I - Objectifs
L'objectif principal de notre
étude est de montrer la nécessité de l'adoption de la
logistique dans le système portuaire béninois. Ainsi les
stratégies logistiques que nous suggérerons permettront
de :
- Mieux organiser le système portuaire
béninois en vue d'optimiser son trafic ;
- Rendre plus compétitive la chaîne
portuaire béninoise ;
- Gérer de façon rationnelle et
efficiente la plate - forme logistique portuaire de Cotonou.
II- Organisation de l'étude
Pour atteindre ces objectifs nous avons
exploité la littérature existante sur la logistique en vue de
ressortir une définition de la logistique portuaire.
Ensuite les enquêtes essentiellement
basées sur les entretiens et l'exploration de l'ensemble du domaine
portuaire et des activités qui s'y déroulent, nous ont permis
d'identifier les dysfonctionnements liés au processus de circulation des
flux physiques et d'informations et d'énumérer les forces et
faiblesses du Port de Cotonou.
L'analyse des données statistiques nous
permettra de faire des prévisions de trafics dans un horizon très
proche d'une part et de procéder à la conception d'un
système logistique d'autre part. Enfin nous formulerons les propositions
et recommandations à l'endroit du Port Autonome de Cotonou.
Chapitre II- Le concept de la logistique
La logistique est un mot d'origine
militaire qui signifie la mise en oeuvre des moyens permettant le
déplacement des unités. Très employée au cours de
la seconde guerre mondiale, la logistique est la mise au point des moyens
techniques pour assurer l'approvisionnement des unités. Le plan MARSHALL
a fait pénétrer ce mot dans les entreprises en commençant
par les grandes.
L'implantation de la logistique a
commencé par l'Amérique et le Japon. Le développement des
outils logistiques a commencé dans les années 1960 et au
début des années 1970. Elle est devenue un outil
généralisé, c'est-à-dire qu'elle a
pénétré le champ économique, puis celui de
l'entreprise, pour être à ce jour un véritable concept de
gestion d'entreprise.
Section 1 : Définitions et
quelques composantes de la logistique.
I - Définitions et évolution de la
logistique
Plusieurs définitions ont
été admises par la littérature depuis son apparition
jusqu'à nos jours.
La première définition sous le
nom de logistique remonte à 1948 quand le comité des
définitions de l'American Marketing Association a
proposé : « mouvement et manutention de
marchandises du point de production au point de consommation ou
d'utilisation ». Cette définition correspond bien toujours
à l'image de la logistique communément répandue encore
aujourd'hui.
Après la définition de l'American
Marketing Association, celle de Magee a été l'une des
premières à clairement englober les flux d'approvisionnement dans
la logistique : « Technique de contrôle
et de gestion des flux des matières et de produits, depuis leurs sources
d'approvisionnent jusqu'à leur point de consommation ».
Mais cette définition restait encore
très orientée sur des aspects physiques et ne fait pas ressortir
les aspects immatériels (les flux d'information). C'est ce pourquoi
Daniel Tixier, Hervé Mathe et Jacques Colin ont donné la
définition suivante de la logistique :
« La logistique est le processus
stratégique par lequel l'entreprise organise et soutien son
activité. A cet titre on peut déterminer et gérer les flux
matériels et informationnels afférents, tant interne qu'externe,
en amont qu'en aval. Dans le cadre de la poursuite des objectifs
généraux à laquelle elle concourt sa mission consiste
à permettre l'élaboration de l'offre de l'entreprise et en
réaliser la rencontre avec la demande du marché tout en
recherchant systématiquement les conditions d'optimalité dans
l'exécution. Sa mise en oeuvre procédant de différents
acteurs, elle est appelée à gérer en ce sens les tensions
à leurs interfaces du fait de la non identité de leur objectif
propre ».
Cette définition peut être
réduite à la plus simple suivante :
« La fonction de la logistique dans l'entreprise est
d'assurer au moindre coût la coordination de l'offre et de la demande, au
plan stratégique et tactique ainsi que l'entretien à long terme
de la qualité des rapports fournisseurs - clients qui la
concernent ».
La logistique portuaire peut être ainsi définie
comme étant l'ensemble des moyens stratégiques et
opérationnels permettant d'optimiser les fonctions intermodales dans la
chaîne portuaire. C'est aussi une démarche permettant de rendre
plus rapide et plus efficiente que rapide les différentes
opérations d'un port.
II- Quelques composantes de la
logistique portuaire
Ici, l'accent serait mis sur quelques composantes
de la logistique existant ou pouvant exister sur la plate - forme portuaire.
Au nombre de ces composantes nous pouvons distinguer :
· La manutention
· L'entreposage
1- La manutention
La manutention est la
manipulation et le déplacement des marchandises en vue de leur
emmagasinage ou entreposage. Les moyens techniques de la manutention
constituent une des composantes fondamentales de la logistique. C'est
d'ailleurs le secteur de la logistique qui a le plus évolué au
cours de ces dernières décennies.
Les systèmes de manutention les plus
courants sont la manutention des conteneurs et la manutention des marchandises
conventionnelles non conteneurisées : sacheries, roulantes,
palettes à nu, caisse...)et la manutention des vracs
Le système de manutention des
conteneurs
Il comprend quatre composantes que sont :
l'entreposage sur remorque, le système des chariots
élévateurs lourds, le système des chariots cavaliers et le
système des grues portique.
Le système d'entreposage sur remorque
consiste à décharger les conteneurs importés d'un navire
par une grue et sont ensuite chargés sur des remorques qui sont
tractées jusqu'à un emplacement assigné dans l'aire
d'entreposage, où elle restera jusqu'à ce qu'un tracteur routier
l'emmène. Les remorques transportant des conteneurs destinés
à l'exportation sont amenées dans l'aire de stockage par traction
routier, puis conduites au navire à l'aide des matériels du port.
Le système des chariots
élévateurs lourds : C'est un système qui consiste
à utiliser des chariots élévateurs à fourche lourds
d'une capacité d'environ 42 tonnes équipés d'un palonnier
à prise par le haut et peut gerber des conteneurs de 40 pieds pleins sur
2 à 3 hauteurs.
Le système des chariots cavaliers est
celui permettant de gerber des conteneurs sur deux (02) ou trois (03) hauteurs,
les déplacer du quai à l'aire d'entreposage et les charger sur un
véhicule routier ou les en décharger.
Le système des grues à portique
permet de gerber les conteneurs se trouvant dans l'aire d'entreposage
d'être gerbés à l'aide de grue à portique sur rail
sur une hauteur de cinq (05).
La manutention des marchandises non
conteneurisées et des vracs
Elle est généralement
effectuée par les propres moyens de manutention du navire en ce qui
concerne la manutention bord quai. Celle-ci est ensuite relayée par des
élévateurs à fourche ou les dockers en ce qui concerne la
manutention à quai.
Les différents types de
manutention
Chaque catégorie de marchandises est
manutentionnée en plusieurs phases qui déterminent les types de
manutention à savoir :
- La manutention bord ou stevedoring
- La manutention terre ou acconage
· La manutention bord ou stevedoring
Elle consiste en un regroupement des
opérations de chargement et de déchargement des navires. Ces
opérations sont effectuées de façon cyclique que l'on peut
décomposer en quatre phases : Prise de la palanquée en cale,
transfert à terre, pose de la palanquée et retour. Lorsqu'elles
s'effectuent du bord vers la terre ou de la terre à bord du navire
à l'aide des grues du navires ou à quai, on parle de la
manutention verticale. C'est le cas par exemple des navires LO/LO. Lorsqu'elles
s'effectuent par la rampe du navire avec l'aide d'engins de manutention
éventuellement pour les navires transportant des véhicules, on
parle de manutention horizontale. C'est le cas des navires RO/RO.
· La manutention terre
Les opérations terre s'effectuent aussi
de façon cyclique décomposée comme suit :
- Saisie de la palanquée
- Transfert
- Pose en magasin ou terres pleins et camions
(enlèvement direct). C'est donc l'ensemble des opérations depuis
le dépôt de la palanquée au sous-palan jusqu'à
l'arrimage dans les magasins, terre-pleins ou les camions.
Cas particuliers de manutention
- Le shifting
Il consiste à déplacer les marchandises non
destinées au port de déchargement soit à
l'intérieur du navire, on parle de shifting bord - bord ; soit du
navire sur le quai et ensuite du quai sur le navire :on parle
respectivement de shifting bord - terre et de shifting terre - bord.
Il peut être vertical (en soulevant les
marchandises avec les grues du navire) ou horizontal (en roulant grâce
à un matériel approprié : tracteurs, mafis...)
Le shifting diffère du transbordement en ce
sens que toutes les opérations s'effectuent sur un même navire.
2- L'entreposage
La
variété des installations d'entreposage dans les ports
découle de la diversité des besoins d'entreposage des
marchandises. Pour assurer une circulation fluide des marchandises à
travers les postes à quai, les autorités portuaires doivent
établir des procédures et des pratiques d'entreposage. Il existe
deux principaux types d'entreposage portuaire à savoir l'entreposage en
transit pour les marchandises ne restant qu'un laps de temps dans le port et
l'entreposage à long terme pour les marchandises qui, pour des raisons
diverses doivent séjourner plus longuement dans le port.
L'entreposage de transit permet d'une part de
réduire le risque de déséquilibre navire/quai, d'autre
part il permet d'accomplir les inspections, la perception des taxes à
l'importation et les autres formalités et évite l'encombrement du
quai ; il ne retarde pas la rotation du navire comme tend à le
faire le transfert direct dans ces mêmes circonstances. Enfin il permet
de se protéger contre les risques de retard que les navires et les
marchandises peuvent subir du fait du mauvais temps ou des problèmes
ayant surgi au cours d'escale précédente.
L'entreposage à long terme s'est
développé considérablement dans certains pays au point
où il assure des revenus importants pour l'autorité portuaire
allant parfois de 30 à 40% de la totalité des revenus du port.
Section 2 :La logistique, un concept de
management
I- La logistique : un sous-système du
management
Le contexte économique étant en
évolution permanente, le management n'est pas figé, ni dans
théorie,ni dans sa pratique. Le management évolue donc et
génère des concepts nouveaux pour s'adapter dont celui de la
logistique.
La logistique se préoccupant des
contraintes de l'ajustement de l'offre à celles de la demande, elle est
aujourd'hui un concept de direction générale qui va se
développer considérablement au fil des prochaines années.
Sa maîtrise devrait donc être une des clés du succès
et même tout simplement de la survie. Le concept de logistique
résulte alors d'une évolution naturelle de la pensée sur
le management.
De nos jours, il doit y avoir une
véritable politique d'entreprise articulée autour du concept de
logistique qui vise une collaboration soutenue des différentes
tâches si l'on veut que cette logique porte ses fruits, cela veut dire
que la logistique doit être considérée non pas comme
induite par l'activité économique, mais comme un
élément fondateur de la politique générale, donc
donnant naissance à des stratégies et des tactiques.
« La démarche logistique sonne
peut-être le glas du management général dont les coups
brillants reposent sur l'intuition » La logistique d'entreprise,
vers un management plus compétitif, page 24
La logistique en tant que concept de
management se évolue de nos jours vers un concept intégrateur des
activités managériales sur une base transversale. Ce concept
s'exprime à travers le terme anglo-saxon "supply chain management".
II- Le concept "supply chain management"
C'est un concept relativement récent qui
regroupe des enseignements souvent regroupés sous le terme
« logistique ». C'est aussi un concept moteur en ce sens
qu'il véhicule une certaine conception de l'organisation et du
management des entreprises.
On définit assez souvent la supply chain
comme « la suite des étapes de production et de distribution
d'un produit depuis les fournisseurs des fournisseurs du producteur jusqu'aux
clients de ses clients »
On peut donc définir le management de la
supply chain comme le pilotage de ses flux et de la gestion de ses stocks
à travers une gestion informatique de l'ensemble des informations
nées de la chaîne, aux fins d'obtenir un niveau de performance
désiré à coût réduit.
La supply chain est un concept moteur qui joue le
rôle de paradigme. La vitesse de circulation des produits dans la supply
chain, mesure son efficacité. L'objectif global est la recherche d'une
nouvelle rapidité d'adaptation aux évolutions techniques et de
marché, « une agilité » au sein de
l'entreprise mesurée au moins en partie par un temps de parcours de la
supply chain toute entière aussi bien chez les fournisseurs du fabricant
que dans les circuits de distribution.
Le concept de supply chain est aussi porteur de
changement d'organisation au sein des entreprises. L'approche de la supply
chain tend à absorber peu à peu une grande part
d'activités économiques.
Les professeurs Ricardo Ernst et Michel Fender la
définissent alors comme « l'ensemble des infrastructures, des
équipements, des hommes et des opérations qui rendent possible le
flux de matières, d'informations et financier depuis l'acquisition des
matières premières jusqu'à la production et la
distribution dans les mains du consommateur »
TROISIEME PARTIE :
|