2.2. Problématique de recherche
2.2.1 Contexte
Les sécheresses des années 1970 et le
déficit pluviométrique qui s'en est suivi ont favorisé
dans le domaine intertropical, précisément dans les zones
estuariennes, lagunaires et deltaïques, une diminution des apports d'eau
douce (FAYE, G. 2016). En effet, ces modifications climatiques et
océanographiques récentes ont entrainé un stress hydrique,
une salinisation des terres et des cours d'eau, une perte significative de
terres arables et un bouleversement de l'écosystème de l'estuaire
du Saloum. Ainsi, ce dernier où se localise notre milieu d'étude,
voit une régression sans cesse des végétions continentale
et mangrove. Cette dernière, qui joue un rôle d'importance
économique ainsi que protectrice contre l'avancée de la langue
salée sur les terres de culture, disparait de plus en plus au profit des
terres salées.
Cette régression de la végétation
mangrove s'amplifie en grande partie par le déficit de la
pluviométrie noté durant ces dernières décennies.
En effet, l'apport faible en eau pluviale facilite la remontée des eaux
salées de la mer sur les eaux douces. Ainsi, cette intrusion marine
entraine l'avancée du biseau salé et rend la
végétation mangrove plus vulnérable. Le facteur
déterminant de la dynamique de la mangrove dans l'estuaire du Saloum est
la pluviométrie (DIEYE et al, 2013). A ce bouleversement
écologique s'ajoute la perte des terres cultivables. Quels est le
facteur principal de la disparition de la végétation mangrove
?
L'agriculture est le secteur source économique du
Saloum et l'activité principale de revenue et de subsidence de la
population qu'y vit. On y pratique de l'agriculture et l'élevage qui
occupent près de 90% de la population totale (UICN, 2003). Cependant,
cette source vitale qui dépend quasiment de la fertilité du sol
est devenue de moins en moins rentable à l'instant où ce sol
subit d'énormes pressions à la fois naturelles qu'anthropiques.
De ce fait, pour assurer leur survie, beaucoup s'adonnent à d'autres
activités plus rentables, certains abandonnent leurs terres pour aller
installer ailleurs tandis que d'autres développent des stratégies
bien qu'insuffisantes pour conserver leurs champs. Cette perte de terre est
liée essentiellement au déficit pluviométrique et à
la dynamique progressive des tannes. Cette progression se manifeste par une
salinisation et une acidification forte des terres et des cours-d `eau. Ce
phénomène très fréquent dans le milieu se justifie
globalement par l'apport faible en eau douce et l'augmentation de la
température. Ceux-ci en complémentarité avec
l'augmentation de l'évaporation et les conditions
océanographiques et estuarienne du milieu. La dynamique de
l'océan se justifie par l'incursion marine dans les terres, les courants
et masses d'eau, la houle, l'érosion, etc. Cette dernière
(érosion) est un phénomène très remarquable dans le
milieu. En effet, elle se justifie en partie par la rupture du 27
février 1987 de la flèche de Sangomar au niveau du Lagoba, l'un
des facteurs justifiant le visage actuel de l'estuaire du Saloum et le
principal facteur de l'évolution progressive de la salinisation des
cours d'eau et des terres arables du milieu. L'ouverture de la brèche a
favorisé l'avancée du biseau salé sur les terres arables
et même dans le domaine continental. Quels sont les impacts de la
dégradation des terres arables sur le milieu ?
Cette dynamique de l'état physique du milieu est
amplifiée par la pression humaine. Le littoral, milieu dynamique sur
lequel les installations humaines sont de plus en plus nombreuses, est soumis
à de fortes pressions naturelles et anthropiques (JABBAR, 2016). En
effet, l'accroissement significatif de la population noté ces
dernières décennies le long des littoraux
sénégalais est de pair avec le besoin sans faille de nouveaux
habitats et de survie. Ainsi, y découlent la surexploitation des
ressources, la déforestation de la mangrove et la pression sur les
terres agricoles. A ceux-là, s'ajoutent les aménagements humains
tels que les hôtels, les campements, les quais de transformations de
produits halieutiques, la surpêche, la cueillette des produits
forestiers, l'extraction dévaste du sel, la surexploitation des
coquillages, ... qui modifient l'état normal de l'environnement et
l'écosystème de l'estuaire du Saloum en général et
celui de notre milieu d'étude en particulier. L'homme à travers
ses activités n'est-il pas un agent qui accélère le
bouleversement de l'environnement du milieu ?
Plusieurs tentatives de conservation de la
végétation mangrove et de pratiques de récupération
des terres arables ont été mises en oeuvre à la fois par
la population et les institutions. Ainsi, des pratiques de reboisement, de
sensibilisation et de construction de digue et de barrage, ... sont
adoptées par la population locale, les ONG ainsi que l'Etat. Cependant,
ces initiatives de restauration sont malheureusement très
limitées (SOW E. H, 2019). Face à ces destructions, est-il
possible de protéger et de restaurer l'écosystème marin et
de récupérer les terres arables prises par le sel ?
Cet ensemble de questions préoccupe depuis des
décennies les chercheurs d'études environnementales,
écologiques, géomorphologiques, climatiques, ... ainsi que la
société civile (le paysan), l'Etat, les Organisations Non
Gouvernementales, ... car constitut l'une des problématiques actuelles
et alarmantes de l'environnement, l'économie et de la
société.
De ce, notre thème de recherche a alors un
intérêt qui se justifie sur plusieurs plans.
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