2-2-4 Dégâts
et importance de Callosobruchus maculatus sur le niébé
C. maculatus exerce une pression permanente sur les
légumineuses ; cette menace est due à sa grande polyphagie
et sa faculté d'adaptation à des régions climatiques
variées (Utida, 1954). L'adulte de C. maculatus ne cause pas
directement de dégâts sur le niébé au champ ni en
stock ; les individus mâles et femelles vivent des grains de pollen
et de nectar (Alzouma, 1981 ; Messina, 1984). Ce sont les stades
juvéniles qui causent les ravages sur stock en consommant, avant le
stade pupe une partie importante des réserves nutritives des
cotylédons de la graine du niébé. L'activité de
consommation des réserves des graines par les larves provoque de la
chaleur et de l'humidité qui engendrent le développement des
champignons comme Aspergillus, Fusarium, Botrytis,
conduisant à des pertes quantitatives. En zone rurale où les
techniques de conservation des denrées agricoles sont peu
élaborées, ce ravageur entraîne des pertes
post-récoltes pouvant atteindre 100% en quelques mois (Lienard et Seck,
1994). C. maculatus entraîne non seulement une réduction
de poids sec, mais également une diminution de la qualité des
graines et de la viabilité des semences compromettant leur consommation
et leur semis (Singh et Singh, 1992 ; Odah, 1995). Selon Murdock
et al., (1997) lorsque les dégâts
excèdent un trou d'émergence par graine, la valeur marchande du
niébé s'en trouve substantiellement réduite. Tchamou
(1995) a montré qu'il existe une relation entre le nombre de trous
d'émergence des bruches sur les graines et les pertes de poids.
2-3 Ennemis naturels
associés à Callosobruchus maculatus
Le tableau 2 présente les ennemis naturels de C.
maculatus vus par van Huis (1991). La biologie des espèces majeures
d'ennemis naturels de C. maculatus et leur importance en tant qu'agent
potentiel de lutte biologique sont présentées ci-dessous.
U. lariophaga est un minuscule
hyménoptère, chalcidien qui apparaît dans les cultures
quelques jours après l'infestation des gousses par les bruches. Du point
de vue biologique, la vie de U. lariophaga se divise en deux
phases : la phase de parasite oophage au cours de laquelle la source de
nourriture est l'oeuf de l'hôte et une phase libre correspondant à
la vie imaginale durant laquelle l'adulte se nourrit de miellat de pucerons. Ce
parasitoïde est surtout attiré par les oeufs fraîchement
pondus par C. maculatus (0-2 jours après oviposition) selon van
Huis et al., (1991). L'utilité de cet insecte
réside dans le fait qu'il élimine le ravageur avant son
émergence ; ce qui fait que de U. lariophaga est un
oophage potentiel de contrôle biologique des populations de bruches
ravageurs de niébé. Le taux de parasitisme des oeufs de C.
maculatus dans les cultures de niébé varient entre
25 et 60% suivant les zones écologiques ou les conditions
expérimentales (Alzouma, 1987). Dans les greniers expérimentaux
de niébé, 33 à 60% des oeufs de C. maculatus sont
parasités (Lammers et van Huis, 1989 ; Monge et
al., 1991).
Les parasitoïdes larvophages A.
calandrae, D. basalis, E. vuilleti et E.
orientalis sont des ectoparasites solitaires. Les larves de D.
basalis, E. vuilleti et E. orientalis ne se
développent qu'aux dépens des derniers stades larvaires (larves
L4) et des nymphes de C. maculatus (Tchanssanti, 1995 ; Tchamou,
1995). Sur le plan biologique, les femelles de E. vuilleti
parasitent les hôtes portant les oeufs ou les larves de D.
basalis alors que ce dernier évite les hôtes parasités
par E. vuilleti. Ainsi, lorsque les deux espèces sont
introduites, la densité de D. basalis est faible et varie peu
tandis que celle de E. vuilleti augmente progressivement. En
présence des deux espèces, le taux d'accroissement de C.
maculatus reste élevé (van Alebeek et al.,
1993 ; Monge et al., 1995 ; Tchamou, 1995). Le taux
de parasitisme de ces espèces varie entre 7-60% (Monge et Huignard,
1991). A. calandrae pond plus d'oeufs femelles dans les
grosses larves et plus d'oeufs mâles dans les petites larves. Cette
espèce attaque de préférence les larves âgées
et les pupes. Le type de grain affecte la gamme de taille d'hôte
parasité par A. calandrae. La femelle d'A.
calandrae est capable de détecter les larves vivantes dans les
grains grâce à de nombreuses odeurs des produits de l'hôte
comme les déjections. Elle sait également détecter les
mouvements de l'hôte et les bruits de ses actions.
A. calandrae est une espèce qui a
adopté une stratégie généraliste étant
donné la grande gamme d'hôte dont il est le parasite potentiel.
Parmi les hôtes potentiels, on cite Sitophilus zeamais,
charançon du maïs; Sitophilus oryzae dans le riz, C.
maculatus dans le niébé.
Tableau 2: Ennemis
naturels de Callosobruchus maculatus
Insectes auxiliaires
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Références bibliographiques
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TRICHOGRAMMATIDAE
Uscana lariophaga Steff
Uscana semifumipennis Girault
Uscana mukerju Mani
|
Monge et al.,(1990)
van Huis (1991)
Kapila et Agarwal (1990)
|
EUPELMIDAE
Eupelmus orientalis Crawf
Eupelmus vuilleti Crawf
|
van Huis (1991)
Monge et al.,(1990)
|
PTEROMALIDAE
Anisopteromalus calandrae How
Chaetospila elegans Westwood
Dinarmus basalis Rondani
Dinarmus vagabundus Timberleke
Lariophaga texacus Crawf
|
Heong (1981)
van Huis (1991)
Rojas-Rousse et al.,(1988)
van Huis (1991)
|
EURYTOMMIDAE
Eurytoma sp.
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Prevett (1961)
|
(Source : Djidonou, 2000)
2-4 Méthodes de
contrôle de Callosobruchus maculatus
L'infestation des grains par les insectes, lorsqu'elle n'est
pas maîtrisée, entraîne de lourdes pertes. Les
méthodes de gestion des stocks généralement
utilisées sont la lutte chimique utilisant les insecticides de
synthèse ou d'origine naturelle, les méthodes traditionnelles, la
lutte biologique et la lutte intégrée.
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