WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le droit de ne pas s'autoaccuser dans la jurisprudence de la CEDH

( Télécharger le fichier original )
par Jean-Dominique VOISIN
Université Paris II-Assas - Master 2 droit pénal et sciences pénales 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE

51. Né du souci de préserver le caractere sacré de la liberté de parole, le droit de ne pas sÕautoaccuser est devenu lÕun des droits fondamentaux des ordres juridiques contemporains. Element essentiel dans la théorie de la preuve, il a inspire des choix procéduraux contrastés, mais qui visent toujours à améliorer la protection du justiciable. La procedure pénale est la première concernée puisquÕelle soumet les libertés individuelles à des contraintes particulierement importantes : la mise en place du droit de ne pas sÕautoaccuser a pour but dÕétablir un equilibre satisfaisant entre les droits des justiciables et les nécessités de la repression.

Reconnu au niveau inter national, le droit de ne pas sÕautoaccuser joue un rTMle particulierement important dans le systeme instauré par la Convention européenne de sauvegarde des droits de lÕhomme et des libertés fondamentales. En effet, la Cour européenne des droits de lÕhomme, organe privilégié dÕinterpretation de la Convention, a installé ce droit au cÏur de la notion de proces equitable, laquelle occupe elle-même une place centrale au sein des garanties consacrées. Les Etats-membres doivent donc assurer, dans leur ordre interne, le respect du droit de ne pas sÕautoaccuser tel quÕil est défini par la CourEDH. Cependant, le mécanisme européen nÕest pas toujours facile à déchiffrer, la Cour refusant de sÕenfermer dans une construction cohérente mais figée du droit de ne pas sÕautoaccuser.

52. Il reste relativement aise dÕen identifier le fondement textuel : puisque ce droit se trouve au cÏur de la notion de proces equitable, cÕest quÕil se situe au cÏur des dispositions

de l'article 6 ConvEDH, lequel consacre cette notion. Il est en revanche beaucoup plus difficile de déterminer l'influence que les différents paragraphes exercent sur la Cour dans la mise en Ïuvre du droit de ne pas s'autoaccuser. Si l'on s'en tient à la lettre des dispositions conventionnelles, les paragraphes 2 et 3 contiennent des exigences susceptibles de jouer un rTMle sur le mécanisme méme de ce droit. Quant au paragraphe 1, il rappelle l'exigence générale d'équité de la procédure, et définit les matières qui y sont soumises. En conséquence, on peut légitimement penser que l'article 6§1 est le siège des dispositions relatives au champ d'application du droit de ne pas s'autoaccuser.

DEUXIéME CHAPITRE : LE DOMAINE DU DROIT DE NE
PAS S'AUTOACCUSER

53. Parvenu au rang de norme conventionnelle, le droit de ne pas sÕautoaccuser sÕimpose aux Etats-membres dans les mêmes conditions que les autres dispositions de la Convention. Cependant, le champ dÕapplication des textes ne permet pas toujours de donner aux droits qui en découlent une portée aussi vaste que le principe originel pouvait le laisser espérer. En raison de ses objectifs, le droit de ne pas sÕautoaccuser doit pouvoir sÕappliquer à des espéces quÕil nÕa pas a priori vocation à régir, sous peine d'être privé dÕune réelle efficacité. La fin justifiant les moyens, la Cour est parvenue, à lÕoccasion de la delimitation du domaine du droit de ne pas sÕautoaccuser, à conférer à ce droit un large champ dÕapplication.

54. En effet, elle ancre le droit de ne pas sÕautoaccuser Ç au cÏur des garanties du procés equitable È. Or, il est des cas oil lÕapplication des regles de lÕarticle 6 ne serait pas justifiée, car elle serait trop contraignante

et nuirait à lÕefficacité de la repression. Dans ces domaines, oil lÕéquité pése traditionnellement moins lourd dans la balance que lÕintérêt (la raison) des Etats, il est nécessaire dÕempêcher la revendication du droit de ne pas sÕautoaccuser, quel que soit le bien-fondé de la requête soumise à la CourEDH. Toute la difficulté consiste donc à assurer lÕeffectivité de ce droit tout en excluant certaines affaires de son champ dÕapplication. LÕarticle 6§1 determine le champ dÕapplication du droit à un procés equitable. Par voie de consequence58, le droit de ne pas sÕautoaccuser se trouve soumis aux mêmes conditions dÕapplicabilité. Pour reprendre une expression de la CourEDH, les dispositions pertinentes de cet article sont ainsi libellées : « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue (É) par un tribunal indépendant et impartial qui décidera (É) du bien-fondé de toute accusation en matiére pénale dirigée contre elle È. Notons que les termes mêmes qui sont employés par la Cour excluent sans doute possible le droit de ne pas sÕautoaccuser du champ des Ç droits et obligations de caractére civil » egalement vises par lÕarticle 6.

Il faut donc determiner ce quÕil convient dÕentendre par matiére pénale (section première ) et ce quÕest un accuse (section deuxiime) au sens de la Convention.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard