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La compatibilité entre le concept de propriété intellectuelle et la shari'a

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par Léo Fradet
Université de Poitiers - Master 2 professionnel en droit des affaires mention techniques de l'information et de la communication 2011
  

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Titre III : Le respect des interêts fondamentaux de l'Islam, un enjeu determinant pour l'acceptation de la Propriete Intellectuelle.

Comme il a ete presente en introduction, les lois humaines doivent être utiles pour la société afin de respecter la Shari'a. Cette utilité s'apprécie en référence aux interêts essentiels de la communaute et des individus qui la compose. Ces interêts peuvent être separes en cinq categories : la religion, l'integrite physique, la descendance, le patrimoine, les facultes mentales.

Ainsi doit être consideree comme convenable (mundsib), comme utile, bonne (salih), toute loi prise dans le but d'atteindre un de ces objectifs dans le respect de la Shari'a107. C'est ainsi qu'il est possible pour les Etats d'édicter de nouvelles lois en l'absence de règles claires dans la Shari'a.

Heba A. Raslan108 cite les trois conditions qui doivent être respectees afin d'éviter l'arbitraire dans la désignation de ce qui répond à l'intéret public :

« 1. The existence of a genuineas opposed to probable interestwhere there is a reasonable probability that the benefits of enacting a rule to observe it outweighs the harms that might be caused due to its observance.

2. It must be a general interest in the sense that it is a benefit acknowledged, or it is a harm prevented to society as a whole, in contrast to particular persons or a group of persons. This does not mean that it must benefit or protect each individual, but it does mean that a significant number of people are likely to benefit from it.

3. The proposed interest does not contradict or negate a value or principle already upheld, expressly or impliedly, by the Qur'an, the Sunna, or Consensus. »109

107

Voir note supra 38.

108

Voir note supra 25.

109 Page 511, § 3.

Traduction : « 1. L'existence d'un véritable--à opposer à un intérêt probablelorsqu'il existe une probabilité raisonnable que les bénéfices de la création d'une règle qui devra rtre respectée surpassent les méfaits qui pourraient naître de son respect.

2. Ce doit être pour un intérêt public dans le sens oil le bénéfice est obtenu, ou le méfait est prévenu, pour la société dans son ensemble, par contraste avec des individus ou des groupes d'individus. Cela ne signifie pas que doit en tirer le bénéfice ou la protection chaque individu, mais, cela signifie qu'un nombre significatif de personnes est susceptible d'en bénéficier.

3. L'intértt mis en avant ne doit pas contredire ou nier une valeur ou un principe déjà confirmé,
expressément ou implicitement, par le Coran, la Sunna, ou le Concensus. »

André Poupart en donne un exemple assez clair dans son article110 d'une décision qui a été prise en considération d'un intérêt public :

« On avait discuté, dans les tous premiers temps de l'Islam, si la Révélation devait être laissée à l'état de tradition orale ou s'il y avait lieu de la constater par écrit. Rien, dans les sources de la loi - Révélation, paroles ou attitudes du Prophète - ne fournissait de réponse à cette question. Cependant, un calife décida de faire procéder à la rédaction du Coran. Cette décision étant justifiée par la considération de l'intér~t de la religion~ » 111.

Ce domaine demeure cependant extrêmement marqué par l'idéologie et la politique. Selon son opinion politique une mesure sera plus ou moins bénéfique pour la société. Il faut ajouter que dans certaines situations, deux intérêts peuvent être en contradictions. Ida Medieha Abdul Ghani Azmi précise que la Foi est alors l'intérêt le plus important et qu'il doit primer sur les quatre autres112.

Afin de pouvoir désigner l'intérêt public le plus important en cas de contradiction, les juristes musulmans ont développé cinq critères que nous livre Ida Medieha Abdul Ghani Azmi :

« (i) what is considered as public interest will take precedence over private interest.

(ii) matters pertaining to 'al-fardhu '(mandatory) will take priority over matters pertaining to 'al-nawafil' (ce qui est permis).

(iii) in policy choices which act as a restraint (as contrasted with promotion of values), the choice is to avoid the greater evil.

(iv) in the field of economic transactions, what is commonly held as the presiding interest of the whole community of traders ('ahi al-suq') prevails over the interest of individual traders.

110 Voir note supra 38.

111 Page 97, § 3.

112 Voir note supra 99. Page 182, dernier §.

(v) the scholars also look at the chances or the probability of occurrence. Hence one which has the highest chance of occurring should be given priority. » 113

Il existe une contradiction entre deux intérêts essentiels de l'Islam dans le sujet qui nous concerne. Parmi les juristes musulmans, ceux qui considèrent que la propriété intellectuelle est contraire à l'Islam lui opposent souvent l'argument suivant : ces droits constituent une confiscation de la connaissance, ce qui est contraire au développement des capacités intellectuelles, et parfois même à l'intégrité physique, des croyants. A l'opposé il y a l'intérêt économique des créateurs d'actifs intangibles dont le patrimoine est constitué de droits de propriété intellectuelle. C'est cette contradiction que sera étudiée au Chapitre I du présent Titre.

Ce débat entre l'intérêt économique des ayant droits et la diffusion de la connaissance se révèle finalement assez universel, et dépasse largement les frontières des pays musulmans. Les défenseurs de la propriété intellectuelle réconcilient ces deux intérêts, à tout le moins en théorie, à travers l'argument suivant : la propriété intellectuelle permet le développement de la connaissance car elle incite les acteurs économiques à investir dans son développement. Cette argument sera étudié, lui, dans un second Chapitre.

113

Page 184, §2.

Traduction : « (i) ce qui est d'intérit public prévaut sur l'intérrt privé,

(ii) les matières se rapportant à « al-fardhu » (ce qui est impératif) est plus important que ce qui se rapporte « al-nawafil »,

(iii) pour les choix politiques concernant les actes restrictifs (et non ceux qui défendent des valeurs), le choix doit être de prévenir le plus grand méfait.

(iv) dans le domaine des échanges commerciaux, ce qui est communément désigné comme l'intér~t général de l'ensemble de la communauté des marchands ('ahi al-suq') prévaut sur l'intérIt individuel des marchands,

(v) la doctrine s'intéresse aussi aux chances ou à la probabilité que cela se réalise. Donc, l'intérit ayant le plus de chance de se réaliser doit être prioritaire. »

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand