CHAPITRE III :
EFFETS DES REGIMES DE LA SECURITE SOCIALE SUR
L'EPARGNE
INTRODUCTION
Les pays en voie de développement connaissent un taux
d'épargne faible pour pouvoir investir et créer la richesse
susceptible de générer des revenus décents pour le bien
être de la population.
Le problème qui se pose ici est de montrer si oui ou
non la sécurité sociale contribuera-t-elle à une
amélioration de l'épargne nationale ?
Le débat sur cette question est très
mitigé donnant lieu à des positions différentes des uns et
des autres et surtout lorsque les résultats empiriques tombent à
la contradiction.
Il se peut qu'il y a d'autres phénomènes
cachés et qui peuvent perturber l'analyse économétrique et
c'est le cas l'existence de multi colinéarité ou la non
spécification correcte du modèle ou encore l'oubli de variables
importantes.
SECTION 1 : PROBLEMATIQUE
Il y a une idée épousée par certains
auteurs qui laisse entendre qu'un régime de pensions fondé sur le
système de répartition réduit l'épargne alors qu'un
régime basé sur le principe de capitalisation encourage
l'épargne.
Le système tunisien de retraite est basé sur le
principe de la répartition c'est-à-dire la solidarité
entre les générations. En d'autres termes, les actifs cotisants
financent les prestations des non actifs.
Les cotisations des ménages pour le compte des caisses
de sécurité sociale ont pour base le salaire ou le gain.
Le revenu des ménages est réparti en
consommation ou en épargne. De ce fait, toute modification des taux de
cotisations peut entraîner soit une diminution de la consommation, soit
une diminution de l'épargne.
La consommation ne peut en aucun cas descendre au dessous
d'un certain seuil qui est dicté par des normes biologiques, des
coutumes, d'un train de vie donné, d'un minimum de bien
être,....etc.
Il est donc pensable que l'épargne soit
affectée surtout si les cotisations connaissent une
élévation sensible.
SECTION 2 : ESSAI D'ANALYSE
La structure des actifs occupés en Tunisie
d'après l'enquête population emploi donne un taux de
salariés de 66%. Cette donnée laisse croire que la plupart des
cotisants à la sécurité sociale sont des salariés.
De ce fait, on peut poser :
R = W = C + S avec R : revenu
W : salaire brut
C :
consommation S : épargne
En cas d'une élévation des cotisations,
c'est-à-dire le taux de cotisations devient h' alors qu'il était
h avec h'>h.
C'est toujours le salaire W qui constitue la base de
cotisations, ce qui implique que la part du salaire qui revient à la
sécurité sociale, compte tenu de cette élévation du
taux de cotisations, est B = h W + Äh W avec :
Äh = h'-h
h.W : cotisations avant modification
Äh.W : cotisations dues à la
modification c'est-à-dire le passage de h à h'.
Le salaire net de cotisations sociales est donc :
W' = W-B = W-h.W- Äh.W
W' = (1-h- Äh).W
h et Äh étant des quantités positives, ce qui
implique que W'<W.
Si on pose W'' = W-h.W = (1-h).W c'est-à-dire le
salaire net de cotisations avant changement des taux, on a W'<W''.
De ce fait, le salaire disponible Wd diminue à la
suite d'une modification des taux de cotisations.
S'il n'y a pas une compensation de cette charge
supplémentaire par une augmentation salariale ou une diminution des taux
d'imposition, il y aura nécessairement une diminution de
l'épargne ou de la consommation.
De ce fait, la majorité des cotisants sont des
salariés, ce qui laisse penser que la grande partie du salaire finance
la consommation, le résidu est bien sûr épargné.
De même, on sait que l'épargne des
salariés est assez faible comme le montre l'estimation suivante
basée sur les données de la comptabilité nationale (comtes
de la nation, INS, 1989) :
Années
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
Epargne brut en MD
|
555,1
|
511,5
|
594,1
|
447,3
|
796,0
|
Salaire et traitement brut en MD
|
2239,9
|
2465,0
|
2665,2
|
2681,0
|
2811,4
|
Epargne/salaire en %
|
24,8
|
20,8
|
22,3
|
16,7
|
28,3
|
Ainsi, une augmentation des cotisations semble influer
beaucoup plus sur l'épargne, à laquelle, psychologiquement les
ménages ne donnent pas beaucoup d'importance comme le montrent les taux
assez faibles d'épargne, que sur la consommation à laquelle il y
a nécessairement une limite à ne pas dépasser
(rigidité à la baisse à partir d'un certain niveau).
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