous préoccuperons, ici, de l'accès à l'eau potable, à l'électricité et à la moustiquaire im- prégnée ainsi que d'une description des ménages en milieu rural.

A la question : avez-vous l'électricité dans votre ménage ? Un jeune rural sur deux (50,5%) a déclaré ne pas disposer de l'électricité dans son ménage tandis que 40% d'entre eux en ont. En plus parmi les jeunes ne disposant pas de l'électricité, 59% sont des agriculteurs et 16,78% sont sans occupation au moment de l'enquête. Au même moment 54,2% des hommes ont déclaré ne pas disposer d'électricité alors que 44% des femmes disent en avoir. Il y avait donc dans le monde rural ivoirien un besoin en électrification au moment de l'enquête.

Concernant l'accès aux moustiquaires imprégnées, près de trois jeunes sur quatre (73,5%) décla- rent ne pas en avoir. Pendant ce temps, seulement 48,6% des jeunes qui disposent de mousti- quaire ont déclaré dormir effectivement avec. Un fait remarquable est à relever : seulement 22% des employés de bureau avaient des moustiquaires au moment de l'enquête et 2,5% des personnes dormant avec une moustiquaire sont des employés de bureau. Enfin trois femmes sur quatre ne disposent pas de moustiquaire. Il en est de même pour les hommes (73,9%). En somme, la plu- part des jeunes de 20 à 34 ans au moment de l'enquête étaient relativement exposés aux mous- tiques et donc au paludisme.

En s'attardant sur la str ucture des ménages ruraux en Côte d'Ivoire, on constate que les jeunes

vivent dans des ménages relativement peuplés et possédant peu d'enfant s de moins de cinq ans au moment de l'enquête. En effet 43,17% d'entre eux vivent dans des ménages comprenant cinq à neuf individus et près de 30% vivent dans des ménages de taille supérieure à dix individus. A cela s'ajoute le fait que 53,11% de ces ménages abritent au plus un enfant de moins de 5 ans et entre 2 à 4 enfants vivent dans 42,2% de ces mêmes ménages.

Graphi que 1 : répartition des jeunes ruraux de 20 -34 ans selon l a tai lle de leurs ménages (%)

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

En se référant à l'annexe 1, on note que le nombre d'enfants de moins de 5 ans dans le ménage augmente avec la taille du même ménage. Par exemple les ménages d'au plus quatre individus comptent dans 7,61% des cas un nombre d'enfants de moins de 5 ans compris entre 2 et 4 alors que ceux de 15 individus au moins dénombrent le même nombre d'enfants dans 62,44% des cas. En les interrogeant sur les types de toilettes dont ils disposent, les jeunes répondent la plupart du temps qu'ils se soulagent dans la nature où recourent à des latrines rudimentaires (fosses... ). En effet 41,22% d'entre eux utilisent la nature comme lieu d'aisance et 37,3% utilisent des latrines rudimentaires. En fait, 56,1% des jeunes qui utilisent la nature et 41,6% de ceux usant de latrines rudimentaires étaient, au moment de l'enquête, des agriculteurs. Cet état de fait peut s'expliquer par l'état de campagne du monde rural ivoirien. Ainsi la nature foisonnant autour des petites loca- lités dans lesquelles ils vivent, les jeunes ruraux ont transformé les broussailles environnant en lieu d'aisance. De plus, il faut noter que 31,2% des employés de bureau et 25,3% du groupe des professeurs, directeurs ingénieurs se servaient de chasses d'eau.

Graphi que 2 : répartition des jeunes ruraux selon le type de toilette utilisée

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

En analysant le type de logement, on note que 65,41% des jeunes ruraux vivent dans un logement dont le sol est en plancher fini (essentiellement recouvert de ciment et/ou de ca rreaux et de bois cirés) et 24,69% ont des logements dont le sol est fait de matériau naturel (sable, terre et bouse). En plus 96,2% des professeurs, directeurs et ingénieurs vivent dans des logements dont le sol est recouvert de ciment et/ou de carreaux. Il est de même pour 78,4% des employés de bureau et

36,7% des agriculteurs. Cependant 62,9% de ceux qui ont un sol fait en matériau naturel sont des

agriculteurs et aucune personne parmi ce groupe n'appartient à la catégorie des professeurs, d i- recteurs et ingénieurs. P lus de la moitié (68,1%) de ces personnes sont des femmes.

Graphi que 3 : répartition des jeunes ruraux selon les m atériaux du sol de leurs l ogements(%)

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

Du point de vue de l'accès à l'eau potable, près de deux jeunes ruraux sur cinq (38,63%) boivent, au moment de l'enquête, de l'eau de robinet alors que 10,28% s'alimentent en eau de surface (source, rivière, fleuve...).

 

Proportion (%)

Pourcentage cumulé

 
 

eau du robinet 38,63 38,63

puits protégés 14,08 52,1 eau de puits ouverts 27,37 80,08 eau de s urface 10,28 90,36

Autre s ource 0,14 90,5

Non rés ident 9,5 100,0

Total 100,0

Tab leau 2 : répartition des jeunes selon l 'accè s à l 'eau p otable

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

Il est à relever que parmi les jeunes n'ayant aucune instruction 30% s'approvisionnent en eau grâce au robinet (eau courante) et 35,2% boivent l'eau en provenance de puits ouvert. En plus

59,4% de ceux qui utilisent l'eau de surface et 59,3% de ceux qui boivent l'eau de puits ouverts

sont sans instruction. Du point de vue du bien être économique on s'aperçoit que 71,8% des jeunes appartenant aux ménages les plus pauvres boivent au quotidien les eaux de surface alors que 73,9% des jeunes des ménages les plus riches utilisent l'eau de robinet. En somme avec

2 4 9 6 , 4 7 2 3 1, 4 1

un c a lc u lé f th é o r iq u e à 5% on conclut que la source d'accès à l'eau potable

des jeunes ruraux n'est pas indépendant de la condition économique des ménages auxquels ils appartiennent. Il en est de même de la liaison entre la source d'accès à l'eau potab le des jeunes ruraux et leur sexe. En effet, 57,5% de ceux qui boivent l'eau de robinet sont des femmes alors que 27,9% des hommes boivent l'eau de puits ouverts.

II.2.1.3. Patrimoine et possessions électroménagères des jeunes ruraux

Nous ébaucherons, dans ce para graphe, un pan des biens détenus par les jeunes ruraux en Côte

d'Ivoire au moment de l'enquête.

Comme mentionné dans le tableau 3, trois jeunes sur cinq sont détenteurs d'un poste récepteur radio et 46,1% possèdent une bicyclette en 2005. Pendant ce temps, seulement 3,7% d'entre eux a une voiture et 7,1% un téléphone. Pour précision, 94,7% des jeunes qui disposent d'un véhicule proviennent des ménages les plus riches alors que 30,1% et 30,8% des jeunes issus des ménages respectivement les plus pauvres et pa uvres ne possèdent pas de voitures. 45,9% des jeunes ayant un niveau d'instruction supérieur ont une voiture. En plus tous les jeunes disposant d'un réfrigé- rateur ont également l'électricité et 35,3% des jeunes de niveau secondaire ont une télévision. Concernant l'accès au téléphone, 92,9% des jeunes les plus pauvres n'en possèdent pas alors que près de trois jeunes sur cinq des plus riches (59,6%) en ont. En plus, pendant que 84,9% des hommes disent ne pas avoir de téléphone, on note que 66,5% des personnes ayant un téléphone sont des femmes. Le téléphone en Côte d'Ivoire est toujours considéré dans la conscience pop u- laire comme un objet de gloriole et de prestige.

Du point de vue des bicycles, 58,6% des détenteurs de vélos sont pauvres alors que 28,1% des

jeunes propriétaires de motos sont issus de la classe moyenne. Au même moment 57,9% des pro- priétaires de vélos et 51,5% de ceux ayant des motos n'avaient aucune instruction. En plus la moitié des hommes (49,9%) a un vélo alors que 56,7% des personnes ne po ssédant pas de b i- cycles sont des femmes.

Tab leau 3 : répartition des jeunes rur aux selo n le type de biens détenus

Détention de biens Fréquence

absolue

Fréquence relative (%)

pondéré e

Radio 1411 60,3

Télévis ion 436 23

Réfrigérateur 130 7,9

Téléphone 143 7,1

Vélo 1326 46,1

Moto/Scooter 401 13,2

Voiture/Camion 55 3,7

Non rés ident 190 9,5

Ensemble 2333 100

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

En somme les possessions des jeunes ruraux sont diversifiées et ces biens reflètent relativement leurs niveaux de vie et l'environnement socio-économique dans lequel ils vivent. Après cet expo- sé, intéressons nous aux niveaux de vie des jeunes ruraux.

II.2.2. Analyse du niveau de vie des jeunes ruraux

Nous nous réduirons à l'analyse des quintiles de bien-être économique. En plus nous ébaucherons aussi les tendances de cette population à lire les journaux et les magazines. Nous posons ainsi que ces tendances traduisent dans une certaine mesure, un niveau de vie relativement meilleur. En effet, nous considérons qu'à bien des égards, dans une population rurale, agricole et en général sans instruction et pauvre les priorités sont ailleurs : lire les journaux et les revues, au-delà de satisfaire un besoin d'information, trahit un certain standing de vie.

Encadré 1 : un peu de définition

Un quintile est la cinquième partie d' un univers ordonné du moins au plus suivant une caractéris- tique donnée (le caractère, ici, est continu). Il équivaut à deux déciles, ou vingt percentiles. Le terme est utilisé en sciences sociales, la plupart du temps, pour caractériser la répartition des revenus de la population humaine. Le quintile de revenu, est calculé en ordonnant la population (d'une région, pays, etc.) des individus Les plus pauvres aux individus les moins pauvres, puis la diviser en 5 parties d' un nombre égal de personnes, ce sera 5 quintiles classés par leur reve nu, où le premier quintile (ou Q1, I quintile) représente la partie des personnes les plus pauvres, le de u-

xième quintile (Q2, II quintile), le niveau suivant et ainsi de suite jusqu'au cinquième quintile

(Q5, V quintile), représentant la population plus riches.

Pour résumer, la construction du quintile de bien-être économique est basée sur l'approche non monétaire de la pauvreté. Celui-ci place le bien-être dans l'espace des libertés et des accomplis- sements. Elle intègre l'approche par les capacités [Sen, 1987] et celle par les besoins de base. Suivant la première approche, un individu doit être en mesure de se prendre en charge comme par exemple être logé décemment. Vu sous le prisme de la seconde approche, un individu doit satisfaire certains besoins pour atteindre une certaine qualité de vie. Les besoins pris ici en compte sont : l'accès à une source améliorée d'eau, l'assainissement, etc.

Pour construire l'indicateur composite du niveau de vie qu'est le quintile, l'on a utilisé un panier de biens composé de certains équipements (radio, téléviseur, téléphone mobile, téléphone fixe, réfrigérateur, cuisinière, horloge, bic yclette, voiture) et des caractéristiques des ménages (électr i- cité, nombre de personnes par pièces à coucher, matériau du sol, matériau du mur, utilisation de combustibles solides pour la cuisine, source d'approvisionnement en eau de boisson, type d'installations sanitaires).

Les étapes de la construction du quintile sont les suivantes :

Les modalités d'une variable donnée du panier de biens sont dichotomisées et donnent

lieu à de nouvelles variables ;

Une ACP (Analyse en Composante Principale) est réalisée sur les nouvelles variables

Un coefficient (score) est affecté à chaque bien à l'issu de l'ACP ;

Les scores sont standardisés suivant une distribution normale (Gwatkin et al, 2000); Chaque ménage reçoit pour score, la somme des scores de ses biens retenus dans le pa- nier ;

Chaque ménage est pondéré par le nombre des membres du ménage;

Les ménages sont divisés en cinq groupes de taille égale (quintile), du quintile le plus pauvre au quintile le plus riche, sur la base des scores de richesse des ménages ;

On affecte à chaque individu dans le ménage, le score du ménage.

Le processus décrit ci-dessus peut-être itératif si l'un au moins des biens du panier enregistre un score nul. Dans ce cas, celui-ci est exclu du panier. La méthode est valide si le premier axe fac- toriel de l'ACP restitue au moins 10% de l'information totale.

L'indice ainsi construit s'interprète comme un proxy de la richesse de long terme des ménages

[Hammer, 1998, F ilmer et Pritchett, 2001, Sahn et S tifel, 2001; Pradhan, Sahn et

Younger, 2002].

Les cinq groupes ou quintile obtenus ont pour libellé :

- Le plus pauvre ; - Moyen ; - Le plus riche

- Pauvre (deuxième);- Riche (quatrième). Source : INS, EIS-CI 2005

En se référant aux quintiles de bien-être économique, on se rend compte qu'au mome nt de l'enquête, plus de la moitié (57,5%) des jeunes appartie nt au mieux au quintile pauvre. Autrement dit près de trois jeunes sur cinq ne surviennent pas convenablement à leurs besoins essentiels. Parmi ces jeunes 37,3% des plus pauvres appartiennent au groupe d'âges 25-29 ans et 40,5% des pauvres étaient issu du groupe des 20-24 ans. Essentiellement ces jeunes ont « hérité » de la pa u- périsation de leurs familles (au sens des ménages). Un paradoxe existe au niveau des jeunes ru- raux en Côte d'Ivoire : la plupart des pauvres (54,9% et 55,7% respectivement pour les plus pauvres et les pauvres) sont sans instruction alors que l'essentiel de ceux ayant un niveau d'étude

supérieur (67,1%) font partie du quintile des plus riches. Ceci est conforté par le test du k hi-deux

2 3 6 3, 8 8 2 2 1, 0 3

qui avec

c a lc u lé f th é o r iq u e permet de conclure à l'existence d'une liaison fonctio n-

nelle entre le bien-être économique et le niveau d'instruction.

Graphi que 4 : répartition des jeunes ruraux selon les q uintiles de b ien-être économique

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

Selon le sexe, les hommes sont les plus touchés par la pauvreté. En effet, 60,5% des hommes appartiennent au mieux au groupe des pauvres contrairement aux femmes dont la proportion s'élève à 48,2%.

En analysant la relation entre les conditions de vie et les occupations des jeunes ruraux (annexe

2) on constate que 62,1% des plus pauvres sont des agriculteurs et alors que 30,6% des plus riches disent ne pas avoir d'occupation. En plus, on peut noter que 73,2% des jeunes du groupe des professeurs, directeurs, ingénieurs... et 62,2% des employés de bureau appartiennent aux deux quintiles des riches. En somme, l'administration (privée ou publique) nourriraient mieux son homme que l'agriculture qui a été pendant des décennies le socle du miracle ivoirien. Concernant les attitudes en matière de lecture de journaux et/ou magazines, un seul constat s'impose : au moment de l'enq uête, les jeunes ruraux ne lisent pas beaucoup les journaux. La seule explication étant leurs niveaux d'instruction relativement faibles. En effet, à la question de savoir s'ils lisent un journal ou un magazine presque tous les jours, au moins une fois par se- maine, moins d' une fois par semaine ou pas du tout : 47,1% des jeunes ont déclaré ne pas savoir lire et 27,1% d'autres disent ne pas lire du tout les journaux. Autrement dit 74,1% des jeunes r u- raux, en Côte d'Ivoire, n'a aucun contact avec les publications ivoiriennes. Toutefois 5% d'entre eux lit presque tous les jours des journaux et/ou magazines et 12,5% parcourt les journaux moins d'une fois par semaine.

Graphi que 5 : distribution condition nelle de la fréquence de lecture les journ aux sel on le bien-être économique

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

En analysant le graphique 4 ci-dessus, on note que parmi les jeunes qui lis ent presque to us les journaux 23,29% appartiennent au quintile le plus riche pendant que seulement 6,64% est issu du quintile le plus pauvre. La situation est inverse chez les jeune s ne lisant pas du tout les publica- tions. En effet, 31,24% des jeunes dans cette situation appartiennent au quintile le plus pauvre et

9,92% au quintile le plus riche. En somme plus la fréquence de lecture des journaux/magazine augmente plus la proportion des pauvres concernés diminue et plus celle des riches augmente. Ainsi comme mentionné plus haut, la tendance à lire les revues magazines et autres journaux est une manifestation d'un mieux-être.

Les conditions de vie des jeunes ruraux ainsi largement décrites, il s'impose à nous de passer à

l'analyse des Connaissances de cette population en matière de VIH/S IDA.

II.3. Description des connaissances du VIH/SIDA en mi- lieu jeune rural

Comme il n'existe aucun vaccin ou remède contre le VIH/SIDA, l'information est déterminante pour prévenir l'expansion du virus. Notre préoccupation dans cette section est d'évaluer les co n- naissances en matière de VIH/SIDA des jeunes ruraux en Côte d'Ivoire.

II.3.1. Le piège des opinions préconçues

Depuis son apparition, le VIH/S IDA a toujours été source de préjugés et d'appréhensions. Les jeunes ruraux en Côte d'Ivoire ne sont pas en marge. Bien qu'ayant tous déclaré, au moment de l'enquête, avoir entendu parler du VIH/S IDA les jeunes ne sont pas tous, pour autant, délivrés des préjugés et autres fausses croyances sur la maladie. En effet 26,5% des jeunes pensent que le VIH/SIDA se transmet par la sorcellerie et/ou par des moyens surnaturels parmi lesquels on re- trouve 54,98% de femme et 48,73% de jeunes sans aucune instruction. Pendant ce temps, 22,4% d'autres croient que le virus se transmet en mangeant avec une personne malade dont 57,6% d'agriculteurs et 14,6% de jeunes n'ayant pas d'occupation. En outre 36,6% de cette pop ulation affirme que le virus se transmet par les piqûres de moustiques avec 49,97% de jeunes sans ins-

truction, 38,16% de niveau primaire et 41,53% appartenant au groupe d'âges 20-24 ans. D'un autre point de vue, 18% des jeunes ruraux pensent, au moment de l'enquête, qu'il est impossible pour une personne paraissant en bonne santé d'être malade du VIH/SIDA. Parmi ceux-ci on trouve 59,45% de jeunes sans instruction et 36,29% de ces jeunes appartenaient au quintile le plus pauvre.

Dans le sens des conditions de vie, pendant que 40,2% des plus pauvres déclaraient les mous-

tiques comme vecteur du VIH/SIDA 95,2% des plus riches disaient que manger avec un malade ne pouvait transmettre le virus. Au même moment, 68,9% des jeunes du quintile moyen affir- maient qu'une personne paraissant bien portant pouvait être infectée du virus VIH/S IDA.

En bref certaines fausses croyances persistaient encore dans la population des jeunes ruraux de

20-34 ans en Côte d'Ivoire au moment de l'enquête. Toutefois un bon niveau de connaissance de la pandémie existait au sein de cette population.

II.3.2. Connaissances des moyens de prévention de la maladie

Les jeunes ruraux, en dépit de leurs niveaux d'instruction relativement faible s, ont relativement une bonne co nnaissance de certains moyens de prévention contre le VIH/SIDA. En effet près de trois jeunes sur quatre (73%) ont déclaré, au moment de l'enquête, connaitre un moyen au moins pour éviter ou réduire les risques de contracter le virus du VIH. En plus 69,1% de ces jeunes cau- tio nnent l'éducation des enfants de 12-14 ans sur le port du préservatif.

Du fait des variables dont nous disposons, nous réduisons l'analyse des moyens de prévention à

trois questions répertoriées dans le tableau ci-dessous. Ainsi, après analyse, 77,4% des jeunes ruraux estiment que l'abstinence est un moyen de préve ntion du VIH/SIDA tand is que seulement

9,9% affirme nt que la fidélité à un unique partenaire fidèle ne réduirait pas le risque de contami- nation. En plus, parmi ceux qui cro ient en l'abstinence, 43,7% n'ont aucune instruction, 30,78% appartiennent au deuxième quintile des pauvres et 42,55% sont agriculteurs indépendants. Les mêmes tendances se répètent chez les jeunes qui connaissent la fidélité ou les préservatifs comme méthodes de lutte contre la propagation du virus VIH. Par exemple parmi les jeunes qui connais- sent la fidélité comme moyen de prévention, on retrouve 41,2% de jeunes sans instruction,

29,55% de pauvres et 41,9% d'agriculteurs.

Du point de vue du genre, plus de moitié (51,2%) des personnes connaissant la fidélité comme moyen de prévention du VIH/SIDA sont des femmes et il y a en autant (51%) pour l'abstinence.

Les hommes sont, quant à eux, plus informés sur les préservatifs comme moyen de prévention. En effet, ils constituent 53,7% de l'ensemble des personnes ayant déclaré que le préservatif est un moyen de prévention de la transmission du virus.

Tab leau 4 : distributio ns des conn ais san ces en matière de VIH/S IDA chez les jeunes ruraux

Variables Modalités Fréquence

absolue

Fréquence relative

pondérée (%)

Réduire le risque de contracter le SIDA par l'abstinence

Réduire le risque de contracter le SIDA en utilisant les préservatifs Réduire le risque de contracter le SIDA par la

fidélité

Oui 1794 77,4

Oui 1696 74,1

Oui 1835 79,9

Ensemble 2333 100

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

En somme, les jeunes ruraux connaissent relativement bien les moyens de prévention bien que des efforts restent à faire pour atteindre une parfaite et totale connaissance de ces moyens qui pourront influencer les comportements et attitudes des jeunes vis-à-vis de cette pandémie.

II.3.3. Représentation sociale de la pan démie du VIH/SIDA

Dans cette section nous analyserons les comportements et autres opinions que les jeunes ruraux se faisaient ou se feraient face à un malade du VIH/SIDA.

Bien que 71,4% des jeunes ruraux ne savent pas où se faire dépister au VIH, 80,1% d'entre eux

seraient disposés à s'occuper d'un parent malade du VIH/SIDA. Les femmes représentent

50,22% et les personnes sans instruction 43,7% de ces philanthropes. En outre, 86,5% des jeunes riches et 90,1% des employés de bureau n'approuvent pas l'idée selon laquelle les malades du SIDA devraient avoir honte d'eux-mêmes. Malgré cet altruisme, une diabolisation de la maladie persistait toujours. En effet, 57% de ces jeunes auraient refusé acheter les légumes d'un mar- chand s'ils le savaient séropositif et 30,5% sont d'accord avec l'affirmation : Les gens qui ont le

sida devraient avoir honte d'eux- mêmes. En plus 35,1% de cette population déclare être contre le fait qu'un enseignant séropositif continu d'enseigner. Ainsi la stigmatisation subsiste toujours dans les attitudes et comportements de la jeunesse rurale ivoirienne.

Graphi que 6 : distribution condition nelle selon le sexe

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

Mais cet état de fait n'a pas empêché les jeunes à avoir de bonnes connaissances sur les modes de

transmission du virus de la mère à son enfant.

II.3.4. Connaissances de la transmission mère-enfant

La transmission de la mère à l'enfant est l'une des voies, par essence, de la propagation du virus VIH. Aussi a-t- il été mis en place des traitements pour préve nir ou du moins pour réduire le risque de la transmission d'une mère à son enfant. La population rurale n'est pas en marge de cette évolution médicale. Pourtant la connaissance de l'existe nce de tels traitements reste mitigée en milieu rural et particulièrement chez les jeunes de 20-34 ans. En effet, interrogés sur l'existence de ces médicaments, 45,4% des jeunes ont admis connaître l'existence de tels traite- ments alors que 27,3% affirment le contraire. Essentiellement ces ont les femmes (53,74%), les pauvres (46,19%), les agriculteurs (37,17%) et les personnes sans instruction (34,82%) qui sont les plus informés sur ce sujet. D'autre part, il ressort de notre analyse q ue 68,6% des jeunes sa- vent que le virus VIH se transmet au cours de la grossesse, 66,1% connaissent la transmission pendant l'accouchement et 67,5% savent les risques de transmission pendant l'allaitement.

Tab leau 5 : distributio ns des conn ais san ces de l a transmi ssio n mère -enfant selon le sexe

Variables Modalités Homme Femme Fréquence abso-

lue

le VIH/SIDA est transmis de la mère à son bébé au cours de la grossesse ?

le VIH/SIDA est transmis de la mère à son bébé pendant l'accouchement ?

le VIH/SIDA est transmis de la mère à son bébé pendant

l'allaitement ?

Oui

Oui

Oui

806 (49,3%) ** [70,2%]**

775 (47,3%) [65%]

749 (44,5%) [62,3%]

728 (50,7%) [67,2%]

755 (52,7%) [67,2%]

802 (55,5%) [72,3%]

1534 (100%)

1530 (100%)

1551 (100%)

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

( ) **= p rop ortion selon les p rofils lignes [ ]**= p rop ortion selon les p rofils colonnes

L'analyse du tableau 5 ci-dessus révèle que les femmes sont plus informées sur la transmission mère-enfants que les hommes. En effet, on note que pour chaque stade de la transmission, les femmes représentent plus de la moitié des personnes bien informées. Toutefois, on remarque que

70,2% des hommes savent que le virus du VIH/SIDA peut est transmit de la mère à l'enfant au

cours de la grossesse alors que ce sont 67,2% des femmes qui ont cette information.

En résumé, près de deux jeunes ruraux sur trois connaissaient au moins une des voies de la transmission mère-enfant. Toutefois prises ense mble, les connaissances en matière de VIH/SIDA étaient diversement réparties dans la population des jeunes ruraux en Côte d'Ivoire et des préj u- gés sur la maladie et les malades y demeuraient encore. Dans notre approche descriptive de ces connaissances, nous avons analysé le niveau des jeunes concernés selon chaque échelon que nous avons identifié. Aussi ne pouvons-nous pas dire qu'elle est le niveau réel des co nnaissances d'un jeune au moment de l'enquête si nous considérons tous les échelons de connaissances simulta- nément. C'est cet obstacle que nous lèverons dans le premier chapitre de la partie qui suit, afin de pouvoir aisément continuer la suite de notre analyse.

PARTIE II : CONDITION DE VIE ET CONNAISSANCES DU VIH/SIDA : DU DATA MINING A L'ANALYSE ECONOMETRIQUE

Tout comme la première, cette partie est composée de deux chapitres. Le premier traitera de la construction d'un indicateur synthétique mesurant le niveau de connaissances en matière de VIH/SIDA. Cet indicateur permettra au second c hapitre de faire une analyse quantitative. Dans ce second chapitre il sera également question de mesur er la relation entre conditions de vie et ni- veaux de co nnaissance du VIH/SIDA chez les jeunes en milieu rural.

CHAPITRE 1 : EXAMEN DES CONNAIS-

SANCES DU VIH/SIDA PAR L'ANALYSE

DES DONNEES

Dans ce chapitre nous nous évertuerons à construire un indicateur synthétique de mesure du n i- veau de connaissance en matière de VIH/S IDA des jeunes ruraux. Lequel indicateur servira dans le chapitre 2 pour l'analyse économétrique.

I. Présentation de la démarche

Il est impérieux de savoir que l'hypothèse fondamentale de cette analyse est que les variables que nous utiliserons reflète nt « l'ensemble » des connaissances que l'on peut avoir sur le VIH/SIDA. Ainsi, afin de construire une typologie de la population et d'identifier au sein de celle-ci, à travers leurs comportements et connaissances en matière de VIH/SIDA, des groupes d'individus homo- gènes, une analyse multidimensionnelle (l'ACM) sera réalisée sur les données. P uis on effectuera une classification ascendante hiérarchique (CAH).

L'analyse des correspondances multiples est une méthode qui permet d'étudier la population co n- sidérée selon plusieurs variables qualitatives et de représenter, en utilisant des fonctions gra- phiques, les associations deux à deux de plusieurs variables. Cette méthode génère des axes défi- nissant deux à deux des plans factoriels. Le modèle statistique hiérarchise les axes par ordre d é- croissant de leur "pouvoir explicatif", c'est-à-dire de leur capacité à rendre compte des informa- tions qu'ils synthétisent. Le choix de l'Analyse des Correspondances Multiples se justifie par le fait que les méthodes de C lassification Ascendante Hiérarchique (CAH) utilisent les coordo nnées factorielles des individus étudiés.

La classification hiérarchique permettra ensuite de dégager une typologie de la population en regroupant les individus dans différentes partitions qui les caractérisent selon les modalités les plus présentes dans cette partition. Le principe de cette analyse est de regrouper dans une même classe les individus les plus proches, puis étape par étape, de fusionner ces classes en classes de

plus en plus grandes ; le but étant de minimiser la variance intraclasse (les individus d'une même classe sont les plus proches que possible) et de maximiser la variance interclasse (les individus appartenant à des classes différentes sont les plus éloignés que possible). O n obtient alors une typologie de la population étudiée en dégageant plusieurs groupes d'individus homogènes vis-à- vis des variables étudiées. Ces deux analyses vont ainsi permettre d'identifier différent niveau de connaissance dans la population des jeunes ruraux. Il nous sera donc possible, à partir de ces ni- veaux de connaissances élaborés, de construire un indicateur (variable qualitative) synthétique qui donnera pour chaque individu un niveau de connaissance en matière de VIH/S IDA.

La démarche ainsi présentée, il est bon de décrire les variables qui rentreront dans le cadre des

différentes analyses que nous effectuerons dans ce chapitre. Le choix de ces variables a été guidé par la revue de littérature. Ainsi le tableau 6 fait un éventail de toutes les variables que nous a u- rons à utiliser tout au long de ce chapitre. C'est à partir de celles-ci que nous construirons la va- riable du niveau de co nnaissance.

La présentation des variables ainsi effectuée nous pouvons, à présent lancer l'ACM.

Tab leau 6 : présentation des v ari ables serv ant à l 'anal yse multidimens ionnel le

Variables Modalités Effe cti f

Identifiant

Libellé

 

Absolu

En %

V751

Avez-vous dé jà entendu parler du s ida ?

Non

0

0

 
 

oui

2333

100

V754bp

Pe ut-on ré duire le risque de contracte r le SIDA e n s 'abstenant

Non

297

12,7

 

de rapports sexue ls ?

oui

1794

76,9

 
 

Ne sait pas

242

10,4

V754cp

Pe ut-on ré duire le ris que de contracte r le SIDA e n utilis ant un

Non

282

12,1

 

préservatif à chaque rapport ?

oui

1696

72,7

 
 

Ne sait pas

355

15,2

V754dp

Pe ut-on réduire le ris que de contracter le SIDA en ayant un

Non

243

10,4

 

seul parte naire se xue l, fidè le , et s ain ?

oui

1835

78,7

 
 

Ne sait pas

255

10,9

V754jp

Es t-ce qu'on peut contracter le virus du s ida par des piqûres

Non

969

41,5

 

de moustiques ?

oui

919

39,4

 
 

Ne sait pas

445

19,1

V754wp

Es t-ce qu'on pe ut contracter le virus du s ida e n partage ant la

Non

1370

58,7

 

nourriture ave c une pers onne atte inte du sida?

oui

622

26,7

 
 

Ne sait pas

341

14,6

V756

Es t-il poss ible qu'une pers onne paraissant e n bonne santé

Non

424

18,2

 

ait e n fait le virus du s ida?

oui

1565

67,1

 
 

Ne sait pas

344

14,7

V774a Le virus qui cause le SIDA pe ut ê tre transm is de la mère à s on bé bé au cours de la grossesse ?

V774b Le virus qui cause le SIDA pe ut ê tre transm is de la mère à s on bé bé pe ndant l'accouchement ?

V774c Le virus qui cause le SIDA pe ut ê tre transm is de la mère à s on

bé bé pe ndant l'allaitement ?

V778 Si un de vos pare nts contractait le virus du sida, seriez -vous prêt à prendre soin de lui/e lle dans votre propre ménage ?

V779 Si un e nse ignant a le virus du s ida m ais qu'elle n'est pas malade est-ce qu'il de vrait être autorisé ou non à continuer d'e nseigner à l'é cole ?

V780 Es t-ce qu'on devrait éduquer les enfants de 12-14 ans sur l'utilis ation du préservatif pour é vite r le s ida?

V783 Connaissez-vous un endroit où l'on peut se rendre pour effec- tuer le test de dépis tage du virus qui cause le s ida?

V823 Es t-ce qu'on pe ut contracter le virus du sida par s orce llerie ou par des moyens s urnaturels ?

V824 Y a-t-il des médicaments s péciaux qu'un agent de s anté peut donner à une femme infe ctée par le virus du sida pour réduire le risque de transm iss ion à son bébé ?

V825 Es t-ce que vous achè teriez des lé gumes frais à un marchand ou à un vendeur s i vous s aviez que cette pe rsonne a le virus du s ida?

V847 Ête s-vous d'accord ou pas d'accord ave c l'affirmation su i- vante : Les ge ns qui ont le s ida de vraient avoir honte d'e ux- mêmes.

S408 Y a-t-il que lque chose qu'une pers onne pe ut pour é viter ou ré duire ses risques de contracter le virus qui cause le s ida?

Non 405 17,4 oui 1534 65,8

Ne sait pas 394 16,9

Non 378 16,2 oui 1530 65,6

Ne sait pas 425 18,2

Non 368 15,8 oui 1551 66,5

Ne sait pas 414 17,7

Non 423 18,1 oui 1857 79,6

NSP / pas sûr/ça dépend 53 2,3

P as autorisé à enseigner 938 40,2

Autorisé à enseigner 1153 49,4

NSP / pas sûr/ça dépend 242 10,4

Non 532 22,8 oui 1635 70,1

NSP / pas sûr/ça dépend 166 7,1

Non 1772 76,0 oui 561 24,0

Non 1210 51,9

oui 701 30,0

Ne sait pas 422 18,1

Non 681 29,2 oui 952 40,8

Ne sait pas 700 30,0

Non 1405 60,2 oui 895 38,4

Ne sait pas 33 1,4

P as d'accord 1450 62,2

D'accord 769 33,0

NSP /pas d'opinion 114 4,9

Non 276 11,8 oui 1635 70,1

Ne sait pas 422 18,1

Ens emble 2333 100

Source : EIS-CI, nos calculs

II. Analyse factorielle des correspondances mul- tiples

Cette section présente les résultats de la mise en oeuvre de l'ACM.

II.1. Combien d'axes factoriels retenir ?

Plusieurs outils sont à notre disposition pour fixer le nombre d'axes factoriels que nous exploite- rons ici et dans les analyses suivantes : le critère du pourcentage d'inertie, du coude et de Kaiser. Le premier recommande de choisir les axes par ordre décroissant de leur pourcentage d'inertie de façon à réunir une part d'inertie supérieure à un seuil compris entre 60 et 80 % tandis que le se- cond cherche à détecter l'existence d'un "coude" ou d'un palier correspondant à forte diminution de l'inertie. Le critère de kaiser, quant à lui, suggère de retenir les facteurs dont les valeurs propres sont supérieures à 1.

En analysant l'annexe 3 on constate qu'aucun facteur n'a de valeur propre supérieure à 1. Toute fois on note un coude au niveau du troisième facteur mais la faible 5 part de variance expliquée sur les premiers axes nous force, en utilisant le critère de la part d'inertie, à retenir les dix premiers axes qui représentent 61,07% de l'inertie totale. Une fois le choix des axes effectué, l' intérêt sera porté sur les variables ayant les plus fortes contributions à la formation de ces axes et de meil- leurs cosinus carré (co s2). Ces aides à l'interprétation permettent de situer chaque variable et/ou modalité par rapport à l'axe qu'elle illustre.

II.2. Interprétation des axes

Nous aurons à expliquer les dix facteurs retenus précédemment.

II.2.1. Description du facteur 1

Le premier axe factoriel restitue 19,58% de l'information transportée par le nuage de point s. Les variables qui contribuent le plus à la formation de cet axe sont celles relatives à la connaissance des moyens classiques de prévention de l'infection à VIH (préservatif, abstinence...) et aussi à

celle de la transmission mère-enfant. Précisément, il s'agit des variables (confère tableau 6) :

5 Ceci es t une ca ractéris ti que de l 'ACM ; el l e donne pa rfois des mes ures pessi mis tes de l 'i nforma ti on extrai te

v774a6 (9,2%), v774b (9,2%), v774c (8,8%), v754bp (9%), v754cp (8,4%), v754dp (7,9%), v754wp (7,9%) et s408 (7,5%). En fait le premier axe fa ctoriel oppose deux catégories de jeunes : D'un côté, on a des jeunes qui savent au moment de l'enquête au moins un moyen pour réduire les risques de transmission de la maladie. Ils déclarent également, d'une part que le préservatif, l'abstinence sexuelle et la fidélité à un unique partenaire constituent des moyens de réduction des risques de transmission et d'autre part que le virus ne peut être transmit à travers la nourriture. Ils connaissent aussi les différents stades dans la transmission de la mère à son enfant (au cours de la gro ssesse, pendant l'accouchement et/ou l'allaitement).

