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Le mouvement syndical haitien: luttes et conquêtes dans le secteur de l'éducation 1986-2000

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par Leonel l PIERRE
Université d'état d'Haiti INHAGEI - Licence en admnistration publique 2004
  

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Section 3 : Le comportement du gouvernement face aux retombées de la lutte syndicale dans le secteur éducatif.

En même temps que la lutte syndicale évolue dans le secteur Éducatif le gouvernement ne reste pas dans l'indifférence. Si dans certains secteurs d'activités l'État n'est pas considéré comme patron mais comme un recours en cas d'échec de négociation avec leurs patrons, dans le secteur de l'Éducation c'est le contraire. Car, les syndicats du secteur Éducatif négocient directement avec l'État. Les résultats des négociations sont considérés comme étant des retombées, le gouvernement, faisant partie de l'État ne reste pas indifférent. Sa position est manifestée sous diverses formes. D'un côté, il fait semblant de prendre en compte les revendications des Enseignants alors que les engagements pris ne sont pas respectés et il essaie par certaines manoeuvres de corrom-pre et de récupérer le mouvement en profitant des dissensions internes liées à l'essouf-flement de la lutte.

3-1: LA PRISE EN COMPTE DES REVENDICATIONS DES ENSEIGNANTS.-

Malheureusement, le Gouvernement n'a pas ce qu'on pourrait appeler un programme syndical dans le secteur Éducatif et de plus même le pays n'est pas doté d'une politique syndicale. C'est au même moment que les syndicats du secteur éducatif enclenchent la lutte crystallisée autour de leurs revendications que le gouvernement feint de les prendre en compte. Elles sont inscrites dans un document intitulé extrait de ses cahiers de revendications constitué en 50 points.

Si nous essayons de faire une comparaison entre les textes des cahiers de revendications des syndicats et les textes des accords signés avec l'État Haïtien une grande différence s'observe. Tous les points revendiqués ne s'inscrivent pas dans le texte des accords. D'autant plus que les Accords sont liés à un processus évolutif de 17 janvier 1997 jusqu'au 23 Mai de la même année. Tout ce processus était inscrit dans le cadre d'un combat et que le syndicalisme dans le secteur avait conquis une place dans le pays. Le Gouvernement d'alors, agissant au nom de l'État accepte de voir dans le syndicalisme de ce secteur le moyen d'expression naturelle des Enseignants. C'est sur eux que les Enseignants comptent pour obtenir satisfaction; d'ailleurs l'essentiel de leurs revendica-tions constitue la revendication de chaque Enseignant et de plus les syndicalistes d'avant-garde étaient effectivement des Enseignants. Ils étaient, les seuls, mieux armés à poser véritablement le problème de chaque Enseignant, en général le problème du système Éducatif. Le point fort souligné dans leurs revendications c'est la défense du métier d'enseignant.

Devant tous les arguments évoqués et la multiplication des actions syndicales; le gouvernement était contraint de signer les Accords pouvant contribuer à la rénovation de notre système Éducatif : Que sont-ils devenus ?

3-2: LES ENGAGEMENTS NON RESPECTES.-

A chacun son métier ! nous dit le vieil adage. C'est ce que nos ancêtres n'ont cessé de nous claironner et c'est également ce que nous avons cru. Dans toute société où l'on veut éviter les frustrations diminuer le charlatanisme, d'encourager le mélange des rôles et des genres on doit faire usage de cet adage. En Haïti, l'Enseignant, semble-t-il a cessé d'être un métier pour devenir un abri sûr où se cachent les canailles, un simple refuge où se cachent les chômeurs dans sa grande majorité.*(*)

Pour la première fois dans l'histoire de l'Éducation en Haïti, syndicats d'enseignants et l'État s'engagent dans des accords. Si tous les points des accords arriveraient à être respectés ce serait dans l'intérêt de la nation car l'école haïtienne ferait un bond en avant. Pour le malheur de notre pays, le Gouvernement à signé au nom de l'État qui, quelque mois après, a niè sa signature. Nous étions témoin et artisan du document publié par les syndicats en réaction aux manoeuvres du gouvernement pour ne pas honorer la première tranche de 50% en évoquant l'illégalité d'une loi rectificative sous pretexte que le Gouvernement était démissionnaire. Comme il s'agissait des décaissements qui concernaient les enseignants l'illégalité tentait être de mise mais quand il s'agissait des décaissements dans d'autres cas, point d'obstacle. Ce peut-être la raison d'État !

Aux grands maux les grands remèdes déclarent les syndicalistes. Les dirigeants de l'État pensent qu'ils sont plus intelligents au contraire ils s'illusionnent. Ils pensaient qu'une fois la promesse de l'ajustement faite, les syndicats lèveront leur mot d'ordre de grève, les enseignants ne seront plus en position de combat et enfin, ce sera la reprise de toutes les activités scolaires. Et de plus c'était bientôt les vacances.

Au contraire un enjeu était là peut être les dirigeants de l'État n'y pensaient pas et n'étaient pas assez perspicaces, la correction du Baccalauréat au lycée Marie Jeanne de Port-au-Prince et d'autres centres de correction à travers le pays étaient les lieux de rendez-vous; et une arme redoubtable entre les mains des syndicalistes. Les syndicalistes ont réagi en stratèges. Au moment où ils lançaient leur mot d'ordre de grève aux correc-teurs, ils faisaient sortir un document réflétant leurs positions autour de la loi rectifi-cative prônée par le gouvernement.

Devant le temps qui est imparti à la correction par rapport à l'ouverture des classes le gouvernement a consenti à accorder aux enseignants un ajustement de 50%. Jamais les 32% de l'ajustement.

Cependant, l'ajustement de salaire n'était pas le seul point qui figurait dans les accords mais il était un point très litigieux. C'est pour cela que nous insistons là dessus. Dans l'ensemble, les engagements pris par l'État à travers les accords signés conjointement avec les syndicats ne sont pas respectés. Les syndicalistes le disent assez souvent et n'ont cessé de reclamer le respect de ces Accords. La commission que prévoient ces accords pour le suivi et le contrôle publie son rapport deux années après et fait ressortir que l'absence de moyen limite son fonctionnement face à cette situation la commission a cessé de se réunir.

Au grand rendez-vous de l'histoire nous pensons que les dirigeants de l'État qui ont signé ces accords et même ceux qui les ont succédés auront des comptes à rendre à la Nation quand elle demandera des comptes pour avoir aggravé le côté moral de l'État.

3-3: LES TENTATIVES DE CORRUPTION ET RECUPERATION DU MOUVEMENT.-

Il est d'une vérité absolue que l'objectif de tout patron c'est d'arriver à contrôler tout syndicat capable de faire obstacle à son projet. L'État bien que patron de fait, partage l'idée de contrôle par le biais du gouvernement.

Deux éléments sont d'importance capitale : la formation d'une commission multi-partite de suivi et de contrôle et le texte des accords pris comme engagement. Le gouvernement, de son côté, pensait qu'une fois la commission formée, surtout avec des dirigeants syndicalistes, il sera mieux armé pour anéantir la force des syndicats et de freiner la lutte dans le secteur. Irronie du sort ! ce sont les mêmes dirigeants membres de la commision qui se trouvaient à l'avant-garde du mouvement des enseignants contre le baccalauréat allégé en 1998. Le 27 Mai 1998, la marche des enseignants qui réunissait une infirme quantité de participants était très significative car, il permet au gouvernement de continuer avec sa tentative de contrôle. De ce fait, il pense que les Enseignants ont désaprouvé leurs dirigeants syndicaux. Dans la recherche de cette victoire, le MENJS l'a emporté. L'échec du côté des syndicats était très favorable au Ministre de l'Éducation d'alors puisqu'il est devenu le premier Ministre ou du moins le chef du gouvernement. S'il n'avait pas pu réaliser son projet par le biais de la CMSC (Commission Multipartite de Suivi et de Contrôle). Il ne l'a pas perdu de vue. L'objectif est là.

Il faut, de toute évidence, affaiblir les syndicats, enlever toutes leurs capacités de mobilisation. Le président Préval n'a-t-il pas déclaré à des proches qu'il a choisi M. Alexis parce que celui-ci est, selon lui, un fonceur, l'homme qui a neutralisé et même anéanti les organisations syndicales d'enseignants((*)1). Donc le gouvernement à travaillé de manière à récupérer le mouvement non seulement en créant ses propres syndicats mais aussi en cherchant à les faire exister de nom et de ne constituer aucun contre pouvoir réel capable de faire la résistance au Gouvernement.

* * Ce paragraphe fait suite au PNEF qui parle d'un nombre d'enseignant du secondaire sans les qualifications professionnelles requises.

* (1) L'Éduquer : Magazine Trimestriel du CONEH. P13

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