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Le defi de l'appropriation des textes de la decentralisation par les elus locaux : cas de la commune rurale de Kampti

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par Abdoul Karim DIABY
ENAM - Administrateur civil 2015
  

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INTRODUCTION GENERALE

Au Burkina Faso comme ailleurs en Afrique, la décentralisation constitue un enjeu démocratique constant de l'organisation de l'Etat et de la participation citoyenne. Elle intervient dans un contexte de remise en cause de la forme centralisée des Etats, confrontée à la récurrence des revendications identitaires et régionales, mais aussi à l'échec des ambitions de développement et des politiques d'ajustement structurel1. La décentralisation est également envisagée comme une solution pour rééquilibrer des prétentions territoriales survalorisant les grandes villes au détriment d'immenses zones rurales sous-exploitées et parfois sous-administrées. C'est pourquoi, l'organisation de grandes conférences nationales au début des années 1990 au Bénin, au Mali ou encore au Cameroun a réussi à convaincre ces Etats de la nécessité d'instituer dans leurs constitutions le principe de la libre administration locale.

Pour ce qui concerne le cas spécifique du Burkina Faso, le processus de décentralisation remonte à l'époque coloniale avec la création des premières collectivités territoriales. Il s'agit de la commune de Bobo-Dioulasso en 1926, celle de Ouagadougou en 1952 et de six (06) autres communes à savoir Banfora, Dori, Fada N'Gourma, Kaya, Koudougou et Ouahigouya en 19592. Ces communes avaient pour particularité d'avoir à leur tête des maires nommés. Des indépendances en 1960 jusqu'à l'avènement de la quatrième république, la démarche de la décentralisation s'est poursuivi sous diverses formes. Mais c'est surtout en juin 1991 que le processus de décentralisation a véritablement pris son envol avec la consécration du principe de la libre administration des collectivités locales dans la Constitution de la quatrième République qui venait d'être adoptée. Cette consécration a été suivie par l'adoption des cinq (05) premières lois de la décentralisation en 1993, lesquelles ont été suivies par les lois de 1998 communément appelées Textes d'orientation de la décentralisation (TOD).

'Confer «le niveau d'appropriation et d'effectivité de la décentralisation au Cameroun« 2 Loi n°41/59/AL du 9 décembre1959.

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Sur le plan politique, il eut l'organisation des premières élections municipales dans les trente-trois (33) communes existantes, le12 février 1995.Cette expérience s'est poursuivie en juillet et septembre 2000 avec quarante-neuf (49) communes urbaines.

En décembre 2004, l'élaboration de la loi n° 055-2004/AN du 21 décembre 2004 portant Code général des collectivités territoriales (CGCT) viendra donner au processus un nouveau souffle. Ce nouveau code marque l'orientation de ce processus en fixant ses objectifs, ses enjeux, des stratégies, ses outils et ses acteurs. L'application sur le terrain de ce code a abouti en 2006 à l'organisation d'élections dans l'ensemble commune, des maires et des conseillers municipaux sur toute l'étendue du territoire marquant ainsi les débuts de la communalisation intégrale.

En tant que modalité d'organisation de l'Etat, la décentralisation « consacre le droit des collectivités territoriales à s'administrer librement et à gérer des affaires propres en vue de promouvoir le développement à la base et de renforcer la gouvernance locale »3. Cette organisation est caractérisée par un processus participatif utilisant les compétences locales comme moteur du développement social et économique. Elle prend aussi en compte les besoins primaires des populations, assure le développement socio-économique, la lutte contre la pauvreté à l'échelle territoriale et promeut les valeurs démocratiques dans les actions de proximité. Il s'agit donc d'un processus difficile qui nécessite un certain nombre de prérequis. Selon OUATTARA. S (2005)4,"une des conditions de réussite de la décentralisation est la maîtrise par les différents acteurs de leurs rôles et leurs responsabilités".

Cependant la réalité se présente de la manière suivante : d'un coté, nous avons un nombre important de textes juridiques5 relatifs à la décentralisation, et de l'autre, des élus locaux en majorité analphabètes à qui l'on demande d'appliquer ces textes. Comment concilier ces deux réalités apparemment antagonistes ?

3 Article 2 du Code général des collectivités territoriales.

4 OUATTARA, Soungalo Appolinaire. (2005) Code général des collectivités territoriales : Comprendre et pratiquer la décentralisation au Burkina Faso/Guide illustré.

5 Voir bibliographie à la page 57

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En d'autres termes, comment des élus en majorité analphabètes et dépourvus de connaissances préalables sur la gestion du pouvoir politique moderne peuvent-ils appréhender les normes qui régissent ce nouveau mode de gestion de leur localité et assurer convenablement les missions à eux conférées ? Ce sont ces préoccupations qui ont suscité l'intérêt de réfléchir sur le « le défi de l'appropriation des textes de la décentralisation par les élus locaux : cas de la commune rurale de Kampti ».

De ce qui précède, il se pose les préoccupations suivantes : les élus locaux connaissent-ils les textes de la décentralisation ? De façon plus précise, il s'agira pour nous de savoir si les maires et les conseillers municipaux jouent leur rôle conformément aux prescriptions juridiques ? Au regard de la difficulté de la tâche, ont-ils les aptitudes nécessaires pour conduire le processus à bon escient ?

Des motivations d'ordre personnel, professionnel et scientifique justifient le choix du présent thème.

En effet, la commune de Kampti est la plus grande des communes rurales du Burkina Faso en termes de nombre de conseillers. Natif de cette localité, la connaissance empirique que nous avions de ses contraintes et de ses atouts, nous a inspiré l'envie d'aller au-delà notamment en y jetant un regard scientifique afin de mieux cerner ces réalités.

S'agissant des raisons professionnelles, le choix de ce thème se justifie par le fait que l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique de décentralisation sont une des préoccupations chères à notre futur ministère de tutelle, le ministère en charge de l'administration du territoire et de la décentralisation.

Au plan scientifique, la question de l'appropriation de la décentralisation par les acteurs locaux, nous paraît être la condition sine qua non pour l'atteinte des objectifs de cette importante politique d'organisation du territoire. Il nous paraît donc important de lever le voile sur ce pan de la décentralisation, si l'on veut contribuer à l'amélioration du processus.

Notre désir majeur est d'apporter notre contribution à la réflexion pour une meilleure appropriation du processus de décentralisation par les élus locaux de la commune de Kampti. C'est à ce titre qu'ils pourront participer pleinement au développement de leur localité et à l'enracinement de la démocratie à la base.

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Plus spécifiquement il s'agira pour nous de :

- faire un diagnostic du niveau de connaissance des textes de la décentralisation en vue de déceler les faiblesses rencontrées dans la mise en oeuvre des différentes politiques par les maires et les conseillers.

- faire des suggestions en vue de permettre à ces derniers de participer pleinement aux délibérations lors des sessions et à l'animation de la vie publique.

- leur faciliter la préparation et la diffusion des comptes rendu des délibérations du conseil municipal à la population.

Pour pouvoir répondre convenablement aux préoccupations ci-dessus soulevées il convient de formuler des hypothèses.

De manière générale les élus locaux ne se sont pas approprié les textes qui régissent la décentralisation.

Plus spécifiquement, l'analphabétisme de la majorité de ces élus locaux constitue une entrave à une participation productive aux sessions du conseil municipal.

En outre, les élus de Kampti rencontrent des difficultés dans la mise en oeuvre quotidienne de la politique de décentralisation de façon générale.

L'évaluation de l'« appropriation des textes » prend en compte deux dimensions qui sont : d'une part, la compréhension du concept de décentralisation, des notions qui y sont attachées et du rôle des élus locaux. D'autre part la participation citoyenne au processus.

Aussi, par textes de la décentralisation, nous entendons nous intéresser essentiellement au CGCT.

Les indicateurs relatifs à la dimension compréhension sont :

- le niveau de connaissances des élus locaux du concept et des textes de la décentralisation et ses implications ;

- le degré d'animation de la vie publique ;

Les indicateurs relatifs à la dimension participation citoyenne :

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- Le taux de participation des populations aux sessions du Conseil municipal ;

- Le taux de connaissance des organes communaux

Dans le but d'atteindre les objectifs ci-dessus définis, la méthodologie utilisée part des pratiques de la décentralisation telle que vécue par les principaux acteurs pour en apprécier son appropriation.

La collecte des données s'est effectuée en septembre 2014 à partir de plusieurs techniques complémentaires dont la recherche documentaire, l'administration de questionnaires et la réalisation d'entretiens. Notre échantillon d'étude s'élève à cent cinquante (150) individus repartis sur quinze villages (15)6. Il a été tiré aussi bien au sein des conseillers municipaux (30), des membres du conseil villageois de développement, (10) du personnel de la mairie (09), du préfet, mais aussi de la population de la commune de Kampti avec une stratification selon le genre (51 femmes et 49 hommes). La dissolution des conseils municipaux intervenue en novembre 2014 à la suite de l'insurrection populaire ne nous a pas permis de participer à une session du conseil municipal en temps réel comme nous l'avions prévu, dans le but non seulement d'observer son déroulement mais aussi de soumettre nos questionnaires à l'ensemble des conseillers présents. Qu'à cela ne tienne, les communications avec les ex-conseillers, les membres de la délégation spéciale et les personnes de ressources se sont poursuivies tout au long de la rédaction du document.

Notre travail s'articulera autour de deux grandes parties : la première sera consacrée à l'étude du cadre normatif de la décentralisation et à la présentation de la zone d'étude. Dans la deuxième partie nous examinerons le niveau d'appropriation des textes par les élus de la commune de Kampti pour en repérer les difficultés et suggérer des solutions pour l'amélioration du processus.

6Bantara, Bandadjara, Boussoura, Dinkabra, Houlmana, Galgouli, Gbangbankora, Gongone, kampti-bouti, kapouré, Konkouna, Kompi, Koursièra, Poltionao, Gnoyora,

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PREMIERE PARTIE :

CADRE NORMATIF DE LA DECENTRALISATION ET
PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE.

 
 
 

Il s'agira en ces lieux, de donner des informations sur Kampti, notre zone d'étude, pour montrer ses atouts et ses difficultés. Mais auparavant il convient de faire l'état des lieux des études déjà menées sur la décentralisation. Aussi, Kampti étant une commune rurale, une étude sur les règles juridiques relatives à l'organisation et au fonctionnement de la commune de manière générale permettra d'avoir une vue d'ensemble de notre sujet d'étude.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote