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Le baccalauréat: Un rite de passage dans une société moderne occidentale comme la France ?

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par Abdou Khadre LO
Université de Caen Basse-Normandie - Maîtrise de Sociologie 2000
  

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2. L'institution du baccalauréat

Après la révolution de 1789, la république par souci d'égalité ramena l'éducation, en générale, sous la responsabilité de l'autorité publique.

Ainsi le décret du 17 novembre 1794 1(*) stipulait que l'école primaire, au moins, devait être ouverte à tous les enfants garçons comme filles âgés de six ans. Le pari étant d'ériger une école pour chaque millier d'habitants.

Si la majorité des élèves au terme de l'école primaire entraient dans la vie active ( dans l'agriculture ou dans l'industrie en particulier ) les autres continuaient leur cursus dans ce qui était appelé à l'époque « l'école centrale ». Ecole centrale parce que chacune de ces écoles regroupait les élèves issus de plusieurs écoles alentours2(*). Ils y apprenaient jusqu'à l'âge de dix sept ou dix huit ans, les mathématiques, la physique chimie, les sciences naturelles, la grammaire etc.

Toutefois, le décret du 25 octobre 1795 3(*) apportera quelques modifications substantielles au système éducatif. Des écoles spéciales pour l'enseignement des arts vétérinaires, de la mécanique, des sciences politiques, de la peinture, d'économie rurale, d'antiquité furent ouvertes. Les grandes écoles, pour leur part connurent leur véritable essor avec le maintien et la spécialisation des écoles d'ingénierie civile et politique, ou d'artillerie et service naval.

Ainsi, en 1798, quatre vingt dix sept (97) écoles centrales remplacèrent les cinq cent soixante deux (562) collèges qui dispensaient l'éducation secondaire avant la révolution 4(*). Cependant les écoles centrales furent à leur tour long feu. Elles furent supprimées parce qu'elles étaient jugées trop peu efficaces et pas assez organisées. En effet, les parents préféraient encore envoyer leurs enfants dans des écoles privées car à leurs yeux les écoles centrales prenaient beaucoup plus en compte l'âge comme facteur d'admission que le mérite. En somme la sélection dans ces écoles n'était pas assez sévère.

De ce fait, la loi du 1er mai 1802 5(*) supprimait les écoles centrales pour les remplacer progressivement par les lycées napoléoniens. Ce fut en quelque sorte un retour aux collèges d'avant la révolution.

Cependant on ne peut pas dire que toutes ces réformes de l'organisation du système scolaire, du moins de l'éducation secondaire créèrent le baccalauréat tel que nous le connaissons aujourd'hui ou même quelque chose d'analogique à cet examen.

En effet, il n'y a rien dans la loi du 1er mai 1802 qui faisait mention d'un quelconque lien entre le lycée et l'enseignement supérieur.

Cette absence de lien entre les deux niveaux peut s'expliquer selon certains auteurs comme Piobetta par le fait que la tâche du lycée était non de produire de futurs étudiants mais simplement de futurs fonctionnaires et des soldats1(*). Le lycée ne délivrait pas de diplômes garantissant l'accès à l'enseignement supérieur.

Tous les élèves quittaient le lycée à dix huit ans et l'Etat offrait alors, soit une bourse aux meilleurs élèves pour qu'ils intègrent les écoles spéciales soit un emploi dans le service public. Il y avait certes les examens pour décrocher ces bourses ou ces emplois mais ceux qui échouaient se voyaient néanmoins accordés un certificat prouvant leurs capacités intellectuelles.

Cependant, malgré les efforts de l'Etat, les lycées ne se multipliaient pas comme l'espéraient les dirigeants politiques de l'époque. En 1806, par exemple, seulement vingt deux mille (22.000) élèves étaient dénombrés dans trois cent soixante dix (370) établissements secondaires publics contre vingt sept mille (27.000) élèves dispersés dans trois cent soixante dix sept (377) établissements privés2(*). La raison principale de cette désaffection étant que la majorité des parents d'élèves préféraient envoyer leur progéniture dans les établissements privés où elle recevait encore une éducation supposée de meilleure qualité mais aussi et surtout une éducation religieuse.

Pour Napoléon, cette situation était bien entendu insoutenable dans la mesure où elle ne favorisait pas l'unité spirituelle nécessaire à une stabilité politique. Elle ne correspondait pas à ses ambitions. L'idée de retourner aux collèges pré-révolutionnaires revenait ainsi à l'ordre du jour. Mais celle de créer une institution fondée sur une cohésion, un esprit et des traditions séculaires était encore beaucoup plus séduisante pour l'empereur.

Les familles bourgeoises multipliaient les manifestations de désaccord à ce projet. Ils clamaient la supériorité des établissements privés catholiques sur les lycées de l'Etat.

Ainsi la loi du 10 mai 1806 qui créa la fondation de l'Université impériale fut un véritable tour de force de Napoléon. En effet, par cette loi, l'empereur obligea la bourgeoisie à lui confier ses enfants bon gré mal gré.

Cette loi stipulait :

- D'abord, il sera formé sous le nom d'Université impériale, un corps chargé exclusivement de l'enseignement et de l'éducation publics dans tout l'Empire.

- Ensuite, les membres du corps enseignant contracteront des obligations civiles, spéciales et temporaires.

- Enfin, l'organisation du corps enseignant sera présentée, en forme de loi, au corps législatif, à la session de 1810.

Mais bien avant cette date, un autre décret impérial, celui du 17 mars 1808 1(*), instituait l'université ainsi que le diplôme qui sanctionnerait la fin du cycle secondaire.

C'est à partir de ce décret selon Willam Gagen2(*) que s'est développée l'organisation du baccalauréat tel qu'on le connaît aujourd'hui, c'est-à-dire en tant que diplôme mais aussi en tant qu'examen.

Le baccalauréat sera désormais le couronnement et la sanction des études secondaires. L'examen portera, selon le décret du 17 mars 1808 rapporté par Piobetta3(*), sur « tout ce qu'on enseigne dans les hautes classes des lycées ».

Ce décret disait :

art16-  les grades dans chaque faculté seront au nombre de trois, savoir le baccalauréat, la licence et le doctorat ;

art17- les grades seront conférés par les facultés à la suite d'examens et d'actes publics ;

art19- pour être admis à subir l'examen du baccalauréat dans les facultés des lettres, il faudra : primo être âgé au moins de seize ans, secondo répondre sur tout ce que l'on enseigne dans les hautes classes des lycées ;

art22- on ne sera reçu bachelier dans la faculté des sciences qu'après avoir obtenu le même grade dans celle des lettres et qu'en répondant sur l'arithmétique, la géométrie, la trigonométrie rectiligne, l'algèbre et son application à la géométrie.

Aussi, tout le monde s'accorde aujourd'hui à attribuer à Napoléon la paternité du baccalauréat même si sa conception de l'éducation était bien loin de celle des révolutionnaires. Ces derniers envisageaient, rappelons le, l'éducation publique comme un devoir de l'Etat envers ses citoyens alors que Napoléon y voyait un moyen de fidélisation des français à l'empereur et à la monarchie impériale4(*). Néanmoins, c'est l'institution de l'université impériale qui assit le modèle de l'éducation nationale française pour le siècle et demi suivant.

Napoléon voulait que l'université impériale, plus que les grandes écoles, soit un lieu de culture et de recherches. L'élément fondamental de cette université étant le lycée, il fallait donc le consolider et rehausser le caractère du baccalauréat qui constituait la passerelle entre université et lycée.

* 1 Bernard. H. C, Education and the French Revolution, Cambridge University Press, 1969, pp.166-168.

* 2 Voir Decaunes. L, Réformes et projets de réforme de l'enseignement français de la révolution à nos jours (1789-1960), op.cit., p.12.

* 3 Bernard. H. C, Education and the french Revolution, op. cit., p 175.

* 4 ibid. p.186.

* 5 Prost. A, L'enseignement en France 1800-1967, Colin, Paris, 1968, p.24.

* 1 Piobetta. J. B, Le baccalauréat, op. cit., p.23.

* 2 ibid. Voir aussi Prost. A, L'enseignement en France 1800-1967,op. cit., p.24.

* 1 Prost. A, L'enseignement en France 1800-1967, op. cit., p.162.

* 2 Gagen. W, The development of the baccalauréat examination (1808-1983) and its role within the french education system, N. ed, Octobre 1983, p.14.

* 3 Piobetta.J. B, Le baccalauréat, op. cit., p.24.

* 4 Bernard.H.C, Education and the french Revolution, op. cit., p.217. Voir aussi Decaunes.L, Réformes et projets de l'enseignement français de la révolution à nos jours (1789-1960), op. cit., p.25.

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