Conclusion :
Il s'agit d'un adolescent de 16 ans présentant depuis
trois années successives des mouvements anormaux très
spécifiques avec un rendement scolaire très régressif dont
la description clinique est en faveur de la maladie de Gilles de la
Tourette.
A. - COMMENTAIRES EPIDEMIOLOGIQUES :
La découverte d'un cas de maladie de Gilles de la
Tourette au service neuro-psychiatrie du C.H.U. Androva a suscité de
notre part une grande surprise. Cette maladie réputée rare et
dont on a rapporté jusqu'à ce jour que des cas européens
et américains apparaît comme un fait insolite ou exceptionnel dans
un pays comme Madagascar. Cependant ce cas sporadique ne reflète en
rien la réalité épidémiologique régionale ou
nationale. Malheureusement, nous avons préféré ne pas nous
prononcer à propos d'une évaluation de la prévalence de
cette maladie à Majunga et encore moins à Madagascar car pour une
maladie aussi rare nous considérons que le caractère
limité de notre échantillon ne peut pas refléter les
réalités provinciales ou nationales de la maladie de Gilles de la
Tourette . Nous nous gardons également de tout commentaire concernant la
race et les couches sociales fréquemment atteintes car la
littérature ne donne aucune donnée fiable.
Concernant la classe d'âge, nous sommes frappés
par la stricte concordance qui existe entre les données de la
littérature et l'âge de survenue de la maladie de notre patient.
En effet, l'âge moyen d'apparition de la maladie est estimé entre
7 ans et 11 mois et 13 ans et 7 mois avec dans neuf cas sur dix, avant
l'âge de 12 ans, ceci cadre bien avec le cas de notre malade chez qui la
maladie est survenue à l'âge de 11 ans. En outre, le fait que
notre malade soit du sexe masculin, ceci semble ne pas relever du hasard car il
est établi que l'affection est trois fois plus fréquente chez le
garçon que chez la fille [15,11] .
Contrairement aux antécédents familiaux de tics
simples ou maladie de Gilles de la Tourette vraie que la littérature
rapporte dans 50 % des cas, chez notre patient on ne signale aucun
antécédent familial qui va dans ce sens.
B. - COMMENTAIRES CLINIQUES :
Les tics présentés par notre malade se
manifestent avec une forte prédominance au niveau du segment
céphalique impliquant le visage, la tête, le cou et les membres
supérieurs sous forme de mouvements d'extension ou de rotation de la
tête ainsi que des mouvements à type de lancée
exécutée par les membres supérieurs; ceci corrobore les
données bibliographiques qui font état d'une atteinte du visage
dans 94,1%, celle de la tête et des épaules à 94,2 % et les
membres supérieurs à 76,5% .
Concernant les tics complexes sous forme d'impulsions poussant
le patient à l'exécution des mouvements répétitifs
tels que : - toucher le plancher; ajuster la ceinture, comme équivalent
à tout cela , nous avons retrouvé chez notre malade une tendance
à soulever ou à déranger tout ce qui passe entre ses mains
. Tandis que les mouvements irrésistibles et compulsifs manquent
contrairement aux données de la littérature de significations
obscènes ou scatologiques. Cependant le fait pour le malade de cracher
partout est une attitude irrésistible et compulsive ayant une
signification scatologique ou obscène qu'on pourrait rapporter avec la
copropraxie.
Par ailleurs, on n'a pas noté de tic vocal
inarticulé type reniflement ou raclage de gorge mais plutôt de
tics vocaux plus élaborés ayant un sens obscène, mots
impudiques axés tous, sur les organes génitaux et la
sexualité ou autres gros mots réalisant une vraie coprolalie.
Nous avons noté également des comportements agressifs et
psychopathiques avec des actes clastiques à l'égard du mobilier
de la maison ( télé, lavabo... ) ainsi qu'à l'égard
de la ménagère et de son enseignant. Nous avons également
retrouvé des manifestations phobiques caractérisées par un
refus scolaire, de l'impatience avec l'impossibilité de rester sur le
même lieu, de l'hyperactivité, le tout coïncide bien avec les
données de la littérature. L'Echolalie, la pallilalie et
l'échopraxie qui ne sont pas des signes constants de la maladie, n'ont
pas été retrouvées chez notre malade.
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