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Le pardon et la justice post conflits en Afrique. Etude comparative des dynamiques des acteurs et des institutions du dedans et du dehors (Afrique du Sud, Rwanda)

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par Alain-Roger Edou Mvelle
Université de Yaoundé 2 - DEA 2008
  

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CHAPITRE 4 : APORIES DU PARDON ET DE LA JUSTICE : L'INTENSITE DE LA SOUFFRANCE ET LA MEMOIRE DES VICTIMES

« On ne peut pas bâtir une nation sur des amertumes et sur des ressentiments »195(*)

Nous suivions un fil d'Ariane constitué certes d'aspérités depuis le premier chapitre de ce travail, mais voici qu'une difficulté majeure survient de plus grande: comment valider le pardon et la justice comme dispositifs crédibles de sortie de crise en Afrique, face notamment à la question de la mémoire196(*) ? Si la justice punitive n'est pas efficace dans la réconciliation, la justice réparatrice résiste-t-elle à l'irrésistibilité du retour vers le passé ? Le pardon est-il suffisant pour emporter la rancoeur ? Autant de questions qui nous interpellent et dont Christine Martin reconnaît le caractère difficile : «  Réécrire l'histoire et réinterpréter les faits qui ont marqué son évolution sont des tâches essentielles, des défis passionnants, mais complexes »197(*). La complexité tient aussi au fait que les ressorts de la mémoire sont inscrits dans l'individualité. En d'autres termes, nonobstant des efforts construits inter acteurs, inter institutions, et inter acteurs-institutions, la décision de tourner la page, de « réécrire son histoire » est une entreprise en définitive privée. Et que dire du conflit des mémoires ? Lorsque jouxtent côte-à-côte deux récits distincts l'un de l'autre, pour un même événement, l'écriture d'une histoire officielle s'impose. Ceci s'est fait dans les deux pays par la recherche des consensus entre acteurs (interactionnisme symbolique) et le développement des interrelations construites autour de l'altérité positive (constructivisme). C'est toute la problématique de la sincérité du pardon et de la portée de la justice rétributive qui se pose à nous. Dès cet instant, certains auteurs en viennent à parler du pardon sur fond d'impardonnable198(*), du fait notamment des violences infligées, ce qui érige une barrière particulièrement difficile à franchir par le pardon et la justice : l'oubli199(*).

Section 1 : La violence  et les traumatismes : faits générateurs de l'impardonnable ?

Le kaléidoscope de la violence politique en Afrique du Sud est inépuisable. Il ne l'est pas moins au Rwanda où les deux groupes parlent la même langue, ont la même couleur de peau et le même répertoire socio anthropologique. En Afrique du Sud, le différentiel racial a été source de dénégation de droits pendant une période suffisamment longue. D'où la profondeur des blessures qui, substantiellement, ont semblé être relativement guéries plus rapidement qu'au Rwanda200(*).

* 195 Abderrahmane N'Gaide, « Se réconcilier, juger ou pardonner ? Les Mauritaniens face à leur histoire », Bulletin du Codesria, n° 3 et 4, 2006, p. 42.

* 196 Celle-ci est définie par Valérie Rosoux de deux manières : « Dans le premier cas, la mémoire constitue une trace du passé...on parle à cet égard de poids du passé. Dans le second cas, la mémoire n'est plus une trace, mais une évocation du passé », in : « Rwanda : la mémoire du génocide », Etudes, n°3906, juin 1999 p. 735

* 197 Christine Martin, « Après l'Apartheid, réécrire l'histoire », Manière de voir, Juillet-Août 1998, p. 37.

* 198 Voir Jacques Derrida, Pardonner : l'impardonnable et l'imprescriptible, Paris, l'Herne, 2005. L'auteur soutient que le pardon est lié à un passé qui ne passe pas. Il est irréductible au don que l'on accorde plus couramment au présent. Il va plus loin en écrivant que don et pardon sont liés. Le pardon apparaît donc comme une forme de don. Mais le problème c'est que le don n'est pas neutre. D'où sa conception que l'on pardonne pour affirmer sa puissance. Dès lors, il faut même demander pardon pour avoir pardonné. Pp. 8-9.

* 199 Pour Ricoeur, « l'oubli revêt une signification positive dans la mesure où l'ayant-été prévaut sur le n'être-plus dans la signification attachée à l'idée du passé. L'ayant-été fait de l'oubli la ressource immémoriale offerte au travail du souvenir », in La mémoire, l'histoire, l'oubli, op.cit ; p.106.

* 200 Les options de `'justice-pardon'' et de `'pardon-justice'' peuvent expliquer cette différence.

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