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differenciation spatiale et identité sociale en milieu rural

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par krikou amadou DIARRA
 - maà®trise 2006
  

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III : LES OBJECTIFS DE L'ETUDE

III-1 : L'objectif général

Cette étude vise à analyser les enjeux sociaux et les ressources sociales de différenciation et leur influence sur le fonctionnement des rapports interethniques.

III-2 : Les objectifs spécifiques

Il s'agira spécifiquement pour nous de :

1- Etudier l'organisation sociale du village pour cerner les facteurs de différenciation entre les communautés ethniques.

2- Identifier et analyser les logiques de différenciation entre les autochtones et les Gouro de Gohitafla d'une part et entre les autochtones et les autres migrants d'autre part.

3- Analyser les représentations sociales que se font les autochtones des Gouro de Gohitafla d'une part et les autres communautés allochtones et allogènes d'autre part et inversement.

IV: LA CONSTRUCTION DU MODELE D'ANALYSE

Pour comprendre une réalité insaisissable parce que trop complexe, parce que résultant d'une multitude d'actions individuelles, il est nécessaire de s'appuyer sur des modèles d'analyses déjà préétablis par des sociologues qui permettront de mieux comprendre et interpréter cette réalité.
C'est pourquoi dans le cadre de cette étude, nous choisirons le modèle de l'habitus de Bourdieu. Laurent MUCCHIELI, dans un article de synthèse sur la théorie sociologique et sur la pensée politique de Pierre BOURDIEU, montre que « le jeu social où qu'il s'exerce (quelque soit le champ que l'on observe) repose toujours sur des mécanismes structurels de domination et concurrence. Ces mécanismes font partir des associations mêmes des individus qui les reproduisent inconsciemment. Ils sont devenus pour eux habitus. » Par essence, l'habitus est un principe de différenciation. Ce faisant, nous nous servirons de la théorie de l'habitus comme cadre d'analyse pour comprendre notre champ.

En effet, Pierre BOURDIEU19(*) définit l'habitus comme un système de dispositions durables et transformables, structures structurées, prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c'est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptés de leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise extraite des opérations nécessaires pour les atteindre, objectivement «réglées » et « régulières » sans être en rien le produit de l'obéissance à des règles, et tout cela, collectivement orchestrées sans être le produit de l'action organisatrice d'un chef d'orchestre. En fait, il s'agit avant tout de principes de reproduction, c'es à dire que l'habitus est un reproducteur de structures sociales dont il est le produit.
Mais, l'on ne saurait véritablement comprendre cette théorie de l'habitus sans faire cas du concept de champ.
En effet, le champ bourdieusien est un espace social structuré par des positions dominantes : c'est une sorte de microscome au sein de la société et au sein duquel on retrouve une série d'agents qui sont dans des dispositions inégales au regard des enjeux du champ car ils possèdent des volumes des capitaux inégaux et des compétences différentes. La position dans le champ dépend donc de l'importance des capitaux valorisés dans le champ qu'on dispose. Le champ constitue la face intériorisation de l'intériorité des processus. C'est la façon dont Pierre BOURDIEU conçoit les institutions non comme des substances, mais de manière relationnelle, comme des configurations de relation entre des acteurs individuels et collectifs. (Pierre BOURDIEU parle plutôt d'agents, pour indiquer que ceux-ci sont agis de l'intérieur, et de l'extérieur qu'ils agissent librement). Le champ est construit sur des mécanismes structurels de domination et de concurrence reproduits de générations en générations. Ce qui se produit et s'échange dans le champ, ce sont non seulement des ressources rares : biens matériels, pouvoir, prestige... mais aussi du sens, le sens qui procure une identité sociale aux agents en les distinguant les uns des autres. Le fait de se distinguer constitue ainsi le premier enjeu du jeu social. Tous les agents ne disposent pas des mêmes positions ou ne possèdent pas les mêmes atouts. Dans le champ, on assiste à des luttes entre les agents qui mettent en oeuvre deux types de stratégies : des stratégies de conservation qui visent à maintenir les rapports de forces dans le champ et des stratégies de subversion qui cherchent à les renverser. Sur le plan symbolique, les stratégies de conservation consistent à renforcer la norme commune, le « cela va de soi », qui évite la remise en cause des positions. Les stratégies de subversion, au contraire, ont pour objectif de dévaluer les normes dominantes ainsi que le capital qui leur est associé.
La relation entre habitus et le champ est d'abord une relation de conditionnement. Le champ structure l'habitus qui est le produit de l'incorporation de la nécessité immanente de ce champ.
Mais, c'est aussi une relation de connaissance :
L'habitus contribue à constituer le champ comme monde signifiant, doué de sens et de valeur dans lequel il vaut la peine d'investir son énergie.
Il s'en suit deux choses :
premièrement, la relation de connaissances dépend de la relation de conditionnement qui la précède et qui façonne les structures de l'habitus ;
deuxièment, la science sociale est nécessairement une « connaissance » et doit faire une place à une phénoménologie sociologiquement fondé sur l'expérience primaire de champ.
Loin d'être le produit automatique d'un processus mécanique,

Structure habitus   structure, la reproduction de l'ordre social s'accomplit seulement à travers les stratégies et les pratiques adaptées par lesquelles les agents temporisent et contribuent à faire le temps du monde.

Ce modèle d'analyse est un support pertinent pour cerner les logiques et les mécanismes sociaux de différenciations à Kanzra. Ce faisant, nous appréhenderons le village comme un champ dans lequel des agents (les autochtones et les migrants sédentarisés) sont en position de lutte où chacun compte défendre sa position. Les moyens donc qu'utilisent les autochtones pour dominer les autres forces présentes dans le champ est l'autochtonie soutenue par des habitus.

IV-1 : L'hypothèse de recherche

La différenciation spatiale à Kanzra est liée à une logique de réactivation identitaire de la part des autochtones. Et ce, dans le souci de contrôler les ressources villageoises.

IV-2 : La définition et opérationnalisation des concepts

Pour comprendre une idée, il faut en définir les termes clés, les concepts importants qu'elle véhicule.

Selon Madeleine Grawitz « le concept aide à percevoir et à concevoir. Il organise les réalités en retenant les caractères distinctifs et significatifs des phénomènes 20(*)».

Ainsi, pour une meilleure appréhension de l'objet de notre étude, nous définirons certains concepts qui nous paraissent importants tels que : "Différenciation spatiale", "Identité sociale ".

v La différenciation spatiale

La différenciation spatiale est définie comme le séparatisme spatial c'est-à-dire le découpage du champ par rapport à des assignations identitaire.

Comprendre donc la différenciation spatiale, nous ramène à définir celle de différenciation sociale, en ce sens que la différenciation spatiale constitue par essence une différenciation sociale.

Selon le dictionnaire d'Alain BIROU21(*), le concept de différenciation sociale désigne le processus par lequel s'opèrent des différences ou des séparations entre les personnes ou entre des groupes d'une société. Il s'agit donc soit du phénomène qui repartit les gens dans l'échelle sociale et dont la stratification sociale est comme l'aboutissement (exemple classe moyenne, haute bourgeoisie) soit des groupements sociaux qui s'opèrent selon des critères de culture, d'appartenance raciale, de sexe, d'âge ...etc.

La différenciation sociale ne doit pas être confondue à la ségrégation sociale bien que dans certains cas extrême elle puisse y aboutir.

Ce concept de différenciation sociale a plusieurs dimensions. Celles qui nous permettent de cerner ce fait à Kanzra sont la dimension symbolique, politique, et socioculturelle.

En effet au niveau politique, la différenciation s'observe à travers le repli des migrants sur la gestion politique du village, la non participation au choix du chef de village. Aussi, on constate que chaque communauté dispose d'un chef.

Au niveau symbolique certains indicateurs nous permettent de cerner la différenciation à Kanzra. Il s'agit entre autre de la non-modernisation de l'habitat des migrants, la non-modernisation de leur cimetière et la séparation des quartiers avec des assignations identitaires.

Au niveau socioculturel comme indicateurs de la différenciation, on a la séparation des cimetières, aussi chaque groupe ethnique reproduit les pratiques socioculturelles du milieu d'origine.

En prélude de ce qui a été susmentionnés, nous retenons que ces différentes pratiques différenciatrices se fondent sur des assignations identitaires. C'est pourquoi nous définissons la notion d'identité sociale qui n'est rien d'autre qu'une forme de différenciation.

v L'identité sociale

Isabel Rodrigo22(*) (1997), dans une étude présente la notion d'identité sociale comme des "formes sociales" appréhendées à partir des relations de coexistence, de collaboration et d'interdépendance mutuelle que les individus établissent entre eux. Les phénomènes ou « formes sociales » qui seront pris en compte ici et qui se matérialisent en type d'identité ont des contours qui ne sont ni rigides, ni stables. Le manque de rigidité de ces contours d'où elles tiennent en partie leur instabilité résulte surtout du fait que ces phénomènes ont comme support des formes de relation et d'action entre les hommes qui se sont basés sur les organisations fermées au dessus des individus. Ainsi, il ressortira de l'analyse des comportements sociaux des migrants, une sorte de "logique commune" partagée par un ensemble d'individus au delà de leur diversité ethnique. C'est justement autour de cette logique commune que les individus se voient les uns les autres comme habitants d'un même monde particulier.

Ce qui les fait converger dans des unités qui se structurent en fonction des enjeux en présence et simultanément diverger d'autres unités de même nature mais avec une logique commune différente. Ainsi, pour notre auteur, le processus d'intégration / diversification avec et contre distinction/ affirmation qui est présent non seulement à son origine mais aussi dans sa dynamique de fonctionnement et de transformation étroitement liée aux situations concrètes de la vie réelle des individus, cette dynamique se forme et s'affirme progressivement dans le cadre des réseaux de sociabilité et des cercles sociaux qui s'établissent et s'élargissent.

Plus précisément, c'est sur la base d'une composante des relations sociales que les contours des unités sociales et leurs logiques communes se profilent et se cimentent simultanément.

Elle conclut pour définir l'identité sociale comme le résultat d'un double processus d'affirmation contre distinction qui se construit à partir de relations d'interdépendance et des cercles sociaux que les individus établissent et entrecroisent entre eux, dans le quotidien des situations concrètes de la vie réelle. Ce double processus, selon Rodrigo, se construit autour des pratiques et des systèmes de significations qui étant partagés par plusieurs individus, les amènent à se constituer en groupe.

* 19 Pierre Bourdieu, le sens pratique, les éditions Minuit , 1989 pp 88-89.

* 20 Madeleine Grawitz : Méthodes des sciences sociales, 2è Edition, Dalloz Paris, 1974

* 21 Alain BIROU,1966 vocabulaire pratiques des sciences sociales, Paris Les éditions Ouvriers.

* 22 Isabel Rodrigo « les identités sociales dans l'espace social agricole », CIHEAM-Option Meditérannéennes, n°12

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo