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L'Etat de droit: entre la domination et la rationalité communicationelle

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par Raphaël BAZEBIZONZA
Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius de Kimwenza - Maîtrise 2007
  

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II.3.2. L'intérêt de la connaissance « émancipatoire »

« Une critique radicale de la connaissance n'est possible que sous la forme d'une théorie de la société ». Par ce point de départ, qui est en même temps une thèse à conquérir, Habermas reprend un des principes fondateurs de l'Ecole de Francfort ; le prétexte et la fin de ce programme épistémologique se déclinent selon deux plans : d'une part, une vive critique du positivisme, d'autre part, une réactivation de l'idée kantienne d'une théorie de la connaissance.

Cependant, la clef de cette nouvelle entreprise se trouve dans la réappropriation d'une autre source : la psychanalyse. En effet, sur un mode qu'il rapproche de la cure analytique et de la critique du sens chez Freud, Habermas introduit le concept d'autoréflexion [Selbstreflexion] ; celui-ci caractérise une activité cognitive dont le sens et la signification supposent, au préalable, une réflexion nécessaire du sujet sur lui-même. Habermas rapporte ainsi l'autoréflexion au paradigme de la communication : elle est une communication idéale du sujet avec lui-même ; l'aliénation est alors représentée comme une perte de communication avec soi du sujet, tandis que l'émancipation qui doit l'en extraire est cette conquête que l'autoréflexion entreprend dans un mouvement de libération de la communication. Le modèle est donc celui d'une transparence communicationnelle posée comme un idéal nécessaire, comme un horizon d'attente dont l'enjeu réside dans un processus de pratique cognitive : c'est ainsi qu'il faut comprendre le sens de cette « théorie de la connaissance comme théorie de la société ».

Toute activité scientifique, toute forme de savoir se lit ainsi comme une production de sens dont il faut évaluer la portée et la validité. Or, pour Habermas, c'est au travers de cette détermination subjective qui habite la pratique de l'homme de science que tout se joue : c'est ce qu'il appelle l'intérêt, c'est-à-dire la condition à laquelle on peut lier les productions scientifiques aveugles à la perspective de l'évolution sociale. Dans un premier temps, apparaissent alors deux intérêts : l'intérêt technique, ou le fait de disposer techniquement des choses, et l'intérêt pratique, ou le fait de maintenir l'intersubjectivité d'une compréhension entre individus.

Ainsi Habermas peut affirmer que l'intérêt commande la connaissance, c'est-à-dire qu'il définit et fixe seul les conditions de l'objectivité possible de cette connaissance. L'intérêt de connaissance « émancipatoire » - pour la suppression de la domination - commanderait le point de vue de la « critique idéologique ». Or, par rapport à cette hypothèse d'une connaissance fondamentalement intéressée, la question toujours sous-jacente serait alors pour nous la suivante : « comment le politique doit-il être conçu ? », mais aussi : « que doit-il en être réellement du politique ? ». C'est à travers une telle interrogation que l'exigence du « philosophe » ne ferait plus qu'une avec celle du « citoyen ». L'exigence normative sous-tend alors la réflexion d'une phénoménologie du politique qui devra en parcourir les différentes approches cognitives, du point de vue de leur aptitude à satisfaire cette exigence : notre questionnement est un questionnement intéressé. Mais encore, ne faudrait-il pas qu'en conséquence de ce qu'elle est, une telle exigence puisse prétendre, au-delà de la certitude, à la forme universelle de la vérité ? Elle devra dans ces conditions requérir la procédure de la rationalité : là même où il ne serait question que de théorie politique, la recherche d'une validité universelle pour l'intérêt qui pratiquement oriente cette connaissance implique encore la référence à la rationalité communicationnelle, principe de toute démocratie.

Le devenir-idéologique de la connaissance signifie à chaque fois l'oubli de la méthode propre et le mépris des autres méthodes. Il peut s'analyser comme une perte de communication avec soi-même et avec autrui - ce qui fausse la connaissance à laquelle peuvent par ailleurs légitimement prétendre les différentes approches du politique. C'est pourquoi il conviendrait de restituer à celles-ci leur « droit » en les assignant à l'intérieur de leurs limites respectives de compétence. Par là, la rationalité communicationnelle doit être présupposée à cet exercice pour ainsi dire « juridictionnel » de la critique. Ce point de vue est celui que Habermas prétend dégager à partir de sa pragmatique universelle : c'est le point de vue d'une « situation idéale de parole » et de communication, où pourrait s'établir la reconnaissance fondée des prétentions émises à la validité. C'est alors que ce point de vue de la pragmatique universelle donnerait véritablement accès à l'idée d'une légitimité démocratique.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon