C. - COMMENTAIRES DIAGNOSTIQUES :
Les six critères requis pour le diagnostic positif
à savoir :
1. Affection débutant dans l'enfance entre 2 et 15
ans
2. Présence des tics moteurs multiples, c'est à
dire des mouvements involontaires, rapides, répétitifs, affectant
simultanément des groupes
musculaires multiples et de nature non propositionnelle.
3. Présence des tics vocaux multiples
4. Capacité de suppression ou de réduction
importante des tics durant
quelques minutes ou quelques heures sous l'influence de la
volonté.
5. Présence de variations dans la gravité des
tics au cours de l'évolution
avec des phases d'accalmie et de recrudescence sur plusieurs
semaines ou mois.
6. Evolution chronique, en tout cas supérieure à
une année. [12]
Ces six critères requis pour le diagnostic positif de
la maladie cadrent bien avec le cas de notre malade sauf que concernant les
tics vocaux multiples considérés comme critère de
diagnostic, nous n'avons noté que des tics plus élaborés,
n'incluant pas les tics sonores inarticulés à type de grognement
ou raclement de gorge, d'autre part concernant la suppression ou la
réduction volontaire des tics par le malade, élément
considéré comme critère du diagnostic, nous n'avons pas pu
objectivé cette capacité de suppression volontaire des tics mais
nous avons constaté un effort pénible chez le malade à
vouloir cacher certains tics par l'association au tic d'un mouvement volontaire
ayant un sens.
L'absence de copropraxie, d'écholalie, et de pallilalie
souvent considérées à tort comme des signes essentiels
de la maladie des tics ne sont pourtant pas des critères requis pour le
diagnostic, donc leur absence dans le cas de notre malade, n'enlève en
rien, le bien-fondé de notre diagnostic.
Malgré la difficulté diagnostique qui peut se
poser avec les autres mouvements anormaux, dans la maladie de Gilles de la
Tourette, le diagnostic est facilité par l'âge de survenue, la
présence simultanée de tics moteurs et de tics vocaux,
l'évolution chronique de la maladie est émaillée de
périodes de poussées et de rémissions; tout ceci permet
d'éliminer d'autres affections comme l'athétose, certaines
psychoses...
D. - COMMENTAIRES THERAPEUTIQUES :
Devant l'éventail de schémas
thérapeutiques proposés par les différents auteurs, nous
avons choisi en première intention l'haloperidol considéré
comme le traitement le plus efficace et le plus classique : Haldol comprime 5
mg à la dose de ½ comprimé x 2 par jour et un
anticholinergique, l'Artane à 5 mg à la dose de ½
comprimé x 2 par jour. Malheureusement, quelques jours après
l'instauration du traitement, l'enfant a présenté des
manifestations allergiques sous forme d'éruptions urticariennes. Cet
incident ne nous a pas permis d'évaluer l'efficacité de
l'haloperidol sur notre malade. La disparition de ces manifestations
allergiques à l'arrêt de l'haloperidol, nous a poussé
à chercher un lien entre ces éruptions et l'halopéridol
mais à notre grande surprise aucune référence
bibliographique ne fait mention de tels effets indésirables en rapport
avec l'halopéridol.
Après l'échec de ce traitement, nous avons
choisi en fonction des neuroleptiques disponibles à Majunga le
schémas suivant :
- Neuleptil gouttes : 3 - 3 - 5 par jour
- Tiapridal : ½ comprimé x 3 par jour
- Artane comprimé 5 mg : ½ comprimé x 3
Malgré le fait qu'aucune étude antérieure
n'a été faite à propos de l'efficacité de ces deux
neuroleptiques dans la maladie de Gilles de la Tourette, nous les avons choisis
connaissant très bien leurs effets sur les manifestations
d'agressivité de l'oligophrène ( Neuleptil ) ainsi que leurs
effets sur certains mouvements anormaux choréiques ( Tiapridal). Ce
traitement nous a permis de constater une disparition des tics , de
l'agressivité avec reprise de l'activité scolaire et sportive. La
persistance de quelques habitudes sarcastiques et de quelques mouvements
stéréotypiques semble liés à la nature même
de la maladie. Certains auteurs préconisent l'introduction de l'artane
comme correcteur anticholinergique seulement quand il y a apparition de
syndrome extra-pyramidal, nous l'avons introduit de façon
systématique du fait du caractère ambulatoire du traitement qui
ne nous permet pas une surveillance étroite.
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