4.6. Discussion des résultats
L'étude de la dynamique des
unités morphologiques de la ligne Diamniadio Faoye se voit comme une
problématiquetrès complexe dans ce cas où elle renferme un
certain nombre de problèmes, suscitant de nombreux questionnements
à savoir : qu'est-ce que la dynamique des unités
morphologiques, quel est son comportement dans le milieu, quels sont les
facteurs d'origines, quels sont ses impacts sur l'environnement, sur
l'économie et sur la vie sociale, quels sont les stratégies mises
en oeuvre face à cette dynamique, etc. Dès lors, nécessite
une approche méthodologique très efficace et adéquate pour
répondre à de telles questions.
L'analyse de la dynamique des unités morphologiques
dans le milieu nous a permis d'obtenir des résultats sur ses facteurs,
son évolution et ses impacts ainsi que les stratégies
d'adaptations.
Nos résultats ont montré que la dynamique des
unités morphologiques se manifeste par l'avancée de la surface
des cours d'eau, des terres cultivables et de la vasière nue et un recul
des tannes, de la vasière à mangrove et de la
végétation continentale. Ils sont confirmés par les
résultats de SOW. E. H (2019)lorsqu'il affirme que la dynamique des
unités morphologiques se voit par une évolution à tendance
négative pour la superficie de la mangrove, du foret galerie et de la
savane et une évolution à tendance positive des tannes, des sols
nus et de la culture pluviale, dans sa thèse intitulée
« Dynamique de l'écosystème mangrove de la
réserve de biosphère du Delta du Saloum (RBDS),
Sénégal, de 1965 à 2017 et analyse des politiques de
restauration ». Nos résultats infirment ceux de Guilgane FAYE
(2016) lorsqu'il soutient que l'évolution des unités se manifeste
par une augmentation de la superficie de la vasière à mangrove,
des tannes et des sols nus et une réduction de la surface des eaux de
surface permanentes. En effet, il note une hausse de 1,15% de la superficie de
la vasière à mangrove, une augmentation de 3,02% de celle des
tannes et une avancée de 14% de la surface occupée par les sols
nus entre 1980 et 2010 et une chute de - 17,92% de la savane arbustiveet de -
0,09% des eaux permanentes.
Nous avons montré que le facteur principal de
l'évolution des unités paysagères est la
variabilité pluviométrique. A cela s'ajoutent des facteurs
secondaires comme la faiblesse de la topographie, la dynamique de
l'érosion côtière (la rupture de la flèche de
Sangomar), la déforestation, les besoins de constructions et les
pratiques agricoles. Nos résultats sont donc soutenus par les travaux
deSAGNA. Mme T. A. A (2015) qui révèlent que facteurs
explicatifs de cette dynamique des unités sont notamment la
péjoration du climat, le déficit pluviométrique des
années 1968 aux années 1998, le relief qui est essentiellement
plat, l'évaporation relative élevée de 1983 à 2013,
les brames sèches, la dynamique des nappes et la marée. Par
contre, nos résultats infirment ceux de NDIONE. Omar (2016), qui
soutient que le facteur principal est la rupture de la flèche de
Sangomar.
Nous avons montré que l'évolution des
unités a des effets nuisibles dans le milieu en entrainant la
disparition des végétations, la dégradation des terres et
des ressources en eau mais aussi le recul du développement des secteurs
de l'agricole, de la pêche et de l'élevage et l'habitat. Ces
résultats sont confirmés par la quasi-totalité des
études antérieures. C'est le cas d'Omar NDIONE (2016)qui affirme
que l'évolution des unités a des impacts négatifs sur
l'environnement et sur les activités socio-économiques du milieu
tels que la salinisation des eaux et des terres et la réduction des
terres cultivables et de la végétation. Mais aussi de Bineta FAYE
(2017) lorsqu'il détruit que la dynamique progressive des terres
salées, au détriment des autres unités paysagères
du milieu, a trainé la réduction de la surface des terres
agricoles, de la végétation ainsi que la surface de la
mangrove.
Nos résultatsmontrent aussi que les stratégies
menées par la population, l'Etat et les ONG sont peut-être
nombreuses mais très insuffisantes et inefficaces. Ces résultats
confirment ceux de SOW. E. H (2019) lorsqu'il détruit que la dynamique
régressive de la mangrove, dans la réserve biosphère du
Delta du Saloum de 1965 à 2017, a occasionné des initiatives de
restauration qui sont malheureusement très limitées.
Nous avons obtenu des mesures bathymétriquesqui sont de
plus importantes vers l'intérieur du marigot de Faoye quittant
Diamniadio. Et cela est dû essentiellement à l'ensablement de la
rentrée des bolong et à l'inversion du pendage du Delta. Ces
résultats de mesures de plus en plus profondes de l'embouchure vers
l'amont confirment le caractère inversé de l'estuaire du Saloum
soutenu par BARUSSEAU et al (1986).
Nos résultatsbasant sur l'analyse
granulométrique révèlent que le milieu a unfacies à
dominante sableux de dimension moyen, modérément classé et
tendant vers les plus fins avec une distribution trèspointue. Et ceux
sur l'analyse des paramètres chimiques (pH et Ce), réduisent que
les eaux surfaciques ainsi que le sol du milieu sont
extrêmementsalées, trèsminéralisés et
légèrement alcalins et parfois alcalins. Les résultats des
analyses chimiques infirment ceux de Faye Bineta (2017) lorsqu'ils
révèlent que les tannes du milieu sont très acides. Par
contre, les résultats sur la texture des sédiments sont
confirmés par ses résultats lorsque Bineta déduit que les
tannes arbustivessont de texture limono sableuse et herbacés et limon
sablo-argileuse dans les tannes nues.Ces résultats nous ont
renseignés sur le mode d'érosion du milieu, la taille et les
proportions des particules, les types de sédiments et leur provenance,
le degré de salinité et d'acidité des unités, donc
la compréhension de l'état physique, chimique et
sédimentologique de notre milieu d'étude.
C'est pourquoi nous suggérons que l'analyse de ces
paramètressoitprise en compte dans des études comme la dynamique
actuelle des milieux humides, l'étude des ravins, de la dynamique
fluviatile, les inondations, etc.
Nous suggérons aussi de bien valoriser le suivi des
mesures de bathymétriques des cours d'eau et diachronique de la
dynamique des berges car renseignent sur le comportement actuel des estuaires
comme le caractère inversé du Saloum.
Cette étude permet alors de mieux maitriser la
dynamique des unités morphologiques afin de mener à bien
destratégies d'adaptation meilleures car le manque de la maitrise du
phénomène constitue d'après la population paysanne un gros
obstacle pour mener des stratégies très efficaces, plus
adéquates et durables. Et celles-là pour promouvoir une
écologie plus durable, une économie soutenue et une vie plus
prospère.
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