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Syrie: d'une révolte populaire à  un conflit armé

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par Sophia El Horri
Université Paris VIII - Master 2 Géopolitique 2012
  

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d. Les Etats Unis

Sur la couverture de Neewsweek ou sur celle du Washington Post56, les images obsédantes du conflit syrien soulèvent les questions d'une intervention américaine ou occidentale en Syrie. En effet, pourquoi s'engager pour Benghazi et pas pour Bab Amro ? Si les causes officielles qui ont déclenché l'intervention en Libye sont le sauvetage de Benghazi contre le massacre des opposants par Kadhafi, les critères devraient être sensiblement les mêmes pour Homs comme pour Deraa à la fin mars 2011.

Bien qu'il n'y ait pas de présence officielle de l'armée américaine en Syrie, les Etats Unis s'engagent en empruntant des moyens moins visibles. A travers le câble diplomatique (annexe 2) de l'ambassade américaine à Damas, une des voies les plus conseillées pour mettre un terme au régime de Bachar El Assad était de soutenir l'opposition, et le défi était de pousser à son union. Dans les médias européens et américains, on s'accorde à dire que l'opposition actuelle à l'intérieur de la Syrie est faite de civils appuyés par l'Armée Syrienne Libre, pour les défendre de la répression lourde du régime. Il serait donc logique de se poser la question si les Etats Unis arment les rebelles syriens.

Dans un article du Wahington Post57 publié le 16 mai 2012, les journalistes Karen DeYoung et Liz Sly affirment que les rebelles syriens commencent à obtenir plus d'armes et de meilleurs moyens grâce à un effort financé par les pays du Golfe et coordonné par les Etats Unis. Le journal se fonde sur les propos tenus de militants syriens et de responsables des Etats Unis et d'autres pays. Pourtant, Victoria Nuland, porte parole du département d'Etat américain, nie tout rôle joué de la sorte par les Etats Unis :

55 RIA Novosti, http://fr.rian.ru/politique/20110621/189911720.html

56 http://www.washingtonpost.com/world/scores-killed-in-syrian-offensive/2011/07/31/gIQAaGuhlI_gallery.html#photo=69

57 http://www.washingtonpost.com/world/national-security/syrian-rebels-get-influx-of-arms-with-gulf-neighbors-money-us-coordination/2012/05/15/gIQAds2TSU story.html

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« The United States has made a decision to provide nonlethal support to civilian members of the opposition. This is things like medical equipment. This is communications, things to help them, first of all, deal with the humanitarian aspects but also to help them to communicate better so that they can plan and be ready for the period of transition that we expect and want to see in Syria».

Les Etats Unis ne fourniraient donc pas d'armes aux rebelles syriens, et se concentreraient donc sur les moyens logistiques et humanitaires. Cependant, cela ne veut pas dire que cette nature d'activité est homogène chez tous, et nul doute que les pays du Golfe se sont engagés dans un autre type d'activités.

La position américaine n'est pas étonnante ; l'administration Obama est partisante du désengagement partiel pour une stratégie de redéploiement plus durable et efficace. Dans son discours de l'Etat d'union en février 2010, le président Barack Obama avait annoncé le retrait des troupes d'Irak où les Etats Unis n'ont cessé de s'engager davantage et avec plus d'hommes. Une nouvelle stratégie était alors mise en place : la guerre contre le terrorisme est toujours aussi violente mais la sauvegarde des intérêts des Etats Unis est plus qu'impérieuse, face à la menace chiite dans cette région du monde et à la Chine montante qui commence à mieux étendre son hégémonie dans le monde au delà de l'Extrême Orient.

Dans un article qui commentait ce discours, Henry Kissinger écrit58: «It cannot be in the American interest to leave the region as a vacuum». En effet, que signifie le retrait militaire? Apparemment, le retrait ne signifie par l'abandon de la Région, car l'Irak, qui en arabe se dit «le pays entre les deux fleuves», le berceau de la civilisation et de la sédentarisation, constitue un enjeu « géostratégique majeur » pour les EU. Le retrait sonne bien plus comme une manière plus durable d'être présent dans la région qu'un retrait physique et matériel de la région. Dans un contexte d'instabilité politique au Moyen Orient, les Etats Unis testent actuellement de nouvelles options pour améliorer leur image. En Libye, les Etats Unis se sont fait plus discrets médiatiquement, se félicitant du leadership des Français et des Britanniques, c'est bien leur aviation et leur porte avions, le G.B.S., qui opéraient en Libye.

Selon Kissignher en 2010, une présence opérationnelle est nécessaire si les Etats Unis souhaitent établir un équilibre « vital » entre l'Iran et l'Irak ; il n'est pas dans l'intérêt

58 Henry Kissingher, « Obama's Iraq Policy must be focused on more than withdrawal », The Washington Post, 3 Février 2010. http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/02/02/AR2010020202682.html

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des EU que les Chiites, majoritaires dans le pays et dominés jusqu'à maintenant de manière autoritaire par les Sunnites, s'alignent sur Téhéran, car cela bouleverserait l'équilibre entier de la région :

« If radicals prevail in the Shiite part, and the Shiite part comes to dominate the Sunni and Kurdish regions, and if it then lines up with Tehran, we will witness - and will have partially contributed to - a fundamental shift in the balance of the region.»

Il ajoute que l'administration Obama ne doit pas réduire l'importance de cet équilibre et l'engagement politique des Etats Unis dans la region.

Plus tard, dans un article le 1er aout 201159, Robert Fox parle de l'implosion de la Syrie comme la «clé de voûte du Proche Orient». Selon l'auteur, démolir le système baathiste affectera le mouvement du Hezbollah, qui dépend du soutien de Damas. L'Iran perdra alors l'un de ses principaux alliés de la région. Et puis, un Hezbollah révolté contre la chute d'un régime allié peut exacerber les tensions au Liban et rendre encore plus toxiques les relations israélo-palestiniennes.

En 1982 déjà, Hafez El Assad faisait face à une insurrection dans la ville de Hama. Mais «le monde regarda ailleurs» ; les terribles évènements s'étaient déroulé dans un contexte de guerre entre l'Argentine et le Royaume Uni et plus localement, d'invasion israélienne dans le sud du Liban.

Les Etats Unis, pour essayer d'amener Bachar El Assad à quitter le pouvoir, ont exercé des sanctions économiques sans plus grand effet que celles qu'ils ont imposé contre l'Iran. La fourniture d'armes à l'Armée Syrienne Libre pose aussi problème à l'administration américaine. A ce propos, Hilary Clinton avait souligné à plusieurs reprises que les armes fournies par les Etats du Golfe risquaient de tomber entre les mains d'Al Quaeida, du Hizbo Lah ou encore du Hamas.

59 Henry Kissinger, « The tipping point for assad's desperate régime », The week, 1/08/2011.

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