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La définition de la Politique selon Julien Freund. Une lecture de "Qu'est-ce que la politique?" de Julien Freund

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par Hermann Banda
Institut de philosophie de Mayidi RDC - Graduat en philosophie 2011
  

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II.4. Les conséquences en politique

Il s'avère indispensable de commencer d'emblée par définir le mot « conséquence ». Une conséquence est un résultat, suite d'une action, d'un fait71(*). En d'autres termes, une conséquence est le découlement d'une action, d'un fait. J. Freund pense que le problème de conséquence est l'un des problèmes de la philosophie de l'action qui n'a pas souvent fait l'objet d'intérêt ; paradoxalement à sa place prépondérante dans l'univers de l'action. Il arrive souvent de remarquer que l'analyse des conséquences met l'homme devant quelques évidences : ses limites, son impuissance face à certaines situations et la non maitrise de son destin. Car, nous nous rendons souvent compte que « ce à quoi aboutit finalement une action est rarement conforme aux intentions initiales et au projet, parce que les moyens mis en oeuvre ainsi que le résultat développent des séries d'effets inattendus et déconcertants, soit qu'ils majorent ou affaiblissent la portée du succès, soit qu'ils aggravent ou limitent l'échec, soit qu'ils créent une situation nouvelle par un tel bouleversement des conditions que l'objectif recherché, même s'il a été atteint, perd sa grandeur, son importance, son utilité et sa raison »72(*). C'est ce fait que Max Weber appelle par le paradoxe des conséquences73(*) ; c'est-à-dire « qu'en règle générale il n'y répond jamais et que très souvent le rapport entre le résultat final et l'intention originelle est tout simplement paradoxal. »74(*) En politique, les conséquences d'une action sont souvent imprévisibles ; et même, cela se remarque dans la vie de chaque jour. Ici nos prévisions se heurtent souvent contre le mur du destin.

Max Weber souligne que le paradoxe des conséquences ne doit pas être un moyen d'évasion pour ne pas se mettre à la suite d'une cause quelconque ; il croit que « l'action perdrait alors toute consistance interne »75(*). Tout ceci souligne l'importance de la question de la conséquence pour la philosophie de l'action. Elle en constitue le noeud. Certes, à moins qu'il ne soit téméraire, l'homme sensé agit en fonction du possible et du probable. Son action est orientée par rapport aux conséquences possibles ; il estime ses chances, pèse ses moyens, et vient à agir.

Notre auteur distingue deux sortes de conséquences : les conséquences prévisibles et les conséquences imprévisibles. Parmi les conséquences prévisibles, on compte « celles que l'on a effectivement prévues et qui constituent les raisons d'agir et de vouloir un objectif déterminé et celles que l'on n'a pas prévues par négligence, par précipitation ou par imprudence et qui, lorsqu'elles se manifestent, risquent de nous dérouter au même titre que les conséquences imprévisibles »76(*). On prévoit par rapport à la situation générale dans laquelle on se trouve ; la prévision demande de la rationalité dans le calcul ; l'intuition qui doit prendre sa source dans la situation générale ; l'acteur politique doit agir en fonction de la disponibilité des moyens et des réactions éventuelles de l'adversaire. Il n'y a pas de coup de chance ou du hasard car ces deux faits sont inévitables.

D'après J. Freund, il arrive souvent que l'homme renonce à son entreprise lorsque les conséquences de ses actes sont défavorables ; à l'exception des cas où l'acteur n'a plus d'autres ressources que se fier au risque ou au fatalisme dans le cas où il s'agit de trouver au-delà des conséquences défavorables, une issue heureuse. En effet, il n'existe pas d'actions où les conséquences sont toutes favorables ou défavorables ; il y a toujours un côté comblé par des fleurs et un autre par des épines. En agissant, l'acteur doit tout prendre en compte : ce qu'il veut et ce qu'il ne peut vouloir. Pour bien expliciter notre point, référons-nous aux différents systèmes qui régissent nos différents pays ; ces systèmes ne sont pas bons en soi ; ils présentent les avantages selon les pays dans lesquels ils sont utilisés. Un système capitaliste ne sera pas vu de la même manière dans un pays où il est la base de l'économie et dans un autre où existe le socialisme ou le communisme.

De façon concrète, notre pays se veut démocratique. La démocratie, selon La philosophie de A à Z , est « un type d'organisation politique dans laquelle c'est le peuple, c'est-à-dire, l'ensemble des citoyens sans distinction de naissance, de richesse ou de compétence, qui détient ou qui contrôle le pouvoir politique »77(*). Ce type d'organisation politique, bien qu'il laisse la suprématie au peuple, n'est certes pas, sans difficultés ou inconvénients. Raymond Aron, dans son Introduction à la philosophie politique. Démocratie et Révolution, présente les mérites et les inconvénients de la démocratie. Il s'appuie sur la conception platonicienne qui distingue trois types de régimes possibles : la monarchie, l'aristocratie et la démocratie. Tous les trois régimes ont des avantages et des inconvénients. Dans les inconvénients, il présente le régime démocratique, comme tous les autres régimes, comme des oligarchies; en ce sens que le pouvoir est toujours entre les mains d'un petit nombre. Dans le régime démocratique, les conflits entre les partis contribuent à décomposer l'unité nationale, et à affaiblir les pouvoirs. Les régimes démocratiques sont pour lui des régimes instables, faibles ; bien qu'il y ait toujours des exceptions qui confirment la règle générale 78(*). Mais, il stipule que les mérites des régimes démocratiques sont immenses en partant du présupposé selon lequel `'aucun régime n'est parfait''. Cette conception de Raymond Aron est fondée sur une conception machiavélienne : « supposer d'avance les hommes méchants, et toujours prêts à montrer leur méchanceté toutes les fois qu'ils en trouveront l'occasion »79(*). De ce présupposé, le régime démocratique parait comme le meilleur de tous les régimes possibles ; car, ces régimes démocratiques limitent le plus la capacité d'action des gouvernants80(*). Ceci souligne le fait qu'un acte ne comporte pas toujours des inconvénients mais aussi des avantages.

Les conséquences imprévisibles sont « logiquement, mais non matériellement, de même nature : Elles constituent l'élément absolument contingent de toute action puisqu'elles procèdent du hasard, lequel, il est vrai, se laisse évaluer statiquement dans certains cas par le calcul des probabilités »81(*). Les conséquences imprévisibles au même titre que les prévisibles peuvent être défavorables ou favorables. La tache revient à l'acteur politique de savoir s'y prendre avec promptitude pour devancer l'adversaire, qui peut aussi en faire un moyen de déstabilisation. La prise en charge de ces imprévus est d'une grande importance car elle détermine la suite de l'action. De fait, la grandeur de l'homme politique et de son oeuvre est déterminée par sa capacité de prévision qui est un facteur déterminant pour toute son entreprise et son succès. C'est cela qui l'aide à prendre en charge les conséquences prévisibles et imprévisibles de son action. Toute action est animée par ce que Max Weber appelle par « les puissances diaboliques »82(*) de l'irrationnel et c'est dans une lignée des conséquences qu'elle s'inscrit, c'est-à-dire, une conséquence entrainant une autre. En ce moment, il est à constater que ce qui parait aujourd'hui comme échec, peut s'avérer salvateur dans la suite. C'est à ce niveau des moyens et des conséquences qu'il convient de faire intervenir les options concrètes qui concourent à la réalisation du but spécifique du politique : il s'agit des choix de l'acteur politique qui sont présupposés par une compétence de l'agissant.

* 71Cfr. Dictionnaire Hachette encyclopédique, Paris, Hachette, 2002, p.364.

* 72 J.FREUND, o.c., p.69.

* 73Cfr. M. WEBER, Le savant et le politique, p.180-181, cité par J.FREUND, MAX WEBER, Paris, PUF., 1969, p.108.

* 74 Id.

* 75 Ib.

* 76 J.FREUND, o.c., p.72.

* 77 E. CLEMENT (dir), La philosophie de A à Z, Paris, Hatier, 2000, p.102.

* 78 R. ARON, Introduction à la philosophie politique. Démocratie et Révolution, Paris, Fallois, 1997, p.135.

* 79 MACHIAVEL , Discours sur la première décade de TITE LIVE, livre I, chap.III, cité par S. DE LA TOUANNE, Julien Freund. Penseur « machiavélien »de la politique, Paris, L'harmattan, 2004, p.11.

* 80 R. ARON, o.c., p.136.

* 81 J.FREUND, o.c., p.74.

* 82 MAX WEBER, cité par J. FREUND, o.c., p.75.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault