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L'identité en débat - Représentations et idéologies dans les discours sur l'immigration au sein de l'espace public

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par Jean-Marie GIRIER
Université Lyon II - Université Lyon III - ENS-Lsh Lyon - Master 2 recherche en Sciences de l'information et de la communication 2007
  

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Imaginaire et vérité

En allant au-delà de notre corpus, en étudiant des ouvrages autour de la question migratoire, nous avons constaté qu'il existe une grande part d'imaginaire dans l'élaboration des stratégies et des identités. Il y a précisément deux imaginaires contradictoires, qui nous permettent d'envisager les deux dynamiques que peut transporter un imaginaire. D'un côté, les migrants élaborent leurs identités à partir d'une utopie sur le futur pays d'accueil, de l'autre le débat politique laisse apparaître un fantasme sur les migrants. Ces imaginaires vont permettre aux identités de poursuivre leur idéal politique.

Au sein de l'espace public, il faut noter la tendance des discours à s'opposer sur une valeur de vérité, trop souvent confondue avec la réalité. Ainsi, cette parole de vérité n'existe que dans l'intersubjectivité, et lors du débat politique, chacun confronte « sa » vérité. Cela nous conduit à aborder le concept d'« imaginaire de vérité » développé par Charaudeau dans son ouvrage sur le discours politique47(*). Tout d'abord, il faut souligner l'incomplétude de sa démarche qui présente brièvement un concept sur lequel il n'arrive à placer aucun procédé linguistique ou énonciatif, à la différence de son étude des genres d'éthos. Charaudeau a bien perçu la dialectique entre une activité de conceptualisation et des pratiques sociales concrètes, mais son développement présente de nombreuses limites que nous voulons préciser.

Tout d'abord, nous faisons ici face à une dualité dans la définition de l'imaginaire. Charaudeau se situe dans la définition d'un imaginaire politique à de pas confondre avec l'imaginaire individuel développé dans la topique lacanienne articulant réel, symbolique et imaginaire. En effet, évoquant un « imaginaire social », Charaudeau situe celui-ci dans le domaine du collectif, or l'imaginaire étant fondamentalement individuel, l'imaginaire collectif ne peut être que politique, c'est-à-dire qu'il s'agit de représentations « imaginaires » collectives.

Ensuite, la juxtaposition des termes imaginaire et vérité nous conduit à traiter la notion de vérité, et l'opposition sur ce point entre la perspective d'Habermas et celle de Arendt. En effet, Habermas fonde toute délibération argumentée sur une prétention à la vérité, alors que Arendt refuse qu' « une manifestation dialogale » puisse se référer à une « vérité de raison ». Nous faisons face à deux problématiques : Habermas, à la différence de Arendt, ne considère pas le sujet mais se place à un niveau plus global, dans l'espace public. La vérité, comme construction, se situe au coeur des stratégies d'acteurs dans l'agir communicationnel, c'est là que l'on retrouve la perspective de Charaudeau. Les « imaginaires » politiques de vérité sont à rapporter à l'action, car dire la vérité du collectif, c'est se situer par rapport à un acte. En se plaçant du côté du sujet, Arendt met la vérité du côté de la parole, c'est-à-dire dans le symbolique. Dans cette perspective, la vérité ne relève pas du collectif car elle intervient dans la relation symbolique avec le signifiant. Or Charaudeau situe également la vérité dans les discours, mais en tant qu'ils produisent des effets de vérité, sous un aspect quasi-performatif ; il se trouve donc plus proche de la problématique habermassienne. Ainsi à propos de l'imaginaire de vérité de la tradition, il avance qu' « il est porté par des discours qui se réfèrent à un monde éloigné dans le temps, un monde dans lequel les individus auraient connu un état de pureté. Ces discours se réclament d'une vérité qui exige une quête spirituelle de retour à un état premier, fondateur d'une destinée ». Il nous semble donc que la mise en oeuvre de ces imaginaires de vérité relève des stratégies d'acteurs, et cette prétention à la vérité relève moins de l'imaginaire que de la représentation collective à laquelle on souhaite faire adhérer son destinataire. Dans notre travail, le gouvernement présentera sa loi en sollicitant un « imaginaire de vérité » au sens de Charaudeau grâce à une argumentation sous le sceau du pragmatisme et du bon-sens.

Il est dès lors important de bien mettre en avant l'articulation du psychisme et du politique dans le traitement du thème de l'immigration. L'immigration implique un singulier et un collectif dans la mesure où ce fait social induit un rapport à l'autre qui relève alors du psychisme, mais aussi un rapport au monde qui renvoie au collectif

* 47 CHARAUDEAU Patrick, Le discours politique : les masques du pouvoir, 2005.

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