D'un autre côté, on a un groupe de jeunes qui ne connaissent aucun moyen de prévention encore

moins si le virus peut se transmettre d'une mère à son enfant ou de quelle manière. Ils ne savent également rien des moyens de prévention standard (préservatif, fidélité, abstinence) en matière de VIH/SIDA.

Cet axe peut être considéré comme l'axe des connaissances des méthodes de prévention et de la

transmission mère-enfant.

Tab leau 7 : liste des v ari ables p articip ant à la f ormation de l 'axe 1

 

Coordonnées négatives

 

Coordonnées positives

Variables

modalités

CTR*

CO2*

Vtest*

Variables

modalités

CTR

CO2

Vtest

S408 Oui 1,4 0,31 -26,94

V774a Oui 1,4 0,26 -24,58

V774b Oui 1,6 0,29 -25,95

V774c Oui 1,3 0,24 -23,75

V754b Oui 0,9 0,23 -23,31

V754c Oui 1,2 0,28 -25,53

V754d Oui 0,8 0,24 -23,41

V754w Non 1,3 0,2 -21,47

V756 Oui 1,2 0,23 -23,33

V780 Oui 0,8 0,17 -19,65

V783 Oui 1,3 0,1 -15,64

V823 Non 1,1 0,15 -18,44

V824 Oui 1,2 0,13 -17,28

S408 Non 6 0,46 32,66

V774a NSP 7,6 0,57 36,62

V774b NSP 7,5 0,57 36,5

V774c NSP 7,2 0,55 35,87

V754b NSP 8,1 0,56 36,29

V754c NSP 7,1 0,53 35,01

V754d NSP 7 0,49 33,93

V754w NSP 6,5 0,48 32,42

V756 NSP 6,3 0,46 32,87

V780 NSP/pas sûr 3,5 0,24 23,63

V754j NSP 4,9 0,38 29,73

V823 NSP 5,3 0,41 30,87

V824 NSP 1,4 0,12 16,91

somme

15,5

 
 

somme

78,4

 
 

Source : EIS-CI, nos calculs

*lecture : CT R= contribution des modalités ; CO2= cos inus carré des modalités ; Vtes t= valeur tes t

II.2.2. Description du facteur 2

Le second axe totalise 7,36% de l'inertie totale. Les variables qui contribuent au positionnement de cet axe sont celles traitant des représentations que se faisaient les jeunes ruraux du VIH/SIDA et des personnes malades au moment de l'enquête. O n y distingue : v779 7 (14,4%), v754wp (12,2%), v825 (11,5%), v756 (7,9%) et v754jp (7,3%). Cet axe oppose les jeunes ruraux comme

suit :

D'une part, le groupe de ceux qui affirment qu'un enseignant séropositif peut continuer à enseigner tant qu'il en est capable. Pour ce groupe, le virus VIH ne peut se transmettre par la nourriture encore moins par les piqûres de moustiques mais il est possible qu'une personne, paraissant en bonne santé, puisse être porteuse du virus. Enfin, les membres de ce groupe auraient fait des emplettes chez un commerçant séropositif s'ils le savaient.

D'autre part, certains pensent qu'on ne devrait pas autoriser un enseignant séropositif à continuer d'enseigner et ces mêmes ne sont pas disposés à acheter des légumes à un mar- chand séropositif. Ils cro ient aussi que le virus VIH se transmet par des piqûres de mous- tiques ou en partageant de la nourriture avec un séropositif. Toujours pour ce groupe il est impossible qu'une personne paraissant en bo nne santé soit séropositive.

On peut voir cet axe comme celui décrivant les représentations sociales du VIH/SIDA et/ou de ses malades.

Tab leau 8 : contributi on au deuxième facteur

 

Coordonnées négatives

 

Coordonnées positives

Variables

modalités

CTR

CO2

Vtest

Variables

modalités

CTR

CO2

Vtest

S408 Non 5 0,13 -17,69

V778 Non 5,6 0,16 -19,83

V779 Pas autorisé 8,5 0,34 -27,95

V754j Oui 4,3 0,17 -19,79

V754b Non 2,1 0,006 -23,31

V754d Non 2,7 0,007 -12,85

V754w Oui 8,9 0,29 -25,87

V756 Non 6,4 0,19 -20,78

V783 Non 1,4 0,14 17,99

V823 Oui 3,9 0,13 -17,44

V824 Non 3,1 0,11 -16,88

S408 Oui 0,9 0,07 12,81

V778 Oui 1,3 0,16 18,66

V779 Autorisé 5,4 0,25 24,2

V774C NSP 0,6 0,002 6,42

V754b Non 2,1 0,006 36,29

V783 Oui 4,5 0,12 17,99

V754w Non 2,9 0,17 19,73

V756 Oui 1,2 0,008 14,37

Non 0,8 0,002 10,5

V823

NSP 1 0,005 7,14

V824 Oui 1,9 0,008 13,24

7 Voi r ta bl ea u 6 des pa ges 31 -32

V825 Non 4,5 0,27 -25,3

V847 D'accord 3,1 0,11 -16,49

 

V825 Oui 7 0,27 24,79

V847 Pas d'accord 1,7 0,11 -15,47

 

somme

54,5

 
 

somme

31,3

 
 

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

II.2.3. Description du facteur 3

Le troisième facteur représente 6,93% de l'inertie totale. P lusieurs variables ont contribué à la formation de cet axe dont les plus importantes sont v774a (18,2%), v774b (19,2%) et v774c (18,7%). Cet axe distingue deux catégories de jeunes : ceux qui savent que le virus VIH peut se transmettre de la mère à l'enfant et que cela ce fait à trois moments (au cours de la grossesse, pendant l'accouchement et/ou l'allaitement) s'opposent au groupe des sceptiques. Pour ces der- niers le virus ne peut se transmettre au cours des trois moments ci-dessus cités.

Cet axe est essentiellement celui des connaissances liées à la transmission mère-enfant.

 

Coordonnées négatives

 

Coordonnées positives

Variables

modalités

CTR*

CO2*

Vtest*

Variables

modalités

CTR

CO2

Vtest

S408 Non 2,2 0,06 -11,4

V774a Non 14,6 0,39 -30,26

V774b Non 15,6 0,41 -30,99

V774c Non 15,1 0,4 -30,4

V754b Non 4,1 0,1 -15,63

V754c Non 3,8 0,1 -15,02

V754d Non 3,9 0,1 -15,01

V754w Non 1,7 0,09 -14,57

V756 Non 1,9 0,05 -11

V754j Non 2,9 0,11 -15,93

V823 Non 1,7 0,08 -13,47

V824 Non 0,9 0,03 -8,02

V825 Oui 0,6 0,02 -6,96

S408 Oui 0,4 0,03 8,59

V774a Oui 3,6 0,23 23,2

V774b Oui 3,6 0,24 23,42

V774c Oui 3,6 0,24 23,63

V754b Oui 0,9 0,08 14,06

V754c Oui 0,7 0,06 11,85

V754d Oui 0,9 0,09 14,75

V754w Oui 3,8 0,11 16,32

V756 Oui 0,7 0,05 10,25

V754j Oui 3,1 0,11 16,35

V823 Oui 2,7 0,09 14,19

V824 NSP 3,1 0,1 15,08

V779 NSP/pas sûr 0,9 0,02 7,38

somme

69

 
 

somme

28

 
 

Tab leau 9 : contributi on au troi sième facteur

Source : EIS-CI, nos calculs

II.2.4. Description du facteur 4

Ce facteur représente 6,04% de l'information contenue dans le nuage de points. Les principales variables qui l'ont positionné sont : v754bp (18%), v754cp (24%) et v754dp (23,6%). Ce facteur confronte deux catégories : les jeunes qui sont persuadés que l'abstinence, l'usage permanent de

préservatifs et la fidélité à un unique partenaire sain sont des moyens de prévenir ou au moins de réduire les risques de transmissions du VIH, et ceux des jeunes qui ne cro ient pas aux vertus pré- ventives de ces trois recettes. En effet, pour ces derniers il n'est pas possible de réduire les risques de transmission du VIH en s'ab stenant de tout rapport sexuel encore moins en utilisant régulièrement des préservatifs ou en restant fidèle à son partenaire.

Ce facteur décrit essentiellement les connaissances des méthodes standards de prévention de

l'infection à VIH. (Confère annexe 5)

II.2.5. Description des autres ax es factoriels

Toute cette partie est issue de l'analyse de l'annexe 5. Nous décrirons succinctement dans cette section les autres axes qui, pris individuellement, ne restitue nt pas assez d'information (part l'inertie).

Ø Axe 5 : il renvoie 4,25% de l'inertie totale. Les variables v774a (17,3%), v774b (19,1%),

v774c (18,9%) et v824 (9,2%) ont contribué à la formation de cet axe. Ce facteur oppose d'une part, les jeunes qui ne savent ni l'existence de traitement pour la P TME8 ni le fait que le VIH pouvait se transmettre de la mère à sa progéniture au cours de la grossesse, de l'accouchement et/ou de l'allaitement et d'autres part, le groupe possédant toutes ces co n- naissances simultanément.

Ø Axe 6 : il totalise 3,78% de l'inertie totale. La formation de cet axe est le fait principale- ment des variables v779 (18,3%), v823 (12,5%), v780 (11,9%), v774a (10,8%), v754jp (9,3%) et v754wp (7,6%). Sur ce facteur on retrouve deux groupes de jeunes opposés : d'un côté des jeunes qui déclarent que le virus VIH se transmet par la sorcellerie, les p i- qûres de moustiques et la nourriture. Pour eux, la maladie ne peut être inoculée au cours de la grossesse (de la mère à son enfant) mais les enfants de 12-14 ans devraient être éd u- qués sur l'usage des préservatifs. Ils n'ont pas d'opinion sur le débat portant sur le service des enseignants séropositifs. D'un autre côté, des jeunes qui affirment que le VIH ne peut se transmettre par la sorcellerie, les piqûres de moustiques ou en mangeant avec un séro- positif. Par contre, ils estiment que la transmission est possible pendant la grossesse. D'un

autre po int de vue ces derniers affirment que les enseignants séropositifs ne devraient pas

8 Préventi on de l a tra ns miss i on mère-enfa nt

continuer à enseigner et les enfants ne devraient pas être enseignés sur l'usa ge des préser- vatifs.

Ø Axe 7 : Ce facteur représente 3,66% de l'information contenue dans le nuage de points.

Les principales variables ayant contribué à sa formation sont v847 (24%), v778 (17,6%), v756 (12,6%), v779 (12,5%), v824 (9,9%) et v780 (9,1%). Ici, deux catégories de jeunes s'opposent. D'une part, on a les jeunes qui savent qu'il existe un traitement pour la PTME et qu'il est aussi possible qu'une personne "bien portante" soit séropositive. Bien que ces derniers pensent que les enfants de 12-14 ans devraient être sensibilisés sur le port des préservatifs ils cro ient aussi qu'on ne devrait pas autoriser les enseignants séropositifs à continuer d'enseigner. P ire, ils affirment que les malades du VIH/SIDA devraient avoir honte d'eux et ils ne sont pas d isposés à s'occuper d'un parent malade du VIH. D'autre part, on a le groupe des jeunes qui affirment, pour chacune des variables ci-dessus me n- tionnée, le contraire de ce que le premier groupe a déclaré.

Ø Axe 8 : cet axe restitue 3,46% de l'inertie totale. Les variables de forte s contributions sont

v779 (23,9%), v780 (17,2%), v754jp (13,8%) et v783 (7,7%). Cet axe oppose comme les autres axes deux catégories. D'un côté le groupe des jeunes qui ne savent où faire un test de dépistage mais qui déclarent que les moustiques ne peuvent inoculer le virus VIH. Cette même catégorie ne sait pas si les enfants de 12-14 ans devraient être éduqués sur l'usage du préservatif encore moins si les enseignants séropositifs devraient arrêter d'enseigner. D'un autre côté les jeunes qui connaissent un endroit où effectuer un test de dépistage mais qui, par contre cro ient que les piqûres de moustiques sont moyen de co n- tamination. Ces derniers ont déclaré être contre le fait qu'on devrait éduquer les enfants sur l'usage des préservatifs et pour eux l'on ne devrait pas autoriser les enseignants séro- positifs à continuer leurs services.

Ø Axe 9 : il regroupe 3,04% de l'information totale contenue dans le nuage de points. Sa formation a nécessité la contribution de plusieurs variables dont les principales sont : v780 (31,4%), v783 (13,5%), v779 (11,8%) et v823 (10,5%). Il oppose : d'une part, les jeunes pour qui le virus ne peut se transmettre par la sorcellerie et qui ne connaissent éga- lement pas un lieu pour se faire dépister du VIH. Ce groupe croit aussi que les enfants de

12-14 ans ne devraient pas être éduqués sur l'usage du préservatif. Il est aussi indécis à se

prononcer sur la continuation de l'enseignement pour un enseignant déclaré séropositif.

D'autre part, on retrouve le groupe de ceux qui, bien qu'étant pour l'éducation des e nfants sur le préservatif et connaissant aussi un lieu de dépistage du VIH, cro ient que le virus peut se transmettre par la sorcellerie. Ce dernier groupe est également favorable pour que les enseignants séropositifs continuent l'enseignement tant que possible.

Ø Axe 10 : il réunit 2,97% de l'inertie globale. Les plus fortes contributions étant le fait de s408 (43,3%), v824 (20,7%), v823 (8,4%) et v780 (7,9%). Ce dernier axe oppose deux ca- tégories de jeunes : d'un côté un groupe qui, connait au moins un moyen de prévention, sait que le VIH ne se transmet pas par la sorcellerie et également est favorable à l'éducation des enfants sur l'usage du préservatif. Par contre les individus de ce groupe ne savent pas qu'il existe des traitements réduisant la transmission de la mère à l'enfant. D'un autre côté le groupe de ceux qui sont contre l'éducation des enfants (12-14 ans) et qui cro ient que le virus se transmet par des voies mystiques. Bien que les individus de ce groupe savent qu'il existe des traitements pour la prévention de la transmission mère- enfant ils ont répondu ne pas savoir un moyen (classique) de prévention de la maladie.

II.3. Exemple de plan factoriel

Nous présenterons, ici, succinctement les deux premiers p lans factoriels.

II.3.1. Plan factoriel principal

Ce plan a un apport de 26,94% à l'explication des connaissances en matière de VIH/S IDA à l'aide des variables incluses dans l' analyse. Il met en évidence les tendances des jeunes à con- naitre, à ne pas connaitre ou encore à mal connaitre le VIH/SIDA. En effet, les projections dans ce plan semblent mettre en exergue deux groupes de jeunes : ceux qui ont les bonnes informa- tions sur le VIH/SIDA ou qui possèdent de mauvaises informations (groupe 1) et le groupe des non informés (groupe 2).

Graphi que 7 : nuage des i ndiv idus d ans le premier plan f actoriel

1 2

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

II.3.2. Plan factoriel secondaire

Le plan formé par les premier et troisième axes totalise 26,51% de l' inert ie totale. Dans ce plan, les variables et les individus semblent se répartir en deux groupes : le premier est composé des jeunes disposants d'informations (bonnes ou mauvaises) sur le VIH/SIDA et le second concerne les jeunes qui, par leurs déclarations, ne possèdent pas d'informations véritables sur la pandémie du VIH/SIDA.

Graphi que 8 : nuage des i ndiv idus d ans le secon d pl an f actoriel

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

Au final, nous avons réussi à former les axes factoriels. Nous pouvons maintenant passer à la classification sur facteurs des individus.

III. Classification ascendante hiérarchique

Le principe de l'algorithme de la classification ascendante hiérarchique consiste à créer, à chaque étape, une partition obtenue en agrégeant deux à deux les éléments les plus proches. Un élément désigne alors à la fois les individus (ici les jeunes) à classer eux mêmes et les regroupements d'individus générés par l'algorithme.

Encadré 2 : algorithme de la cl as sifi cati on ascend ante hiérarch ique

Il est itératif et procède de la façon suivante :

Ø Etape 0 : O n part d'une partition triviale P0 où chaque individu constitue une classe.

Ø Etape 1 : O n agrège les individus les plus proches suivant une distance d

qu'on dé finit

sur les individus et on remplace ensuite les individus agrégés par leur centre de gravité affecté de la somme des poids.

Ø Etape 2 : O n agrège les classes les plus proches à l'aide d'une distance D qui est l'indice d'agrégation des classes jusqu'à tomber sur la classe formée de tous les individus.

Quatre méthodes sont souvent utilisées pour définir le critère d'agrégation D. On distingue :

La méthode du saut simple (single linkage): c'est l'algorithme obtenu en utilisant l'indice

d'agrégation D(A,B)=Min{d(i,j) ; i?A , i? B} où d est la distance entre 2 ind ividus.

La méthode du diamètre (complete linkage) : cela revient à l'utilisation de l'indice

d'agrégation D(A,B)=Max{d(i, j) ; i?A , i? B}.

i

d ( i , j )

La méthode de la distance moyenne (average linkage) : cela revient à l'utilisation de

l'indice d'agrégation D ( A , B )

,

A , j B

c a r d ( A ) * c a r d ( B )

Ø La méthode de WARD : c'est la méthode la plus utilisée et celle qui est implémentée par la procédure de classification sur facteurs de SP AD. Elle revient à l'utilisation de l'indice

d'agrégation

p A * p B

D ( A , B )

c

a r d ( A )

p

p A B

d 2 ( g

A , g B

)

g A représente le centre de gravité de A;

p A

n b r e t o t a l d ' i n d i v i d u s

et d est la distance euclidienne.

La méthode de Ward utilise le calcul de l'inertie inter classe. En effet lorsqu'on agrège

deux individ us ou 2 classes, l'inertie intraclasse augmente et l'inertie interclasse diminue. On

cherche alors à obtenir à chaque pas un minimum local de l'inertie intraclasse et un maximum local de l'inertie interclasse. En d'autres termes, on agrégera les individus ou les classes qui font le moins varier l'inertie intraclasse. Ainsi on construit un indice d'agrégation égal au coût informationnel de chaque agrégation. Cet indice mesure la perte d'inertie interclasse résultant de chaque opération d'agrégation. Dans la méthode de Ward, il s'agit de minimiser cet indice.

Source : cours analyse des données, T. Michel (2006)

III.1. recherche des classes

Le nombre optimal de classes, pour la partition des jeunes, à considérer est inspiré essentielle- ment par la réalisation de l'histogramme des indices de niveau ou courbe des indices de niveau qui est réalisé ci-après. L'indice de niveau donne la valeur de l' indice d'agrégation de chaque noeud. Cet indice d'agrégation au sens du critère de Ward mesure la dissimilarité entre les classes. L'indice de niveau d'un noeud est en fait la perte d'inertie interclasse occasionnée par la forma- tion du noeud.

Graphi que 9 : Histogramme des in di ces de niveau

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

La coupure de l'arbre peut être facilitée par l'examen de l'histogramme des indices croissants de niveau et l'arbre sera coupé au niveau pour lequel cet histogramme marque un palier important. En effet, toute barre de cet histogramme indique la valeur de l'indice d'une agrégation c'e st-à-dire la perte d'inertie obtenue en passant d'une partition en N classes à la partition en (N -1) classes.

Le graphique 8 présente un palier très évident entre le 2ième et le 3ième indice et un autre entre le

4ième et le 5ième indice. Ainsi les partitions en trois ou cinq classes constituent de bonne partition. Nous continuerons notre analyse avec la partition en trois classe s. La coupure de l'arbre d'agrégation (annexe 4) présente une première classe contenant 74,45% de jeunes, une deuxième classe contenant 10,33 % de ces jeunes et la troisième classe 15,22 %.

III.2. La présentation des classes

La description automatique des classes, qui constitue en pratique une étape indispensable de toute procédure de classification se fera à l'aide des aides à l'interpréta tion tels que la valeur-test et les ratios MOD/C LA et CLA/MOD. Le ratio MO D/C LA qui sera le critère principal, indique le pourcentage d'individus de la classe possédant la modalité. Ainsi MOD/CLA=100 traduit que tous les individus de la classe ont la modalité. Le critère C LA/MOD quant à lui indique les moda- lités qui sont bien représentées dans la classe. Le critère de la valeur-test indique tout simplement l'écart entre les valeurs relatives à la classe et les valeurs globales afin de désigner les variables ou modalités les plus caractéristiques (avec un risque de 5%). Il est à noter que toutes les valeurs - test sont significatives et donc la description portera essentiellement sur les deux autres critères. Tout l'output de la description des classes est expo sé en annexe 6.

Ø Classe 1

Cette classe est constituée de 74,45% des jeunes. Pour résumé, 89,98%, 94,36% et 92,11% des jeunes de cette classe déclarent respectivement que les préservatifs, la fidélité et l'abstinence sont des moyens de réduction des risques de transmission du VIH. En plus, la plupart des jeunes co n- naissant les vertus de ces méthodes appartient à cette classe. Concernant la transmission du virus de la mère à l'enfant, plus de trois quarts des jeunes de cette classe en connaissent les voies de transmission. Du point de vue des représentations sociales de la maladie on note par exemple que

84,92% des jeunes de cette classe sont disposés à prendre soin d'un parent qui serait malade du VIH/SIDA alors que 81,59% de ceux qui ont déclaré ne pas être d'accord avec le fait que les ma- lades devraient avoir honte appartiennent à cette classe. Bref, c'est la classe des bonnes connais- sances en matière de prévention classique, de transmission et aussi des bonnes représenta- tions sociales.

Ø Classe 2

Elle contient 10,33% des jeunes interrogés. Parmi ceux-ci, 76,35% ont répondu que la fidélité ne peut réduire les risques de transmission du VIH alors que 70,54% et 80,5% d'autres ne cro ient pas respectivement en l'abstinence et aux préservatifs. C'est par essence la classe des mauvaises connaissances en matiè re de prévention classique .

Ø Classe 3

Elle regroupe 15,22% de la population. Dans cette classe, plus de quatre jeunes sur cinq ne savent pas que le VIH peut se transmettre au cours de la grossesse et au moins autant pour la transmis- sion pendant l'accouchement ou pendant l'allaitement. La situation est pareille conce rnant les moyens de prévention classiques. En effet, 69,01% des individus de cette classe ne savent pas si oui ou non le préservatif peut aider à prévenir les risques de transmission. Concernant la préve n- tion par l'abstinence (58,31%) ou la fidélité (55,21%) les déclarations sont similaires. En conti- nuant on note que 62,54% de ces jeunes affirment ne pas sa voir si le virus se transmet en parta- geant la no urriture avec un malade, 66,48% ne savent pas si cela est possible par la sorcellerie et

66,51% d'autre encore moins par les piqûres de moustiques. En somme c'est la classe des jeunes

non informés sur les voies de trans mission et les méthodes traditionnelles de préve ntion.

III.3. Construction de l'indicateur « connaissances du

VIH/SIDA »

Notre indicateur se nommera CONNAIS, une variable catégorielle ayant pour modalités les classes constituées ci-dessus. Autrement dit :

1 , si l'individu appartient à la classe 1

CONNAIS=

2 , si l'individu appartient à la classe 2

3 , si l'individu appartient à la classe 3

Dans la suite nous considérerons que la connaissance du VIH/S IDA est « bonne » si CON- NAIS=1, « mauvaise » si CONNAIS=2 et « non informé » si CONNAIS=3. Ainsi l'indicateur ayant été construit nous pouvons nous atteler à rechercher les déterminants ou les variables de conditions de vie influençant le niveau de connaissance du VIH/SIDA. C'est ce que le chapitre suivant s'efforcera à effectuer.

CHAPITRE 2 : A LA RECHERCHE DES DE-

TERMINANTS DE LA CONNAISSANCE DU VIH/SIDA

Ce chapitre constitue une étape importante de notre recherche. En effet, en recherchant au niveau explicatif les influences des conditions de vie sur la connaissance du VIH/S IDA des jeunes r u- raux, nous confirmerons ou infirmerons les hypothèses que nous nous sommes donner de vérifier. C'est ici que nous ana lyserons la relation entre conditions de vie et connaissance en matière de VIH/SIDA. Cette analyse se fera sur la base de la régression logistique multinomiale.

I. Présentation du modèle logistique multinomial Les modèles de choix discrets sont les modèles adaptés au cas de figure où la variable à expliquer est qualitative, prend un nombre (très) limité de modalités et de plus, n'est pas ordonnée. Ils sont nommés ainsi parce qu'ils modélisent précisément des comportements où l'individu doit faire un choix parmi un ensemble discret de choix possibles. Parmi eux, les modèles Logit polytomique non ordonnés sont les plus utilisés. Cela tient à leur flexibilité et, du moins pour une partie d'entre eux, à leur relative facilité d'utilisation, comparativement, par exemple, aux modèles co n- currents que sont les modèles Probit multinomiaux. Le modèle Logit Multinomial a été introduit à la fin des années 60 par McFadden (1968) et Theil (1969). Boskin (1974) d'un côté, Schmidt et Strauss (1975) de l'autre, l'ont appliqué a u choix d'une profession, dans des perspectives très différentes9. Meng et Miller (1995) l'ont utilisé pour examiner l'influence du genre sur les pro- fessions en C hine. Aussi, Arum et S havit (1995) ont étudié à l'aide du Multinomial Logit Model,

les effets sur la catégorie professionnelle d'une vocation aux grandes études 10.

9 Les mod èl es Logi t pol ytomi ques non ordonnés : théori e et a ppl i ca ti ons Cédri c Afsa Ess a fi

10 Regres s i on Models for ca tegori cal a nd Li mi ted Dep enda nt Va ri a bl es , J.Scott Long : pa ge 148

Encadré 3 : modèle logit multinomi al

Chaque individu i appartient à une catégorie j parmi les k possibles. Il est décrit par un ensemble

de K caractéristiques

x i 1

, x i 2

L , x i K

(par exemple son âge, sexe, niveau d'étude, etc.). La probab i-

lité pour que l'individu i, compte tenu de ses caractéristiques fasse partie de la catégorie j parmi

ik

les J possibles est supposée dépendre d'une combinaison linéaire de x . Formellement cela

s'écrit :

P ( j / x i )

F (

( x , x

k

X i

0 j 1 j 1 j L

x x ) F ( x )

K j K j i j

pour j=1,2...... J

Le vecteur

x i i 1

i 2 L , x i k

) est le vecteur de variables explicatives associé à l'individu i, donc

la première composante vaut systématiquement 1 pour prendre en compte dans le modèle le fait

que les catégories n'ont pas les mêmes effectifs. La forme générale du modèle est la suivante :

( j ) )

( h ) )

e x p ( X

j / X )

i

t

P (Yi

e x p ( t

1

1

h

Pour identifier le modèle, il faut imposer la nullité de tous les paramètres relatifs à une catégorie donnée, appelée catégorie de référence. S i on décide que la catégorie de référence correspond à

0

j = J alors la condition d'identification est : On impose ( 0 J ) (1 J ) L

1

1

j / X )

P (Y i

J

X i

Avec cette condition le modèle s'écrit finalement

( K J ) .

e x p ( t

1

1

h

e x p ( X

j / X )

t

( h ) )

( j ) )

( h ) )

1

i

P (Y i

e x p ( t

1

1

J

X i

k

h

( j ) )

t

La fonction de maximum de vraisemblance est donnée par, avec k: le nombre d'alternatives et m le nombre d'observations :

( j ) , j 1,

j

k / Y , X )

L ( L

( h ) )

1 y j

1

e x p ( X i I

k y i

t

e x p (

1 X i

h

m i

Le modèle logit multinomial requiert une propriété importante : le rapport de deux probabilités de choix j1 et j2 ne dépend pas des autres choix possibles. Cette propriété appelée IIA (Ind e- pance from irrelevant Alternatives) que l'on peut traduire par « indépendance par rapport au choix non retenu » ou hypothèse des alternatives indépendantes.

Source : rapport de stage ENSEA, N. Diffo (2007)

II. Construction du modèle

On rappelle que dans le cas d'un modèle multinomial, la variable dépendante est le logarithme des chances de choix. Dans la présente recherche, les choix expriment, respectivement, les diffé- rents niveaux de connaissance du VIH/SIDA que nous avons ci-dessous mis en exergue (bon, mauvais, ne sait pas). De façon simple c'est la variable CONNAIS qui sera la variable dépen- dante du modèle. C'est une variable catégorielle. Il en est de même pour les explicatives.

Pour l'explication des connaissances en matière de VIH/SIDA, les variables retenues sont : les

variables relevant des caractéristiques sociodémographiques des jeunes telles que le niveau d'instruction, l'occupation ; les variables qui distingue « le riche » du « pauvre » et d'autres reflé- tant les structures sociales. Ces variables sont :

-v106 (niveau d'instruction) -v113 (source d'eau de consommation)

-v013 (groupe d'âge) -v116 (type de toilette)

-v119 (posséder l'électricité) -v120 (posséder une radio)

-v121 (posséder une télé) - v122 (posséder un réfrigérateur)

-v123 (posséder un vélo) -v124 (posséder une moto/scooter)

-v125 (posséder un véhicule/camio n) -v127 (principal matériau du sol)

-v130 (religion) -v136 (taille des ménages)

-v153 (posséder un téléphone) - v190 (quintile de bien-être économique)

-v501 (état matrimonial) - v461 (dormir sous une moustiquaire)

-v717 (occupation des jeunes) -aidsex (sexe)

-S107 (lire les journaux/magazines)

Nous soupçonnons que toutes ces variables explicatives peuvent avoir un lien avec la variable d'intérêt, c'est-à-dire que ces variables explicatives peuvent avoir un effet sur la variable à expli- quer. Pour confirmer ou infirmer ce soupçon nous testerons à l'aide du coefficient d'association V de Cramer et de la p-Value (associé au K hi-deux) les liens existants e ntre ces variables explica- tives et la variable d'intérêt. Ainsi, à l'exception de v013 (groupe d'âge) et v461 (dormir sous une moustiquaire) toutes les autres variables ne sont pas indépendantes du niveau de connaissance des jeunes en matière de VIH/SIDA. Toutefois pour nos différentes variables explicatives, nous cons- tatons que le V de Cramer est inférieur 0,2, donc la relation entre ces variables explicatives et la variable d'intérêt est faible si elle en existe sinon on dira qu'il y a absence de relation.

Tab leau 10 : tests de lien entre variables

Variables explicatives Connai ssance en matière de VIH/SIDA

Chi 2 V de Cramer p- value

Nive au d'instruction 152,43 0,181 0,00

Source d'eau de cons ommation 51,55 0,105 0,00

Groupes d'âges 1,82 0,02 0,77

Type de toile tte 51,14 0,105 0,00

A l'é lectricité 30,36 0,114 0 ,00

A une radio 62,13 0,115 0 ,00

A une té lé vis ion 44,83 0,1 0 ,00

A un réfrigérateur 37,26 0,126 0 ,00

A un vé lo 41,98 0,10 0 ,00

A une moto/s cooter 55,76 0,109 0 ,00

A une voiture /camion 32,93 0,09 0 ,00

M atériau du sol 54,3 0,108 0 ,00

re ligion 117,5 0,159 0 ,00

Taille des ménages 12,95 0,06 0,044

A un té lé phone 31,73 0,082 0 ,00

Quintile de bien-être é conomique 38,76 0,129 0 ,00

Etat m atrimonial 119,55 0,16 0 ,00

Dort ave c mous tiquaire 1,75 0,27 0,41 occupation 56,51 0,11 0 ,00 se xe 22,83 0,099 0 ,00

Lire un journal 141,17 0,174 0 ,00

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

Re marque : Apres avoir fait le diagnostic sur le premier modèle, nous constatons q ue 190 ind i- vidus (annexe 8) viole simultanément les critères de diagnostic que nous avons retenus (résidu standardisé, la distance de Cook, les Dbeta, les high leverage) 11 donc il nous faut enlever ces ob- servations et reprendre notre estimation à nouveau.

Les résultats de l'estimation "corrigée" sont consignés dans l'annexe 7. Dans la suite de notre analyse nous retiendrons que la catégorie de base du modèle est la bonne connaissance du VIH/SIDA. Le modèle est globalement significatif (Prob>chi2 = 0,000 < 0,05). En plus Le ta- bleau 10 des statistiques vient en complément pour témoigner de la bonne qualité de l'ajustement

du modèle avec un R2 de Count de 75,1%.

11 Le cri tère d es rés i dus détecte l es outl i ers et l es a utres détecten t l es i ndi vi dus i nfl uents (s ur l es coeffi ci ents du modèl e)

Tab leau 11 : Qualité du modèle multinomi al

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

II.1. Tests de mesure de la qualité du modèle

Nous exécuterons, ici, quatre type de tests. Parmi ceux-ci le test fondamental d'indépendance des

alternatives non pertinentes.

II.1.1. Wald test et LR test

 

TEST DU MAXIMUM DE VRAISEMBLANCE

TEST DE WALD

HO: ALL COEFFICIENTS ASSOCIATED WITH GIVEN VARIABLE(S) ARE 0.

| chi2 df P>chi2

-------------+------------------------- v106 | 31.804 2 0.000 v113 | 4.533 2 0.104 v013 | 0.097 2 0.953 v116 | 1.991 2 0.369 v119 | 4.556 2 0.102 v120 | 20.425 2 0.000 v121 | 0.476 2 0.788 v122 | 3.747 2 0.154 v123 | 5.694 2 0.058

v124 | 22.404 2 0.000 v125 | 9.153 2 0.010 v127 | 0.040 2 0.980 v130 | 43.268 2 0.000 v136 | 6.906 2 0.032 v153 | 4.463 2 0.107 v190 | 3.207 2 0.201 v461 | 2.998 2 0.223 v501 | 3.090 2 0.213 v717 | 4.584 2 0.101 aidsex | 3.566 2 0.168 s107 | 3.872 2 0.144

| chi2 df P>chi2

-------------+------------------------- v106 | 29.409 2 0.000 v113 | 3.976 2 0.137 v013 | 0.097 2 0.953 v116 | 1.982 2 0.371 v119 | 4.506 2 0.105 v120 | 20.299 2 0.000 v121 | 0.474 2 0.789 v122 | 3.866 2 0.145 v123 | 5.638 2 0.060

v124 | 22.561 2 0.000 v125 | 6.618 2 0.037 v127 | 0.040 2 0.980 v130 | 38.985 2 0.000 v136 | 6.646 2 0.036 v153 | 4.454 2 0.108 v190 | 3.107 2 0.212 v461 | 2.795 2 0.247 v501 | 3.078 2 0.215 v717 | 3.138 2 0.208 aidsex | 3.569 2 0.168 s107 | 3.885 2 0.143

Tab leau 12 : tests du maximum de vr aisembl ance et de Wal d

Source : EIS-CI 2005, no calculs

Le test du maximum de vraisemblance confir mé par le test de Wald nous permet de déclarer les variables significatives au seuil de 5%. Ainsi toutes les variables du tableau 12 dont les p- value

sont supérieur à 0,05 sont les variables pour lesquelles on considère qu'il y a assez d'évidence

pour considérer que leurs coefficients sont nuls.

II.1.2. Test de suppression des va riables

 

TEST DU MAXIMUM DE VRAISEMBLANCE

TEST DE WALD

HO: ALL COEFFICIENTS ASSOCIATED WITH GIVEN VARIABLE(S) ARE 0.

| chi2 df P>chi2

-------------+-------------------------

set_1: | 44.831 26 0.012

v113 | v013 | v116 | v119 | v121 | v122 |

v127 | v153 | v190 | v461 | v501 | v717 | aidsex |

| chi2 df P>chi2

-------------+-------------------------

set_1: | 41.823 26 0.026

v113 | v013 | v116 | v119 | v121 | v122 |

v127 | v153 | v190 | v461 | v501 | v717 | aidsex |

Tab leau 13 : tests de suppression des vari ab les

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

Les tests du tableau 12 nous ont permis de détecter certaines variables non significatives. Mais le test de suppression de ces variables nous permet de rejeter l'hypothèse nulle selon laquelle l'on peut supprimer ces variables des modèles (PLR >chi2 = 0,012 et PWald >chi2 = 0,026). Ainsi, comme il n'existe pas assez d'évidence pour supprimer ces variables du modèle, nous continuons l'analyse avec l'ensemble des variables indépendantes.

II.1.3. Test de la combinaison des variables

Au seuil de 5%, ce test rejette l'hypothèse nulle selon laquelle tous les coefficients excepté celui de la constante sont nuls. O n conclut donc que les alternatives peuvent être distinguées deux à deux à partir des variables explicatives ; Il y a donc assez d'évidence pour distinguer « bonne connaissance » ou «mauvaise connaissance» ou « non informés » au niveau de connaissance des jeunes ruraux, en matière de VIH/SIDA, à partir des variables explicatives retenues dans notre modèle.

Tab leau 14 : test de combinaison des vari ables

Source : EIS-CI 2005, nos calculs

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