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L'Etat de droit: entre la domination et la rationalité communicationelle

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par Raphaël BAZEBIZONZA
Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius de Kimwenza - Maîtrise 2007
  

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CHAPITRE II : LA RATIONALITE COMMUNICATIONNELLE

L'idée de re-fonder le concept marxiste d'émancipation au sein de la « discussion », comme la lecture d'une modernité centrée sur la « communication » ou d'une rationalité tournée vers « l'action communicationnelle » constitue - sous des formes diverses et successives - le fil directeur de la pensée de Jürgen Habermas. Cette optique singulière et originale - que nous nous proposons maintenant d'expliciter - est à la fois ce qui oriente sa critique et ce qui motive l'évolution de son propre itinéraire conceptuel ; la place qu'y trouve la communication ainsi que le sens accordé à la discussion seront déterminants pour notre problématique.

En effet, toute l'entreprise philosophique de Habermas consiste en un sens à justifier et à légitimer de façon plus précise et plus irrévocable ce recours au concept de communication (communication langagière, discussion en vue d'un accord, partage ou échange de valeurs, de normes et d'opinions, compréhension intersubjective en sont autant de figures). Celle-ci ne saurait être un recours et Habermas entend, au contraire, la poser comme une nouvelle instance critique. Ainsi, c'est comme rationalité qu'il commence par l'éprouver.

L'objet d'étude de Habermas est donc la rationalité communicationnelle, qui englobe la première et désigne cette force sans violence du discours argumentatif qui permet de réaliser l'entente et de discuter le consensus. Mais le centre de réflexion de Habermas se situe en fait, dans l'articulation entre ces concepts de rationalité, de communication, de rationalisation. L'analyse de ce mouvement de rationalisation porte ainsi Habermas à approfondir ce qui en est le moteur, la communication et le consensus que celle-ci génère : il introduit pour l'éclairer, la notion de « monde vécu ». Celui-ci est en fait « l'horizon » à partir duquel les sujets sont à même de communiquer.

II.0. la rationalité communicationnelle

A l'heure où les moyens de communication les plus sophistiqués et leur onde de choc placent la communication au rang de première force productive, la rationalité communicationnelle fait son apparition dans la philosophie sociale, morale et politique. Pourtant, elle n'est pas l'idéologie fonctionnelle de la « troisième révolution industrielle » ; du moins son intention n'est pas de légitimer les changements attendus dans les rapports sociaux de la mise en place du nouveau « système technique ». C'est plutôt contre l' « idéologie de la technique et de la science » qu'est, notamment, dirigée la « rationalité communicationnelle ». L'idéologie en question, telle que Habermas l'a critiquée, repose sur le préjugé selon lequel il n'y a de rationalité que dans la science au sens strict du terme. Sur ce préjugé peuvent alors se constituer des « idéologies » tout à fait opposées, mais qui, en un certain sens, s'avèrent complémentaires : en effet, ou bien l'on considère que toute question est susceptible d'un traitement scientifique ; ou bien l'on admet que les questions d'ordre éthique échappent, par principe, à l'élucidation scientifique, de sorte qu'elles seraient nécessairement irrationnelles. Voilà deux positions - le scientisme et l'existentialisme - opposées, mais complémentaires au niveau de la fonction idéologique : le premier cas révèle que la sphère politique doit être réservée aux seules personnes expertes en la matière, ce qui rend caduque la démocratie ; le deuxième cas au contraire, fait éclater le principe d'une formation démocratique de la volonté politique qui n'est pas plus fondée comme n'importe quelle autre tradition historique contingente. Or ces deux cas affadissent l'idée de la démocratie dans la mesure où tous deux reposent sur une conception erronée de la rationalité : cette dernière n'est en effet pensée que sur le modèle d'une rationalité scientifique. Dans ce sens, ces deux positions sont incapables de penser une certaine rationalité élargie au concept de la raison pratique. Et c'est dans cette mesure que toutes les deux se montrent également impuissantes à fonder l'idée démocratique du point de vue de la rationalité politique. Ni l'une ni l'autre ne peuvent accéder à la pensée d'un lien nécessaire entre rationalité politique et légitimité démocratique. Or, comment faire apparaître ce « lien nécessaire » ? Habermas s'est efforcé de fonder la légitimité en raison ; et c'est là qu'intervient « la rationalité communicationnelle ». Elle se présente alors comme une « éthique de la discussion » dans un environnement perverti par la domination.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery